La presse algérienne aura mis le temps, mais elle parle quand même de ce rapport de la mission d'observation de la Ligue Arabe en Syrie.
Le titre du papier de Nadrjes Flici du journal L'Expression est on ne peut mieux choisi.
Un rapport qui dérange
Mardi 07 Fevrier 2012
Par
Le rapport du général soudanais, Mohamed Moustapha al-Dabi, sur les événements de Syrie, n'a pas eu toute la publicité qu'il méritait.
Tout en mettant l'accent sur le fait que la Mission soit arrivée en Syrie après que des sanctions aient été imposées à ce pays pour l'amener à accepter le Protocole et que malgré cela, la Mission a été bien reçue tant par les militants pro-gouvernementaux que par les opposants ou même le gouvernement lui-même; le rapport révèle que la Mission a procédé à l'exécution de sa tâche de la manière la plus conforme à ce qui a été stipulé dans le Protocole, à travers une présence quotidienne sur le terrain, en observant une neutralité et une indépendance garantissant une perception fidèle et transparente de la réalité. Et ce malgré les difficultés rencontrées et le comportement de certains éléments indisciplinés.
De manière générale, le principal obstacle qui, selon le rapport, a fait échouer la Mission et remis en cause sa crédibilité auprès des téléspectateurs et auditeurs arabes et étrangers est la propagande et la désinformation médiatique féroce dont elle a fait l'objet depuis le commencement de ses travaux et qui se poursuit encore aujourd'hui. «Certains médias ont même publié des déclarations infondées en les imputant au président de la Mission. Ils se sont également employés à exagérer certains faits de sorte que la réalité s'en est trouvée altérée» a relaté le rapport. Pis encore, ce traitement médiatique a, selon le même rapport, faussé la compréhension de ce qui se passe sur le terrain et contribué à augmenter la frustration des Syriens tout en nuisant au travail des observateurs. Il a également utilisé certains observateurs aux fins de nuire à la réputation de la Mission et de son président (le général al-Dabi, ndlr) et faire échouer la mission. Sans oublier la problématique des chiffres. Une exagération quant aux nombre de victimes, des blessés, des détenus et des personnes libérées, est notée dans le rapport des observateurs, tout en précisant que les informations qui affluent de l'extérieur du pays, et celles émanant de l'opposition ou du côté des autorités ne sont jamais conformes. Chose qui rend la tâche des observateurs autant difficile que critique, déplore le rapport.
Un manque de temps est aussi mis en avant pour justifier le non-aboutissement à un résultat tangible de la Mission des Observateurs. «23 jours d'observation sur le terrain», période a fortiori insuffisante pour l'accomplissement du travail lui-même, alors qu'à la base la Mission devait durer un mois. Le rapport précise, ainsi, que c'est une durée insuffisante eu égard au grand nombre de stipulations du Protocole dont il fallait s'acquitter et à la nécessité de côtoyer les Syriens pendant une assez longue période s'étendant sur quelques mois et parfois de nombreuses années.
Pour ce qui est de l'objectif réel visé par le protocole, et qui vise la protection des citoyens syriens, en engageant le gouvernement syrien à arrêter les violences, à libérer les détenus et à retirer l'armée des villes et zones habitables comme première étape visant à aboutir à un dialogue entre les différentes parties syriennes qui se concrétiserait politiquement, n'a pu, de fait de différents obstacles, s'accomplir et «l'opération des observateurs s'enlisait sans réaliser sur le terrain les résultats escomptés» a précisé le rapport.
Ceci dit, à lire le rapport des observateurs, il semblerait que toutes les parties ont mis du leur pour le bon déroulement de la mission, car, dans toute la Syrie, la Mission a été «favorablement reçue tant par l'opposition» que par le gouvernement, ont rapporté les observateurs. La présence de la Mission a inspiré un sentiment de confiance chez les citoyens qui les a incités a lui présenter leurs doléances, et ce malgré la crainte éprouvée par l'opposition devant autant de franc-parler, car pesait encore sur elle la crainte des arrestations dont elle avait souffert avant l'arrivée de la Mission en Syrie, si l'on exclut la période qui a suivi la parution du dernier communiqué du comité interministériel, qui a vu l'intensité de la violence se réduire progressivement. D'autre part, la Mission a également constaté la bonne disposition du gouvernement de Damas à la réussite de la Mission et de l'aider à dépasser toutes sortes d'obstacles. Le gouvernement a également facilité la tenue de toutes sortes de rencontres sans exception et n'a pas cherché à imposer des restrictions quant aux déplacements des observateurs et les rencontres qu'ils effectuèrent avec les citoyens syriens, qu'ils soient au nombre des pro-gouvernementaux ou des opposants. Enfin, la Mission a relevé un état de grave frustration dû à l'injustice et l'oppression éprouvées par les Syriens. Ceux-ci sont néanmoins convaincus, toujours selon le rapport, de la nécessité d'une résolution pacifique et arabe de la crise syrienne, sans l'internationaliser, pour qu'ils puissent vivre en paix et sécurité, et pour que se réalisent les réformes et les changements escomptés. La mission a pris également connaissance du fait qu'une partie de l'opposition a pris les armes, notamment à Deraa, Homs, Hama et Edleb, en réaction à la grande souffrance du peuple syrien, à son oppression par le régime politique et à la corruption qui a touché tous les secteurs de la société, sans compter la pratique de la torture et les atteintes aux droits de l'homme. Sur le terrain, le rapport révèle que les comptes-rendus montrent qu'il y a eu des manifestations pacifiques dans certaines régions.
Les partisans comme les adversaires de l'autorité n'ont été soumis à aucune répression. Il a également été noté que les frictions observées étaient dirigées contre la Mission ou entre les partisans et les opposants du régime sans qu'il y ait eu à signaler des pertes, et ce depuis le dernier exposé qui avait eu lieu avec le comité ministériel sur la Syrie lors de sa réunion du 8 janvier 2012.
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