lundi 20 février 2012

Le problème posé par les réfugiés Syriens est qu'ils ne sont pas assez... nombreux!


Les guerres comme les troubles intérieurs ont généralement comme conséquences un afflux de réfugiés dans les pays voisins de celui qui en est le théâtre; donnant presque invariablement le spectacle d’hommes, de femmes et d’enfants, dans des véhicules ou à pied qui se pressent aux postes frontières.

Par exemple, peu après le début des troubles en Libye l’an dernier, c’étaient quelque 50 000 personnes qui avaient quitté la Libye pour se réfugier en Tunisie. En mai 2011, c’étaient plus de 400 000 personnes qui avaient fui le pays, en août 2011 c’était le cas de plus de 800 000 personnes, soit plus de 10 % de la population. On se rappellera que ces gens fuyaient en majorité les bombardements de l’OTAN (censés les protéger du méchant Kadhafi) et les exactions des prétendus rebelles.

On nous dit que la Syrie est à feu et à sang, que l’armée et la police de ce pays tirent quasiment à vue sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à un opposant pacifique au gouvernement.
La Syrie est beaucoup plus peuplée que la Libye puisqu’elle compte 23 millions d’habitants, avec une densité de population de 120 habitants au km2 (à titre de comparaison Libye 3,13, France 97). Compte tenu du caractère effroyable de la répression que subit la population d’après l’opposition syrienne, au moins aussi violente que celle qu’aurait exercée en son temps le colonel Kadhafi en Libye, nous devrions avoir à peu près 2,3 millions de réfugiés Syriens dans les pays voisins.

 Alors faisons les comptes :

- en Jordanie, nous aurions … 3 000 réfugiés Syriens
- au Liban, mi-janvier 2012 on comptait 5238 réfugiés venus de Syrie
- en Turquie ; les chiffres font du yoyo puisqu’on est passé de 16 624 réfugiés au début de la crise à 6 833 en août 2012 (suite à des retours volontaires au pays) et que leur nombre tendrait à remonter actuellement pour se situer vers 10 000 selon le journal espagnol El Mundo.

Le journal belge Le Vif titrait en juin 2011 : « Déjà 10 000 réfugiés Syriens en Turquie. » Il pourrait réutiliser son titre légèrement modifié : «Toujours 10 000 réfugiés Syriens en Turquie.»

Nous sommes donc loin de l’exode caractéristique d’un pays à feu et à sang et ce n’est pas un hasard si on a beaucoup de mal à trouver des chiffres dans les dépêches d’actualités.

Mais la propagande étant rarement à court d’imagination, le ministre Turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu a trouvé une explication à ce nombre finalement réduit de réfugiés. Et cette explication tient bien sûr là aussi à la rouerie malveillante des autorités de Damas car pour le chef de la diplomatie turque,  toujours selon El Mundo qui cite le journal turc Hurriyet :
le régime d’Assad a miné les frontières de la Syrie avec le Liban et la Jordanie
Il s’agit là d’une affirmation et non d’une hypothèse. Mais Davutoglu, qui n’a pas peur du ridicule et qui semble mieux savoir ce qui se passe à la frontière syro-jordanienne qu’à la frontière syro-turque ajoute :
et il a pu en faire autant à la frontière avec la Turquie.
Je serais à la place des Turcs, je me ferais du mouron d'avoir un ministre de ce genre.


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