mercredi 30 janvier 2008

Un dossier judiciaire argentin vide sur un attentat de 1994 servira-t-il à justifier une guerre contre l'Iran?

En dépit du rapport établi par l’ensemble de ses services de renseignements affirmant « que Téhéran a arrêté son programme nucléaire [militaire] depuis 2003, contredisant toutes les affirmations de plus en plus alarmistes de l’administration Bush, cette dernière n’a cependant pas renoncé à faire résonner les tambours de la guerre. Il est vrai que, au-delà de ce que M. Bush et ses amis considèrent comme les intérêts géostratégiques des USA, la mise au pas de l’Iran par tous les moyens est également une exigence de l’entité sioniste. Et ce que l’entité sioniste veut, le président est prêt à le placer dans le contenu de son discours sur l’état de l’Union. Un comble quand on sait que l’intérêt bien compris des USA en Irak est une neutralité bienveillante de l’Iran sur ce champ de bataille. Or les USA savent bien que l’Iran contribue à assurer aux GI’s une relative tranquillité du côté des mouvements politiques chiites irakiens. L'action iranienne en ce sens passant bien entendu par le relais des mollahs Irakiens et du premier d'entre eux, l'influent Sistani qui par ailleurs est de nationalité iranienne.
Il reste que du fait du rapport de ses services de renseignements, la rhétorique de Bush tourne un peu à vide, d'autant que le récent incident naval qui a opposé sa marine de guerre à quelques petites embarcations militaires iraniennes a été dégonflé par la marine US elle-même qui manifestement ne veut pas la guerre, en tout cas pas maintenant.
Les imprécations ne suffisant pas, George W. Bush a ressorti un vieux dossier que son administration avait pris soin de conserver sur le feu, dossier qui a l'avantage de concerner également l'entité sioniste puisque, qu'ils le veuillent ou pas, les Juifs du monde entier sont considérés comme ressortissants du Sionistan non seulement par le Sionistan mais aussi par les USA et l'ensemble des pays de tradition occidentale qui ont des citoyens de confession juive. Ce dossier soigneusement mijoté est celui de l'attentat contre L'Association mutuelle israélite argentine [AMIA] qui fit 85 morts et 350 blessés.
Les informations les plus répandues concernant cet attentat sont celles qui sont conformes à l'interprétation américaine des tenants et aboutissants de ce crime. A lire ici et ou encore . Et cet attentat, c'est à peu près tout ce qui reste à Bush pour justifier sa posture belliqueuse.
Sauf que cet attentat remonte quand même à 1994, que si la justice argentine a fini par inculper des responsables Iraniens et à émettre des mandats d'arrêt à leur encontre, elle est loin d'avoir les éléments nécessaires à la tenue d'un procès digne de ce nom.
Tout ceci est abordé en détail par Gareth Porter qui s'est livré à un travail d'investigation comme on en voit rarement aujourd'hui dans le journalisme. Sans parvenir complètement à disculper l'Iran (ce n'est pas son but) il montre bien que le dossier d'accusation contre le régime iranien, et le Hezbollah qui lui est associé dans cette affaire, est vide. Et comme on dit : on est innocent avant d'être condamné (tout le blabla qu'on réserve en général aux riches et aux puissants le jour où ils ont la malchance de se retrouver menottes aux poignets).
Outre ses investigations, Porter propose une analyse des relations entre l'Iran et l'Argentine à l'époque de l'attentat, relations qui étaient loin d'être mauvaises et que la logique commandait à l'Iran de préserver. Or l'attentat a eu l'effet contraire dès lors qu'il lui a été imputé. Les seuls à avoir profité de ce crime sont les USA et surtout le Sionistan qui a pu consolider son emprise sur le régime argentin et sur la communauté juive argentine qui représenterait 2 % des 37,91 millions d'habitants de ce pays. Ces centaines de milliers de Juifs Argentins représentent donc un vivier de population intéressant pour l'entité qui peine de plus en plus à attirer des immigrants de confession israélite. Le seul problème est que les Juifs Argentins n'ont pas trop envie de faire leur "retour" à Sion sauf lorsqu'ils sont poussés à migrer pour des raisons économiques.
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Bush et la fabrication du rôle de l’Iran dans le terrorisme en Argentine
par GARETH PORTER, The Nation (USA) 18 janvier 2008, traduit de l’anglais par Djazaïri
Les recherches pour cet article ont été soutenues par of The Nation Institute
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Même si le nucléaire et l’Irak ont été les principaux centres d’attention da la campagne de pressions de l’administration Bush contre l’Iran, les responsables Américains ont également cherché à salir l’Iran avec l’étiquette de soutien principal du terrorisme dans le monde. Et la dernière tactique de l’équipe de Bush est de miser sur une accusation vieille de 13 ans selon laquelle l’Iran est responsable du fameux attentat à la bombe de Buenos Aires qui avait détruit le centre communautaire juif de cette ville, l’AMIA, tuant 86 personnes et en blessant 300 en 1994. Sous couvert d’anonymat, de hauts responsables de l’administration américaine ont déclaré au Wall Street Journal du 15 janvier que l’attentat en Argentine « fait figure de modèle pour la manière dont l’Iran a utilisé ses ambassades à l’étranger et ses relations avec des organisations militantes étrangères, en particulier le Hezbollah, pour frapper ses ennemis ».
Cette campagne de propagande s’appuie fortement sur une décision prise en novembre dernier par l’Assemblée générale d’Interpol dont le vote a placé cinq anciens responsables Iraniens et un chef du Hezbollah sur la « liste rouge » de l’organisation policière internationale pour la présomption d’avoir organisé l’attentat de juillet 1994. Mais le Wall Street Journal rapporte que c’est la pression de l’administration Bush, associée à celle des diplomates Israéliens et Argentins, qui a permis d’obtenir ce vote. En fait, la manipulation de l’affaire de l’attentat en Argentine par l’administration Bush est dans le droit fil de sa longue pratique de recourir à des preuves manipulées ou fabriquées pour monter un dossier contre ses ennemis géopolitiques.
Après avoir passé plusieurs mois à interviewer des responsables à l’ambassade américaine à Buenos Aires bien au courant de l’enquête en Argentine ainsi que le chef de l’équipe du FBI qui a contribué à cette enquête et le mieux informé des enquêteurs Argentins sur cette affaire, j’ai constaté qu’aucune preuve réelle de nature à impliquer l’Iran dans cet attentat n’a jamais été trouvée. En se basant sur ces interviews et sur l’ensemble des documents relatifs à l’enquête, on ne peut qu’arriver à la conclusion que le dossier contre l’Iran dans l’attentat contre l’AMIA a été dès le départ orienté par l’animosité américaine contre l’Iran et non par un désir de découvrir les véritables auteurs.
Un montage d’hypothèses
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La démarche américaine vis-à-vis de l’attentat a été biaisée dès le départ par une stratégie de l’administration Clinton d’isolement de l’Iran, adoptée en 1993 dans le cadre d’un accord avec Israël sur des négociations de paix avec les Palestiniens. Le jour même du crime, avant qu’on ait pu découvrir quoi que ce soit sur la responsabilité de cet acte, le Secrétaire d’Etat Warren Christopher incriminait « ceux qui veulent stopper le processus de paix au Moyen-Orient » - une référence évidente à l’Iran.
William Brencick, le chef de la section politique de l’ambassade US à Buenos Aires et principal contact à l’ambassade pour notre enquête, s’est souvenu lors d’un entretien avec moi en juin dernier qu’un « montage d’hypothèses » avait orienté l’approche américaine de ce dossier. Selon Brencick, l’hypothèse fondamentale de départ était que l’explosion était due à un attentat suicide et que le recours à l’attentat suicide était une preuve claire de l’implication du Hezbollah – et donc de l’Iran.
Mais la thèse de l’attentat suicide a rapidement rencontré de sérieuses difficultés. Peu après l’explosion, le gouvernement de M. Menem avait sollicité des USA l’envoi d’une équipe pour aider à l’enquête et, deux jours après l’attentat, des experts du bureau des Alcools, du Tabac et des Armes à Feu [ATF] arrivaient à Buenos Aires ainsi que trois agents du FBI. D’après une interview accordée par Charles Hunter, chef de l’équipe d’ATF et expert en explosifs, à un groupe d’enquête indépendant conduit par le journaliste US Joe Goldman et le journaliste d’investigation Argentin Jorge Lanata, dès l’arrivée de l’équipe la police fédérale avait mis en avant la thèse selon laquelle une camionnette Renault Trafic blanche avait transporté la bombe qui avait détruit l’AMIA.
Hunter avait vite identifié de gros décalages entre la thèse du véhicule piégé et les effets de l’explosion d’après photos. Deux semaines plus tard, il rédigea un rapport où il notait que les marchandises d’un magasin situé juste à droite de l’AMIA avaient été projetées avec force à l’opposé de la devanture tandis que les marchandises d’un autre magasin avaient été projetées dans la rue – laissant à penser que l’explosion s’&était produite à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur. Hunter disait aussi ne pas comprendre comment les bâtiments de cette rue pouvaient encore tenir debout si la bombe avait explosé devant l’AMIA comme le suggérait la thèse du véhicule piégé.
Le manque de témoignages oculaires à l’appui de cette thèse était tout aussi frappant. Sur 200 témoins présents, un seul a affirmé avoir vu un Renault Trafic blanc. Plusieurs ont témoigné avoir regardé l’endroit où le Trafic était supposé être au moment de l’explosion mais n’avoir rien vu. Nicolasa Romero, l’épouse d’un policier de Buenos Aires, est ce témoin unique. Elle a déclaré avoir vu un Renault trafic blanc s’approcher de l’angle où elle se trouvait avec sa sœur et son fils âgé de quatre ans. Mais selon le témoignage de la sœur de Mme Romero, le véhicule qui était passé près d’eux n’était pas un Trafic blanc mais plutôt un taxi noir et jaune. D’autres témoins ont rapporté avoir vu un taxi noir et jaune quelques secondes avant l’explosion.
Les procureurs Argentins ont soutenu que des pièces d’un trafic blanc avaient été retrouvées fichées dans les corps de nombreuses victimes de l’explosion, preuve qu’il s’agissait d’un attentat suicide Mais cette preuve a été discréditée par Gabriel Levinas, chargé d’enquête par l’AMIA et membre de son équipe d’avocats. Levinas appartient à une grande famille juive de Buenos Aires qui publiait un magazine sur les droits de l’Homme pendant la dictature (la voiture de son oncle avait servi pour la capture du criminel de guerre Adolf Eichmann et son exfiltration vers Israël où il sera jugé en 1961).
Levinas avait découvert que les fragments du Trafic blanc avaient été expédiés par la police au constructeur pour des analyses qui aboutirent à la conclusion qu’aucune des pièces n’avaient été soumises à des températures élevées. Ce qui signifiait que ces fragments de véhicule ne pouvaient pas provenir du Trafic blanc que la police avait identifié comme étant le véhicule kamikaze – ce véhicule était d’ailleurs connu pour avoir brulé auparavant avant d’être réparé et remis en circulation.
Pourtant, en dépit du manque de témoignages oculaires et de la faiblesse des preuves valables en droit, le département d’Etat avait publiquement adopté l’histoire de l’attentat suicide en 1994 et 1995.
Le problème du mobile
Des enquêteurs indépendants se sont longuement interrogés sur le motif qu’aurait eu l’Iran de mener une action contre les Juifs Argentins au moment où son allié du Hezbollah était embarqué dans une lutte armée contre les militaires Israéliens au Liban. Dans leur inculpation en 2006 de plusieurs citoyens Iraniens pour l’attentat, les procureurs Argentins avaient soutenu que l’Iran avait organisé l’attaque contre l’AMIA parce que le gouvernement de Carlos Menem avait annulé deux contrats de transfert de technologie nucléaire vers l’Iran.
Mais le dossier d’inculpation contient des extraits de documents essentiels qui fragilisent cette conclusion. D’après un câble envoyé le 10 février 1992 par l’ambassadeur d’Argentine en Iran, le directeur du Département Amérique du ministère iranien des affaires étrangères avait « souligné la nécessité de parvenir à une solution du problème [de transfert de technologie nucléaire] qui éviterait de porter atteinte à d’autres contrats. » L’Iran avait ainsi clairement signifié son espoir de parvenir à une solution négociée qui pourrait réactiver les contrats suspendus et maintenir également d’autres contrats avec l’Argentine.
Le 17 mars 1992, une bombe avait détruit l’ambassade israélienne à Buenos Aires – un incident dont la justice argentine avait aussi tenu l’Iran pour responsable. L’acte d’inculpation cependant cite un haut responsable de INVA, une firme nucléaire argentine qui dominait à la Commission à l’Energie Atomique, expliquant que durant l’année 1992 avaient été noués des contacts entre INVAP et l’Organisation pour l’Energie Atomique de l’Iran « dans l’hypothèse d’une révision de la décision du gouvernement permettant de reprendre les travaux prévus dans les contrats. » Le même responsable confirmait que les négociations autour des deux projets suspendus s’étaient poursuivies de 1993 à 1995 – avant et après l’attentat contre l’AMIA. Ces révélations suggèrent que l’attitude de l’Iran envers l’Argentine au moment de cet attentat était exactement à l’opposé de ce qui est avancé dans l’acte d’inculpation.
Selon l’acte d’inculpation, le mobile de l’implication du Hezbollah dans l’attentat contre l’AMIA était de venger le bombardement par Israël d’un camp d’entraînement de cette organisation dans la vallée de la Bekaa début 1994 et l’enlèvement par Israël du leader chiite Mustapha Dirani au mois de mai. Cette théorie ne parvient toutefois pas à expliquer pourquoi le Hezbollah aurait choisi d’exercer des représailles contre des Juifs en Argentine. Le Hezbollah était déjà en guerre contre les forces israéliennes au Liban où cette organisation recourait à des attaques suicides dans ses efforts pour faire cesser l’occupation israélienne. Le Hezbollah disposait d’une deuxième possibilité facile de représailles en tirant des roquettes Katioucha sur Israël par delà la frontière.
C’est précisément ce que fit le Hezbollah pour riposter au massacre par Israël de quelques 100 civils Libanais dans la ville de Qana en 1996. Cet &épisode avait suscité chez les militants du Hezbollah une colère plus grande à l’égard d’Israël que n’importe quel autre événement des années 1990 selon Augustus Richard Norton, spécialiste du Hezbollah à la Boston University. Si le Hezbollah a répondu à cette provocation israélienne par des tirs de roquettes Katioucha sur le sol israélien, on a peine à comprendre pourquoi il aurait riposté à une agression israélienne moins grave en concevant une ambitieuse attaque à l’étranger contre des Juifs Argentins non reliés à l’occupation israélienne.
La fabrication
La pierre angulaire du dossier argentin était Carlos Alberto Telleldin, un vendeur de voitures d’occasion qui porte un nom chiite et était connu pour ses relations douteuses aussi bien avec des criminels qu’avec la police. Le 10 juillet 1994, Telleldin avait vendu le Trafic blanc présenté par la police comme le véhicule suicide à un homme décrit comme ayant un accent d’Amérique centrale. Neuf jours après l’attentat, Telleldin était arrêté soupçonné de complicité dans ce crime.
La police avait affirmé avoir été mise sur la piste de Telleldin par le numéro de série du bloc moteur de la camionnette et qu’on avait retrouvé dans les décombres. Une vraiment grosse bévue de la part des organisateurs de ce qui, pour le reste, avait été un attentat très professionnel, s’avoir laissée intacte une telle marque d’identification que n’importe quel voleur de voiture sait effacer. Ce qui aurait dû être un indice que l’attentat n’avait pas été orchestré par le Hezbollah dont les artificiers sont bien connus des spécialistes du renseignement US pour avoir été assez malins, lorsqu’ils avaient fait sauter l’ambassade américaine à Beyrouth, pour ne laisser aucune preuve tangible qui aurait permis de remonter jusqu’à eux. Ce qui aurait également dû amener à se poser la question de savoir si cette preuve n’avait pas été fabriquée par les policiers eux-mêmes.
Il est clair désormais que l’intention réelle du gouvernement Menem en arrêtant Telleldin était de l’amener à montrer du doigt ceux qu’il voulait accuser de l’attentat. En janvier 1995, Telleldin reçut la visite du capitaine Hector Pedro Vergez, retraité de l’armée et agent à temps partiel du SIDE, le service de renseignements argentin, qui lui proposa 1 million de dollars et la liberté s’il identifiait un des cinq ressortissants Libanais interpellés au Paraguay – des hommes qui auraient pu, selon la CIA, être des militants du Hezbollah – comme étant la personne à qui il avait vendu la fourgonnette. Après le refus par Telleldin d’accepter cet arrangement, un juge Argentin avait conclu à l’absence de preuves pour maintenir ces présumés militants en détention.
Le tribunal de Buenos abandonna les poursuites contre Telleldin en 2004, après avoir découvert que Luisa Riva Amayo, une juge fédérale avait rencontré Telleldin en 1995 pour discuter d’une autre possibilité de paiement afin qu’il témoigne avoir vendu la camionnette à plusieurs hautes personnalités de la police de la province de Buenos Aires, tous des alliés d’Eduardo Duhalde, le rival politique de Carlos Menem. En juillet 1996, le juge qui supervisait l’enquête, Juan Jose Galeano, avait offert à Telleldin 400 000$ pour impliquer ces officiers de police pour complicité dans l’attentat. (un enregistrement vidéo réalisé secrètement par des agents du SIDE et diffusé à la télévision en avril 1997 montrait Galeano en train de négocier le faux témoignage.) Un mois après avoir fait son offre à Telleldin, Galeano inculpait trois officiers supérieurs de la police de Buenos Aires pour leur implication dans l’attentat, sur la base du témoignage de Telleldin.
« Tout la piste iranienne a paru bien mince »
Au cours d’un entretien en mai dernier, James Cheek, ambassadeur de Clinton à l’époque de l’attentat m’a dit, « A ma connaissance, il n’y a jamais eu de véritables preuves [de la responsabilité iranienne]. On n’a jamais rien fourni. » La principale piste dans cette affaire, se souvient-il, était un transfuge iranien nommé Manoucher Moatamer, qui « était supposé avoir toutes les informations. » Mais Moatamer s’est avéré être seulement un responsable aigri et de faible importance qui ne savait rien de processus de décision de son gouvernement qu’il affirmait connaître. « Nous avions finalement conclu qu’il n’était pas crédible, » se rappelle Cheek. Ron Goddard, alors N°2 de la mission diplomatique américaine à Buenos Aires, confirme les propos de Cheek. Il se souvient que les enquêteurs n’avaient rien trouvé reliant l’Iran à l’attentat. Selon Goddard, « Tout la piste iranienne a paru bien mince.»
James Bernazzani, alors chef du service du FBI chargé du Hezbollah, avait reçu en octobre 1997 l’ordre de réunir une équipe de spécialistes et de se rendre à Buenos Aires pour assurer la veille sur l’affaire de l’AMIA. Bernazzani, actuellement chef du bureau du FBI à la Nouvelle Orléans a rappelé lors d’une interview accordée en novembre 2006 comment il en était arrivé à découvrir que l’enquête argentine sur l’attentat contre l’AMIA n’avait trouvé aucune preuve de l’implication de l’Iran ou du Hezbollah. Selon lui, les seuls indices à l’époque en faveur d’un rôle de l’Iran dans l’attentat étaient un enregistrement de vidéo surveillance montrant Mohsen Rabbani, l’attaché culturel de l’ambassade iranienne, en train de chercher à acheter un Trafic blanc et une analyse d’appels téléphoniques effectués dans les semaines précédant l’attentat.
Peu après l’attentat, Clarin, le plus grand quotidien de Buenos Aires, publia une histoire qui lui avait été divulguée par le juge Galeano, selon laquelle les services secrets argentins avaient filmé Rabbani cherchant à acheter un trafic blanc « des mois » avant l’attentat. Un résumé des mandats d’arrêt à l’encontre de Rabbani et de six autres iraniens en 2006, continuait à se référer à « d’indiscutables documents » prouvant que Rabbani s’était rendu chez des vendeurs de voitures à la recherche d’une fourgonnette semblable à celle soupçonnée d’avoir été utilisée pour l’attentat. En réalité, le rapport sur la surveillance de M. Rabbani soumis au juge Galeano dix jours après l’attentat montre que le jour où Rabbani s’est rendu chez un marchand de voitures était le 1er mai 1993, soit quinze mois avant l’attentat et longtemps avant la date à laquelle, selon les procureurs Argentins, l’Iran aurait décidé de s’en prendre à l’AMIA.
En l’absence de preuves concrètes, le SIDE s’est tourné vers « l’analyse des relations » téléphoniques pour établir un dossier de preuves indirectes de la culpabilité iranienne. Les analystes du SIDE ont soutenu qu’une série d’appels téléphoniques passés entre le 1er et le 18 juillet 1994 depuis un téléphone mobile se trouvant dans la ville frontalière de Foz de Iguazu devaient l’avoir étés par le « groupe opérationnel » pour l’attentat – et qu’un appel qui aurait été passé depuis un téléphone mobile appartenant à Rabbani pouvait être relié au même groupe. Bernazzani, du FBI, n’avait expliqué avoir été effaré par le recours du SIDE à l’analyse de relations pour établir des responsabilités. « Ca peut être très dangereux, » m’avait-il dit. « En utilisant ce genre d’analyse vous pourriez relier mon téléphone à celui de Ben Laden. » Selon Bernazzani, les conclusions auxquelles avaient abouti les enquêteurs Argentins n’étaient que pure spéculation » et ni lui, ni les responsables à Washington ne les avaient considérées sérieusement comme des preuves désignant l’Iran.
Puis, en 2000, un autre transfuge est apparu avec une nouvelle version de la responsabilité iranienne. Abdolghassem Mesbahi, qui affirmait être le N°3 du renseignement iranien, expliqua à Galeano que la d&décision de faire sauter l’AMIA avait été arrêtée au cours d’une réunion de hauts responsables iraniens, dont le président Akbar Hashemi Rafsanjani, le 14 août 1993. Mais Mesbahi fut vite discrédité. Bernazzani m’a expliqué qu’en 2000, Mesbahi avait depuis longtemps perdu tout accès aux services de renseignements iraniens, qu’il était « insignifiant » et disposé à « apporter son témoignage à n’importe quel pays pour n’importe quelle affaire impliquant l’Iran. »
Un informateur douteux
Bernazzani a reconnu devant mois que jusqu’à 2003, le dossier contre l’Iran ne reposait que sur des pistes « indirectes. » Mais il affirme qu’une percée importante était survenue cette année là avec l’identification du présumé kamikaze comme étant Hussein Berro, un militant Libanais qui, d’après un journal radiodiffusé libanais, avait été tué au combat contre les forces israéliennes au sud Liban en septembre 1984, deux mois après l’attentat contre l’AMIA. « Nous sommes satisfaits d’avoir identifié l’auteur en nous basant sur l’ensemble des sources d’informations, » m’a déclaré Bernazzani en citant « une combinaison de preuves matérielles et de témoignages. » Mais même l’identification de Berro avait été marquée par des preuves de fabrication et de manipulation.
Le narratif officiel est que le nom de Berro a été transmis au SIDE et à la CIA par un informateur Libanais en juin 2001. L’informateur était présenté comme s’étant lié d’amitié avec un ancien chauffeur du Hezbollah et assistant d’un haut responsable du Hezbollah nommé Abu Mohamad Yasin qui lui avait dit qu’un militant du Hezbollah du nom de « Brru » était le kamikaze. Cette histoire est suspecte à plusieurs titres, le plus évident étant que les services secrets ne révèlent pratiquement jamais le nom ni même l’ancienne fonction d’un authentique informateur.
Le témoignage devant le tribunal en 2003 de Patricio Pfinnen, l’agent du SIDE chargé de l’enquête sur l’attentat contre l’AMIA avant sa révocation en janvier 2002, amène à douter sérieusement de la crédibilité de l’informateur. Pfinnen avait témoigné que lorsque ses collègues et lui avaient rencontré à nouveau l’informateur pour lui poser d’autres questions, « quelque chose clochait dans ses informations, ou elles étaient mensongères. » Pfinnen avait déclaré que son équipe avait finalement écarté la piste Berro parce que les sources au Liban « faisaient défaut et n’étaient pas fiables. » Il concluait, « J’ai mes doutes sur le fait qu’il [Berro] soit la personne qui a été sacrifiée. »
Après le limogeage de Pfinnen au cours d’une lutte d’influence dans le service de renseignements, le SIDE désigna Berro comme l’auteur de l’attaque suicide dans un rapport secret. En mars 2003, juste après le bouclage du rapport, Haaretz [quotidien du Sionistan] rapportait que le Mossad avait non seulement identifié Berro comme étant l’auteur de l’attentat mais aussi posséder une transcription d’un appel longue distance de Berro dans lequel il faisait ses adieux à ses parents et leur annonçait qu’il allait « rejoindre » son frère qui avait été tué au cours d’une attaque suicide au Liban. Pourtant, au moment de l’inculpation, il était devenu clair qu’un tel appel n’avait jamais eu lieu.
En septembre 2004, un tribunal de Buenos Aires acquittait Telleldin et les officiers de police qui avaient été emprisonnés des années plus tôt, et en août 2005, le juge Galeano était mise sur la sellette et limogée. Mais les successeurs de Galeano, les procureurs Alberto Nisman et Marcelo Martinez Burgos continuèrent dans sa voie, dans l’espoir de convaincre le monde qu’ils pourraient identifier Berro comme l’auteur de l’attentat. Ils se rendirent à Detroit dans le Michigan où ils s’entretinrent avec deux frères de Berro et obtinrent d’eux des photos de ce dernier. Ils se tournèrent ensuite vers Nicolasa Romero, le seul témoin qui avait affirmé avoir vu le Trafic blanc sur les lieux du crime.
En novembre 2005, Nisman et Burgos annoncèrent que Romero avait identifié Berro sur les photos obtenues à Détroit comme étant la personne qu’elle avait vue juste avant l’attentat. De son côté, Romero déclara qu’elle ne « pouvait pas être absolument certaine » que Berro était l’homme présent sur les lieux du crime. En fait, dans son témoignage devant le tribunal, elle déclara qu’elle n’avait pas reconnu Berro dans le premier jeu de photos qu’on lui avait présenté ni même dans le second jeu. Elle finit par percevoir quelques « similitudes dans le visage, » mais seulement après que la police lui ait montré une reconstitution de visage réalisée d’après la description qu’elle avait donnée après l’attentat.
Bernazzani m’a expliqué que l’équipe du FBI à Buenos Aires avait découvert des traces d’ADN supposées être celles de l’auteur de l’attentat dans des &échantillons sous scellés, et Nisman fit prélever un échantillon d’ADN chez un des frères de Berro lors de sa visite de septembre 2005. « Je présume, même si je n’ai pas d’informations, que du moment qu’on avait l’ADN du frère on a procédé à une comparaison. Mais Nisman a affirmé à un journaliste en 2006 que les échantillons avaient été contaminés. De manière significative, l’acte d’inculpation des Iraniens ne fait pas mention de preuves par l’ADN.
En dépit d’un dossier contre l’Iran dépourvu de preuves crédibles ou de témoignages oculaires et qui repose largement sur des informations douteuses et le témoignage d’un transfuge discrédité, Nisman et Burgos rédigèrent en 2006 un projet d’acte d’inculpation à l’encontre des six ex officiels Iraniens. Toutefois, le gouvernement de Nestor Kirchner manifesta des doutes au sujet de la suite à donner au dossier judiciaire. Selon le journal Forward, quand des organisations juives américaines firent pression sur Christina, l’épouse de Kirchner, pour une accusation pendant une assemblée générale de l’ONU à New York, cette dernière indiqua qu’aucune date ferme n’avait été fixée pour une nouvelle étape judiciaire contre l’Iran. Pourtant l’acte d’inculpation fut signé le mois suivant.
Aussi bien Miguel Bronfman, le principal avocat représentant l’AMIA, que le juge Rodolfo Canicoba Corral, qui lança plus tard les mandats d’arrêt contre les Iraniens ont déclaré à la BBC en mai dernier que les pressions de Washington ont été décisives dans la soudaine décision d’émette les actes d’inculpation le mois suivant. Corral indiquait qu’il ne doutait pas que les autorités argentines avaient été pressées de « s’associer aux tentatives internationales pour isoler le régime de Téhéran. »
Un haut fonctionnaire de la maison Blanche a simplement désigné l’affaire de l’AMIA comme une « illustration très claire de ce que signifie le parrainage du terrorisme par l’Etat iranien. » En fait, l’insistance des USA pour mettre ce crime sur le dos de l’Iran dans le but d’isoler le régime de Téhéran, est une illustration parfaite de la fabrication cynique d’une accusation au service de ses intérêts de puissance.

mercredi 23 janvier 2008

935 mensonges pour rallier l'opinion publique US à la guerre...

... c'est le décompte, non exhaustif, réalisé par des associations de journalistes Américains. Ce travail rend compte de la manière dont le gouvernement US a opéré pour préparer les esprits à accepter la guerre, si ce n'est à la désirer : un flot de mensonges répercutés par l'ensemble de la presse, un mensonge venant confirmer la "véracité" d'un autre et créant un bruit de fond imperméable à toute possibilité de voix dissonante.
Aux mensonges de M. Bush et des membres de son gouvernement, il faut ajouter les innombrables autres proférés par ses alliés tels M. Aznar en Espagne, M. Berlusconi en Italie sans oublier le britannique Tony Blair.
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Etude : les déclarations mensongères qui ont précédé la guerre
Bush et d’autres hauts responsables ont fait des centaines de fausses déclarations avant l’invasion de l’Irak.
Par DOUGLASS K. DANIELAP News, 22 janvier 2008, traduit de l'anglais par Djazaïri
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Une étude conduite par deux organisations de journalistes sans but lucratif constate que, dans les deux années qui ont suivi les attentats du 11 septembre, le président Bush et de hauts responsables de son administration ont fait des centaines de d&déclarations fausses au sujet de la menace irakienne contre la sécurité nationale.
L’étude a conclu que les déclarations « étaient un élément d’une campagne orchestrée qui a efficacement galvanisé l’opinion publique et a entrainé la nation dans une guerre sur des bases totalement mensongères. »
L’étude a été publiée mardi sur le site web du the Center for Public Integrity, qui a travaillé en collaboration avec le Fund for Independence in Journalism.
Dans la soirée de mardi, Scott Stanzel, porte parole de la Maison Blanche n’a pas fait de commentaires sur la valeur de l’étude mais a réitéré la position de l’administration selon laquelle la communauté mondiale percevait Saddam Hussein, le leader Irakien, comme une menace.
« Les actions effectuées en 2003 étaient basées sur l’estimation collective des services de renseignements à travers le monde, » a déclaré Stanzel.
L’étude a recensé 935 fausses déclarations sur une période de deux années. Elle a constaté que dans des discours, des déclarations, des interviews et d’autres circonstances, Bush et des membres de son administration ont affirmé sans équivoque dans pas moins de 532 occasions que l’Irak disposait d’armes de destruction massive ou tentait d’en produire ou d’en obtenir et/ou avait des liens avec al Qaïda..
« Il est maintenant bien établi que l’Irak ne possédait aucune arme de destruction massive et n’avait aucun lien de quelque importance avec al Qaïda, » écrivent Charles Lewis et Mark Reading-Smith, membres de l’équipe du Fund for Independence in Journalism, dans leur compte rendu de l’étude. « En bref, l’administration Bush a conduit la nation à la guerre sur la base d’informations erronées qu’elle a propagées méthodiquement et dont le point culminant fut l’action militaire contre l’Irak le 19 mars 2003.
L’étude relève que Bush vient en tête avec 259 déclarations fausses, 231 sur les armes de destruction massives en Irak et 28 sur les liens entre l’Irak et al Qaïda. Powell arrive bon deuxième avec 244 fausses déclarations sur les armes de destruction massive et 10 sur les liens entre l’Irak et al Qaïda.
Cités avec Bush sans l’étude, se trouvent de hauts responsables de l’administration au cours de la période étudiée : le vice président Dick Cheney, la conseillère à la sécurité nationale Condoleeza Rice, le secrétaire à la Défense Donald H. Rumsfeld, le Secrétaire d’Etat Colin Powell, le sous Secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz et les chargés des relations avec la presse de la Maison Blanche, Ari Fleischer et Scott Mc Clellan.
Le centre explique que l’étude repose sur une base de données alimentée par des déclarations publiques sur deux années à partir du 11 septembre 2001 et des informations tirées de plus de 25 rapports gouvernementaux, d’articles, de livres, de discours et d’interviews.
L’étude conclut que, « L’effet cumulatif de ces fausses déclarations – amplifié par des milliers d’articles de presse et d’informations audiovisuelles – a été massif, la couverture médiatique créant un vacarme pratiquement impénétrable pendant plusieurs mois décisifs pour l’entrée en guerre. »
« Quelques journalistes – et même quelques organes de presse – ont depuis reconnu que leur couverture de ces mois qui ont précédé la guerre avait été bien trop déférente et non critique. Malgré ces mea culpa, l’ensemble de cette répercussion médiatique totale a fourni une validation supplémentaire et « indépendante » des déclarations mensongères de l’administration Bush sur l’Irak. »

mardi 15 janvier 2008

Le sionisme : un nationalisme colonial en voie de privatisation?

Neve Gordon et Erez Tzfadia sont des universitaires qui vivent et enseignent dans l'entité sioniste. L'article qu'ils ont publié dans le National Catholic Reporter parle de l'expropriation des Bédouins, ces palestiniens qui vivent dans le Néguev [Naqab], cette partie désertique de la Palestine qui est la cible d'une importante opération d'épuration ethnique, ce que les sionistes appellent "judaïsation."
Leur texte expose un aspect intéressant de l'évolution ce l'entité sioniste et qu'ils décrivent comme la privatisation dus sionisme : organisation de milices de colons sous la houlette de l'armée sioniste mais surtout sous traitance des check points à des sociétés de mercenariat, et organisation de la colonisation et de l'expulsion des indigènes de palestine par des promoteurs immobiliers privés.
En les lisant, je me demandais ce qu'il trouvait le plus gênant ou dérangeant : qu'on expulse des gens et qu'on rase leurs maisons ou que ce sale boulot soit effectué par des entreprises privées.
Personnellement je penche pour la deuxième éventualité. Gordon et Tzfadia sont des sionistes qui se préoccupent de morale [ce qui est à leur honneur] mais leurs travaux de recherche ne leur ont pas permis de se rendre compte que morale et sionisme sont deux termes antinomiques.
Par contre, l'exemple qu'ils prennent de la société Blackwater semble montrer qu'ils commencent à prendre conscience que la société sioniste évolue au diapason de sa métropole américaine et de son autre satellite, le britannique, dans le sens de la dévolution partielle à des sociétés privées de missions assurées par l'Etat depuis l'avènement de l'Etat nation : police et défense. Et cette évolution, contrairement à ce qu'ils écrivent, n'a rien de tactique, elle est simplement dans la logique du système de relations internationales et d'assistanat économique (aux frais des contribuables Américains et Allemands] qui permet à l'entité sioniste de subsister.
Un peu de réflexion pourrait donc aider nos auteurs à resituer le sens du sionisme dans le contexte de l'histoire des deux empires qui ont successivement dominé la région du proche-orient depuis le première guerre mondiale.
Au passage, notons que les profits considérables obtenus par les promoteurs immobiliers autorisés légalement à spolier les Palestiniens sont réinvestis par ces mêmes promoteurs dans des opérations immobilières en Europe, aux USA et ailleurs.
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La privatisation du sionisme
Israël recourt à des entreprises privées pour détruire des maisons et accaparer des terres
par NEVE GORDON et EREZ TZFADIA
National Catholic Reporter (USA), 11 Janvier 2008, traduit de l’anglais par Djazaïri

Pour moins de 4$ par jour, des adolescents Juifs ont sorti des maisons le mobilier, les vêtements, les ustensiles de cuisine et les jouets avant de les charger sur des camions. Alors qu’ils travaillaient vite au milieu de nombreux policiers présents pour s’assurer de la destruction de trente maisons dans deux villages bédouins non reconnus, des adolescents Bédouins étaient présents pour voir leurs maisons vidées de leur contenu.
Après l’évacuation de tous les biens, les bulldozers rasèrent les maisons. Toutes les personnes présentes, Juifs comme Bédouins, étaient des citoyens israéliens ; ensemble ils ont appris une importante leçon sur la profondeur de la discrimination qui caractérise la vie civique dans l’Etat juif.
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Les démolitions en cours s’inscrivent dans une stratégie qui a débuté avec la fondation de l’Etat d’Israël. Son objectif ultime est la judaïsation de l’espace. Dans ce cas précis, les démolitions avaient été faites pour faire place à deux nouveaux villages juifs. Cependant, leur création fait partie d’un plan plus important qui comprend la création d’environ trente nouvelles colonies juives dans le Néguev israélien, la saisie des terres des bédouins à des fins militaires et la création de dizaines de fermes isolées sur une terre qui est habitée par les Bédouins depuis leur transfert dans la région par le gouvernement israélien au début des années cinquante.
Après avoir assisté aux démolitions, un militant Bédouin a demandé à un des adolescents Juifs pourquoi il avait accepté de participer à cette éviction. Sans hésiter, l’adolescent a répondu : « Je suis un sioniste et ce que nous faisons aujourd’hui est du sionisme. »
L’adolescent n’avait pas tort. Et il était encore sans doute trop jeune pour admettre que même si les buts fondamentaux du sionisme n’ont pas changé, les méthodes déployées pour les atteindre ont subi une transformation radicale. Alors que traditionnellement, d’est l’Etat lui-même qui se chargeant de la tâche de judaïser la terre, avec les années le gouvernement a externalisé de plus en plus ses responsabilités au profit d’entreprises privées. L’adolescent lui-même avait été embauché par une société de services chargée par l’Etat de faire le travail d’expulsion des Bédouins de leurs domiciles.
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Le processus de privatisation du sionisme a été lent. Pendant plus de cinquante ans, l’Etat avait été le seul agent responsable de la planification de nouveaux villages ou villes et seuls les travaux de construction étaient assurés par des sociétés privées. Aujourd’hui, les terrains dont les Bédouins sont expulsés sont vendus à des prix imbattables à des magnats de l’immobilier qui se voient alors confier non seulement la construction de nouveaux centres urbains juifs mais aussi leur planification. Les entreprises privées parviennent à engranger des profits jamais atteints auparavant car la différence de prix entre l’occupation de sols « non planifiée » et l’occupation de sols « planifiée » est énorme.
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Les sociétés de recrutement et les entreprises ne sont pas cependant les seuls héros de la croisade pour privatiser le sionisme. A cinq minutes en voiture des deux villages bédouins non reconnus dont les maisons ont été démolies se trouvent de nombreuses fermes juives isolées installées ces toutes dernières années. L’Etat donne à ces fermiers Juifs de grandes parcelles de terrain, leur offre des infrastructures de base comme l’eau et l’électricité et, en retour, attend d’eux de jouer leur rôle dans un système qui vise à contenir et à limiter la mobilité des bédouins et leur développement, et à aider les forces de sécurité à garder l’œil sur la population indigène du Néguev.
Si on roule quelques kilomètres plus loin pour traverser la ligne Verte et entrer dans les Territoires occupés, on peut se rendre compte que les check points militaires sont aussi en cours de privatisation. L’année dernière, au moins cinq check points ont été attribués à des sous traitants et fonctionnent actuellement avec des mercenaires [corporate warriors]. La différence entre l’armée israélienne et les mercenaires est que ces derniers agissent dans les zones d’incertitude de la loi. Ils sont le Blackwater israélien. Ainsi, comme la tendance à la privatisation se poursuit, les check points de Cisjordanie, qui sont déjà tristement connus dans leur gestion par l’armée israélienne, deviendront certainement des lieux encore plus infernaux pour les Palestiniens qui essayent de les franchir.
Ce qui se passe pour les check points n’est qu’un développement récent d’un processus en cours depuis plusieurs années maintenant dans les Territoires Occupés. Déjà, dans les années 1980, le gouvernement israélien avait autorisé des sociétés privées à s’approprier des terrains dans les Territoires Occupés et à les vendre avec de gros bénéfices tandis que l’armée avait créé des milices de colons pour l’aider surveiller les habitants palestiniens. Ces milices civiles se sont même vues attribuer des véhicules de transports, des armes et des matériels de télécommunication de l’armée et il leur a été demandé de patrouiller aux alentours de leurs colonies, ce qui signifie souvent, en pratique, surveiller les villages palestiniens proches.
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La privatisation du sionisme ne symbolise pas un changement stratégique mais plutôt tactique. L’Etat s’est délesté de certaines de ses responsabilités tandis que des entités privées ont pris en charge des tâches qui étaient récemment encore assumées par le gouvernement. La différence majeure est que les sociétés privées sont encore mois assujetties à responsabilités que l’Etat. Il en découle que le recours à des adolescents pour expulser des bédouins de leurs maisons ne reflète pas seulement ce processus insidieux de privatisation mais aussi l’inexorable érosion de la responsabilité morale.
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Neve Gordon enseigne la science politique à la Ben-Gurion University. Son livre Israel’s Occupation sera publié en 2008 par University of California Press. Erez Tzfadia enseigne les politiques publiques au Sapir College en Israel.

Lyon : conférence débat des Indigènes de la République

LYON, samedi 19 janvier 2008 à 19h

Conférence/débat
du Mouvement des Indigènes de la République

Pour un mouvement politique anti-colonial autonome


C’est dans la banlieue lyonnaise, à Vaulx-en-Velin, que Fadéla Amara, secrétaire d’Etat à la ville a décidé de rendre public son plan, injurieusement qualifié dans un premier temps de plan « anti-glandouille » avant d’être rebaptisé « Plan respect et égalité des chances pour les banlieues ».

Vénissieux et Vaulx-en-Velin n’est pas seulement ce champ de révoltes sociales qui ont secoué la France voilà plus de 15 ans, c’est surtout un haut lieu de lutte pour la dignité et de résistance à l’injustice. Le plan de la secrétaire d’Etat, complice d’un gouvernement qui a crée le sinistre Ministère de l’identité nationale, renforcé le dispositif raciste dit Ceseda de lois contre l’immigration et le séjour des étrangers, fait voter la loi sur l’ADN, qui traque et rafle sans relâche les sans papiers au point de se vanter d’en avoir expulsé 25 000 et qui insulte quotidiennement les Musulmans, Africains, Caribéens et autres bronzés, n’est qu’une nouvelle et misérable gesticulation politicarde qui en usurpant le symbole de Vaulx-en-Velin cherche à faire diversion et à justifier une fois de plus l’apartheid social et les inégalités raciales que nous subissons, génération après génération.

Dans l’appel des Indigènes de la République, rendu public en janvier 2005, était affirmée notre détermination de « contribuer à l’émergence d’une dynamique autonome qui interpelle le système politique et ses acteurs, et, au delà, l’ensemble de la société française ». Dans le contexte actuel marqué par une offensive raciste, nationaliste et colonialiste sans précédent dirigée depuis les plus hauts sommets de l’Etat, offensive que nous dénoncions justement dans notre appel, cette tâche de rassemblement est plus urgente que jamais. Elle s’impose notamment pour éviter la dispersion des luttes de l’immigration post-coloniale et organiser une riposte susceptible d’imposer un nouveau et efficace rapport de force politique.

Débat animé par le collectif lyonnais du MIR et avec Youssef Boussoumah, Houria Bouteldja, Abdelaziz Chaambi et Sadri Khiari

Venez nombreux-ses débattre avec nous le samedi 19 janvier 2008 à 19h à la maison des passages, 44 rue Saint Georges 69 005 Lyon, Métro Vieux Lyon.
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Contact@indigenes-republique.org

dimanche 13 janvier 2008

Ayman al-Zawahiri, N°2 d'al Qaïda, est-il en réalité un agent sioniste?


Vous connaissez tous sans doute Ayman al-Zawahiri, ce proche d'Oussama Ben Laden et N°2 de l'organisation al Qaïda. Nous le voyons périodiquement à la télévision prêcher le "djihad" contre toutes sortes de mécréants et adresser des menaces qui émeuvent l'opinion publique.


Sur le site britannique The Truth Seeker, on peut voir la photo ci-dessus extraite d'une séquence vidéo diffusée sur les chaïnes de télévision en avril 2006. Truth Seeker ne s'intéresse pas au contenu du discours d'al-Zawahiri, en l'occurence des éloges sur les opérations martyres menées en Irak, un appel au renversement du président pakistanais Pervez Musharraf etc.
En fait, Truth Seeker nous demande de porter notre attention sur le motif qui orne le rideau devant lequel le N°2 d'al Qaïda est installé. Non, vous n'avez pas la berlue, il s'agit bien d'étoiles de David!

Je me suis demandé si la photo publiée par The Truth Seeker n'était pas en réalité un montage. Eh bien, ce n'est pas un montage : on peut trouver Zawahiri trônant devant son rideau étoilé sur d'autres sites disons moins marginaux comme celui de la BBC ,de cette radio norvégienne ou encore du quotidien Libération.

samedi 12 janvier 2008

L'invasion de l'Afghanistan était prévue avant le 11 septembre...

C'est ce que confirme cet article du journaliste Britannique John Pilger. Pilger est un de ces journalistes qui honorent encore une profession pourtant largement discréditée. Il a été, selon Noam Chomsky à l'origine d'un néologisme inventé par les pseudo] journalistes qui, "placés devant des faits gênants sur les conséquences de la politique étrangère américaine que met au jour Pilger, ne sont capables que de les qualifier de 'ridicules'"
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Le grand jeu de l’Amérique
Par John Pilger
New Statesman (UK) 10 Janvier 2008 Traduit de l’anglais par Djazaïri
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Les USA et le Royaume-Uni prétendent que la victoire sur les Talibans est un élément d’une « guerre juste » contre al Qaïda. Des preuves existent cependant que l’invasion était planifiée avant le 11 septembre.

« J’avoue que, pour moi les pays sont les pièces d’un échiquier sur lequel se joue la domination du monde. »
Lord Curzon, vice roi des Indes, s’exprimant au sujet de l’Afghanistan, 1898.
J’avais proposé à Marina de nous rencontrer dans la sécurité offerte par l’hôtel Intercontinental où les étrangers séjournent à Kaboul mais elle avait refusé. Elle y était allée auparavant et des agents du gouvernement la soupçonnant d’être membre de Rawa, l’avaient arrêtée. Nous nous sommes donc rencontrés dans un lieu sûr où nous nous sommes rendus en contournant des amas de gravats qui autrefois avaient été des rues et où les gens vivent comme des victimes d’un séisme dans l’attente des secours.
Rawa est l’Association Révolutionnaire des Femmes d’Afghanistan qui, dès 1977, avait alerté l’opinion internationale sur les souffrances des femmes et des filles dans ce pays. Il n’existe aucune organisation de ce genre ailleurs dans le monde. Elle est ce qu’il y a de mieux dans le féminisme avec les plus courageuses parmi les courageuses. Année après année, des agents de Rawa ont sillonné secrètement l’Afghanistan, enseignant dans des écoles de filles clandestines, venant en aide à des femmes isolées et brutalisées, photographiant les traces de coups dissimulées sous les burqas. Elles étaient l’ennemi implacable des Talibans à l’époque où le mot taliban était à peine connu en Occident et où l’administration Clinton courtisait secrètement les mollahs afin que la compagnie pétrolière UNOCAL obtienne l’autorisation de faire passer par l’Afghanistan un pipeline depuis la Caspienne.
De fait, l’interprétation par Rawa des desseins et de l’hypocrisie des gouvernements occidentaux nous enseigne une vérité sur un Afghanistan exclu des bulletins d’information qui se réduisent désormais au drame de simples soldats britanniques assiégés par un ennemi démoniaque dans une « guerre juste. »
Lors de notre rencontre, Marina était voilée afin de protéger son identité. Marina est son nom de guerre. Elle a dit ceci : « Nous, femmes d’Afghanistan, nous ne sommes devenues une cause à défendre pour l’Occident qu’après le 11 septembre quant les Talibans sont soudainement devenus l’ennemi officiel de l’Amérique. Certes ils persécutaient les femmes, mais ils n’étaient pas les seuls, et nous n’avons pas apprécié le silence occidental sur le caractère atroce des seigneurs de la guerre, appuyés par l’Occident, qui ne diffèrent pas des Talibans. Ils violent, kidnappent et terrorisent, et pourtant ils siègent au gouvernement de Hamid Karzai. D’une certaine manière, nous avions plus de sécurité avec les Talibans. On pouvait traverser l’Afghanistan par la route et se sentir en sécurité. Aujourd’hui, c’est à vos risques et périls. »
La raison que les USA avaient donné pour justifier l’invasion de l’Afghanistan était « la destruction de l’infrastructure d’al Qaïda ; l’organisation responsable du 11 septembre. » Les femmes de Rawa disent que c’est faux. Dans un de leurs rares communiqués, daté du 4 décembre et qui n’a pas été répercuté en Grande-Bretagne, elles déclarent : « Notre expérience nous enseigne que les USA ne veulent pas vaincre les Talibans et al Qaïda car dès lors, ils n’auraient plus de prétexte pour rester en Afghanistan et œuvrer à la réalisation de leurs objectifs économiques, politiques et stratégiques dans la région. »
La vérité au sujet de la « guerre juste » est à chercher dans les preuves indiscutables que l’invasion de 2001, largement soutenue en Occident comme réponse justifiée aux attentats du 11 septembre, était en réalité planifiée deux mois avant le 11 septembre et que le problème le plus pressant pour Washington n’était pas les liens des Talibans avec Oussama Ben Laden mais l’éventualité d’une perte de contrôle de l’Afghanistan par les mollahs Talibans au profit de factions de moudjahidin moins fiables, dirigées par des seigneurs de la guerre que la CIA avait financés et armés pour faire la guerre américaine par procuration contre l’occupant soviétique dans les années 1980. Connues sous le nom d’Alliance du Nord, ces moudjahidin sont largement une création de Washington qui pensait que la « carte djihadiste » pouvait être jouée pour faire tomber l’Union Soviétique. Les Talibans étaient un produit de cela et, pendant les années Clinton, ils furent admirés pour leur « discipline. » Ou, comme l’écrivait le Wall Street Journal, [Les Talibans] étaient les acteurs les plus aptes à ramener la paix en Afghanistan à ce moment de l’Histoire. ».

Ce « moment de l’Histoire » était un mémorandum secret d’entente que les mollahs avaient signé avec l’administration Clinton pour le contrat du pipeline. Cependant, à la fin des années 1990, l’Alliance du Nord grignotait de plus en plus le territoire contrôlé par les Talibans qui, en conséquence, furent considérés à Washington comme manquant de la « stabilité » requise de la part d’un client aussi important. La continuité d’une telle relation clientéliste était un pré requis pour le soutien américain, indépendamment de l’aversion qu’éprouvaient les Talibans pour les droits de l’Homme (questionné à ce sujet, un analyste du Département d’Etat avait prédit que les Talibans évolueraient comme les Saoudiens l’ont fait, » avec une économie pro américaine, sans démocratie et avec « beaucoup de lois issues de la sharia, » ce qui signifiait la légalisation de la persécution des femmes. Nous pouvons vivre avec ça, » disait-il.)
Vers le début 2001, convaincus que c’était la présence d’Oussama Ben Laden qui minait leurs relations avec Washington, les Talibans tentèrent de s’en débarrasser. Aux termes d’un accord négocié avec les dirigeants des deux partis islamistes pakistanais, Ben Laden devait être maintenu en résidence surveillée à Peshawar. Un tribunal religieux aurait alors dû recueillir des preuves contre lui avant de décider de le juger ou de le livrer aux Américains. Que ceci eut pu se produire ou pas, le Pakistan de Pervez Musharraf avait de toutes façons mis son veto à ce projet. Selon le ministre pakistanais des affaires étrangères de l’époque, Niaz Naik, un diplomate Américain de haut niveau lui avait dit le 21 juillet 2001 que la décision avait été prise de se débarrasser des Talibans « avec un tapis de bombes. »
Applaudie comme « première victoire » dans la « guerre contre le terrorisme, » l’attaque contre l’Afghanistan en octobre 2001 et ses effets collatéraux ont causé la mort de milliers de civils qui, encore plus que les Irakiens, demeurent invisibles aux yeux des Occidentaux. Le sort de la famille de Gulam Rasul est caractéristique. Il était 7h45 ce matin du 21 octobre. Rasul, le directeur d’une école de la ville de Khair Khana venait juste de finir le petit déjeuner avec sa famille et était sorti de chez lui pour discuter avec un voisin. Dans la maison, se trouvaient son épouse Siekhra et ses quatre fils, âgés de trois à dix ans, son frère et sa femme, sa sœur et son mari. Il regarda en l’air pour voir un avion voler dans le ciel, puis sa maison explosa en un éclair derrière lui. Neuf personnes périrent dans cette attaque d’un F16 américain larguant une bombe de 250 kilos. Le seul survivant fut son fils Ahmad Bilal, neuf ans.
« La plupart des gens tués dans cette guerre ne sont pas des Talibans ; ce sont des innocents, » m’a dit Gulam Rasul. « Le massacre de ma famille était-il une erreur ? Non, ce n’en était pas une. Ils volent dans leurs avions et nous regardent d’en haut, les simples Afghans qui n’ont pas d’avions, et ils nous bombardent pour le simple fait d’exister et avec tout leur mépris. »
Il y a eu cette noce dans le village de Niazi Qala, à 100 km au sud de Kaboul, où on fêtait le mariage du fils d’un fermier respecté. Selon tous les témoignages, c’était un événement merveilleusement bruyant, avec musique et chants. Le vrombissement d’un avion s’est fait entendre alors que tout le monde dormait, vers trois heures du matin. D’après un rapport de l’ONU, le bombardement a duré deux heures et tué 52 personnes : 17 hommes, 10 femmes et 25 enfants, la plupart réduits en charpie là où ils avaient désespérément tenté de trouver refuge, dans une mare asséchée. Un tel massacre est loin d’être un cas isolé et, ces jours ci, les victimes sont décrites comme étant des « Talibans, » ou, quand il s’agit d’enfants, on dit qu’ils sont « partiellement fautifs de se trouver sur un site utilisé par des combattants, » selon un entretien de la BBC avec un porte parole de l’armée américaine.
Le retour de l’opium
L’armée britannique a joué un rôle important dans cette violence en augmentant ses bombardements à haute altitude de plus de 30 % depuis qu’elle a pris le commandement des forces de l’OTAN en Afghanistan en mai 2006. Ce qui s’est traduit par plus de 6200 morts Afghans l’an dernier. En décembre, l’information trafiquée était la « chute » de Musa Qala, un « bastion taliban » du sud de l’Afghanistan. Les troupes du gouvernement fantoche avaient eu la permission de « libérer » les décombres laissés par les B52 américains.
Qu’est-ce qui justifie cela ? Différentes fables ont été imaginées – « construire la démocratie » est l’une d’entre elles. « La guerre contre la drogue,» est la plus perverse. Quand les Américains ont envahi l’Afghanistan en 2001, ils ont obtenu un succès retentissant. Ils ont mis un terme à une prohibition historique de la production de l’opium que le régime taliban avait réussi à imposer. Un responsable de l’ONU à Kaboul avait qualifié cette prohibition de « miracle moderne. » Il fut rapidement mis fin au miracle. En récompense au soutien apporté à la « démocratie » de Karzai, les Américains ont permis aux seigneurs de la guerre de l’Alliance du Nord de reprendre intégralement la culture de l’opium en 2002. 28 des 32 provinces furent immédiatement mises en culture. Actuellement, 90 % du commerce de l’opium prend source en Afghanistan. En 2005, un rapport du gouvernement britannique a estimé que 35000 adolescents consommaient de l’héroïne au Royaume-Uni.
Tony Blair avait tenu une fois ces propos mémorables : « Au peuple Afghan, nous prenons cet engagement. Nous ne partirons pas… [Nous vous offrirons les moyens de] sortir de la pauvreté qui fait votre misérable existence. » Je pensais à ces mots en voyant des enfants jouer dans un cinéma démoli. Ils étaient illettrés et ne pouvaient donc lire la pancarte avertissant que des bombes à fragmentation non explosées pouvaient se trouver dans les gravats.
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« Après trois ans d’engagement, » rapportait James Ferguson dans The Independent du 16 décembre, « le ministère britannique pour le développement international a dépensé exactement 390 millions de livres sterling pour des projets afghans. » Fait peu habituel, Ferguson a eu des rencontres avec des Talibans qui combattent les Britanniques. « Ils ont été charmants et courtois tout le temps, » écrivait-il au sujet d’une rencontre en février. « C’est la beauté de la malmastia, la tradition pachtoune d’hospitalité envers les étrangers. Dès lors qu’il vient sans armes, même un ennemi mortel peut être certain d’un accueil courtois. La chance de dialogue que permet la malmastia est unique. »
Cette «chance de dialogue » est aux antipodes des offres de reddition ou autres faites par le gouvernement de Gordon Brown. Ce que Brown er ses conseillers du Foreign Office n’arrivent volontairement pas à comprendre est que la victoire tactique obtenue à coup de bombes en Afghanistan en 2001 est devenue un désastre stratégique en Asie du sud.
Exacerbée par l’assassinat de Benazir Bhutto, l’agitation actuelle au Pakistan s’enracine dans une guerre aux motifs fallacieux dans l’Afghanistan voisin et qui a entrainé l’hostilité des Pachtouns qui vivent dans la plus grande partie de la zone frontalière entre les deux pays. Il en va de même des la plupart des Pakistanais qui, selon les sondages, veulent que leur gouvernement négocie une paix régionale plutôt que de jouer un rôle prescrit dans une répétition du Grand jeu de lord Curzon.
www.johnpilger.com

mercredi 9 janvier 2008

L'Islam n'élimine pas la violence archaïque...

... à la différence, selon Robert Redeker, du judaïsme [et du christianisme] "dont les rites conjurent la violence, la délégitiment".

Redeker a juste oublié de toucher deux mots de ses théories aux rabbins.

Jerusalem Post (Sionistan) 9 janvier 2008 Traduit de l'anglais par Djazaïri
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Lors d’un bref échange verbal au terminal de l’aéroport Ben Gourion, le Grand Rabbin Ashkénaze Rabbi Yona Metzger a remercié le président George Bush pour l’intervention militaire en Irak.
« Je veux vous remercier pour votre appui à Israël et en particulier mené une guerre contre l’Irak, » a dit Metzger à Bush selon le porte parole du Grand rabbin.
Bush aurait répondu que les parles du Grand Rabbin « lui faisaient chaux au cœur. »

La position de Metzger, tout en reflétant celle dominante en Israël et dans la communauté juive orthodoxe n’est pas partagée par la majorité des Juifs Américains. L’enquête d’opinion des Juifs US conduite chaque année par l’American Jewish Committee et publiée en 2007 a montré que 70 % des Juifs US désapprouvaient la guerre en Irak contre 28 % qui la soutenaient.

Racisme médical à l'encontre des Palestiniens?

L'article qui suit illustre ce qu'est la mentalité sioniste et l'urgence de débarrasser le monde de cette idéologie comme il l'a été du fascisme ou de l'apartheid. Je ne ferai pas d'autres commentaires mais vous propose, à la fin de l'article, deux réactions édifiantes de lecteurs qui élisent domicile au Sionistan.
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Un parlementaire Arabe accuse MDA [Croix Rouge sioniste] de racisme à l’encontre des Palestiniens
Le membre de le Knesset Tibi indigné par la directive appelant les personnels soignants à prendre des précautions lorsqu’ils soignent des Palestiniens.
Par Meital Yasur-Beit Or, Yediot Aharonot (Sionistan) 9 janvier 2008 Traduit de l’anglais par Djazaïri


La commission parlementaire de la santé, du travail et de la sécurité sociale doit se réunir prochainement pour discuter de l’instruction récente donnée aux personnels paramédicaux du Magen David Adom [MDA] de traiter les patients Palestiniens avec des précautions supplémentaires car ils pourraient être porteurs d’une bactérie résistante aux antibiotiques.

La commission se réunira suite à une requête introduite par le parlementaire Ahmad Tibi (United Arab List – Ta’al).

Emise par l’organisation de soins d’urgence il y a environ un mois, l’instruction recommande aux personnels paramédicaux de porter des masques et des combinaisons de protection lorsqu’ils prennent en charge des Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie et de désinfecter les ambulances après chaque transfert.

Un personnel paramédical de MDA a déclaré au Yediot que cette nouvelle directive était une source de perplexité pour les employés car elle désigne tous les hôpitaux palestiniens comme contaminés et qu’elle semble trop lourde de conséquences, » a-t-il expliqué.

‘Le virus du racisme prolifère’
Le parlementaire Tibi, médecin de profession a déclaré au Yediot : «Il s’agit d’une décision discutable et ignoble qui n’est pas fondée sur des bases médicales ou scientifiques… considérer l’ensemble des palestiniens comme un groupe à risque est entaché du racisme israélien qui se transforme lentement en virus qui met en danger la santé de la société israélienne dans son ensemble.»

Tibi a déclaré qu’il allait insister auprès du ministère de la santé pour obtenir l’abrogation de cette nouvelle directive dans le but d’avoir l’assurance que « le traitement des patients est basé sur des considérations médicales uniquement et non sur une affiliation nationale. »

Le parlementaire Arieh Eldad, médecin également, explique que si des précautions étaient nécessaires en cas de flambée épidémique dans les hôpitaux palestiniens, le fait que la directive se caractérise par une généralisation extrême «a paru bizarre. »

Le chef du groupe de pression des Droits de l’Homme à la Knesset, le député Dov Khenin (Hadash) a déclaré que la directive de MDA « prouve que la maladie du racisme ne connaissait pas les frontières et que si nous ne lui résistons pas, elle finira par infecter tous les secteurs de la société. »

Avec la contribution d’Amnon Meranda

Réactions de lecteurs :

- Sous le titre "Israël ne devrait pas soigner les palestiniens," Mordechaï écrit : C'est un peuple indépendant qui veut son propre Etat. En conséquence, ils devraient être soignés dans des ambulances palestiniennes qui vont dans des hôpitaux palestiniens."

- "Pourquoi MDA transporte-t-il des Palestiniens?" demande Jason d'Afula. "Les gens qui donnent à MDA devraient savoir que leur argent sert à aider les ennemis d'Israël. Nous citoyens d'Israël ne devrions pas avoir à payer la facture ou voir nos hôpitaux remplis d'ennemis. En fin de compte, Tibi n'a aucun droit à siéger à la Knesset. Il n'a jamais servi dans l'IDF [armée sioniste]. Aucun Juif ou Arabe qui n'a pas servi ne devrait pouvoir siéger à la Knesset ou dans aucune autre position dans le gouvernement."


Les GI's de G.W. Bush investissent une école maternelle à Bagdad.

Sans commentaires. Lu sur le site du groupe de presse sud africain IOL et daté du 8 janvier. Pas trouvé cette information ailleurs (traduit de l'anglais par Djazaïri).
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Bagdad – Des soldats Américains ont investi une école maternelle dans un quartier à majorité chiite de Bagdad, détruisant des jouets et défonçant portes et fenêtres selon un communiqué du centre de presse du cabinet irakien.
«Au cours du raid sur l’établissement, aucune preuve n’a été trouvée de l’implication de l’école dans des actions terroristes ou de son utilisation pour dissimuler des armes, » précise le communiqué.
La raison de cette opération reste encore inconnue.
Sadr City, située à l’est de Bagdad, a été le bastion des combattants de la milice chiite connue sous le nom d’armée du Mahdi et contrôlée par l’imam radical Moqtada al-Sadr.Les forces américaines ont fréquemment lancé des opérations contre les locaux de l’armée du Mahdi dans ce secteur où ils ont arrêté des responsables politiques et des miliciens. Sapa - DPA

mardi 8 janvier 2008

Des crimes de guerre sionistes qu'on élimine de l'Histoire

Au cours de la dernière agression sioniste contre le Liban, le Hezbollah, principale organisation politique de ce pays avait opposé une résistance et une capacité de rétorsion qui avait surpris son adversaire.
Mauvaise perdante comme elle est d'ailleurs mauvaise gagnante, l'entité sioniste s'était empressée de prendre à témoin l'opinion publique locale et internationale des mauvaises manières du Hezbollah qui, selon elle, se terrait au milieu des civils et s'attaquait délibérément à des objectifs civils situés sur le territoire humain. Il faut bien entendu comprendre par là qu'une station essence, mettons BP ou Esso située sur le territoire libanais est un objectif militaire du point de vue sioniste, tandis que soldats en excursion sur le territoire libanais sont des objectifs civils.
Ces deux accusations ont été amplement relayées par la presse occidentale même si, autres temps autres moeurs, un nombre non négligeable d'organes de presse et d'organisations humanitaires n'ont pas pris les accusations sionistes pour argent comptant mais ont tenté de procéder à des vérifications.
Sur ce blog même, je vous avais proposé l'analyse de Tom Clonan, un spécialiste des questions miltaires, qui expliquait dans le journal Irish Times que "Le type de missiles qu'utilise le Hezbollah contre les cités israéliennes ne peut pas être lancé depuis des maisons, des mosquées, des hôpitaux ni même depuis les sites de l'ONU comme le prétend l'armée israélienne."
Restait l'accusation, constitutive de crime de guerre, d'attaques délibérées contre des civils. L'article de Jonathan Cook montre bien, une fois encore, la pratique du deux poids deux mesures même de la part d'organisations à la réputation établie et fait la lumière sur un aspect du comportement des terroristes sionistes qui consiste à installer des structures militaires, aérodromes, usines d'armement, batteries d'artillerie à proximité ou à l'intérieur de collectivités essentiellement arabes (mais pas seulement), transformant du même coup ces zones résidentielles en zones militaires. Cet aspect étudié scrupuleusement quand il s'agissait du Hezbollah a été, comme l'obserbe Jonathan Cook, curieusement escamoté par les grandes organisations humanitaires et les institutions internationales.
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Des preuves que l’armée israélienne s’est “lâchement mêlée” à la population civile.
par Jonathan Cook à Nazareth, traduit de l'anglais par Djazaïri
Counter Punch (USA) 4 janvier 2008
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L’idée n’est apparemment jamais venue à personne dans aucune de nos grandes organisations des droits de l’Homme ou dans nos grands media d’appliquer les mêmes critères moraux ou légaux à Israël et au Hezbollah pendant la guerre du Liban d’il y a 18 mois. Un effort tardif a été accompli pour remédier à cet état de fait.

Un rapport récent, rédigé par une respectable organisation israélienne des droits droits de l’Homme, une organisation qui représente la minorité arabe du pays et non sa majorité juive, a mis au jour des preuves qui montrent que pendant les combats, Israël a commis des crimes de guerre pas seulement contre les civils Libanais – comme on le savait déjà – mais également contre ses propres citoyens Arabes. C’est un des aspects de la guerre qui a été complètement negligé jusqu’ici.

Le rapport jette aussi une lumière surprenante sur ce que visait le Hezbollah lorsqu’il lançait des centaines de roquettes sur le nord d’Israël. Avant la publication du rapport le mois dernier, j’étais le seul à affirmer que le tableau de ce qui s’était passé pendant la guerre était bien plus complexe qu’on voulait bien généralement l’admettre.

Ce nouveau rapport vient à la suite d’une série d’enquêtes des organisations des droits de l’Homme les plus influentes, Amnesty international et Human Rights Watch, pour préciser les manières par lesquelles le droit international a été violé pendant les 34 jours d’attaques israéliennes contre le Liban. Cependant, ces deux organisations n’ont pas examiné, sauf de manière superficielle et dédaigneuse, le traitement par Israël de ses propres civils pendant la guerre. Cette omission peut aussi avoir eu des repercussions importantes sur leur capacité à évaluer les actions du Hezbollah.

Avant d’examiner les révélations du rapport, il est intéressant de revisiter les événements souvent mal représentés de l’été 2006 et de voir en conséquence quels efforts ont été faits pour prendre en compte les deux parties.

La guerre a été le point culminant de provocations mutuelles le long de la frontière commune suite au retrait d’Israël en 2000, après deux décennies d’occupation du sud Liban. Les six années qui ont suivi ont vu les Israéliens se conduire pratiquement quotidiennement comme si l’occupation n’avait pas cessé, envoyant des avions de combat dans l’espace aérien libanais pour apeurer la population avec des bangs supersoniques et espionner le pays. Après la guerre ces survols ont repris presque immédiatement).

En réponse, le Hezbollah, une milice chiite qui a offert la seule résistance efficace pendant la période d’occupation du Liban, avait maintenu sa posture de belligéreant. Il avait à plusieurs reprises prévenu qu’il capturerait des soldats Israéliens si l’occasion s’en présentait dans l’espoir d’obliger à un échange de prisonniers. Israël avait gardé une poignée de prisonniers Libanais après son retrait.

Le Hezbollah exigeait aussi qu’Israël achève son retrait du Liban en évacuant une bande de terre fertile, les fermes de Shabaa. Israël argue du fait que la zone est territoire syrien, occupée par son armée en même temps que le plateau du Golan en 1967 et sera restituée un jour par une négociation avec Damas. Les cartographes de l’ONU ne sont pas d’accord, ce qui appuie les dires du Hezbollah sur l’appartenance au Liban de la zone.

L’affrontement avait débuté par un incident relativement mineur (dans cette région) et complètement prévisible : le Hezbollah avait attaqué un poste frontalier, capturant deux soldats et en tuant trois autres au cours de l’opération. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah proposa un échange de prisonniers. Israël déclara la guerre le même jour, lançant une campagne massive de bombardements qui tua près de 1200 civils Libanais dans le mois qui suivit.

Un éditorial de Haaretz, le plus grand quotidien israélien, notait encore cette semaine que, en rejetant les ouvertures du Hezbollah, “Israël avait déclenché la guerre.”

Au cours des derniers jours de guerre, alors qu’un cessez le feu sous l’égide de l’ONU devait prendre effet, Israël largua plus d’un million de bombes à fragmentation sur le sud du Liban. Des centaines de milliers d’entre elles n’ont pas explosé. Depuis la fin de la guerre, 39 civils Libanais ont été tués et des dizaines d’autres mutilés par ces micro mines terrestres qui infestent la campagne.

La propre enquête israélienne sur l’utilisation de bombes à fragmentation a livré ses conclusions le mois derniers en exonérant l’armée même si elle admet que beaucoup de ces bombes ont été larguées sur des populations civiles. Dans les manuels juridiques israéliens, semble-t-il, il est mentionné que le droit international sanctionne le ciblage d’objectifs civils en temps de guerre.

Le journaliste confirmé Israélien Meron Rapoport a observé récemment que son quotidien, Haaretz encore, avait la preuve que l’utilisation par l’armée de bombes à fragmentation avait été “planifiée à l’avance” indépendamment de l’emplacement des positions du Hezbollah. La seule conclusion raisonnable est qu’Israël voulait à tout prix rendre le sud Liban inhabitable, peut-être pour pouvoir organiser une autre invasion terrestre.

Human Rights Watch, l’organisation qui a procédé à l’examen le plus minutieux de cette guerre, a été moins indulgent que les enquêteurs diligentés par Israël elle même – comme on pouvait s’y attendre dans le cas de telles violations des lois de la guerre. Pourtant elle n’est pas allée jusqu’à condamner Israël sans réserves. Dans un de ses communiqués de presse typiques, elle a constaté la large dispersion de bombes à fragmentation sur des secteurs civils du sud Liban mais simplement conclu que leur utilisation par Israël “pouvait constituer une violation de la prohibition d’attaques indiscriminées contre la population contenue dans le droit Humanitaire international.”


Sur cet aspect comme sur d’autres, les rapports de Human Rights Watch ont montré une troublante pratique du deux poids deux mesures.
Pendant la guerre, deux accusations ont été formulées contre le Hezbollah, surtout par ceux qui soutiennent Israël, et ont fait l’objet d’enquêtes par les organisations humanitaires : que la milice chiite tirait ses roquettes sur Israël soit de manière indiscriminée soit en visant délibérément des objectifs civils, et qu’elle cachait ses combattants et ses armes au milieu des civils Libanais (ce qui justifiait commodément en passant le bombardement de ces civils par Israël).
Le Hezbollah a été déclaré coupable pour la première accusation, Human Rights Watch affirmant hors de propos de savoir si le Hezbollah essayait ou non d’atteindre ou non des cibles militaires compte tenu du peu de précision de ses roquettes. Toutes ses roquettes, quels que furent leurs objectifs, ont donc été considérées par l’organisation comme des attaques indiscriminées et une violation du droit international. Il est intéressant de noter que Human Rights Watch a exprimé sa certitude quant à l’inacceptabilité du tir par le Hezbollah de roquettes imprecises mais pas au sujet de l’utilisation par Israël de bombes à fragmentation encore moins précises.

Le Hezbollah a été assez largement innocenté de la deuxième accusation, Human Rights Watch ne parvenant pas à trouver de preuves sauf dans quelques cas isolés, que la milice se soit dissimulée au milieu de la population civile libanaise.

Concernant Israël, les organisations des droits de l’Homme ont enquêté sur l’accusation de violation du droit international par la mise en danger des civils Libanais pendant sa campagne de bombardements. Compte tenu du fait que les missiles et bombes israéliens étaient supposés être d’une extreme précision, le lourd bilan des pertes civiles libanaoses constituait une preuve indiscutable des crimes de guerre israéliens. Human Rights Watch en a convenu.
Bizarrement pourtant, après avoir soumis Israël et le Hezbollah à la même démarche cherchant à savoir si leur puissance de feu avait ciblé des civils, Human Rights Watch a jugé inapproprié d’enquêter au sujet d’Israël pour la seconde accusation qui a été faite au Hezbollah : qu’il aurait commis des crimes de guerre en se mêlant à sa propre population civile. Y avait-il si peu d’évidences criantes d’un tel comportement de la part d’Israël pour amener l’organisation à conclure qu’il ne valait pas la peine de gaspiller ses ressources pour une enquête de ce côté?
Human Rights Watch a publié deux longs rapports en août 2007, l’un qui examine les événements au Liban et l’autre les événements en Israël. Mais le rapport sur ce qui s’est passé en Israël, “Attaques sur des civils,” omet l’examen du traitement par Israël de ses propres civils et se concentre à la place sur la demonstration que les tirs de roquettes du Hezbollah violaient le droit international.

Human Rights Watch faisait une brève référence à la possibilité que des installations militaires israéliennes aient pu être situées près ou à l’intérieur de secteurs d’habitations civiles. L’organisation donnait comme exemples l’école navale proche d’un hospital d’Haïfa et une usine d’armements installée dans un quartier civil. Ses enquêteurs ont même reconnu avoir vu l’artillerie israélienne tirer des obus sur le Liban depuis une rue habitée de l’agglomération juive de Zarit.

Cet acte de l’armée israélienne consistant à se “mêler lâchement” – pour faire écho à la critique sans preuves du Hezbollah par Jan Egeland, l’émissaire de l’ONU – était un crime de guerre. Il faisait des civils Israéliens une cible potentielle pour les représailles du Hezbollah.

Quelle a été alors la position de Human Rights Watch sur cette violation flagrante des lois de la guerre dont elle a été témoin? Après avoir encore une fois dénoncé le Hezbollah pour ses attaques à la roquette, le rapport a été mielleux : “En raison des tirs indiscriminés [du Hezbollah], il n’existe aucune raison de croire que la disposition par Israël de certaines infrastructures militaires ait augmenté de manière significative les risques encourus par les habitants.”
Dit autrement, la culpabilité israélienne dans la dissimulation de sa machine de guerre au milieu de sones résidentielles civiles n’a pas à être considérée, selon ses propres termes comme une violation du droit international. Au lieu de quoi, Israël est disculpée sur la base de l’assomption selon laquelle les roquettes du Hezbollah étaient incapables de frapper de telles positions [militaires]. On peut douter, pour parler gentiment de la légitimité de cette lecture du droit international.

Une critique supplémentaire, que j’ai formulée à plusieurs reprises pendant la guerre, est qu’Israël a negligé de protéger les populations arabes des attaques de roquettes par la non mise à disposition d’abris ou de systèmes d’alerte – à la différence des secteurs d’habitation juive. Sur cet aspect, le rapport de Human Rigths Watch se contente de dire : “Human Rights Watch n’a pas enquêté sur une éventuelle discrimination par Israël entre residents Juifs et Arabes du nord du pays dans la protection offerte pendant les attaques du Hezbollah.”

Des attaques indiscriminées du Hezbollah, Human Rights Watch était certaine ; des pratiques discriminatoires israéliennes, elle s’est gardée de juger.
Par chance, nous n’avons plus besoin de nous baser sur Human Rights Watch ou sur Amnesty International pour avoir une vision complète de ce qui s’est passé au cours de ce que les israéliens ont appelé la deuxième guerre du liban. Le mois dernier l’Arab Association for Human Rights, qui siège à Nazareth, a publié son propre rapport, “Civils en danger,” qui couvre un terrain auquel ses consoeurs plus importantes n’ont pas osé se frotter.
Le climat d’hostilité en Israël envers le cinquième de la population qui est arabe a fait de la publication de ce rapport une entreprise risquée. Azmi Bishara, principal leader politique arabe et très critique du comportement israélien pendant la guerre du Liban est actuellement en exil et pourrait être passible de la peine capitale. Israël l’accuse d’avoir trahi en aidant le Hezbollah pendant les combats même si on attend toujours de ses services secrets qu’ils exposent les preuves qu’ils sont supposés avoir amassées contre lui. Néanmoins Israël a réussi à intimider suffisamment la plupart des membres de la minorité arabe pour les réduire au silence.
Dans cet ordre d’idées, beaucoup de details du rapport, dont de nombreux noms de lieux et des cartes montrant l’emplacement des frappes de roquettes du Hezbollah ont du être retirés pour satisfaire à la stricte censure militaire israélienne.
Mais en dépit de ces obstacles, cette association des droits de l’Homme a pris une position courageuse en mettant au jour les preuves qui montrent qu’Israël a commis des crimes de guerre en plaçant une grande partie de son équipement militaire, dont des batteries d’artillerie tirant sur le Liban, à l’intérieur et à proximité de villes et de villages arabes. Il ne s’agissait pas de cas isolés, mais d’un modus operandi tout à fait discernable.
La menace à laquelle ont été exposées les communautés arabes était loin d’être théorique comme Human Rights Watch le suppose. Quelques 600 roquettes du Hezbollah ont atteint 20 agglomérations arabes du nord, à la surprise apparente des officiels israéliens qui croyaient que le Hezbollah ne ciblerait pas d’autres Arabes. Sur 44 civils Israéliens tués par ces roquettes, 21 étaient des citoyens Arabes.

Israël a cité ces victimes comme des preuves supplémentaires des tirs de roquettes indiscriminés de la part du Hezbollah. Cependant, l’Arab Association for Human Rights arrive à une conclusion assez différente en se fondant sur les preuves disponibles. Son enquête montre une corrélation nette entre le fait d’être une agglomération arabe hébergeant une base militaire israélienne et la probabilité d’être frappée par des roquettes du Hezbollah. Bref, les agglomérations arabes visées par le Hezbollah étaient presque exclusivement celles où l’armée israélienne était cantonnée..
“L’étude a constaté que les villes et villages arabes qui ont souffert des attaques les plus intenses pendant la guerre étaient ceux qui étaient entourés d’installations militaires, soit à titre permanent soit à titre provisoire pour la durée de la guerre” indique le rapport.

De telles conclusions confirment la crédibilité des protestations formulées pendant la guerre par les parlementaires Arabo-israéliens, dont Bishara lui-même, contre l’utilisation des agglomérations arabes comme “boucliers humains” par l’armée israélienne – sans doute pour dissuader le Hezbollah d’attaquer ses positions.

D ébut aoüt 2006, Bishara avait dit au quotidien Maariv : « Ce que des citoyens ordinaires ont peur de dire, les membres Arabes de la Knesset le disent avec force. Israël a fait de la Galilée et des villages arabes en particulier, des boucliers humains en disposant autour d’eux des batteries d’artillerie et de missiles. »
Des allusions occasionnelles à de telles violations des lois de la guerre ont été rapportées dans la presse israélienne. Par exemple, dans un récit fait depuis la zone d’affrontements, un journaliste de Maariv citait des parents d’un village arabe qui se plaignaient que leurs enfants étaient attaints d’énurésie à cause du bruit effrayant que faisaient les tanks stationnés près de leurs maisons.

Selon le rapport de l’Arab Association for Human Rights, Israël a rendu ses citoyens arabes vulnérables aux roquettes du Hezbollah de la manière suivante :

- Des bases militaires permanentes, dont des camps de l’armée, des aérodromes et des fabriques d’armes, ainsi que des positions provisoires d’artillerie qui ont tiré des milliers d’obus et de roquettes vers le sud Liban étaient situés à l’intérieur ou près de nombreuses agglomérations arabes.

- L’armée israélienne entraînait ses soldats à l’intérieur des agglomérations arabes du nord avant et pendant la guerre pour préparer une invasion terrestre, soutenant que la topographie de ces villages était semblable à celle des villages du sud Liban.
- Le gouvernement ne s’est pas soucié d’évacuer les civils des zones de combat, laissant en danger les citoyens arabes en particulier. Presque aucune mesure de protection, telles que la construction d’abris publics ou des sirènes d’alerte anti aérienne, n’é été prise dans les agglomérations arabes alors que ce fut le cas pour les lieux à population juive.

D’après les protocoles des Conventions de Genève, les parties belligérentes doivent « éviter d’installer des objectifs militaires à l’intérieur ou près de zones densément peuplées » et doivent « s’efforcer à évacuer la population civile… du voisinage d’objectifs militaires. » Le rapport de l’Arab Association for Human Rights montre clairement qu’Israël a cyniquement tansgressé ces lois de la guerre.
Tarek Ibrahim, avocat et auteur du rapport de l’association, explique que la conclusion la plus surprenante a été de constater que les roquettes du Hezbollah visaient essentiellement des agglomérations arabes où se trouvaient des installations militaires et évitaient généralement celles dépourvues de telles installations.

“Le Hezbollah a affirmé en plusieurs occasions que ses roquettes avaient pour objectif premier des cibles militaires en Israël. Nos recherches ne peuvent pas prouver que tel fut le cas mais ells apportent des indications sérieuses de nature à conforter la véracité des affirmations du Hezbollah”.

En dépit du peu de précision du guidage des roquettes Katyousha du Hezbollah, la proximité des positions de l’armée israélienne des agglomérations arabes “est dans la marge d’erreur des roquettes tirées par le Hezbollah,” selon le rapport. Dans la plupart des cas, ces positions de l’armée étaient situées soit à l’intérieur de l’agglomération elle même soit à quelques centaines de mètres.”

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Dans ses recommandations l’Arab Association for Human Rights appelle au retrait des installations militaires des lieux d’habitation civils.

(Il est bon de noter à nouveau qu’Israël a construit plusieurs fabriques d’armes dans des agglomérations arabes, dont Nazareth. Les citoyens Arabes n’ont pratiquement jamais le droit de travailler dans l’importante industrie militaire israélienne, alors pouquoi les installer là? En partie probablement parce que ces usines donnent un pretexte de plus pour confisquer des terres aux agglomérations arabes et les “judaïser.” Mais leur rôle de “boucliers humains” tel que critiqué par les élus Arabes est-il une autre raison possible?)

Le rapport évite de traiter du problème plus large qui est de savoir si l’armée israélienne a pris position également dans des agglomérations juives pendant la guerre. Ibrahim explique : “C’est en partie pour la raison que nous sommes une association arabe, ce qui oriente les centres d’intérêt de notre travail. Mais il y a aussi la difficulté du peu de probabilité que des Juifs Israéliens collaborent à nos recherches.”
Longtemps, Israël a vanté son « armée citoyenne, » et des sondages ont montré que les Juifs Israéliens faisaient plus confiance à l’armée qu’au parlement, au gouvernement et aux tribunaux.
Cependant, le rapport observe qu’il existe des preuves importantes que l’armée s’est également positionnée dans certaines agglomérations juives. A côté des témoignages oculaires d’un observateur de Human Rights Watch, l’information que, au cours de la guerre, 12 soldats avaient été tués quand une roquette s’est abattue sur le village agricole de Kfar Giladi près de la frontière nord, a été largement diffusée.

Un membre de ce kibboutz a récemment déclaré à la presse israélienne : « Nous méritons une décoration pour l’aide apportée pendant la guerre. Nous avons ouvert notre hôtel aux soldats sans rien demander en échange. De plus, des soldats sont restés au kibboutz pendant toute la guerre.”
Dans un autre reportage du journal The Guardian, un jeune Juif Btitannique de 19 ans, Danny Young, a relaté l’expérience qu’il a vécue au cours de son service militaire pendant la guerre. Il résidait au kibboutz Sasa, près de la frontière, qui avait été transformé en base arrière de l’armée. “Nous tirions des missiles du pied de ce kibboutz,” a-t-il déclaré au journal. “On recevait aussi des Katyoushas.”
Pour l’heure, le rapport de l’Arab Association for Human Rights a été répercuté à minima dans les media de langue hébraïque. “Nous faisons face à une atmosphere politique très difficile en ce moment en Israël,” m’explique Ibrahim. “Peu de gens en Israël veulent entendre que leur armée et leur gouvernement ont violé le droit international de manière aussi flagrante.”
Il semble qu’ils soient peu nombreux en Occident aussi, même les défenseurs des droits de l’Homme, à être prêts à entendre un tel message.

Jonathan Cook est un journaliste établi à Nazareth en Israël. Son dernier livre, « Israël and the clash of civilizations : Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East;” a été publié par Pluto Press. Son site web :
www.jkcook.net