vendredi 31 janvier 2014

Propagande antisémite fabriquée dans un ancien camp d'extermination nazi!

 Pologne – Un employé du musée de l’ancien camp de la mort nazi de Majdanek accrochait des affiches antisémites à Lublin.

Meteor (Sionistan) 27 janvier 2014
Il était l’un des six hommes accusés d’incitation à la haine pour avoir accroché des affiches antisémites dans la ville de Lublin.
Les hommes ont été arrêtés le 23 janvier. Trois ont été arrêtés à un arrêt de bus de Lublin, alors qu’ils accrochaient une affiche sur laquelle on pouvait lire « Les sionistes, hors de Lublin ». D’autres affiches ont été trouvées dans leur voiture.
Trois autres ont été arrêtés dans leurs maisons. L’ employé du musée, identifié comme Krzysztof K., âgé de 50 ans, travaille dans le département d’exposition, où il conçoit des couvertures de livres et de catalogues. La police a déclaré qu’au moins deux affiches antisémites ont été imprimées à partir d’une imprimante du musée.
 Selon la police, les hommes accrochaient des affiches antisémites depuis 2010. Ils risquent jusqu’à 7 ans de prison.
Voilà qui n'est pas banal : l'accusé est un membre du personnel d'un musée implanté dans un ancien camp nazi qui aurait accueilli, entre autres détenus, 130 000 Juifs entre 1942 et 1943.
Je tire ce chiffre de JewishGen, un site de généalogie affilié au Museum of Jewish Heritage consacré évidemment au souvenir de l'holocauste.
Pour ceux que ça intéresse, JewishGen propose un lien vers le site internet du musée Yad Vashem et un lien interne au cas où vous voudriez savoir par votre ADN si vous vous rattachez biologiquement au peuple élu.
Je ne sais pas si la réponse apportée sera précise vu le laxisme en matière historique de JewishGen qui nous indique que le camp de Majdanek est devenu un camp de concentration en 1943 mais que l'extermination y avait commencé en 1942. Au lieu de concentrer puis exterminer, les nazis ont donc exterminé puis concentré la population dans ce camp de prisonniers.
Chambre à gaz en bois à Majdanek
Chambre à gaz en bois à Majdanek
Revenons-en à ce graphiste polonais qui a utilisé ses compétences et le matériel à disposition dans l'atelier graphique du musée. L'article reproduit ci-dessus nous explique qu'il a conçu et imprimé des affiches antisémites.
Pourtant le seul slogan cité en guise de preuve est : « Les sionistes hors de Lublin ».
Ce qui n'est pas tout à fait la même chose que « Les Juifs hors de Lublin » sauf quand on est un sioniste dûment patenté qui prône la confusion entre sionisme et judaïsme, ce qui n'est justifié ni d'un point de vue religieux, ni d'un point de vue historique ou sociologique.
Lublin se situe à environ 160 kilomètres au sud-est de Varsovie
Lublin se situe à environ 160 kilomètres au sud-est de Varsovie
L'information sur cet employé du musée de Majdanek est reprise longuement par le Daily Mail de Londres qui titre ainsi :
 Un concepteur suspendu du musée d'un camp de concentration nazi pour s'être servi de l'imprimerie pour produire des affiches avec le slogan « Les Juifs dehors »
Et en sous-titre :
 Le musée du camp était un centre de production de propagande nazie, affirme la police
Ce qui est un comble quand on sait que :
Le musée avait été créé sur place pour commémorer les 80 000 victimes assassinées par les Nazis.
Le Daily Mail a eu la bonne idée de reproduire les affiches saisies par la police.
Lublin1-horz
Non, je ne lis pas le polonais mais le web ne manque pas de dictionnaires et on peut ainsi facilement savoit comment on écrit le mot « juif » en polonais.
Le dictionnaire Sensagent nous propose trois mots : Żyd, Żydzi et Żydowski, Il nous propose aussi les mots Izraelita, Hebrajka et Hebrajczyk
Maintenant on peut examiner les affiches et constater qu'aucun de ces mots n'est présent sur aucune d'entre elles.
Il y a bien une affiche avec une étoile de David barrée, mais l'emblème communiste de la faucille et du marteau est également barré tout comme comme une signalétique représentant l'homosexualité ainsi qu'un signe dont la signification m'échappe,
On peut donc raisonnablement supposer que nous sommes là devant des affiches reflétant une idéologie nationaliste pas nécessairement antisémite,
Le fait que l'antisionisme soit affirmé sur une affiche n'est pas non plus indicatif d'antisémitisme puisque aussi bien le sionisme que l'antisionisme peuvent s'insérer dans des idéologies de type nationaliste.
Pensons par exemple à l'English Defence League ou tout simplement à la Ligue de Défense Juive (Betar).
Gageons que nous sommes là surtout devant un homme excédé par le sionisme et ce que Norman Finklestein appelle « l'industrie de l'holocauste ».

mercredi 29 janvier 2014

« Auschwitz n'appartient à personne »

C'est ce qu'expliquait en 1989 une Simone Veil attristée par l'installation d'un couvent de sœurs carmélites dans un bâtiment annexe du camp qui avait servi naguère à stocker le Zyklon-B, le fameux gaz toxique.
Carmel d'Auschwitz
Carmel d'Auschwitz
Cette ancienne ministre, aujourd'hui académicienne, présentée souvent comme un modèle de probité et de sagesse s'était exprimée ainsi :
Auschwitz ne peut être qu'un lieu de recueillement. Il n'appartient à personne. L'idée que ce lieu soit récupéré par des carmélites, même pour la prière, est insupportable, d'autant que les Polonais, depuis longtemps déjà, ont, progressivement mais volontairement, occulté l'extermination des juifs pour faire du camp le symbole du seul martyre national, et que les juifs avaient été abandonnés à leur destin par le monde entier.
On passera sur l'expression d'une rancune tenace à l'égard de la Pologne mais on s'étonnera par contre du fait que Mme Veil ignore que le recueillement est justement une des occupations favorites des sœurs carmélites qui se vouent à la contemplation !
Soeurs carmélites
Soeurs carmélites
1989, c'est quatre années après la création du Carmel, ce qui prouve la ténacité des opposants à la présence de ce Carmel, pour l'essentiel des adeptes du culte de la shoah, des prosélytes de la religion de l'holocauste.
Ces gens qui ne connaissent ni le pardon, ni l'oubli et sont doués d'une mémoire d'une plasticité prodigieuse ne renoncèrent pas et finirent par obtenir du Pape Jean-Paul II qu'il ordonne le départ des Carmélites en 1993, soit huit ans après leur installation.
C'était donc il y aune vingtaine d'années.
Simone Veil sera sans doute d'accord avec moi pour dire qu'Auschwitz est plus que jamais un lieu de recueillement et je ne doute pas qu'elle donnera de la voix pour protester contre ce qui se prépare en ce moment dans ce haut lieu de la souffrance juive.
On apprend en effet qu'une organisation juive ultra-orthodoxe annonce l'ouverture en avril prochain d'un « kollel » et d'un « kirouv » à Aushcwitz.
Un kollel, nous explique le blogueur de Failed Messiah, est une école supérieure religieuse et le kirouv un centre missionnaire voué à la « re-judaïsation » des âmes égarées, c'est-à-dire de ceux qui entretiennent un lien ténu avec la religion de leurs parents ou grands parents.
Le site Failed Messiah laisse entendre que les kirouvs animés par ces ultra-orthodoxes sont souvent des tromperies [« deceptive »] et ont donc une visée financière. Failed Messiah écrit que
« les rabbins ultra-orthodoxes vont s'attaquer directement aux enfants des Juifs non pratiquants et non orthodoxes qui viennent à Auschwitz – un lieu sanctifié par le sang et les cendres des millions qui ont été assassinés là-bas »
L'organisation religieuse à l'initiative du projet a lancé une souscription dont un dés véhicules est le courrier électronique avec la diffusion du placard de promotion reproduit ci-dessous :
Promotion du kollel et du kirouv d'Auschwitz
Comme on le voit dans la partie gauche du bandeau supérieur, l'institution s'appelle l'Auschwitz Jewish Memorial, exploitant donc directement l'impact du nom du lieu d'implantation.
On lit sur la partie droite du même bandeau :
Nous sommes fiers d'annoncer l'ouverture d'un kollel et d'un kirouv à Auschwitz
L'idée est qu'Auschwitz est un mémorial juif, c'est ce que nous dit la légende de la photo avec une étoile jaune précédant le mot « stories » = des histoires juives.
Sous le bandeau en forme de pellicule photo, on lit :
Rappeler le passé pour protéger l'avenir. Perpétuer et faire revivre la mémoire des six millions de victimes de l'holocauste par la prière et l'étude.
On nous précise aussi qu'on peur soutenir le projet en donnant de l'argent.
On lit dans le carré jaune en bas à droite :
Nous sommes ici.
Vivants, à Auschwitz.
Pour raconter l'histoire [story = récit, histoire de vie].
Six millions de vies.
Six millions d'histoires.
Sans oublier le copyright dans l'angle inférieur droit.
En cas d'absence de réaction de protestation de la part de Mme Veil, il faudra donc modifier légèrement sa phrase:
Auschwitz ne peut être un lieu de recueillement que pour les Juifs.

dimanche 26 janvier 2014

Diana Johnstone revient sur la campagne contre Dieudonné pour le magazine américain Counter Punch

Après son premier article très remarqué sur la campagne contre Dieudonné, Diana Johnstone récidive en complétant l'analyse du contexte idéologique et religieux dans lequel a pris place cette campagne.
Elle attire particulièrement notre attention sur le caractère quasi-religieux attribué à ce qu'on appelle la shoah ou l'holocauste. Je dirai simplement que cette religion n'est pas la nouvelle religion juive comme le pense Yeshayahu Leibowitz, mais la nouvelle religion pour les non Juifs avec le « peuple juif » comme divinité et une hiérarchie cléricale et doctrinaire dominée par des Juifs.
De fait, il n'y a pas eu de shoah ou d'holocauste. Ces deux termes n'ont pas été introduits par des historiens qui auraient jugé utile de qualifier ainsi les persécutions subies par les Juifs sous le nazisme, mais correspondent à des titres de productions "artistiques", à savoir le "documentaire" de Claude Lanzmann pour le mot "shoah" et un feuilleton télévisé américain pour le mot "holocauste".
Image
Quand on parle d'enseigner la mémoire de l'holocauste ou de la shoah, on parle donc en réalité d'autre chose que d'histoire.
Je ne commenterai pas plus avant ce texte de Diana Johnstone, sauf pour dire qu'il invite à réfléchir sur la place du religieux dans la société. Le religieux correspond en effet à un besoin, non seulement des individus et des divers groupes qui constituent la société, mais c'est aussi un besoin de l'Etat lui-même.
Chassé par la porte, il revient par la fenêtre sous des formes parfois surprenantes à première vue mais qui correspondent toujours en réalité aux structures connues du fait religieux.
 Blasphème dans la France laïque
par DIANA JOHNSTONE, Counter Punch (USA) 24 janvier 2014 traduit de l'anglais par Djazaïri
Paris - La campagne menée par le gouvernement français, les médias et des organisations influentes pour faire taire l'humoriste franco-camerounais Dieudonné M'Bala M'Bala continue à mettre en lumière une coupure radicale dans l'opinion publique française. La «mobilisation» officielle contre l'artiste comique, appelée d'abord par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls lors d'un rassemblement du parti socialiste au pouvoir l'été dernier, dépeint l'artiste dépeint comme un dangereux agitateur antisémite, dont le geste de la "quenelle" * est interprété comme un " salut nazi inversé ".
Pour ses fans et ses supporteurs, ces accusations sont fausses et absurdes.
 Le résultat le plus significatif du tapage autour der Dieudonné est sans doute pour l'instant le début d'une prise de conscience chez de plus en plus de gens, que la «Shoah», ou l'Holocauste, fonctionne comme la religion d'État semi-officielle de la France.
Sur RTL télévision le 10 janvier dernier, le commentateur non conformiste bien connu Eric Zemmour (qui se trouve être juif) observait qu'il était « ridicule et grotesque » d'associer Dieudonné au IIIème Reich. Zemmour décrivait Dieudonné comme un produit du multiculturalisme français de gauche. « C'est la gauche qui nous a appris depuis mai 68 qu'il est interdit d'interdire, c'est la gauche artistique qui nous a enseigné qu'il fallait choquer le bourgeois. C'est la gauche anti-raciste qui a fait de la Shoah la religion suprême de la République... »
Zemmour suggérait que Dieudonné provoquait « la bourgeoisie bien pensante de gauche » et qu'il « reproche aux Juifs de vouloir conserver le monopole de la souffrance et de voler aux descendants d'esclaves la primauté du malheur. »
L'enjeu est plus large. Les rappels de la Shoah servent indirectement à justifier une politique étrangère de la France au Moyen Orient de plus en plus pro-israélienne. Dieudonné était opposé à la guerre contre la Libye, au point de se rendre sur place pour montrer sa solidarité avec ce pays qui était bombardé par l'OTAN.
Dieudonné a commencé sa carrière comme militant antiraciste. Au lieu de s'excuser pour son sketch de 2003 où il moquait un « colon sioniste extrémiste », Dieudonné a répliqué en étendant le domaine de son humour pour inclure la Shoah. La campagne conte lui peut être vue comme une volonté de rétablir le caractère sacré de la Shoah par une action de répression d'une forme contemporaine de blasphème.
Confirmant cette impression, une convention « historique » a été conclue le 9 janvier entre le Parquet de Paris et le Mémorial de la Shoah pour permettre à tout adolescent reconnu coupable d'antisémitisme d'être condamné à suivre un cours de « sensibilisation à l'histoire de l'extermination des Juifs. » L'étude du génocide est supposée leur apprendre les « valeurs républicaines de tolérance et de respect d'autrui. »
C'est peut-être précisément ce dont ils n'ont pas besoin. Le Parquet n'a peut-être pas conscience de tous ces jeunes gens qui disent qu'ils ont reçu plutôt trop que pas assez d'éducation à la Shoah.
Un article atypique dans Le Monde du 8 janvier citait des opinions qu'on peut facilement entendre auprès de la jeunesse française mais qui sont habituellement ignorées. Après avoir interviewé des spectateurs de la classe moyenne et ayant des sympathies de gauche et qui réfutent out antisémitisme, Soren Seelow citait Nico, un étudiant en droit à la Sorbonne qui vote à gauche et adoré Dieudonné parce qu'il « libère le rire dans ce qu'il considère comme étant une société conformiste, compassée et « bien-pensante.» Quant à la Shoah, Nico se plaint que « On nous en parle depuis la primaire, soupire Nico. A 12 ans, j’ai vu un film où des tractopelles poussaient des cadavres dans des fosses. Nous subissons une morale culpabilisatrice dès le plus jeune âge. ». »
En plus des cours d'histoire, les enseignants organisent des commémorations de la Shoah et des voyages à Auschwitz. Les rappels de la Shoah dans les médias sont presque quotidiens. Cas unique dans l »histoire de France, la loi dite Gayssot dispose que toute déclaration niant ou minimisant la Shoah est passible de poursuites voire de prison.
Les nombreux messages que j'ai reçus de la part de citoyens français en réaction à mon précédent article (Counter Punch, 1er janvier 2014) ainsi que des conversations privées ont rendu clair pour moi que les rappels à la Shoah sont très souvent vécus par des personnes nées des dizaines d'années après la défaite du nazisme comme des invitations à ressentir de la culpabilité ou au moins mal à l'aise pour des crimes qu'ils n'ont pas commis. Comme beaucoup d'événements qui exigent de la solennité, la Shoah peur être ressentie comme un sujet qui impose un silence gêné. Le rire est alors vécu comme une libération.
 Mais pour d'autres, ce genre de rire ne peut être qu'abomination.
Dieudonné a été condamné à 8 000 euros d'amende pour sa chanson « Shoananas » et d'autres condamnations semblables pointent à l'horizon. Ces poursuites devant les tribunaux, à l'instigation surtout de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme) ont aussi pour but de le ruiner financièrement.
 “Haine”
Un des refrains du choeur anti-Dieudonné affirme qu'il « n'est plus un comédien » mais a transformé ses spectacles en « réunions politiques antisémites » qui répandent la « haine ». Même le lointain magazine New Yorker a accusé l'humoriste de faire carrière en propageant la « haine ». Ce qui évoque des images de choses terribles qui sont très éloignées de ce qu'est un spectacle de Dieudonné ou de ses conséquences.
Il n'y avait pas d'atmosphère de haine chez les milliers de fans qui n'avaient pas pu assister le 9 janvier au spectacle de Dieudonné à Nantes, interdit à la dernière minute par le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative. Personne ne se plaignait d'avoir été privé d'un « rassemblement nazi ». Personne ne songeait à faire du mal à qui que ce soit. Tous disaient être venus pour profiter du spectacle. Ils représentaient un échantillon normal de jeunes Français de la classe moyenne avec souvent un bon niveau d'éducation. Le spectacle avait été interdit sur la base « de trouble public éventuel ». La foule déçue s'est dispersée pacifiquement. Les spectacles de Dieudonné n'ont jamais donné lieu à un quelconque trouble à l'ordre public.
Mais on ne se trompera pas en parlant d'une haine virulente contre Dieudonné
 Philippe Tesson, un commentateur écouté, a annoncé lors d'une récente interview radio, qu'il se « réjouirait profondément » de voir Dieudonné exécuté par un peloton d'exécution. «C'est, pour moi, une bête immonde. Donc qu'on le supprime ! » s'était-il exclamé.
Rav Haim Dynovisz, le rabbin qui professe sur internet, a admis dans un de ses cours de théologie que la théorie darwinienne de l'évolution qu'il rejette avait été prouvée par Dieudonné comme vérifiée pour « certaines » personnes qui doivent descendre du gorille.
Deux adolescents âgés de 17 ans ont été renvoyés définitivement de leur lycée pour avoir fait le geste de le quenelle considérée comme [apologie de] « crimes contre l'humanité ». Le webzine franco-israélien JSSNews a activement enquêté sur les identités des personnes qui ont fait le geste de la quenelle pour qu'elles soient licenciées de leurs emplois, se vantant qu'il allait « faire monter le chômage en France. »
Les propriétaires du petit théâtre parisien de « La main d'Or », loué par Dieudonné avec un bail qui expire en 2019 ; sont récemment rentrés précipitamment d'Israël en exprimant leur intention de trouver un point de droit permettant de rompre le bail et de lui faire quitter les lieux.
Pour ce que j'en sais, la pire chose jamais dite par Dieudonné pendant ses spectacles était une insulte personnelle contre le présentateur radio Patrick Cohen. Cohen avait plaidé avec insistance pour que des personnes qu'il qualifie de « cerveaux malades » comme Dieudonné ou Tariq Ramadan soient exclus des studios de télévision. En décembre dernier, la télévision française (qui le reste du temps tient Dieudonné à l'écart de ses émissions) avait filmé Dieudonné disant « quand j'entends parler Patrick Cohen, je me dis, vous savez, les chambres à gaz... Dommage... »
Avec l'offensive anti-Dieudonné déjà en bonne voie, on s'était emparé de ces propos insultants comme s'ils étaient caractéristiques des spectacles de Dieudonné. C'était une réaction excessivement brutale de Dieudonné face à des attaques très virulentes contre sa personne.
Que ça plaise ou pas, l'irrévérence est un ingrédient du comique. Et les références de Dieudonné à l'Holocauste ou à la Shoah sont toutes à ranger dans la catégorie de l'irrévérence.
Sur des sujets autres que la Shoah, ce n'est pas l'irrévérence qui manque en France.
Les religions traditionnelles, ainsi que des personnalités importantes, sont régulièrement caricaturées d'une manière caricaturale que la quenelle apparaît prude. En octobre 2011 , la police parisienne était intervenue contre des Catholiques traditionalistes qui essayaient d'interrompre une pièce de théâtre dans laquelle on mettait (apparemment) des excréments sur le visage de Jésus. La classe politico-médiatique avait défendu avec vigueur la pièce, sans se préoccuper du fait que certaines personnes la percevaient comme « insultante ».
La France a récemment fait très bon accueil à une organisation ukrainienne qui se fait appeler « Femen », des jeunes femmes qui semblent avoir étudié les doctrines de provocation de Gene Sharp et se servent de leurs poitrines dénudées en guise d'affirmations (ambiguës). Ces femmes ont obtenu rapidement des titres de séjour(si difficiles à obtenir pour nombre de travailleurs immigrés) et ont eu la permission de s'installer au cœur du principal quartier musulman de Paris où elles ont immédiatement essayé (sans succès) de provoquer les habitants incrédules. La leader blonde des Femen a même été choisie pour incarner le symbole de la république, Marianne, sur les timbres poste français alors qu'elle ne parle pas français.
Le 20 décembre dernier, ces « nouvelles féministes » ont pénétré dans l'église de la Madeleine près du palais de l'Elysée à Paris, mimé « l'avortement de Jésus » avant d'uriner devant l'autel. Il n'y a eu aucune expression d'indignation de la part du gouvernement français. L'Eglise Catholique a protesté, mais ce genre de protestations n'a qu'un faible écho aujourd'hui en France.
 Pourquoi la Shoah doit être sacrée
Quand Dieudonné chante la Shoah avec légèreté, il est considéré par certains comme quelqu'un qui nie l'Holocauste et appelle à sa répétition (une proposition contradictoire si on y réfléchit). Le caractère sacré de la Shoah est défendu avec l'argument selon lequel maintenir vivant le souvenir de l'Holocauste est essentiel pour empêcher qu'il « se produise une nouvelle fois. » En évoquant la possibilité d'une répétition, on entretient la peur.
Cette thèse est le plus souvent acceptée comme une loi de la nature. Nous devons continuer à commémorer le génocide pour empêcher qu'il se reproduise. Mais existe-t-il quelque preuve pour étayer cette thèse ?
.Rien ne prouve que des rappels répétés d'un événement historique très important qui s'est produit dans le passé puissent l'empêcher de survenir à nouveau. Ce n'est pas ainsi que marche l'histoire. Dans le cas de la Shoah, des chambres à gaz et tout le reste, il est assez absurde d'imaginer que cela puisse se reproduire si on considère tous les facteurs qui ont permis que ça se produise une première fois. Hitler avait le projet d'asseoir le rôle des Allemands en tant que race « aryenne » dominante en Europe et il haïssait les Juifs en tant que dangereuse élite rivale. Qui aujourd'hui entretient un tel projet ? Certainement pas un humoriste franco-africain ! Hitler n'est pas de retour, pas plus que Napoléon Bonaparte ou le Hun Attila.
Le rappel constant de la Shoah dans des articles, des films, l'actualité ainsi qu'à l'école, loin de prévenir quoi que ce soit, peut créer une fascination morbide pour les « identités ». Il induit la « concurrence victimaire. » Cette fascination peut amener à des résultats inattendus. Quelques 300 écoles parisiennes arborent des plaques en mémoire d'enfants juifs déportés dans les camps de concentration nazis. Comment les enfants juifs réagissent-ils à ça aujourd'hui ? Trouvent-ils que c'est rassurant ?
C'est peut-être utile à l'Etat d'Israël qui a lancé un programme triennal pour encourager plus de Juifs parmi les 600 000 que compte la France à quitter ce pays pour aller en Israël. En 2013, le nombre d'aliyah [prétendu retour à Sion] a augmenté pour atteindre plus de 3 000, une tendance attribuée par l'European Jewish Press « à une mentalité sioniste de plus en plus présente dans la communauté juive française, particulièrement chez les jeunes et aux actions de l'Agence Juive, du gouvernement israélien et d'autres organisations non gouvernementales pour cultiver l'identité juive en France. »
« Si nous avons vu cette année l'aliyah en provenance de France passer de moins de 2 000 à plus de 3 000, je vois ce chiffre passer dans un proche avenir à 6 000 et plus parce que nous connectons toujours plus de jeunes gens à la vie juive et à Israël, » déclarait Nathan Sharansky, président de l'Agence Juive pour Israël. Il est vrai qu'une des manières d'encourager l'aliyah est d'effrayer les Juifs avec la menace de l'antisémitisme, et prétendre que des nombreux fans de Dieudonné sont des nazis déguisés est une bonne manière d'y parvenir.
Mais pour les Juifs qui veulent rester vivre en France, est-il vraiment sain de continuer à rappeler aux enfants juifs que, s'ils ne se tiennent pas sur leurs gardes, leurs compatriotes pourraient un jour vouloir les entasser dans des wagons de marchandises et les expédier à Auschwitz ? J'ai entendu des gens dire en privé que ce rappel permanent s'apparentait à de la maltraitance d'enfants.
Une personne qui voit les choses ainsi est Jonathan Moadab, un journaliste indépendant àgé de 25 ans qui a été interviewé par Soren Seelow. Moadab est à la fois juif pratiquant et antisioniste. Enfant, on l'a emmené visiter Auschwitz . Il a expliqué à Seelow que vivre avec dette « endoctrination victimaire » a engendré une sorte de « syndrome de stress pré-traumatique. »
 « Les plaisanteries de Dieudonné sue la Shoah, comme sa chanson Shoananans, ne visent pas la Shoah en tant que telle, » dit-il, « mais l'exploitation de l'Holocauste décrite par le sociologue américain Norman Finkelstein »
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Le 22 janvier, Jonathan Moadab a appelé ouvertement sur son site web Agence Info Libre à « séparer l'Etat de la religion de l'Holocauste ». Moadab cite le professeur Yeshayahu Leibowitz comme étant le premier à relever les nombreux aspects par lesquels l'Holocauste est devenue la nouvelle religion juive. Si tel est le cas, tout le monde a le droit de pratiquer la religion de la Shoah. Mais doit-elle être la religion officielle de la France ? 
Les politiciens français ne cessent de vanter la “laïcité”, la sécularité, de la république française. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui proclame sa dévotion personnelle pour Israël a récemment qualifié la Shoah de « sanctuaire qu'on ne peut pas profaner ». Moadab conclut que si la Shoah est un sanctuaire, alors l'Holocauste est une religion et la République n'est pas laïque.
Des changements se font dans l'attitude des jeunes gens en France. Ce changement n'est pas dû à Dieudonné. Il est dû au temps qui passe. L'Holocauste est devenu la religion de l'Occident à une époque où la génération de l'après seconde guerre mondiale était encline à blâmer ses parents. Aujourd'hui, ce sont les petits enfants ou arrières petits enfants de ceux qui ont traversé cette période et ils veulent regarder devant eux. Aucune loi ne peut l'empêcher.
« Comme je l'ai dit dans mon article précédent, la « quenelle » est un geste vulgaire signifiant à peu près « dans ton c.., » avec une main placée en haut de l'autre bras en extension vers le bas pour préciser sa longueur. Reprenant le nom d'un mets français, Dieudonné avait commencé à utiliser ce geste dans un contexte complètement différent il y a des années de ça, pour exprimer la méfiance, le scepticisme ou l'indifférence.

mardi 21 janvier 2014

Quelques images tirées de la presse antisémite

L'Anti Defamation League (ADL) est un importante organisation nord-américaine qui, comme la LICRA en France, en Suisse et en Belgique, a officiellement pour vocation de lutter contre le racisme (et surtout sa variante antisémite) mais consacre en réalité le plus clair de son temps à faire l'apologie de l'Etat prétendu juif et à le soutenir mordicus vaille que vaille.
Ce soutien passe par des publications et des prises de parole publiques à la radio ou à la télévision mais aussi par des canaux moins médiatisés que sont l'entrisme politique et les jeux d'influence auprès des élus et des administrations, ce qu'on appelle le lobbying.
L'ADL est en effet une pièce essentielle de ce qu'on appelle improprement le lobby juif aux USA alors que nous sommes devant un lobby sioniste.
Il n'est pas aisé de dénoncer ce lobby, même si ça reste un peu plus facile au Royaume Uni et aux Etats Unis qu'en France.
Peut-être parce que les deux puissances anglo-saxonnes n'ont pas eu pendant la seconde guerre mondiale le même rôle douteux que la France de Vichy ? Et que les élites y étaient moins perméables aux thèses nazies et n'avaient pas eu à se compromettre avec le Reich ? Que les citoyens britanniques et américains ressentent poins de culpabilité pour les malheurs subis par les Juifs ?
Il y a un peu de tout ça sans doute, à quoi il faut ajouter un goût pour la liberté d'expression mieux garanti juridiquement qu'en France.
Ce qui n'empêche pas les médias dans ces pays d'être attaqués par les organisations du lobby sioniste, moins dans le but d'obtenir une condamnation au tribunal que de les amener à licencier le journaliste ou dessinateur fautif, à retirer les photos, les écrits ou les dessins jugés tendancieux et de présenter des excuses à qui de droit.
Ces excuses qu'un certain Dieudonné a refusé de prononcer, refus qui lui a valu d'être évincé des grands médias audiovisuels ce qui aurait dû causer sa mort professionnelle.
En voyant les caricatures incriminées par l'ADL dans l'article ci-dessous, je n'ai pu m'empêcher de penser qu'aucune d'entre elles, pas même la plus anodine publiée par The Economist n'aurait pu être publiée en France. Une caricature qui, soit dit en passant, aurait aussi pu être incriminée pour ses clichés sur les Iraniens ou encore pour rappeler la façon dont les esclaves noirs étaient entravés dans les plantations d'Amérique

L'ADL à The Economist : Excusez-vous pour le dessin antisémite

Abe Foxman exige des escuses après l'indignation provoquée par le magazine avec une caricature sous-entendant un contrôle juif sur le gouvernement des Etats Unis
Yediot Aharonot (Sionistan) 21 janvier 2014 traduit de l'anglais par Djazaïri
L'Anti-Defamation League a exigé des excuses sans ambiguïté de la part du magazine britannique The Economist pour avoir publié un dessin qui a suscité des plaintes pour évocation d'idées reçues classiques de l'antisémitisme.
Le dessin qui illustre un article sur le programme nucléaire iranien montre un président US Barack Obama enchaîné au Congrès, cette institution étant représentée par le sceau du Congrès, alors qu'il essaye de se rapprocher du président iranien Hassan Rohani, qui est lui-même retenu par des ayatollahs et des militants qui brûlent de drapeau américain.
Le sceau du Congrès est basé sur le grand sceau des Etats Unis et, comme on le voit dans le dessin, il comprend un aigle qui tient des flèches dans une serre et un rameau d'olivier dans l'autre. Le véritable sceau contient plusieurs étoiles sur le bord et elles sont aussi présentes dans le sceau du dessin. Ce qui n'existe cependant pas dans le sceau authentique – mais est présent sur le dessin – est l'étoile de David qui sous-entend que le Congrès est contrôlé par des Juifs avec des motivations pro-israéliennes.
Dessin de The Economist
Dessin de The Economist
« The Economist ne peut pas réparer les dégâts infligés par la publication d'une image antisémite en se contentant de demi-mesures, » affirme Abe Foxman le chef de l'ADL dans une déclaration. « Il doit à ses lecteurs des excuses sans ambiguïté, qui non seulement reconnaissent la nature offensante du dessin mais explique aussi aux lecteurs pourquoi cette image qui sous-entend u cotrôle du Congrès par les Juifs était si scandaleuse et blessante. »
Le directeur de l'ADL a accusé The Economist de donner une tribune à des stéréotypes anti-juifs vieux de plusieurs siècles.
« Ce n'était rien moins qu'une représentation visuelle du vieux poncif antisémite du contrôle par les Juifs. Et il évoque en plus un autre classique de la mythologie antisémite – l'accusation de la double 'loyauté des Juifs' qui agiraient seulement dans l'intérêt d'Israël au détriment de leur propre pays. » écrit-il.
Foxman affirme que le dessin reflétait ce à quoi il faisait allusion quand il parlait des informations peu fiables du magazine sur Israël.
« The Economist a déjà un problème de crédibilité quand il est question d'Israël. Le fait que ce dessin ait franchi la barre éditoriale sans déclencher des signaux d'alarme pose de graves questions sur le jugement de la rédaction et la possibilité de l'existence d'un biais plus enraciné contre l'Etat juif. »
Le magazine a retiré la caricature de l'article lui-même, la remplaçant par une image composite figurant Rohani et Obama. Elle a été cependant maintenue bien en vue sur la page Moyen Orient du site internet.
Ce n'est pas la première fois que des publications britanniques sont accusées de se servir d'imagerie antisémite dans leurs illustrations. En 2002, le magazine New Statesman avait été condamné avec force pour sa couverture avec une image d'une étoile de David fichée au milieu du drapeau britannique, Le titre qui l'accompagnait disait : « Une conspiration casher ? »
Couverture du New Statesman
Couverture du New Statesman
 Un an plus tard, au plus fort de l'intifada, le journal The Independent avait publié une caricature du premier ministre de l'époque, Ariel Sharon, dans laquelle feu le dirigeant israélien était dépeint en train de dévorer un bébé palestinien.
Caricature de The Independent
Caricature de The Independent
 La Press Complaints Commission britannique innocenté le journal de l'accusation d'antisémitisme après de nombreuses protestations venues d'Israël et d'organisations juives qui avaient affirmé que l'image invoquait l'ancienne accusation antisémite de crime rituel. 

lundi 20 janvier 2014

L'Etat et le régime turcs à l'épreuve de la Syrie

Un petit article qui en dit long : des gendarmes Turcs, donc des militaires, interceptent des camions chargés d'armes destinées à la Syrie,
Et l'équipage de ces camions n'est pas constitué de membres d'une quelconque milice du genre Jabhat al-Nosra mais tout simplement d'agents secrets agissant sur ordre des autorités de leur pays,
L'incident décrit ici attire notre attention sur l'hypocrisie du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan mais surtout sur le manque de confiance et même l'animosité qui règnent dans l'appareil d'Etat turc.

 La gendarmerie turque fouille des camions près de la frontière avec la Syrie

Hürriyet (Turquie) 19 janvier 2014 traduit de l'anglais par Djazaïri
ADANA - Des équipages de gendarmerie ont intercepté trois camions dans la province méridionale d'Adana le 19 janvier suite à un renseignement reçu selon lequel ils transportaient des armes et des munitions.
Le bureau du gouverneur d'Adana a publié un communiqué indiquant que les personnes qui se trouvaient dans les camions appartenaient aux services de renseignements turcs ((MİT) et étaient en mission officielle.
Les camions sont repartis après la fouille, ajoute le communiqué.
Les services de sécurité ont saisi des armes dans les camions, selon le quotidien Radikal.
Les camions avaient été interceptés au péage de Ceyhan sur la route principale entre les provinces d'Adana et de Gaziantep.
Adana et Gaziantep sont deux pièces maîtresses du dispositif militaire de l'OTAN en Turquie
Adana et Gaziantep sont deux pièces maîtresses du dispositif militaire de l'OTAN en Turquie
Plus tard dans la même journée, le nombre de camions interceptés par les services de sécurité était monté jusqu'à sept, selon les informations de presse.
Des mesures de sécurité auraient été prises contre le risque d'explosion pendant l'opération, avec des dispositifs de brouillage déployés sur place.
La police a arrêté au moins deux journalistes qui avaient pris des photos des camions, a indiqué Doğan News Agency.
Début janvier, le gouverneur du Hatay, Celalettin Lekesiz, avait empêché la fouille d'un camion en prétextant que son chargement était un secret d'Etat. Le camion avait continué sa route après que le procureur avait pris note de cet élément.
Le gouvernement avait ensuite annoncé que le camion transportait de l'aide pour les Turkmènes en Syrie.
« Il y a des Turkmènes [en Syrie]. L'aide est pour eux. Chacun doit savoir ce qu'il a à faire ; » avait dit le ministre de l'intérieur Efkan Ala sans donner de précisions sur la nature de cette aide.
Les membres des services de sécurité qui avaient intercepté le camion avaient été par la suite relevés de leurs fonctions.

dimanche 19 janvier 2014

Un rabbin que Dieudonné devrait inviter à discuter

Les Juifs hollandais, souvent originaires de la péninsule ibérique, contrôlaient, nous dit-on dans l'article que je vous propose, 17 % du commerce dans la Caraïbe néerlandaise. 17 % c'est beaucoup pour une communauté qui devait représenter une infime fraction de la population des Pays bas à l'époque (la grande migration des Juifs ashkénazes n'avait pas encore eu lieu),
Et dans ce commerce, il y avait celui des esclaves dont l'écho persiste à ce jour aux Pays Bas dans une tradition vivace lors des fêtes de Noël où le Père Noël est flanqué d'un esclave, Pierre le Noir ("Zwarte Piet" en néerlandais). Cette tradition témoigne de la place qu'occupe l'esclavage dans la mémoire collective des Pays Bas, une mémoire partagée par les Juifs qui, s'ils s'abstiennent de mettre en scène le Père Noël (Saint Nicolas) ont intégré Pierre le Noir dans « Hanuklaas », probablement donc en lien avec la fête juive de Hanoucca.
Saint Nicolas et Pierre le Noir (Zwarte Piet)
Saint Nicolas et Pierre le Noir (Zwarte Piet)
La reconnaissance de ce rôle juif dans le commerce des esclaves est apparemment un sujet que le judaïsme hollandais officiel refuse d'aborder même si, d'un autre côté, on n'hésite pas à célébrer la splendeur de ceux qui firent leur fortune par cette activité.
Et ce n'est pas un hasard si le rabbin qui souhaite faire le point sur cette période de l'histoire des Juifs hollandais est aussi partisan d'un dialogue avec les Musulmans et s'oppose à leur diabolisation.
Il est vrai que reconnaître clairement le rôle majeur des marchands juifs dans le négoce des esclaves est de nature à contredire l'image d'une minorité confessionnelle éternelle victime sous toutes les latitudes.
Ce qui ne va pas pas dans le sens des besoins propagandistes du sionisme pour qui il est important de cultiver cette image de perpétuelle victime censée justifier le déploiement de force brute de s terroristes sionistes contre le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza.

Manifestation de protestation contre la tradition de"Zwarte Piet"
  

Quel degré de culpabilité pour les Juifs hollandais dans le commerce des esclaves ?

par Cnaan Liphshiz et Iris Tzur, Jewish Telegraphic Agency 26 décembre 2013 10 traduit de l'anglais par Djazaïri
 LA HAYE, Pays-Bas (JTA) - Dans une rue passante près du Parlement néerlandais, trois musiciens blancs aux visages peints en noir régalent les passants avec des airs de fêtes qui évoquent le Père Noël néerlandais, Sinterklaas, et son esclave, Pierre le Noir.
Beaucoup de Hollandais de souche considèrent que se déguiser en Pierre le Noir au mois de décembre est une tradition vénérable, mais d'autres le considèrent comme un affront raciste aux victimes de l'esclavage. Avec la commémoration du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage en Hollande cette année, la controverse sur Pierre le Noir a atteint de nouveaux sommets. Des centaines de personnes ont manifesté contre la coutume à Amsterdam le mois dernier, et plus de 2 millions ont signé une pétition en faveur de cette tradition.
De leur côté, les Juifs hollandais – dont certains célèbrent leur propre version de la coutume de Pierre le Noir, appelée «Hanukklaas » - sont généralement restés silencieux.
 Mais les choses ont changé en octobre, quand Lody van de Kamp, un rabbin orthodoxe à la personnalité peu commune a écrit une critique mordante à ce sujet dans Republiek Allochtonie, un site internet hollandais d'information et de d'opinion. « La représentation de Pierre l'esclave » remonte à une époque à laquelle nous, en tant que citoyens, ne répondions pas aux critères qui nous engagent aujourd'hui, » écrivait van de Kamp.

Le rabbin Lody van de Kamp
Plaider contre la tradition de Pierre le Noir participe de ce que van de Kamp appelle sa fonction sociale, une mission qui l'amène à rappeler aux Juifs hollandais que l'implication profonde de leurs ancêtres dans le commerce des esclaves. En avril, il doit publier un livre sur la complicité des Juifs hollandais dans le commerce des esclaves, une démarche qui, il l'espère, sensibilisera les Juifs à l'esclavage en général et à la question de Pierre le Noir en particulier.
« J'ai écrit le livre et je me suis lancé dans le débat sur Pierre le Noir à cause de ce que j'ai appris de mes prédécesseurs sur ce qu'être un rabbin veut dire  - à savoir s'exprimer sur des questions de société, pas seulement donner des directives sur la manière de cuisiner pendant le Sabbat, » a déclaré van de Kamp à la JTA.
« De l'argent était gagné par les communautés juives en Amérique du Sud, en partie par l'esclavage, et l'argent partait en Hollande chez les banquiers juifs, » dit-il. « Des non Juifs étaient aussi complices, mais nous aussi. Je me sens en partie complice. »
 Quoique il ne jouisse d'aucun poste officiel dans la communauté juive hollandaise, van de Kamp, 65 ans, est un des rabbins orthodoxes les plus connus aux Pays bas, une notoriété qu'il doit à plusieurs de ses livres sur la communauté juive hollandaise et à sa présence médiatique.
Son prochain livre, un roman historique intitulé « L'esclave juif » va sur les traces d'un marchand juif du XVIIème siècle et de son esclave noir qui enquêtent que plantations propriétés de Hollandais dans le nord du Brésil dans l'espoir de persuader les Juifs de ne plus investir dans le commerce des esclaves. En faisant des recherches pour son livre, van de Kamp a appris des choses qui l'ont choqué.
Dans une partie de ce qui était alors la Guyane hollandaise [Surinam aujourd'hui, NdT], 40 plantations appartenant à des Juifs accueillaient une population totalisant au moins 5 000 esclaves, dit-il. Connue sous le nom de Jodensavanne, ou Savane Juive, cette région avait une communauté juive de plusieurs centaines de personnes avant sa destruction lors d'un soulèvement d'esclaves en 1832. Presque tous [les Juifs] émigrèrent en Hollande en emportant avec eux leurs richesses accumulées.
Une partie de ces richesses a été exposée l'an dernier dans la cave de la synagogue portugaise d'Amsterdam dans le cadre d'une exposition dédiée à la richesse des immigrants qui avaient fondé la synagogue.Van de Kamp explique que c'est cette exposition qui a éveillé son intérêt pour le rôle des Juifs hollandais dans l'esclavage, un rôle important.
Dans l'île caribéenne de Curaçao, les Juifs hollandais ont été responsables de la revente d'au moins 15 000 esclaves acheminés par des marchands hollandais du commerce transatlantique, selon Seymour Drescher, un historien de l'université de Pittsburgh. A un moment donné, les Juifs contrôlaient 17 % du commerce caribéen dans les colonies hollandaises, précise Drescher.
Les Juifs étaient si influents dans ces colonies que les ventes aux enchères d'esclaves qui tombaient au moment de fêtes juives étaient souvent reportées, selon Marc Lee Raphael, professeur d'études judaïques à la faculté de William & Mary.
Aux Etats Unis, le rôle des Juifs dans le commerce des esclaves a été l'objet d'un débat scientifique pendant près d'une vingtaine d'années, stimulé en partie par les efforts pour réfuter les thèses de la Nation of Islam selon lesquelles les Juifs dominaient le commerce transatlantique es esclaves. Mais en Hollande, on discute rarement de la question de la complicité juive.
« C'est parce que nous, aux Pays Bas, n'avons fait que profiter de l'esclavage mais ne l'avons pas vu de nos propres yeux, » explique van de Kamp. « Mais l'expérience américaine est différente. »
La question de l'esclavage n'est pas la première incursion de van de Kamp dans un domaine controversé. Dans les milieux juifs, il a la réputation d'un anticonformiste avec un penchant pour l'expression de points de vue anti-establishment.
 Une image qui s'est renforcée l'an dernier quand il a pris position contre un compromis conclu entre la communauté juive et le gouvernement [néerlandais] sur l'abattage rituel [casher]. Conçu pour éviter une interdiction totale, l'accord mettait certaines restrictions à l'abattage rituel qui ne sont pas contraires à la loi juive selon les grands rabbins de Hollande. Van de Kamp a dénoncé cet accord en tant que entrave inacceptable à la liberté religieuse.
Plus récemment, il a mécontenté des militants hollandais en soutenant que la diabolisation des Musulmans contribuait à générer de l'antisémitisme. Il a aussi plaidé pour le dialogue avec les Musulmans ouvertement antisémites [c.à.d. probablement antisionistes, NdT] à un moment où les organisations juives appelaient à les poursuivre e justice.
Mais sa réputation de rabbin non-conformiste dans une communauté portée sur le consensus a auusi valu quelques partisans à van de Kamp.
« Il est dans sa propre organisation, » explique Bart Wallet, un historien de l'université d'Amsterdam spécialiste d'histoire juive. « Depuis sa position un peu en marge il est libre de critiquer et n'a pas à se conformer à quoi que ce soit, »