dimanche 20 décembre 2009

Auschwitz, mémoire et histoire

Le camp de concentration d'Auschwitz est à nouveau d'actualité. Non pas, fort heureusement, parce qu'on y entasserait à nouveau des êtres humains à raison de leur origine ethnique ou religieuse mais parce que le pannonceau portant la devise nazie "Le travail rend libre" vient d'être dérobé.


Ce vol a suscité une indignation légitime un peu partout dans le monde.
Dans cette dernière déclaration, nous avons en apparence des propos d'une portée universelle puisque M. Peres affirme que l'inscription possède une profonde signification pour les Juifs comme pour les non Juifs. En apparence seulement cependant, car cette signification est à relier à ces plus d'un million de vies qui ont péri à Auschwitz, soit le nombre de Juifs exterminés à Auschwitz communément admis.
Et il est vrai que dans la "mémoire", telle celle qu'on inculque aux enfants à l'école, Auschwitz reste le lieu emblématique de l'extermination des Juifs.

Alors pourquoi n'assiste-t-on pas en ce moment à une dénonciation massive d'un acte antisémite?
Eh bien, et ce vol a été une occasion pour moi d'enrichir mes connaissances, pour la raison qu'expose le maire de la commune d'Oświęcim qui jouxte le fameux camp de concentration:

 "Celà n'a aucun sens [de le qualifier d'acte antisémite]", dit-il. "Il y avait des Juifs dans le camp, mais 90 % de ceux qui étaient détenus dans le camp n'étaient pas Juifs - iles étaient Polonais, Russes et autres Catholiques. C'est seulement après la conférence de Wansee en 1942 que les Nazis ont envoyé des Juifs ici. Alors le motif antisémite est illogique à mes yeux."

Le même élu municipal ne comprend pas comment l'objet a pu être volé dans ce lieu hautement sécurisé:

"La sécurité est serrée, barrières, clôtures de barbelés, des appareils électroniques et des caméras. Et le pannonceau était au milieu du camp. Une personne ordinaire ne peut pénétrer. Même si un chien passe, l'alarme se déclenché. Celui qui a fait ça était probablement familier avec le système de surveillance. Il n'ya pas d'autre explication", dit-il. 

Bel exemple de deux mémoires finalement incompatibles: celle des victimes juives du camp qui exclut de facto les souffrances des autres détenus d'Auschwitz, et celle des riverains du camp qui incluent la souffrance juive dans celle d'une humanité plus large, au risque de remettre en cause le caractère unique (et donc non universel) de la souffrance juive.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires publiés après modération. Les propos injurieux, diffamatoires ou à caractère raciste ne seront pas publiés.