mercredi 31 juillet 2013

Les crayons de couleur de la charia qui sèment la peur chez les islamophobes

Dans les milieux conservateurs aux Etats Unis, certains craignent l’imposition de la charia, du droit musulman dans leur pays. A tel point que certains Etats ont adopté des lois pour interdire l’application du droit musulman sur leur territoire.
Cette crainte qu’on peut assimiler à un délire ne vient pas de nulle part puisqu’elle est instillée par des campagnes ciblées menées par des personnes ou des institutions relevant de la frange la plus extrême du sionisme aux Etats Unis ou ailleurs  ainsi qu’on l’a documenté sur ce blog. Et dans le cas du sionisme, extrême ne veut pas dire marginale.
Aujourd’hui, c’est l’entreprise Crayola qui est l’objet du délire islamophobe du parti Républicain dans un comté de Géorgie dans les sud des Etats Unis. 

Les militants anti-Islam sont maintenant affolés par des crayons

Quand ils sont venus pour ma boîte de 24 Crayolas, je n’ai rien dit parce que je ne suis pas un cinglé intolérant
par Tim Murphy, Mother Jones (USA)  29 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Les militants anti-charia ont un nouvel objectif dans leur ligne de mire: Crayola. En fin de semaine dernière, le parti républicain du Comté de Pickens (Géorgie), a lancé sur son site internet un appel à l'action [1] contre une nouvelle promotion du premier fabricant mondial de crayons, qui a commencé à offrir des feuilles de coloriage gratuites avec une thématique islamique [2] en l'honneur du Ramadan. Zut alors! [en français dans le texte]
Les images sont bien inoffensives - l’une d’entre elles comporte un tapis de prière,

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une autre montre un jeune garçon agenouillé pour lire le Coran.

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Mais le Parti Républicain de Pickens y voit au contraire quelque chose d’abominable: 
Rappelons que les Musulmans considèrent le Ramadan comme le”mois du djihad” et le « mois de la victoire » sur les infidèles. Crayola devrait rappeler aux enfants de ne pas essayer de dessiner Mohamed [le prophète de l’Islam] de peur que leurs parents se retrouvent dans l’obligation de se défendre contre les Musulmans et d’accéder à un programme d’éloignement de témoins – comme ce fut le cas pour le créateur du Jour où Tout le Monde Dessine Mohamed [Everyone Draw Muhammad Day] – étant donné que ni le FBI, ni personne d’autre n’a la volonté de les protéger. 
Les arbres de Noël et les lapins ne manquent pas, mais une recherche de la Bible n’a donné aucun résultat.
contact Crayola:@CrayolaListening to Consumers and CustomersConsumer AffairsCrayola LLC1100 Church LaneEaston, PA 18044-0431-or-Click here to contact us electronically.About Our Products – in the U.S. or Canada:For Crayola®, Silly Putty®, Portfolio Series and Pop Art Pixies products, call 1-800-272-9652 1-800-CRAYOLA.

Mais le parti Républicain du Comté de de Pickens et un autre site anti-charia, le bien nommé «la charia rampante» publient tous les deux exactement le même texte le même jour, alors on ne sait pas trop qui a plagié qui. Crayola est une belle entreprise. Parmi les institutions ou personnes tombées sous la coupe de la charia (selon les militants anti-charia) on trouve David Petraeus (4), les magasins d’alimentation Wegman et l’hôtel Hutton à Nashville (5).

Source URL: http://www.motherjones.com/mojo/2013/07/anti-islam-activists-are-freaking-out-about-crayons-now
Links:
[1] http://pickensgop.org/category/sharia-law/
[2] http://www.crayola.com/free-coloring-pages/holidays/ramadan-at-sundown-coloring-pages/
[3] http://creepingsharia.wordpress.com/2013/07/25/crayola-com-celebrates-month-of-jihad/
[4] http://www.motherjones.com/mojo/2011/04/petraeus-is-slave-sharia-islam-afghanistan
[5] http://www.motherjones.com/mojo/2011/10/tennessee-hotel-now-under-shariah-law-anti-shariah-activist-says

Info repérée via Angry Arab

mardi 30 juillet 2013

Turquie: le retour de flamme d'une politique syrienne désastreuse

Recep Tayyip Erdogan brigue le poste de président de la république turque, une ambition somme toute justifiée pour quelqu'un qui ne passe pas inaperçu sur la scène internationale.
A son actif, on considère généralement qu'il a placé l’économie de son pays sur de bons rails et mis en route un processus qui devrait aboutir à la paix avec les rebelles kurdes.
Il estime aussi avoir posé la Turquie en exemple de démocratie dont pourraient s’inspirer d’autres pays musulmans, notamment ceux qui ont été concernés par le fameux «printemps» arabe. Et c’est sa position sur les évènements dans la Syrie voisine qui est supposée démontrer la profondeur de l’engagement d’Erdogan en faveur de la démocratie dans les pays arabes : accueil de réfugiés syriens, soutien à la direction politique de l’opposition syrienne, bases de repli en territoire turc pour les milices syriennes, facilités pour l’entraînement et le renseignement.
Côté passif, si on veut bien considérer qu’une fois élu un chef de l’Etat doit incarner une figure rassembleuse, son bilan sera lourdement grevé par la mobilisation d’une partie importante de l’opinion déclenchée par un projet de construction d’un centre commercial sur un des rares espaces verts d’Istanbul, la capitale économique et culturelle du pays.
Je ne vais pas parler du bilan économique du gouvernement Erdogan. Il faut par contre souligner que les acquis de sa politique aussi bien avec les Kurdes qu’avec la Syrie ne tarderont sans doute pas à apparaître pour ce qu’ils sont en réalité : des échecs cuisants qui ne seront pas sans conséquences en Turquie même.
Pour comprendre ce que je veux dire, il suffit de parcourir Hürriyet, un journal turc indépendant du pouvoir qui nous propose ce titre aujourd’hui (traduit de l'anglais par Djazaïri) :

Les soldats turcs ont tire des coups de semonce et utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser une foule d’environ 2 000 contrebandiers qui essayaient d’entrer en Turquie depuis le territoire syrien,  a déclaré l’armée turque aujourd’hui.
Selon un communiqué écrit de l’état-major, des militaires ont lancé des avertissements au groupe [de contrebandiers] aussi bien en arabe qu’en turc, cependant le groupe a refusé de se disperser près de la ville frontalière d’Oğulpınar, dans la province méridionale du Hatay. 
Dans le même temps, un groupe de 350 muletiers dans un autre secteur à proximité ont jeté des pierres sur lés véhicules de patrouille de l’armée avant que les soldats tirent en l’air, a indiqué l’armée. La déclaration précise aussi qu’il n’y a pas eu de victimes. 
Cet incident est intervenu au lendemain de l’annonce par l’armée turque de l’utilisation par des soldats de gaz lacrymogènes pour disperser un groupe d’environ 1 000 contrebandiers également près de la ville frontalière d’ Oğulpınar.
Une réunion d’urgence pour évaluer les derniers développements à la frontière avec la Syrie se tiendra aujourd’hui au bureau du premier ministre à Ankara, rapporte le quotidien Hürriyet sur son site web.
La réunion sera présidée par le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan. Le chef d’état major, le général Necdet Özel, qui doit rencontrer Erdoğan à 16h30 participera aussi à la réunion, indique le journal.
2 000 contrebandiers! Autant dire que les autorités turques ne maîtrisent plus grand chose à leur frontière sud-est et que la situation devient de plus en plus problématique, une évolution dont la responsabilité incombe entièrement au pouvoir turc.
Parce que, avant de  s’allier avec la France, la Grande Bretagne et les Etats Unis pour attiser les flammes en Syrie, Recep Tayyip Erdogan et son ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu auraient dû réfléchir au fait que leurs « amis»  occidentaux sont protégés des conséquences immédiates de la crise syrienne par le simple fait qu’ils en sont éloignés par des milliers de kilomètres.
Erdogan et Davutoglu se sont en effet comportés comme quelqu’ un  qui attise le feu dans la maison de son voisin sans imaginer un seul instant qu’il accroît le risque que ce feu se propage dans sa propre maison !
Et le problème que vit aujourd’hui la Turquie à sa frontière sud-est risque de perdurer, quelle que soit l’issue du conflit en Syrie, que le régime en place l’emporte ou non :
C’est de fait un Etat dans l’Etat qui s’est constitué au Hatay sous les auspices d’un gouvernement turc qui aura sans doute bien du mal à faire rentrer dans sa boîte le «diable» qu’il a encouragé à combattre les autorités du pays voisin.
Ce «diable» ignore les frontières et pour lui, le Hatay fait partie de la Syrie [ou d'un Etat musulman à créer] et c’est là un point où il est d’accord avec Bachar al-Assad.
Mais à la différence de Bachar al-Assad, les takfiristes et autres «djihadistes» vont faire, et font déjà, comme si la frontière n’existait plus.
Si cette situation n’est déjà pas reluisante telle quelle, elle risque de s’envenimer aussi bien en cas de victoire que de défaite des «rebelles.»
En effet, en cas de victoire les rebelles parvenus au pouvoir à Damas (ou à Alep) revendiqueront officiellement la province du Hatay. En cas de défaite, ils seront contraints de refluer en masse dans la province où ils animeront une guérilla cette fois hostile au gouvernement turc.

Du côté de la question kurde, après une vague d’optimisme que je qualifierais de béat, les problèmes reviennent en force et passent aussi par la Syrie où les Kurdes essayent d’affirmer leur autonomie et semblent avoir repris le dessus sur les forces syriennes d’opposition armée, c’est-à-dire les divers mouvements djihadistes-salafistes-takfiristes dont une partie est affiliée à l’Armée Syrienne Libre (ASL) , ce qui ne laisse pas d’inquiéter le gouvernement turc ainsi qu’on peur le lire aussi dans l’édition de ce jour de Hürriyet  (traduit de l'anglais par Djazaïri): 

Le vice premier ministre Bülent Arınç a appelé les organisations kurdes en Syrie à ne pas se ranger du côté du régime d’al-Assad


Le vice premier ministre Bülent Arınç a appelé les organisations kurdes en Syrie à ne pas se ranger du côté du régime d’al-Assad et les a exhortés à soutenir l’opposition.
 Arınç a dit que le régime syrien cherchait à exploiter les Kurdes et d’autres groups de lé region du nord pour  s’en server de carte contre la Turquie. «Quand Assad s’en ira, et qu’un régime démocratique sera établi avec un parlement et des élections, alors tout le monde sera également représenté,» a déclaré Arınç  le 29 juillet sur TRT, une chaîne de télévision publique.
“Tout ce que nous demandons à la formation là-bas [les Kurdes du nord syrien] est de ne pas coopérer avec al-Assad. Devenez membres de l’opposition et n’essayez pas de prendre le contrôle [du territoire] par fait accompli [en français dans le texte] ,» a-t-i ajouté. 
 «Votre présence et des droits à une citoyenneté égale seront reconnus et une constitution sera rédigée après al-Assad. Si vous rangez du côté de l’opposition, vous éviterez de vous charger des péchés du régime,» a-t-il dit. 
Des responsables turcs ont rencontré la semaine dernière le chef du Parti de l’Union Démocratique (PYD), Saleh Muslim, et ils ont fait part de leurs vives préoccupations au sujet du «fait accompli» qui impose de facto une région kurde autonome dans le nord syrien.  

Il faut reconnaître qu’il est assez piquant, et même drôle, de voir un éminent dirigeant politique turc promettre joie et félicité aux Kurdes en Syrie quand on sait ce qu’il en est des Kurdes en Turquie.
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          Bülent Arınç
C’est que Bülent Arınç ne comprend pas, ou feint de ne pas comprendre, que les Kurdes ont un projet national. Et qu’en contribuant à affaiblir le pouvoir de Damas, le gouvernement turc a ouvert de nouvelles perspectives au mouvement national kurde à l’échelle de toute la région du Moyen Orient. 
C’est cette occultation ou non perception de l’aspect national de la question kurde qu’aborde Nuray Mert dans l’édition du 29 juillet de Hürriyet. Elle traite cette question avec les précautions de langage en vigueur quand on s’exprime sur la question kurde en Turquie et qu’on ne veut pas perdre son emploi ou être déféré devant les tribunaux. 

Le ‘fait national’ kurde

Par Nuray Mert, Hürriyet 29 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Le principal problème dans la vie politique turque par rapport aux Kurdes, c’est que les “Turcs” ne peuvent en aucun cas admettre la perspective de voir les Kurdes se gouverner eux-mêmes. Les Turcs en général, et le gouvernement actuel en particulier, résistent à l’idée d’un « sentiment national » kurde et point final. Les Kurdes sont peut-être attardés mais le problème kurde est un «problème national» et cette réalité doit d’abord être reconnue. Sinon, les politiques de la Turquie concernant les Kurdes à l’intérieur et à l’échelle régionale ne déboucheront sur rien de positif. 
Récemment, ce sont les Kurdes de Syrie et leur Parti de l’Union Démocratique (PYD) qui est devenue la cible de la controverse. Au tout début, il y a un an, la Turquie avait réagi très sévèrement quand le PYD avait déclaré une sorte d’autonomie dans les régions kurdes. Même si la Turquie a adouci son discours contre les Kurdes de Syrie du nord et leur PYD, l’idée fondamentale selon laquelle les Kurdes ne devraient constituer aucune entité politique n’a pas changé.
Fait assez intéressant, la Turquie n’avait pas exprimé d’inquiétude quand les postes frontaliers avaient été conquis par les organisations islamistes radicales, mais s’est alarmée de la prise de ces positions par le PYD. Réagissant aux affrontements en cours entre les organisations islamistes radicales et le PYD le long de la frontière syrienne , le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu a présenté plusieurs exigences aux Kurdes syriens. Premièrement, ils ne doivent pas coopérer avec le régime. Deuxièmement, ils ne devraient pas constituer une entité de facto sur des bases ethniques ou sectaires,» a-t-il dit. En fait, pour l’instant, les Kurdes se sont arrangés sur la base de leurs propres décisions politiques pour éviter de collaborer avec le régime ; il semble donc qu’on n’a pas à leur faire la leçon sur ce point. Ensuite, les Kurdes luttent pour leurs droits et libertés en tant qu’entité politique qui se définit elle-même plus comme une nation que comme une ethnie. Enfin, ils n’ont pas l’air de rechercher une assistance de la Turquie pour définir leurs propres politiques, mais ils demandent simplement des relations amicales. Ce qui n’empêche pas la Turquie de ne pas renoncer à dire aux Kurdes ce qu’ils doivent faire.
Les Kurdes appellent maintenant à une conférence à Arbil pour mettre l’accent sur la «cause nationale» et «l’unité nationale.»  Ce sera la dernière de quatre conférences à se tenir dans le cadre du «processus de paix» et c’est Abdulah Öcalan qui l’avait proposée.  L’appel a été lancé au nom de trois dirigeants kurdes - Jalal Talabani, Masoud Barzani et Öcalan. Le PYD et le PKK seront représentés à la conférence en qualité de partis kurdes. En bref, ce sera une «conférence nationale» à part entière et la Turquie ne semble pas l’avoir compris. En fait, cette conférence va être le point d’orgue du «processus de paix» depuis qu’Öcalan a réussi é élever ce processus au niveau national [de la nation kurde, NdT]. Par ailleurs, la question des Kurdes de Syrie sera reconnue comme une parie de la «question nationale.» La Turquie devrait reconnaître ces faits, le plus tôt sera le mieux, au lieu de se bercer d’illusions avec sa politique futile de manipulations des acteurs politiques kurdes.
Hélas, sans même parler de reconnaître les faits, le processus de paix reste géré comme un jeu pour gagner du temps jusqu’aux élections. Le gouvernement considère encore le traitement de la question kurde comme un problème de citoyenneté égale, de quelques droits culturels et de gestes de courtoisie. C’est pourquoi le premier ministre et le gouvernement continuent avec insistance à exprimer une attitude très condescendante à l’égard des Kurdes et présentent le processus de paix comme un geste bienveillant de la part des Turcs et de leur gouvernement. Tant que le gouvernement et en fait, nous tous Turcs , refuserons d’admettre le fait que la question kurde est une question nationale [i.e. relative à la nation kurde], nous ne serons pas capables d’avancer.
A vrai dire, je ne suis pas pour le séparatisme kurde et les Kurdes ne semblent pas être pour non plus [ceci est le passage obligé pour ne pas perdre son emploi ou pour ne pas être traduit en justice, note de Djazaïri]. Il est parfaitement compréhensible que les Turcs désirent vivre dans les mêmes frontières que les Kurdes, mais c’est quelque chose qui vient encore s’opposer à leur appartenance nationale.

Nuray Mert est journaliste.et maître de conférences à l’université d’Istanbul. Elle est dans le collimateur du premier ministre turc qui n’apprécie guère ses écrits, ce qui lui a coûté un emploi d’éditorialiste au journal Milliyet et l’animation d’une émission politique à la télévision. 
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Nuray Mert
On peut dire que Nuray Mert met les pieds dans le plat et met carrément en doute le sérieux politique du processus de paix engagé par les autorités d’Ankara avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). 
Je partageais ces doutes  depuis le début, compte tenu  d’abord du fait que l’accord sur le processus de paix a été obtenu avec un Abdullah Öcalan prisonnier, ce qui n’est pas une démarche très saine d’autant que ce prisonnier n’a pas été libéré depuis. 
Une autre invitation au scepticisme tient au fait que le vocabulaire des autorités turques pour désigner les miliciens kurdes n’a pas changé et qu’il est toujours question de terroristes.
Comme on vient de le voir, ce scepticisme se lit ouvertement aujourd’hui dans la presse turque et il est lié, comme on l’a vu également aux évolutions sur le terrain en Syrie 
Et aujourd’hui, c’est Abdullah Öcalan en personne qui  vient donner du grain à moudre aux sceptiques :

Öcalan, le leader du PKK emprisonné menace d’abandonner le processus de paix, affirme sa soeur.

ISTANBUL - Doğan News Agency Hürriyet, 30 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri 

Le chef emprisonné du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK illégal) Abdullah Öcalan, affirme qu’il quittera le processus de paix s’il continue à être sur «cette voie,» selon sa sœur Fatma qui s’est adressée à la presse suite à une visite [rendue à son frère] sur l’île d’Imrali [où il est détenu].

Öcalan a dit à sa soeur et à son oncle Süleyman Arslan qu’il « abandonnera si le processus de paix continue sur cette voie » et qu’il se «retirerait, et observerait simplement.»
Questionné sur ce qui gênait le leader du PKK incarcéré dans le processus, Fatma a dit aux journalistes qu’il était «gêné par le fait qu’il y avait une non paix.»

«Il est las de la prison maintenant. Ce n’est pas comme ça que ça devrait se passer,» a déclaré Fatma, ajoutant qu’ils avaient vécu un moment difficile à supporter «ce lieu clos» pendant une demi-heure où le dirigeant condamné doit purger sa peine.
Fatma a refusé d’entrer plus avant dans les détails de la conversation, observant que c’était “d’ordre familial”
Une demande de conférence de presse par öcalan a été rejetée par le gouvernement actuel pour des raisons d’ordre «juridique» selon le vice premier ministre Bülent Arınç.
Öcalan avait exprimé son souhait d’organiser un point de presse depuis sa prison sur l’île d’Imrali, exhortant le gouvernement à progresser plus vite vers l’étape suivante du processus de paix et d’avancer les discussions sur les réformes au 21 juillet, selon une déclaration rendue publique par le Parti de la Paix et de la Démocratie (BDP).
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Imrali est une île qui se trouve dans la mer de Marmara

dimanche 28 juillet 2013

Arabie Saoudite, France, Syrie: polygamie et politique

Angry Arab nous explique comment s’est faite la désignation d’Ahmed Jarba à la tête de la coalition  de l'opposition syrienne (qui a un nom à rallonge).
C’est ce même Ahmed Jarba qui a été reçu récemment à l’Elysée par M. François Hollande.
Exclusif: Comment l’Arabie Saoudite a sélectionné le chef de l’opposition syrienne en exil
The Angry Arab News Service, 28 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Voilà ce qu’on a omis de rapporter sur la manière dont l’Arabie Saoudite a choisi le chef de la Coalition Nationale Syrienne avec l’entier soutien du  protégé (pseudo) progressiste du Prince Bandar, Michel Kilo. Ahmed Jarba, le polygame tribal qui était inconnu des cercles de l’opposition à l’intérieur comme à l’extérieur de la Syrie, a été choisi purement et simplement parce qu’il est allié par mariage au monarque Saoudien Abdullah. Le roi Saoudien est marié à deux sœurs de la famille Al-Jarba [à vérifier parce que le droit musulman interdit à un homme d’épouser deux sœurs, NdT] : Tadi et Malika Jarba (ses deux autres épouses viennent des familles Sha'lan et  Muhanna. Savourez votre révolution syrienne polygame.
Mon conseil à mes amis syriens: deux femmes, c'est largement suffisant

PS: Angry Arab a précisé par la suite que les deux épouses n'étaient pas soeurs, mais cousines.

jeudi 25 juillet 2013

Syrie: au tour des rebelles de faire défection

Je vous propose en traduction intégrale un article dont des extraits sont déjà disponibles sur internet, chez Allain Jules par exemple.
Cet article expose une démarche importante du gouvernement syrien qui consiste à encourager les défections parmi les membres des groupes de combattants rebelles.
Grosso modo, c’est un dispositif qui ressemble à celui de la «concorde civile» qui a contribué à l’arrêt presque complet des hostilités en Algérie. Il rappelle aussi la « paix des braves» que le général de Gaulle avait proposée aux moudjahidine de l’Armée de Libération Nationale (ALN).
La «concorde civile » a fonctionné en Algérie, non sans grincement de dents, tandis que l’offre gaullienne n’avait rencontré pratiquement aucun écho.
C’est que la valeur de ce dispositif ne lui est pas entièrement intrinsèque mais dépend beaucoup de la situation militaire et politique sur le terrain.
La « paix des braves » avait trouvé en face d’elle un FLN et une ALN unis sur une ligne politique claire assise sur un large soutien populaire.
La « concorde civile » avait permis d’éponger des maquis disparates (dont certains étaient sans doute des contre maquis), sans objectif politique précis, si ce n’est réaliste dans le contexte plus général d’une population lasse des tueries et des destructions. Par ailleurs, sans être vraiment devenu démocratique, le système politique est resté ouvert au multipartisme, certains partis ayant même accepté de composer avec le pouvoir en place. A quoi il faut ajouter que la hausse des prix des hydrocarbures a permis de donner satisfaction à une partie de la base sociale de l’ex Front Islamique du Salut… Gare à une éventuelle future chute des prix des hydrocarbures, vu que le pays vit encore largement sur le mode rentier.
La situation syrienne est assez proche de celle de la guerre civile en Algérie, à la différence près que les forces rebelles ont adopté une stratégie de prise de contrôle des villes, et même des grandes villes là où l’opposition armée en Algérie était surtout active dans les campagnes.
C’est cette stratégie de contrôle des zones urbanisées qui a donné son caractère spectaculaire au conflit syrien avec ces images de villes en partie détruites.
Cette stratégie nous informe au demeurant sur la nature des principaux acteurs proprement syriens de l’opposition armée : tout simplement d’anciens militaires de carrière dont le projet s’inscrit certes en opposition avec le régime en place mais sur un principe qui n’est pas différent d’autres épisodes plus anciens de défections, parfois dans le cercle familial même de l’actuel chef de l’Etat.  Ce qui a changé, c’est le contexte régional qui leur a ouvert des perspectives inespérées (le fameux "printemps" arabe).
Ces gens là n’on bien sûr aucun projet démocratique.
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Ahmed Jarba, Le chef de la coalition syrienne qui vient d'être reçu à Paris et ce prince saoudien ont deux points communs: ils sont démocrates et polygames
Leurs fantassins sont par contre des citoyens Syriens, Les relations de ces derniers avec le commandement de l’Armée Syrienne Libre (ASL) restent cependant lâches et leurs motivations comme leurs affiliations peuvent varier, parfois en fonction de qui paye, soit que ces fantassins combattent pour l’argent, soit plus simplement qu’ils ont des familles à nourrir.
Ce sont ces combattants qui sont les plus susceptibles de céder à la tentation de l’offre d’amnistie gouvernementale. Parce que, si on en croit l’article, certains d’entre eux considèreraient non seulement que la bataille est perdue mais que le sens du combat actuel ne correspond pas du tout à ce qui les avait motivés au début.
En tout cas, c’est avec ce levier de l’amnistie que l’armée syrienne a pu obtenir la reddition d’une bonne partie des combattants assiégés dans al Qusayr. Et c’est aussi pour cette raison que la bataille d’al Qusayr n’a pas tourné à la boucherie que d’aucuns prédisaient.
La stratégie de «concorde»» rencontre cependant en Syrie des obstacles qui n’existaient pas dans la guerre civile en Algérie : la présence de nombreux combattants étrangers, dans l’encadrement notamment ainsi que l’afflux d’argent et d’armes venus aussi de l’étranger. Ce soutien matériel et le soutien politique de la part de puissances importantes, aussi bien dans le monde que dans la région entretiennent en effet l’espoir des dictateurs de substitution 
Ce qui semble à peu près clair, c’est que le rôle de l’ASL sur le terrain est maintenant assez réduit et que même son allégeance à la direction politique (la coalition au nom à rallonge) est pour le moins sujette à caution tandis que le noyau dur et efficace de la «rébellion» syrienne est constitué d’organisations «islamistes» où les combattants étrangers continuent d’affluer.  

Des rebelles syriens passent dans le camp du gouvernement

Par Ruth Sherlock, The Daily Telegraph (UK) 24 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Beyrouth: Des centaines d'hommes qui avaient pris les armes contre le président Bachar al-Assad font de nouveau défection pour repasser du côté du gouvernement.
Déçus par la tournure islamiste prise par la «révolution» en Syrie, épuisés après plus de deux années de conflit et ayant le sentiment d’être en train de perdre, un nombre croissant de rebelles acceptent une amnistie négociée offerte par le régime d'Assad. 
Dans le même temps, les familles des combattants qui se retirent du combat ont entamé discrètement leur retour dans le territoire contrôlé par le gouvernement, considérée comme un endroit sûr pour vivre tandis que le régime continue une offensive militaire intense contre les zones tenues par les rebelles. 
Cette évolution est un signe d’une plus grande confiance en lui du régime, qui a mis en place ce qu’il appelle un «ministère de la réconciliation" avec pour tâche de donner la possibilité à d'anciens opposants de revenir du côté du gouvernement.
Ali Haider, le ministre chargé de ce dossier, a déclaré: «Notre message est:« Si vous voulez vraiment défendre le peuple syrien, déposez vos armes et venez défendre la Syrie dans le droit chemin, à travers le dialogue. " 
M. Haider, qui a une réputation de modéré au sein du régime, a mis en place un système dans lequel les combattants de l'opposition déposent leurs armes en échange d'un sauf conduit vers des zones tenues par le gouvernement.
Les combattants rebelles reconnaissent en privé être au courant de l'offre d'amnistie, et que certains hommes ont choisi de l'accepter, même si ils disent que les effectifs concernés ne représentent encore qu’une petite proportion de ceux qui luttent contre le gouvernement. 
 «Je me suis battu pour la révolution, mais maintenant je pense que nous avons perdu ce pour quoi nous nous battions",  déclare Mohammed, un rebelle musulman modéré de la ville septentrionale de Raqqa qui a refusé de donner son nom de famille. "Maintenant les extrémistes contrôlent ma ville. Ma famille a déménagé vers la zone gouvernementale, car notre ville est trop dangereuse. Assad est terrible, mais l'alternative est pire." 
La prévalence des groupes islamistes extrémistes dans les zones tenues par les rebelles, en particulier dans le nord, a amené certains combattants de l'opposition à «abandonner» leur cause. 
Ziad Abu Jabal est originaire de l'un des villages de la province de Homs dont les habitants ont récemment convenu de cesser de combattre le régime. «Quand nous avons rejoint les manifestations, nous voulions avoir plus de droits droits", dit-il.. "Après avoir vu la destruction et la puissance des djihadistes, nous sommes arrivés à un accord avec le gouvernement." 
M. Haider  dit avoir assisté à une cérémonie mardi après-midi au cours de laquelle 180 combattants de l'opposition ont rejoint les forces de police du gouvernement, d'où ils avaient fait auparavant défection. 
Bien qu'il n’ait pas été possible de vérifier cette affirmation, lorsque le Daily Telegraph de Londres avait  visité le siège du ministère de la réconciliation à Damas le bureau était bondé de membres de familles de rebelles qui combattent dans la banlieue de la ville qui affirmaient que leurs hommes voulaient rentrer. 
Un négociateur du ministère, qui n’a donné comme nom que  Ahmed, était en train d'organiser la défection d'un commandant rebelle et de 10 de ses hommes dans le secteur de la Ghouta.
«Il nous a fallu trois mois de négociations et ceci a valeur de test", a-t-il dit. "Si tout se passe bien, le commandant dit que 50 autres suivront." 
Il a décrit les mesures prises pour permettre le retour des combattants prêts à déposer les armes. Tout d'abord, dit-il, un négociateur doit traverser la ligne de front pour une réunion dans le territoire tenu par les rebelles. «Nous devons espérer que le commandant rebelle ordonne à ses tireurs embusqués de ne pas nous tirer dessus.» 
Les transfuges potentiels reçoivent des documents qui leur permettent de passer les contrôles de l’armée syrienne avant de rejoindre un lieu sûr en attendant que les officiels puissent faire retirer leurs noms des listes de personnes recherchées tenues par les administrations plus dures que sont le ministère de la défense et les services de renseignements. 
Les rebelles «ne s’étaient pas engagés pour appartenir aux organisations islamistes extrémistes qui ont maintenant gagné en influence,» dit-il. «Ils veulent maintenant retourner à une vue normale.» 
Dans les jours qui avaient précédé la prise de la ville de Qusayr le mois dernier, le Daily Telegraph avait vu des médiateurs à la frontière libanaise travailler avec l’armée syrienne pour obtenir une amnistie pour les combattants qui acceptaient de se rendre.
Le téléphone sonnait avec les appels désespérés des parents des rebelles. «Ces mères savent que c’est la dernière chance pour leurs fils. S’ils ne déposent pas les armes maintenant, ils mourront parce qu’ils sont en train de perdre la bataille,» affirme Ali Fayez Uwad, le médiateur.

mercredi 24 juillet 2013

Comment le sionisme pousse à la discrimination aux Etats Unis et ailleurs

Voici un article qui porte sur une affaire apparemment banale : la suppression de l’obligation de visa entre les Etats Unis et un autre pays.
J’écris apparemment banale parce que l’autre pays concerné n’est autre que l’entité sioniste, ce qui veut dire que les règles habituelles d’échanges d’Etat à Etat s’en retrouvent chamboulées dans un sens auquel cette entité nous a habitués depuis longtemps.
C’est-à-dire que l’entité sioniste, celle qui se présente volontiers comme un petit Etat constamment menacé par les barbares, entend dicter aux Etats Unis une condition particulière qui consisterait à s’octroyer le droit de refuser l’entrée dans son [prétendu] territoire aux ressortissants Arabo-Américains, d'origine palestinienne tout particulièrement.
Ce qui est en fait demandé aux autorités des Etats Unis, c’est ni plus ni moins que de contribuer officiellement à des pratiques discriminatoires contre leurs propres concitoyens !
Là où le juriste ou le constitutionnaliste peut voir sans effort une condition interdisant tout accord sur la suppression réciproque de visa, les parlementaires des Etats Unis semblent voir des préoccupations légitimes qu’ils sont disposés à entériner dans des projets de lois légalisant une pratique discriminatoire au détriment de leurs concitoyens.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul principe sur lequel ces parlementaires sont prêts à s’asseoir pour satisfaire aux desiderata du lobby sioniste. ..
Le gouvernement des Etats Unis en est même réduit à travailler avec les autorités sionistes pour déterminer les voies et moyens d’améliorer les contrôles des voyageurs vers l’entité sioniste avant leur départ !
Ce qui signifie en langage clair : présence d’agents de l’entité sioniste dans les principaux aéroports des Etats Unis, contrats avec des sociétés de sécurité liées à l’entité ou aux intérêts sionistes.
Bref, ce qu’il faut pour faire correctement le contrôle au faciès et éviter de le demander aux compagnies aériennes comme Air France qui s’était tristement illustrée lors de l’action « Bienvenue en Palestine.» Air France a été condamnée pour discrimination raciale, mais c'est une décision de justice dont vos journaux n'ont semble-t-il gardé nulle trace.
Eh oui, car ce que l’entité sioniste est capable de faire avec ce mastodonte que sont les Etats Unis, comprenez bien qu’elle est capable de le faire aussi avec les anciennes grandes puissances impériales que sont la France ou le Royaume Uni.
Pour ceux qui auraient encore des doutes, rappelez-vous, c’était il n’y a pas longtemps, ces employés interdits de manipuler les bagages du terroriste Shimon Peres lors de son arrivée en Gare du Nord à Paris le 8 mars 2013. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cette information révélée par le syndicat de cheminots Sud-Rail a d’abord été relayée non par la presse française mais par un journal anglais, le Daily Mail comme le signale France 24.
Ce n’est pas un hasard non plus si nous retrouvons le lobby sioniste très actif dans les campagnes pour fabriquer et exciter l’islamophobie en France comme en Europe, aux Etats Unis et même aux antipodes.   

Le Congrès et l’administration s’affrontent sur les visas israéliens

Par Bradley Clapper et Matthew Lee,  Huffington Post (USA) 15 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri 
Une législation qui permettrait aux Israéliens d’entrer aux Etats Unis sans visa mais n’exigerait pas une réciprocité intégrale de traitement pour tous les Américains qui souhaitent se rendre dans l’Etat juif pourrait amener le Congrès et l’administration Obama à entrer en collision dans les prochaines semaines.
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Visa d'entrée aux Etats Unis
L’entrée d’Israël dans le cadre du programme d’exemption de visa qui concerne 37 pays est l’élément le plus controversé de deux projets de loi touchant à de multiples aspects des relations israélo-américaines, allant de l’amélioration de la cybersécurité au renforcement de la coopération économique. La députée à la Chambre des Représentants, Ileana Ros-Lehtinen [cette parlementaire pense que le régime sioniste a un droit de veto sur certaines décisions du gouvernement US] espère  obtenir l’approbation de la Commission des Affaires Etrangères de la Chambre avant la suspension de ses travaux en août. Une version [de cette législation] par Barbara Boxer est en train d’obtenir le soutien du Sénat
Ces deux lois créeraient une nouvelle catégorie  d’allié des Etats Unis – “le partenaire stratégique majeur”-  dans laquelle Israël serait le seul pays à figurer. Et ces lois appelleraient à l’inscription d’Israël sur une liste de pays dont les ressortissants peuvent séjourner aux Etats Unis jusqu’à 90 jours sans visa, à condition qu’ils s’enregistrent électroniquement avant d’embarquer dans un avion. 
L’administration et certains parlementaires sont préoccupés par le fait que ces lois ne vont pas assez loin pour éliminer la discrimination israélienne contre les Américains d’origine arabe et palestinienne qui veulent entrer sur leur territoire.
Ils dissent aussi qu’Israël ne satisfait pas encore à d’autres exigences légales du programme.
Par exemple, la proposition déposée au Sénat  exigerait seulement du gouvernement israélien qu’il fasse «tous les efforts raisonnables, sans mettre en péril la sécurité de l’Etat d’Israël, pour garantir l’extension à tous les citoyens des Etats Unis des privilèges réciproques.» Et elle accorderait à Israël l‘exemption d’une disposition du programme de suppression de l’obligation du visa qui exige que le taux de satisfaction des demandes de visas pour entrer aux Etats Unis atteigne 97 %.
La proposition de loi de la Chambre des Représentants a un clair soutien bipartisan avec 300 parrainages. Le projet du Sénat a maintenant 45 parrains, ce qui est proche d’une majorité. Il devrait être examiné par la Commission des Affaires Etrangères du Sénat en septembre.
Certains détracteurs de ces projets hésitent à exprimer publiquement leurs réserves, cherchant ainsi à éviter une dispute publique avec un allié proche, que ce soient les promoteurs des projets ou le puissant lobby AIPAC [lobby sioniste] qui pousse en faveur de l’adoption des législations.
Boxer a déclaré à l’Associated Press que la loi serait dans l’intérêt des citoyens des Etats Unis en exigeant tout particulièrement que les secrétaires d’Etat et à la sécurité intérieure certifient qu’Israël fait tout son possible pour faciliter l’entrée des Américains [dans l’entité sioniste] avant son admission au programme d’exemption de visa. 
Mais ceux qui critiquent ces projets de loi voient une faille problématique.
Le mois dernier, 15 membres Démocrates et un membre Républicain du Congrès ont écrit une lettre à l’ambassadeur d’Israël à Washington, exprimant leur inquiétude par rapport au fait que la police de l’air et des frontières israélienne »distinguait de manière disproportionnée, arrêtait et refusait l’entrée des Américains musulmans et d’origine arabe. » Ils exigent l’égalité de traitement, selon la lettre obtenue par Associated Press.
Ils exposent dans leur lettre le cas de Nour Joudah, enseignante dans une école subventionnée par les Etats Unis en Cisjordanie qui s’est vue refuser à deux reprises l’entrée en Israël alors qu’elle était en possession d’un visa valables pour des entrées multiples Ils se plaignent aussi du fait qu’Israël accorde à certains Américains des visas restreints qui ne leur permettent d’entrer que dans les territoires sous contrôle palestinien mais pas en Israël, ce qui les oblige à voyager par la route depuis la Jordanie au lieu d’arriver à l’aéroport international de Tel Aviv. 
Parmi d’autres problèmes évoqués [dans la lettre], sont cités des exemples de douaniers Israéliens qui  bloquent des Américains à la frontière en raison de leurs opinions politiques et des cas de ressortissants US obligés de donner à la police un accès à leurs comptes personnels de courrier électronique sous peine d’expulsion.
«Nous avons de fortes réserves quant à cette proposition de loi. Elle autorise la discrimination de citoyens des Etats Unis par un autre pays, » déclare Abed Ayoub, directeur juridique de l’ American Arab Anti-Discrimination Committee. «Le fait que des élus au Congrès des Etats Unis puissent permettre ce genre d’action est répréhensible.»
Le Département d’Etat et celui de la sécurité intérieure ont exprimé des points de vue voisins, quoique plus étroits, dans des réunions à huis clos avec des parlementaires, selon des officiels US qui sont au courant des discussions. Ces officiels se sont exprimés sous couvert d’anonymat parce qu’ils n’avaient pas l’autorisation de parler publiquement de ce dossier. Ils ont dit que l’administration travaillait avec Israël pour améliorer ses méthodes de contrôle des passagers avant le départ et avec le Congrès sur la formulation de toute loi à venir. Le Département d’Etat a refusé de s’exprimer.
Dans une réponse aux parlementaires en date du 12 juin, l’ambassadeur israélien sortant a declare que les Américains se voyaient accordés tous les droits “auxquels ils sont éligibles” à leur arrive en Israël.
“Compte tenu des problèmes de sécurité auxquels nous sommes confrontés, tous les efforts nécessaires sont faits à cet égard,” a écrit Michael Oren [l’ambassadeur sioniste] aux députés Républicains Keith Ellison et  Andre Carson, les deux élus Musulmans au Congrès, et aux autres cosignataires de la lettre originale.
Sur le cas particulier de Joudah, Oren a dit que l’action [le refus d’entrée sur le territoire] était basé sur une recommandation des services de sécurité israéliens et que toutes les possibilités de recours juridiques lui étaient ouvertes. Mais il a qualifié ces exemples de rares. Oren affirme que 142 Américains en tout se sont vus refuser l’entrée en Israël l’an dernier, tandis qu’environ 620 000 ont été autorisés à entrer. Ce qui revient à un taux de refus de 0.023 %, soit 1 personne sur 4 000. Le taux de refus par les Américains pour ceux qui veulent un visa pour les USA était de 5,4 %, a-t-il observé.
L’ambassadeur a aussi défendu le traitement différentiel effectué par les autorités israéliennes pour les Américains qui sont sur un registre de population palestinienne. Ces personnes ont la permission d’entrer et de résider dans le territoire palestinien, a-t-il dit, mais ils ne sont pas nécessairement autorisés à entrer en Israël en raison de règlements sécuritaires vieux de plusieurs dizaines d’années datant du pic de la violence israélo-palestinienne.

vendredi 19 juillet 2013

L'évolution du catholicisme préfigure-t-elle celle de l'Islam en Europe?

Un des aspects intéressants de cet article est ce dont il ne parle pas : la position doctrinale du judaïsme vis-à-vis du christianisme, de Jésus en particulier..
A part ça, il nous donne peut-être une idée de ce qui attend la religion musulmane, en Europe au moins. Sauf que dans le cas de l’Islam, il faut moins s’attendre à l’influence de convertis qu’à celle de ministres de l’intérieur ou même d’ambassadeurs et d’officines qui leur sont liées.
On aura peut-être aussi les mêmes aberrations que le catholicisme avec ce prêtre Espagnol, Antonio Hortelano, qui admet fièrement avoir travaillé pour le Mossad. :
- J’ai même plus travaillé avec Israël qu’avec le Vatican.
- Pourquoi avec les Juifs ?
- Ca se voit sur ma figure : j’ai une ascendance juive.
- Etre un espion juif va bien avec le sacerdoce catholique ?
- Parfaitement. Jésus était juif de race et de religion. Et il n’est jamais sorti du judaïsme. On ne peut être chrétien sans être juif.
A comparer avec les thèses présentées dans l’article que je vous propose.

Les convertis qui ont changé l'Église

Les prêtres d'origine juive contribué à faire avancer les réformes de Vatican II
Par John Connelly, Forward , The Jewish Daily (USA) 30 juillet2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Il y aura cinquante ans cet automne, les évêques catholiques se réunissaient à Rome pour un Concile qui devait mettre l’Eglise « en phase avec son temps » en la faisant parler plus directement au monde moderne. Après trois années de délibération, les évêques votèrent est acceptèrent des déclarations qui permettaient aux fidèles de suivre la messe dans leurs propres langues, encourageaient la lecture profane des écritures et exhortait les Catholiques à penser les autres religions en tant que sources de vérité et de grâce. Le Concile définissait l’Eglise en tant que « peuple de Dieu » et suggérait une organisation plus démocratique des relations entre les évêques et le Pape.. Il avait aussi adopté une déclaration sur les religions non chrétiennes, connue sous le nom latin Nostra Aetate («à notre époque»). La quatrième partie de ce texte, une déclaration sur les Juifs, s’était avérée des plus controversées, manquant à plusieurs reprises d’être écartée en raison de l’opposition d’évêques conservateurs.
Nostra Aetate confirmait que le Christ, sa mère et les apôtres étaient juifs, et que l’Eglise avait son origine dans l’Ancien Testament. Elle refusait que les Juifs qient tenus collectivement responsables de la mort de Jésus Christ, et fustigeait toutes les formes de haine, dont l’antisémitisme. Citant la l'Epître de Saint Paul aux Romains, Nostra Aetate qualifiait les Juifs de «très chers» à Dieu. Ces paroles semblent relever du sens commun aujourd’hui, mais elles constituaient une révolution dans les enseignements du catholicisme.
Malgré l’opposition à l’intérieur de leurs rangs, les évêques savaient qu’ils ne pouvaient faire silence sur les Juifs. Quand le document se retrouva dans l’impasse en mai 1965, l’un d’entre eux expliqua pourquoi il fallait que les choses avancent : «Le contexte historique : 6 millions de morts Juifs. Si le Concile, qui intervenait 20 ans après ces faits, restait silencieux à leur sujet, il évoquerait alors inévitablement la réaction exprimée par Hochhuth dans ‘Le Vicaire.’ Cet évêque parlait du traitement par le dramaturge Allemand Rolf Hochhuth du silence de Pie XII devant l’holocauste. Ces évêques ne souhaitaient plus vivre dans cette Eglise là [note de Djazaïri :au sujet du prétendu silence de Pie XII, voir ci-après]. 
Le problème était qu’ils ne disposaient pas d’un langage qui leur soit propre pour briser le silence. Plus que la plupart des autres disciplines académiques, la théologie est un maquis complexe dont chaque branche est gardée par une coterie d’experts sourcilleux. Ceux qui voulaient toucher à la complexité des relations de l’Eglise avec les Juifs devaient étudier l’eschatologie, la sotériologie [doctrine du salut], la patristique, l’Ancien et le Nouveau Testament, et l’histoire de l’Eglise dans toutes ses périodes. Les évêques en furent réduits à se reposer sur un tout petit groupe d’expertss qui s’était assez intéressé à cette question pour amasser les inhabituelles qualifications intellectuelles nécessaires pour cette tâche.
Comme je l’ai découvert en faisant des recherché pour mon livre publié récemment, «De l’ennemi au frère: la révolution dans l’enseignement catholique sur les Juifs, 1933-1965,» ces experts n’avaient pas commence leur travail dans les années 1960.
A partir d’avant-postes en Suisse et en Autriche, plusieurs d’entre eux avaient essayé de formuler une argumentation catholique contre l’antisémitisme, trente ans plus tôt, à l’ombre du nazisme. Ils étaient aussi peu représentatifs du catholicisme qu’on pouvait se l’imaginer. Non seulement étaient-ils, vivant en Europe centrale,  assez courageux pour se dresser face à Hitler avec leurs idées, mais ils n’étaient en majorité pas nés catholiques. Les catholiques qui ont aidé l’Eglise à aller vers la reconnaissance de la continuité de la sainteté du peuple juif étaient des convertis, issus pour beaucoup de familles juives.
Le plus important était Johannes Oesterreicher, né en 1904 d’un père Juif vétérinaire et de son épouse Ida à Stadt-Liebau, une agglomération germanophone de Moravie du Nord [en Tchéquie]. Dans sa jeunesse,  il avait participé au scoutisme sioniste avait été élu représentant des élèves Juifs dans son lycée avant de, pour des raisons qui restent inexplicables (il dira plus tard être «tombé en amour pour le Christ»), Oesterreicher avait pris intérêt aux écritures chrétiennes (les écrits du Cardinal Newman, de Kierkegaard et les Evangiles eux-mêmes) et, sous l’influence d’un prêtre qui sera par la suite assassiné par les nazis (Max Joseph Metzger) il devint catholique puis prêtre. Au début des années 1930, il avait pris en charge l’initiative du Diocèse de Vienne pour convertir les Juifs, dans l’espoir d’amener sa famille et ses amis dans l’Eglise. Son succès fut limité. Là où il eut plus d’impact fut dans le rassemblement d’autres penseurs catholiques pour s’opposer au racisme nazi.

Osterreicher fut choqué de constater la pénétration de ce racisme dans le travail d’éminents penseurs catholiques qui enseignaient que les Juifs étaient une race décadente [damaged] et étaient donc inaptes à recevoir la grâce du baptême. Par mi ses compagnons dans sa démarche, se trouvaient d’autres convertis comme le philosophe Dietrich von Hildebrand,  le théologien Karl Thiem et le philosophe de la politique Waldemar Gurian. En 1937, Gurian, Oesterreicher et Thieme rédigèrent une déclaration catholique sur les Juifs plaidant, à l’encontre des racistes, que les Juifs étaient porteurs d’une sainteté particulière. En dépit de sa conformité à l’enseignement catholique orthodoxe, pas un seul évêque (ne parlons même pas du Vatican) ne la signa.
Oesterreicher fuit l’Autriche à l’arrivée des Nazis en 1938 et continua son travail depuis Paris, diffusant par radio des sermons en langue allemande à destination du Reich, informant les Catholiques que Hitler était un «esprit immoral» aux «antipodes de la forme humaine»  et décrivant les crimes perpétrés par les Nazis contre les Juifs et les Polonais.
Au printemps 1940, il échappa de justesse à une équipe avancée d’agents de la Gestapo et, via Marseille et Lisbonne, il se rendit à New York pour rejoindre finalement la Seton hall University où il devint le principal expert de l’église catholique américaine en matière de relations avec les Juifs.
Oesterreicher abandonna progressivement son approche “missionnaire” des Juifs et définira de plus en plus son travail comme œcuménique. Lui et les Chrétiens qui partageaient ses idées essayaient de voir comment étayer leur croyance dans la vocation ininterrompue du peuple juif dans les écritures chrétiennes. Si la bataille d’avant guerre était menée contre les thèses superficielles du racisme nazi, celle de l’après-guerre avait pour objet les convictions profondément enracinées de l’anti-judaïsme chrétien. Dans un premier temps, les convertis soutenaient que, oui, les Juifs pouvaient être baptisés. Dans un second temps, même s’ils persistaient à penser que les Juifs devaient être baptisés afin d’échapper à la malédiction pour avoir rejeté le Christ, ces penseurs commencèrent  à réfléchir à la nature de cette supposée malédiction.
Si l’histoire était une série d’épreuves envoyées pour punir le people juif de ne pas avoir accepté le Christ, alors quelle était la signification d’Auschwitz? Les Nazis étaient-ils des instruments de la volonté divine dans le but d’amener les Juifs à se tourner enfin vers le Christ ? Répondre oui à cette question était obscène, mais ce fut la seule réponse que la théologie catholique donna en 1945. Dans les années qui suivirent, les convertis durent organiser une révolution dans une Eglise qui se posait comme immuable. Ils le firent en infléchissant la doctrine de l’Eglise dans le sens de l'Epître de Paul aux Romains, chapitres 9-11 où l’Apôtre, sans parler de baptême ou de conversion, proclame que les Juifs restent «chéris de Dieu» et que «tout Israël sera sauvé.» 
Comme Oesterreicher, les penseurs qui firent le travail intellectuel qui a préparé cette révolution étaient en écrasante majorités des convertis. Juste après la guerre, Thieme s’associa à Gertrud Luckner, une survivante des camps de concentration, pour publier le Freiburger Rundbrief dans le sud-ouest de l’Allemagne où ils firent des avancées théologiques remarquables sur la voie d’une conciliation avec les Juifs. A Paris, le Révérend  Paul Démann, un Juif hongrois converti, commençait à publier la revue les Cahiers Sioniens et avec l’aide d’autres convertis, Geza Vermes et Renée Bloch, il réfuta l’anti-judaïsme du catéchisme des écoles catholiques.

En 1961, Oesterreicher fut convoqué pour travailler dans la commission de Vatican II chargée de la «question juive,» qui devint le problème le plus ardu à être soumis aux évêques.
A un moment critique, en octobre 1964, les prêtres Gregory Baum et Bruno Hussar rejoignirent Oesterreicher pour assembler ce qui devint le texte final du décret du Concile sur les Juifs qui sera voté par les évêques l’année suivante. Comme Oesterreicher, Baum et Hussar étaient des convertis d’origine juive.
Ils étaient dans la continuité d’une tendance remontant au premier Concile du Vatican en 1870, quand les frères Lémann – des juifs devenus catholiques et prêtres – avaient présenté un projet de déclaration sur les relations entre l’Eglise et les Juifs qui affirmait que les Juifs « sont toujours chers à Dieu » à cause de leurs ancêtres et parce que le Christ était issu d’eux « par la chair.» Sans les convertis au catholicisme, il semble que l’Eglise catholique n’aurait « jamais su penser » la manière de relever les défis de l’antijudaïsme raciste.
Le pourcentage élevé de Juifs convertis comme Oesterreicher parmi les Catholiques qui étaient opposes à l’antisémitisme est logique: dans les années 1930, ils furent l’objet du racisme nazi et ils ne pouvait pas éviter le racisme qui avait pénétré dans l’Eglise. Dans leur opposition, ils ne faisaient que rappeler à l’Eglise sont propre universalisme [catholique = universel, NdT]. Mais en se tournant vers les passages longtemps négligés de l'Epître de Saint Paul aux Romains, ils ouvraient aussi l’esprit de l’Eglise à une nouvelle approche du peuple juif.
Quelles furent les impulsions derrière leur engagement après la guerre ?
Dans un compte rendu critique très généreux de mon livre dans The New Republic, Peter Gordon suggère que la “volonté [des convertis] de plaider en faveur des autres dérivait d’une préoccupation pour leur Moi [self]. Ils avaient gardé un sentiment d’eux-mêmes en tant que Juifs même dans l’Eglise catholique. Gordon nous remet en mémoire le scepticisme de Sigmund Freud sur la possibilité de l’amour de l’autre. L’amour vrai, pensait Freud, «était toujours mêlé de narcissisme : ce n’est pas l’autre que j’aime, mais moi-même, ou du moins c’est seulement cette qualité chez l’autre qui me ressemble ou ressemble à la personne que je fus un jour.»
Nous voyons cependant chez Oesterreicher une solidarité indéfectible  avec la communauté qui fut la sienne, avec sa famille en premier lieu. En 1946, il avait médité sur le sort de son père qui était mort de pneumonie à Theresienstadt (sa mère sera assassinée ensuite à Auschwitz). Oesterreicher n’avait pas peru l’espérance pour son père. Nathan Oesterreicher avait été un homme bon qui “avait droit à la béatitude des hommes de paix.”
Si Oesterreicher fils avait été un vrai narcissique, il aurait pu se satisfaire de la conviction qu’il avait été sauvé par le baptême. Finalement, l’immense affection et la nostalgie de son père juif commencèrent à ouvrir l’esprit d’Oesterreicher à la possibilité que les Juifs puissent être connaître le salut en tant que Juifs.
Le cadeau le plus durable des convertis qui participèrent à la réécriture des enseignements catholiques sur les Juifs a été d’étendre jusqu’à nous leur sens de la solidarité familiale, aux Juifs et aux Chrétiens. En 1964, Oesterreicher rédigea personnellement cette partie de Nostra Aetate selon laquelle l’Eglise ne parle plus de sa mission à l’égard des Juifs, mais regarde vers le jour qui verra «tous les peuples s’adresser au Seigneur d’une seule voix ‘pour qu'ils invoquent tous le nom de l'Éternel pour le servir d'un seul coeur’.»  (la dernière partie de la phrase est tirée de Sophonie 3 :9). Avec cette nouvelle doctrine, l’Eglise a cessé de vouloir transformer l’autre en une partie d’elle-même, et depuis cette mise au point, les Catholiques qui participent au dialogue judéo-chrétien tendent à ne plus être des convertis. Ils vivent la nouvelle compréhension des juifs et des Chrétiens en tant que frères. Les convertis ont franchi une frontière vers l'autre tout en restant en un sens très profondément eux-mêmes. mais en reconnaissant la légitimité, en fait la bénédiction, de nos différences, ils ont contribué à faire tomber un mur qui sépare Juifs et Chrétiens
John Connelly est professeur d’histoire à Berkeley, Université de Californie, et il est l’auteur de “From Enemy to Brother: the Revolution in Catholic Teaching on the Jews, 1933-1965,” (Harvard University Press,2012).