jeudi 9 février 2012

La nouvelle stratégie de l'OTAN et des monarchies arabes contre la Syrie


L’OTAN n’a pas eu sa résolution contre le gouvernement syrien du fait du veto russe et chinois, mais les puissances occidentales n’ont cependant pas renoncé à venir à bout de Bachar al-Asssad.

Et c’est bien du chef de l’Etat syrien qu’il s’agit puisque le schéma proposé par la Ligue Arabe et qui aurait dû être validé à l’ONU posait comme condition le départ de Bachar al-Assad. Une personnalisation outrancière qui a même cherché à mettre en lumière le rôle de l’épouse du chef de l’Etat, Asma al-Assad.
Le but est en effet d’isoler le président de sa population , mais aussi de ses collaborateurs et partisans et, pourquoi pas, de sa propre épouse.
Moyennant quoi, les monarchies marocaine, jordanienne ou qatarie se font fort d’amener la Syrie vers la démocratie.

Si nous n’étions pas dans un scénario cauchemar, on pourrait dire qu’on croit rêver.

Ayant intégré leur échec au Conseil de Sécurité, les pays de l’OTAN et les monarchies démocratiques ont choisi une nouvelle stratégie qui, si elle aboutit, (et même si elle n’aboutit pas d’ailleurs puisque la « communauté internationale » agit au nom de la morale) leur permettra de tenter d’abattre le régime syrien en neutralisant le veto russe et chinois en passant par un vote en Assemblée Générale.

L’idée n’est pas de lancer une intervention militaire massive comme ce fut le cas en Libye, mais d’une part d’étouffer politiquement et économiquement la Syrie et d’encourager et protéger des organisations combattantes comme les Etats Unis avaient l’habitude de le faire en Amérique latine ou en Asie du sud—est.
Dans ce but, et comme en Libye, toute démarche de sortie négociée et pacifique de la crise sera étouffée dans l’œuf par les champions de la démocratie.

Cette stratégie perverse, il n’y a pas d’autres mots, est exposée clairement dans l’article que je vous propose.

Vous noterez en lisant cet article que, selon le journaliste, la Russie ne fait pas partie de la communauté internationale. Et qu’en début d’article, on a l’impression que seule la Russie avait usé de son droit de veto pour s’opposer à la résolution contre la Syrie. Eh oui, en début d’article, le journaliste a complètement escamoté la Chine dont on a l’impression, en continuant la lecture, que c’est un petit pays marginal qui n’a pas de diplomatie propre indépendamment de celle de la Russie.

Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait penser à la deuxième guerre mondiale pour laquelle les commémorations ne font souvent débarquer que les Américains sur les plages de Normandie (Britanniques, Canadiens etc. tendent à disparaître) tandis que l’Armée Rouge se volatilise quelque part entre Stalingrad et Berlin.


La communauté internationale étudie une voie de contournement du veto russe en exhortant l’Assemblée générale de l’ONU à adopter une résolution qui permette d’aider la population.
Par ignacio Cembrero, El Pais (Espagne) 8 février 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

La communauté internationale ne peut s’empêcher de se demander comment faire en sorte que le président Syrien, Bachar al-Assad, arrête de tuer des civils. Elle étudie comment contourner le veto appliqué par la Russie et la Chine à une résolution présentée samedi dernier au Conseil de Sécurité de l’ONU, pour resserrer l’étau sur le régime syrien.

Les pays préoccupés par la crise syrienne bruissent parfois ouvertement et parfois discrètement d’un débat sur ce qu’il faut faire pour mettre un terme à une guerre civile larvée qui a causé déjà plus de 6 000 morts à la Syrie.

Ardemment désirée par la plus grande partie de l’opposition syrienne regroupée dans le Conseil National Syrien, et caressée par l’Occident, l’initiative dont on parle avec le plus d’insistance consiste à essayer de contourner le Conseil de Sécurité en passant par l’Assemblée générale, indiquent diverses sources diplomatiques européennes.

Constitué de 15 membres – dont cinq ont le droit de veto – le Conseil est l’organe suprême de l’ONU. Ses résolutions sont de nature contraignante. A l’Assemblée ce sont par contre tous les pays membres (193) qui peuvent voter. Ses résolutions ne sont pas contraignantes.

La discussion se fait en coulisses mais elle affleure parfois. Kevin Rudd (Kevin Rudd : le soutien à l’Etat sioniste est dans mon ADN), le ministre Australien des affaires étrangères, a exprimé hier son appui, devant le parlement, à une résolution de l’Assemblée « fondamentale pour marquer la condamnation par la communauté internationale des tueries dont elle est témoins en Syrie. »

La résolution irait cependant plus loin qu’une simple condamnation. Elle ouvrirait la voie à l’adoption de mesures qui freineraient la répression et allégeraient les souffrances de la population civile. « Elle apporterait un soutien plus moral que juridique pour agir contre le dictateur, » explique Salam Kawakibi, directeur d’études à l’Initiative de la Réforme Arabe [un think tank dominé par les monarchies arabes, NdT].

Les mesures pourraient consister en l’envoi d’aide humanitaire à la population, où même des attaques ponctuelles contre des unités d’élite de l’armée en passant par la création d’une zone de  sécurité – probablement le long de la frontière turque – où les civils pourraient se mettre à l’abri.

Aux yeux des juristes, il existe un précédent qui permet à l’Assemblée Générale de contourner le Conseil de Sécurité. A la demande des Etats Unis, décidés à surmonter le veto de l’Union Soviétique sur la guerre de Corée, l’Assemblée avait adopté la résolution 377 où elle constatait « le défaut d’unanimité entre les membres permanents » du Conseil qui ne peuvent pas « exercer leur responsabilité première de maintien de la paix et de la sécurité (…). »
L’Assemblée avait alors massivement recommandé l’adoption de mesures collectives, « y compris l’usage de la force » pour faire front à l’agresseur.

L’Assemblée Générale semble prédisposée à aller plus loin que le Conseil. Elle avait déjà approuvé le 19 décembre, par 133 voix pour, 11 contre et 43 abstentions, une résolution par laquelle elle avait condamné «avec force la violation grave et systématique des droits humains» par Damas. La Russie et le Chine s’étaient abstenues.

Les Russes sont conscients de la manœuvre qui se prépare afin de contourner leur droit de veto. L’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitaly Churkin, a averti dans une déclaration au site internet d’informations Inner City Press qu’il sera très difficile d’obtenir une résolution de l’Assemblée parce que l’affaire est déjà entre les mains du Conseil de Sécurité.

Pour se coordonner, pour promouvoir cette initiative à l’ONU, commencer à se concrétiser l’idée, formulée par Berlin, Paris et Londres de créer un « groupe d’amis » de la Syrie. A sa tête se trouveraient les pays arabes, surtout les monarchies du Golfe persique, et la Turquie. Inutile de dire que les Etats Unis seraient un élément de poids.
Sans l’appeler « groupe », comme l’a fait le ministre Français des affaires étrangères, Alain Juppé, son homologie Turc Ahmet Davutoglu a formulé hier la même idée au cours d’un entretien avec la chaîne télévisée NTV.
Davutoglu s’apprête à se rendre à Washington d’où il pourrait annoncer la fondation du « groupe des amis »
Il a souligné la nécessité d’organiser « à très bref délai » une conférence avec tous les pays impliqués dans la crise syrienne et, bien qu’il ne l’ait pas mentionné, l’opposition au régime qui est encore très divisée.
La conférence sur la Somalie, convoquée à Londres le 23 février, pourrait être élargie à la Syrie, selon Nick Robinson, correspondant politique de la BBC.

D’ici la mise en route d’une nouvelle initiative diplomatique, l’Union Européenne ca continuer à essayer d’asphyxier le régime syrien, mais sans expulser ses ambassadeurs. A la fin du mois, l’UE approuvera une douzième batterie de sanctions. Elles affecteront la banque centrale syrienne et interdiront les importations de phosphates, de métaux et de pierres précieuses. La suspension des vols commerciaux fait également l’objet de débats.
Il est probable que, sans rompre l’embargo sur la vente d’armes à Damas, les services secrets de plusieurs pays européens livrent déjà du matériel de communication, des médicaments etc. à l’Armée Syrienne Libre (ASL) constituée par des déserteurs qui essayent de protéger la population.

A en juger par les armes qui entrent clandestinement en Syrie par les frontières avec la Jordanie et le Liban – la douane libanaise a intercepté plusieurs cargaisons – l’ASL dispose d’autres fournisseurs. Les soupçons de portent sur les monarchies du Golfe, le Qatar en tête.

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