samedi 30 avril 2011

Il est où le viagra des soldats Libyens?

Comme vous avez sans doute pu le constater par vous-même, la pseudo information sur la distribution de Viagra aux soldats Libyens pour qu’ils se livrent à des viols systématiques, notamment d’enfants, est très largement reprise. Inscrite dans une démarche de diabolisation typique des propagandistes de l’axe du bien, elle a le mérite de s’insérer dans des schémas, des représentations bien ancrés sur la sexualité des peuples dits primitifs.
C’est sans doute aussi pourquoi cette accusation a non seulement été abondamment relayée mais qu’elle sera sans doute appelée à rester en mémoire, comme bon nombre de prétendues informations qui viennent rencontrer des schémas de pensée plus ou moins conscients.
Ne nous dit-on pas par exemple dans l’article que je vous propose que « le viol a été une arme de choix dans de nombreux autres conflits en Afrique »
Comme si le viol n’avait pas été une « arme de choix » dans des conflits extérieurs à l’Afrique qui en aurait le monopole. Sans oublier les viols plus ou moins systématiques commis lors des guerres coloniales ou sur la personnes des femmes esclaves, aux Antilles notamment.

MSNBC (USA) 29 avril 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’ambassadrice à l’ONU, Susan Rice, avait affirmé que ce médicament était utilisé pour commettre des viols systématiques.
Nations Unies – Il n’y a aucune preuve que les forces armées libyennes reçoivent du viagra et s’adonnent au viol systématique de femmes en zones rebelles, ont déclaré vendredi à NBC News des officiels de l’armée et des renseignements US.
Des diplomates avaient déclaré jeudi que l’ambassadrice US Susan Rice avait dit pendant une réunion à huis clos d’officiels de l’ONU que l’armée libyenne utilisait le viol comme une arme dans la guerre contre les rebelles et que certains soldats ont reçu le médicament contre l’impuissance. Elle n’aurait donné aucune preuve de ces assertions.

Si le viol a été une arme de choix dans de nombreux autres conflits en Afrique, les officiels US ont dit n’avoir eu aucune information de ce genre en provenance de Libye..
Plusieurs diplomates de l’ONU qui ont assisté à cette réunion à huis clos du Conseil de sécurité sur la Libye ont déclaré à Reuters que Rice avait soulevé la question du Viagra. Cette allégation avait été évoquée pour la première fois par un journal britannique.

Le Viagra est un médicament de Pfizer Inc qui sert à traiter l’impuissance.
Les diplomates ont dit que s’il se confirmait que les soldats de Mouammar Kadhafi recevaient du Viagra, ce pourrait être l’indication qu’ils ont été encouragés par leur hiérarchie à se livrer au viol pour terroriser les gens dans des zones qui ont soutenu les rebelles. Ce qui pourrait constituer un crime de guerre.

Mais plusieurs diplomates ont dit que Rice n’avait  donné aucune preuve de l’allégation sur le Viagra qui, selon eux, a été faite dans le but de persuader ceux qui doutent que le conflit en Libye ne soit pas qu’une guerre civile ordinaire mais un combat bien plus cruel dans lequel Kadhafi ne craint pas d’ordonner à ses troupes de commettre des actes odieux.

"Elle a parlé d’informations sur des soldats qui reçoivent du Viagra et qui violent,” a dit un diplomate. « Elle parlait de soldats de Kadhafi qui ciblaient des enfants, et d’autres atrocités. »
Et vendredi, des officiels de l’armée et du renseignement, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont affirmé qu’il n’y avait aucune preuve que ces allégations soient vraies.

Un dessin bien inspiré du caricaturiste Syrien Ali Ferzat

Via The Palestinian Pundit, un dessin bien inspiré du caricaturiste Syrien Ali FERZAT:

La légende est brève: le dictateur assis sur la bouche du canon ordonne: "feu". Sans se rendre compte, alors qu'il est évident, qu'en ordonnant de tirer sur la population, il signe sa propre fin.
Une leçon simple qu'aucun autcrate ou tenant de l'usage de la force n'a cependant jamais comprise.

Dans une interview de 2006, Sabah Hawasli demandait à Ferzat ce qu'il avait à dire à son public américain. Ferzat avait répondu:.



"Mon cher public américain, je t'offre toute mon affection et tout ce que j'ai créé à ma façon. Je fais de mon mieux pour obtenir un visa d'entrée aux Etats Unis afin de pouvoir m'y rendre pour signer mon livre (Pen of Damascus Steel) qui a été publié par Cune Press. Mais il y a quelque chose qui me bloque. C'est une employée de l'ambassade américaine à Damas (j'ignore si elle est consul ou pas). Elle me demande d'apporter des preuves que je suis un artiste, comme je le prétends, avant de m'octroyer le visa qui me permettra de vous rencontrer et  de vous témoigner mon amour."

La phase 2 du "Printemps arabe"

C’est le deuxième texte de Tariq Ali que je vous propose. C’est un plaisir d’autant que son analyse a l’intérêt de bien resituer les événements actuels en Libye et en Syrie dans leur contexte géopolitique.

Si, en effet, un certain nombre d’observateurs en Occident ont feint d’éprouver une passion pour les révolutions arabes, cette passion ne s’est vraiment exprimée qu’une fois que ces révolutions ont pu être canalisées de façon à écarter, au moins provisoirement, la crainte que leur ont d’abord inspiré ces mouvements populaires.

Nous sommes, nous dit Tariq Ali, dans la phase 2 du « printemps arabe » : tentative d’endiguement en Tunisie et en Egypte, écrasement à Bahrein et peut-être au Yémen si le deal proposé par l’axe du bien (américano-saoudien) n’aboutit pas

Syrie et Libye connaissent des sorts un peu particuliers. En Libye, l’intervention enrobée dans des prétextes altruistes, .a comme visée de faire passer directement les ressources pétrolières et financières de ce pays sous contrôle occidental .Même si ces pays occidentaux, pour l’heure alliés dans la destruction de la Libye, s’avéreront rapidement concurrents pour le partage des dépouilles qui consistent en gisements de gaz et de pétrole. L’ardeur au combat des uns et des autres dépendant d’ailleurs du retour sur investissement que chacun escompte.

En Syrie, une intervention militaire étrangère est exclue. Tout d’abord parce que, même si elle est tout à fait « prenable », l’armée syrienne est tout de même un plus gros morceau que l’armée libyenne. Ensuite, parce que le contexte géopolitique ne s’y prête pas : le Turquie s’y opposerait sans doute activement et la voyoucratie sioniste ne pourrait sans doute pas être maintenue à l’écart de ce qui ressemblerait  à un véritable séisme.

Car l’acteur sioniste doit forcément être inclus dans l’équation syrienne. Et, comme on l’a déjà dit ici, le régime sioniste se satisfait parfaitement du régime syrien dont l’activisme antisioniste ne va pas au-delà des rodomontades de principe et qui, sinon, est un adversaire prévisible. Prévisible et faible, ainsi que l’ont montré des raids de l’aviation sioniste effectués impunément en profondeur dans le territoire syrien, voire même au-dessus de Damas.

Maintenant, les Américains et les Occidentaux en général doivent se préparer à l’éventualité d’une disparition du régime baathiste en Syrie et c’est dans le cadre de cette préparation que s’inscrivent les toutes récentes annonces de sanctions par le gouvernement des Etats Unis. Ces annonces ne sont d’ailleurs qu’un infléchissement purement médiatique, le régime syrien faisant depuis des années l’objet de sanctions de la part des Etats Unis pour des raisons qui n’ont à voir qu’avec la sécurité de l’Etat sioniste, et rien d’autre.

Qui va remodeler le monde arabe: le peuple ou les Etats Unis?

La phase 1 du printemps arabe est terminée. La phase 2 – la tentative d’écraser ou de contenir d’authentiques mouvements populaires – a commencé.
Par Tariq Ali, The Guardian (UK) 29 avril 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

La mosaïque qui caractérise le paysage politique du monde arabe – des monarchies clientélistes, des dictatures nationalistes dégénérées et des stations service impériales qu’on appelle Etats du Golfe – a été le produit d’une intense expérience du colonialisme anglais et français. Cette période a été suivie, après la seconde guerre mondiale, par un processus complexe de transition impériale vers les Etats Unis. Le résultat en a été un nationalisme arabe radicalement anticolonialiste et l’expansionnisme sioniste dans le contexte plus large de la guerre froide.

Avec la fin de la guerre froide, Washington a pris en charge la région, d’abord par le truchement de potentats locaux puis au moyen de bases militaires et par l’occupation directe. La démocratie n’avait jamais été au programme, ce qui permettait aux Israéliens de se vanter d’être le seul rayon de lumière au cœur des ténèbres arabes. Comment tout cela a-t-il été affecté par l’intifada arabe qui a commence il y a quelques mois ?

En janvier, les rues arabes ont résonné de slogans qui ont réuni les masses toutes classes et conditions confondues : « Al-Sha'b yurid isquat al-nizam ! » - « Le peuple veut la chute du régime ! » Les images qui déferlaient de Tunis au Caire, de Sanaa à Bahreïn, sont celles de peuples arabes à nouveau debout. Le 14 janvier, alors que des foules de manifestants convergeaient vers le ministère de l’intérieur, le président Tunisien Ben Ali et sa famille s’enfuyaient en Arabie Saoudite. Le 11 février, le soulèvement national égyptien renversait la dictature d’Hosni Moubarak tandis que des rébellions de masse éclataient en Libye et au Yémen.

En Irak sous occupation, des manifestants ont protesté contre le régime de Maliki et, tout récemment, contre la présence se soldats et de bases des Etats Unis. La Jordanie a été secouée par des grèves d’ampleur nationale et une rébellion tribale. Les manifestations à Bahreïn ont évolué en appels au renversement de la monarchie, ce qui a effrayé les kleptocrates Saoudiens voisins et leurs parrains Occidentaux qui ne peuvent concevoir une Arabie Saoudite sans sultans. Au moment même où j’écris, en Syrie,  l’appareil baathiste brutal et corrompu assiégé par son propre peuple lutte pour sa survie.

La détermination de ces soulèvements était double, économique – chômage de masse, hausse des prix, pénurie de produits de première nécessité – et politique : clientélisme, corruption, répression, torture. L’Egypte et l’Arabie Saoudite étaient les deux piliers essentiels de la stratégie des Etats Unis dans la région, ainsi que l’avait récemment confirmé le vice-président US Jo Biden, qui avait déclaré être plus préoccupé par l’Egypte que par la Libye. Le souci ici est Israël ; la crainte qu’un gouvernement démocratique incontrôlable [par les USA] puisse remettre en cause le traité de paix. Et Washington a, pour le moment, réussi à réorienter le processus politique vers un changement soigneusement orchestré, conduit par le ministre et le chef d’état-major de Moubarak, ce dernier étant particulièrement proche des Américains.

L’essentiel du personnel du régime est resté en place. Ses messages essentiels portent sur le besoin de stabilité et le retour au travail, de mettre un terme à la vague de grèves. De fiévreuses négociations se poursuivent en coulisses entre Washington et les Frères Musulmans. L’ancienne constitution légèrement amendée reste en vigueur et le modèle sud-américain de vastes mouvements sociaux qui produisent de nouvelles organisations politiques qui triomphent dans les élections est loin d’être reproduit dans le monde arabe, ne posant ainsi aucun défi sérieux, pour le moment, au statu quo économique.

Le mouvement de masse reste mobilisé en Tunisie et en Egypte, mais ne dispose pas d'instruments politiques qui reflètent la volonté générale. La première phase est terminée. La seconde, celle du reflux de ces mouvements, a commencé.

Les bombardements de la Libye par l’OTAN étaient une tentative de reprendre l’initiative « démocratique » après la déposition de ses dictateurs alliés en d’autres lieux. Ils ont fait empirer la situation. Le soi-disant empêchement d’un massacre a causé la mort de centaines de soldats, dont beaucoup ne combattaient que sous la contrainte, et a permis à l’horrible Mouammar Kadhafi de se faire passer pour un anti-impérialiste.

On doit dire ici que, quelle que soit l’issue finale, le peuple libyen a perdu. Soit le pays sera partitionné entre  un Etat dirigé par Kadhafi et un sordide protectorat pro-occidental dirigé par des hommes d’affaires triés sur le volet, soit l’Occident éliminera Kadhafi et contrôlera l’ensemble de la Libye et ses énormes réserves de pétrole. Cet étalage d’amour pour lé démocratie ne s’étend pas aux autres pays de la région.

A Bahrein, les Etats Unis ont donné leur feu vert à une intervention saoudienne pour écraser les démocrates de ce pays, au renforcement du sectarisme religieux, à la tenue de procès secrets et à la condamnation à mort de manifestants. Bahrein est aujourd’hui un camp de prisonniers, un mélange toxique de Guantanamo et d’Arabie Saoudite.

En Syrie, l’appareil sécuritaire dirigé par la famille Assad tue à volonté, mais sans être en capacité d’écraser le mouvement démocratique. L’opposition n’est pas sous le contrôle des islamistes : c’est une vaste coalition qui comprend toutes les couches sociales en dehors de la classe capitaliste qui reste fidèle au régime.

A la différence des autres pays arabes, de nombreux intellectuels Syriens sont restés dans leur pays, subissant prison et torture, et des socialistes laïques [secular] comme Riad Turk et de nombreux autres font partie de la direction clandestine à Damas et à Alep. Personne ne veut d’une intervention occidentale. Ils ne veulent pas une réédition de l’Irak ou de la Libye. Les Israéliens et les Etats Unis préfèreraient le maintien d’Assad, comme ils le souhaitaient pour Moubarak, mais les jeux ne sont pas encore faits.

Au Yémen, le despote a tué des centaines de personnes, mais l’armée est maintenant divisée et les Américains et les Saoudiens tentent désespérément d’assembler une nouvelle coalition (comme en Egypte) – mais le mouvement populaire résiste à tout accord avec l’équipe au pouvoir.

Les Etats Unis sont confrontés à une évolution de l’environnement politique dans le monde arabe. Il est trop tôt pour prédire ce qui en résultera finalement, sauf à dire que les choses ne sont pas encore terminées.

vendredi 29 avril 2011

La guerre en Libye et les fantasmes sexuels de Susan Rice


La propagande américaine nous a habitués à ses débordements imaginatifs. Après tout, n’avions nous pas eu droit à un certain Colin Powell exhibant devant l’assemblée générale de l’ONU un flacon d’urine (la sienne où celle d’un de ses enfants) à l’appui de sa thèse selon laquelle le régime irakien travaillait à des programmes d’armes chimiques et bactériologiques.
Mais me direz-vous, comment une telle manipulation a-t-elle  pu être effectuée sans que les commentateurs s’empressent de ridiculiser le procédé et son auteur ?

C’est tout simplement que le président irakien de l’époque, M. Saddam Hussein, ayant été en long et en large été décrit comme une espèce de fou sanguinaire, un émule d’Adolf Hitler lui aussi (tiens, tiens), et que l’opinion avait été dressée à être disposée à accepter n’importe quel trucage ou invention, pour peu qu’il soit cohérent avec l’image du mal absolu incarné par le dictateur irakien.

Pourquoi changer un procédé qui a si bien fonctionné avec Saddam Hussein et ne pas l’utiliser contre l’autre « fou », celui de Tripoli, Mouammar Kadhafi ?
C’est le raisonnement (fou) qu’a sans doute tenu Mme Susan Rice, ambassadrice des Etats Unis à l’ONU qui vient d’affirmer
que les forces de Kadhafi « étaient approvisionnées en Viagra pour que les soldats puissent commettre des viols »
Mme Rice n’a cependant pas cité de sources mais a expliqué

qu'elle avait fait ce commentaire lors d'un débat avec un autre ambassadeur pour illustrer le fait que "la coalition est confrontée à un adversaire qui commet des actes répréhensibles".

Elle nous dit en somme qu’elle a inventé mais qu’il n’y a en quelque sorte pas de mal à ça vu la nature de l’adversaire. Du Colin Powell au féminin de la part d’une dame qui est apparemment portée sur le sexe et a donc laissé son imagination dériver de ce côté-là.

Les premières allégations d’utilisation de viagra dans le cadre de la perpétration systématique de viols sur des enfants étaient apparues dans des journaux britanniques et étayées par les propose d’un médecin passé côté rebelle  qui avait déclaré le mois dernier
Que les troupes de Kadhafi avaient reçu du Viagra et des préservatifs dans le cadre d’une campagne de violence sexuelle
Des préservatifs ? Nous voilà rassurés !

jeudi 28 avril 2011

Bientôt des troupes britanniques à la frontière tuniso-libyenne?

La crise libyenne a de multiples conséquences dont certaines peuvent échapper à l'observateur non directement concerné. Comme par exemple ses répercussions sur l'Afrique sahélienne qui connaît un afflux de réfugiés et subira sans doute des conséquences économiques désastreuses de l'actuel conflit en Libye. Que le régime de M. Kadhafi tombe ou pas.
Peut-être M. Bernard-Botul-Henri Lévy accueillera-t-il ces réfugiés dans son riad marocain? Et, de la même façon, fera-t-il don de ses droits d'auteur aux économies africaines affaiblies par ce conflit qu'il a appelé de ses voeux?
Ce conflit, s'il devait perdurer, risque d'avoir des conséquences incalculables pour la région, et bien sûr pour l'Algérie qui n'avait pas besoin d'une intervention militaire étrangère à ses portes.
Intervention que le pouvoir en place à Alger n'a que trop mollement essayé d'empêcher, ce dont il risque d'avoir à se mordre les doigts.
Il tente maintenant de sauver les meubles ainsi qu'en témoignent ces deux rencontres simultanées des ministres malien et algérien des affaires étrangères d'une part, et des chefs d'état major des armées malienne et algérienne d'autre part.
La sécurité a par ailleurs été sensiblement renforcée depuis début avril le long de la frontière algéro-libyenne  où, nous dit la presse algérienne, c'est l'alerte maximale.

A ce risque, s'en ajoutera peut-être bientôt un autre, celui que des secteurs frontaliers entrent dans la zone de conflit.
Les choses semblent commencer à évoluer en ce sens à la frontière tuniso-libyenne. En effet, il y a quelques jours, le poste frontalier de Dehiba-Wazin était passé sous contrôle des rebelles avant d'être repris aujourd'hui par les forces gouvernementales libyennes (je viens d'entendre sur France-Info que les rebelles auraient repris ce poste frontière).
Au-delà des péripéties entre rebelles et armée libyenne, ce qui me parait important est ce qui suit:
"Des combats se sont déroulés en territoire tunisien; à Dehiba, après l'attaque du poste frontière par les forces de Kadhafi," explique Ali, un Tunisien qui participe à l'assistance aux [réfugiés] Libyens à Dehiba. "Les rebelles se sont repliés et sont maintenant à l'intérieur de la Tunisie."
Ces rebelles qui sont à la frontière et même sur le territoire tunisien ne vont sans doute pas tarder à solliciter l'intervention de l'aviation de l'OTAN. Et ils auraient tort de se gêner puisque, comme souvent, leurs désirs ont été anticipés par le Grande Bretagne dont le ministre de la défense, Liam Fox, vient de suggérer l'éventualité de la présence de soldats Britanniques à la frontière entre la Libye et la Tunisie. Pour protéger les réfugiés, ça va de soi.
On ne comprend d'ailleurs pas très bien de quel côté de la frontière seraient stationnés ces soldats. 
Oui, parce que les réfugiés Libyens sont précisément réfugiés en... Tunisie où ils sont à l'abri d'éventuelles actions du gouvernement libyen (mais pas des rebelles qui n'hésitent pas à se positionner en territoire tunisien). 
Nous sommes donc devant une volonté britannique de contrôler la frontière entre deux pays arabes et africains indépendants qui ont tous deux une frontière commune avec l'Algérie.
 
On aurait aimé entendre une réaction digne de ce nom des autorités d'Alger ou même de Tunis car la Tunisie aussi est concernée par les risques qu'entraîne le nouvel accès de fièvre colonialiste des occidentaux.

Encore des rebelles Libyens tués par "erreur" par l'OTAN


Une information que je n’ai pas trouvée dans la presse française. Peut-être parce que l’avion qui a tué les douze rebelles Libyens était un appareil de l’armée de l’air française ? Plus efficace en tout cas que l’armée libyenne qui n’en a tué que sept.

De The Associated Press –28 avril 2011

MISRATA, Libye — Une frappe de l'OTAN mercredi a causé la mort de 12 rebelles à Misrata, a déclaré jeudi un médecin libyen.
La frappe aérienne contre le port Misrata, principal champ de bataille entre les forces de Tripoli et l'insurrection, serait une erreur selon le Dr. Hassan Malitan, qui a assuré qu'elle avait été réalisée par un appareil de l'Alliance atlantique. Elle a eu lieu après que lui-même et un autre médecin se sont rendus sur un site, où les rebelles étaient terrés, environ à cinq km, à l'est du port.
"Nous avons avancé sur environ 200m et nous avons entendu une forte explosion", a témoigné le Dr Malitan.
Le port de Misrata a subi de violents bombardements mardi par les forces gouvernementales. AP

Mais à sa décharge, on peut dire que la presse française ne fait qu’accomplir un voeu formulé par les dirigeants rebelles en leur for intérieur. On peut en effet lire dans le New York Times :
Les rebelles ont d’abord été réticents à admettre que ces morts s’étaient produites, affirmant qu’ils ne voulaient pas décourager de nouvelles frappes contre les forces de Mouammar Kadhafi qui bombardent Misurata avec de  l’artillerie et des roquettes. Le rythme des frappes de l’OTAN a sensiblement augmenté ces derniers jour, après que les dirigeants rebelles se soient plaints d’un manque de soutien après la cession fin mars par les Etats Unis du contrôle de la campagne aérienne à l’OTAN.
Comme lors d’une frappe précédente qui avait tué des rebelles, ces derniers « avaient informé l’OTAN de leur présence » sur les lieux.

mardi 26 avril 2011

Vers la guerre civile en Syrie?


Le 17 avril, j’écrivais à propos des troubles en Syrie que L’accroissement de la répression semble donc être la seule issue pour le régime.
Les événements ont confirmé cette analyse. Si Bachar Assad a sans doute été sincère dans sa volonté de proposer des réformes, il faut bien dire que pour beaucoup de gens en Syrie, notamment pour ceux qui manifestent, c’était trop peu et trop tard. Alors que c’était par contre certainement trop et trop tôt pour certaines factions à l’intérieur du régime.
Comme l’écrit Joshua Landis dans le texte que je vous propose, le régime syrien fait désormais face à une véritable agitation révolutionnaire, quel que soit le sens qu’on attribue à  ce mot. Car ici, révolutionnaire veut surtout dire que les contestataires demandent non seulement des réformes, mais que la première réforme qu’ils exigent, c’est le départ du président Assad mais aussi la fin du régime baathiste.
Les dirigeants Syriens ont fort bien compris que c’est maintenant une lutte à mort qui est engagée et c’est pourquoi la répression s’est durcie et fait désormais appel aux grands moyens, l’armée se déployant en certains endroits comme dans un pays occupé.
Bien malin qui saurait dire comment vont évoluer les choses en Syrie. Et d’abord, si Landis parle d’une opposition, j’ai personnellement quelque peine à penser qu’il s’agisse d’une opposition unie, d’accord non seulement sur les moyens mais sur les objectifs. D’ailleurs Landis, que la situation semble finalement rendre très hésitant, considère bien que la stratégie répressive gouvernementale vise, entre autres, à empêcher toute structuration efficace de l’opposition.
Landis pense que l’opposition au régime va rapidement basculer dans la lutte armée, et il en trouve des indices dans certains incidents qui ont effectivement vu les forces armées visées par des hommes armés. Où encore dans le fait que des manifestants s’arment de bric et de broc (avec des bâtons ou des outils) traduisant ainsi leur volonté de riposter à la violence policière.
Des armes semblent donc commencer à circuler en Syrie, en provenance d’Irak et peut-être du Liban. Les « révolutionnaires » Syriens pourront compter sur le soutien [des pays] du Golfe. Comme les révolutionnaires Libyens en quelque sorte.
Parce que si la plupart des manifestants ou contestataires du régime sont animés de nobles idéaux, il n’en va pas de même de tous ceux qui vont se saisir de leurs aspirations pour faire avancer leurs propres desseins, que ce soient des anciens membres du régime ou des clients des monarchies du Golfe.
Après la lutte finale, la lutte féodale, l’Internationale Wahhabite venant succéder à l’Internationale Communiste.
Peut-être la promesse d’une guerre civile longue et sanglante en Syrie ?

Par Joshua Landis, Syria Comment (USA) 26 avril 2011

Bachar al-Assad est déterminé à mater la révolte syrienne, c’est pourquoi il a fait appel à l’armée et à ses blindés et procède maintenant à l’arrestation des réseaux de militants et de leaders de l’opposition que ses services de renseignements ont pu localiser.

Il y a un aspect “choc et effroi” dans cette opération. Les tanks ne sont à l’évidence pas utiles pour réprimer une rébellion urbaine, mais ils montrent la puissance de feu supérieure de l’Etat et la détermination du président. C’est une stratégie militaire classique – vite et fort. Dominer l’opposition  avant qu’elle ait la possibilité de se renforcer et de se structurer durablement en termes de commandement. C’est précisément ce que l’armée US avait essayé de faire en Irak. C’est ce qu’elle n’a pas fait en Libye, quand elle a permis aux forces de Kadhafi de se regrouper et de reprendre le contrôle de Tripoli et de l’ouest libyen après son état initial de faiblesse et de confusion.

Je ne pense pas que le régime parviendra à réduire l’opposition au silence. A la différence de l’opposition iranienne, qui a pu être muselée, l’opposition syrienne est plus révolutionnaire même si, peut-être, pas aussi nombreuse dans la capitale. Le mouvement Vert [en Iran] n’appelait pas à renverser le régime et à mettre fin à la république islamique, mais demandait seulement des réformes. L’opposition syrienne est révolutionnaire. Même s elle a commencé par appeler à des réformes, elle en est vite venue à exiger la fin du régime. Elle est convaincue qu’il est impossible de réformer le régime baathiste et que la Syrie doit partir sur de nouvelles bases. Elle veut la fin du régime baathiste, la fin de la dynastie Assad, la fin de la domination de la présidence et des forces de sécurité par la communauté religieuse alaouite, et la fin de la domination de l’économie par l’élite financière qui a recouru au népotisme, aux échanges entre initiés et à la corruption pour monopoliser  des pans entiers du commerce et de l’industrie. En bref, l’opposition abhorre la plupart des aspects du régime actuel et s’attelle à le déraciner. Elle est plus déterminée et révolutionnaire que ne l’était le mouvement Vert en Iran qu’Ahmadinedjad et Khamenei ont réussi à réprimer.

Il n’y a aucune raison pour qu’elle ne le fasse pas. Certains des dirigeants de l’opposition prônent des moyens pacifiques, mais cette approche ne fait pas l’unanimité. Nous avons déjà constaté le recours à la violence armée par l’opposition. A Banias, 9 soldats avaient été tués par des opposants armés alors que leur véhicule roulait sur l’autoroute principale en direction de la ville. A Jable, des manifestants s’étaient armés de bâtons, de pelles et d’autres armes [des armes de fortune, des outils… NdT]. Quoiqu’inutiles devant des armes à feu, ces armes montraient l’état d’esprit de la foule et sa volonté d’opposer sa propre violence à la violence d’Etat. Les autorités syriennes ont insisté dès le début pour dire que des éléments d’opposition avaient tiré sur des policiers et des soldats. Même si très peu d’informations de ce genre sont avérées, elles sous-entendent que l’opposition est prête à recourir à la force.
Face à la supériorité militaire de l’Etat et à sa volonté de recourir à la force, l’opposition sera elle-même contrainte de recourir à l’action armée. La direction de l’opposition a déjà pu introduire clandestinement des lots de téléphones satellitaires et de matériel électronique pour renforcer les militants à l’intérieur du pays. Faire passer des armes ne sera pas difficile. Le gouvernement syrien a déjà annoncé avoir intercepté plusieurs camions chargés d’armes en provenance d’Irak. Le Liban et l’Irak regorgent d’armes et les itinéraires de contrebande entre ces pays et la Syrie sont très fréquentés. Les pays du Golfe apporteront argent et soutien.

Des organisations militantes en Irak et ailleurs soutiennent depuis longtemps que la Syrie est un poste de pilotage du Moyen Orient et une cible adéquate pour la déstabilisation, etc.

Quelques questions d’un journaliste et mes réponses:


Journaliste: “Pensez-vous que les manifestants vont submerger la capitale ? Pensez-vous qu’ils doivent le  faire pour renverser Bachar ?  Les classes possédantes ont trop à perdre avec une instabilité prolongée, et l’opposition ne peut leur offrir aucun scénario convaincant pour une transition pacifique vers la démocratie ou un changement de régime. Elles craignent l’instabilité par-dessus tout, encore plus que la répression du régime.

Landis : L’opposition doit d’abord réussir à faire sortir dans la rue les classes moyennes et les classes moyennes supérieures.
Si l’armée et les classes moyennes restent fidèles au gouvernement, la bataille sera difficile pour l’opposition.

Une longue spirale descendante
Mais l’opposition n’a pas à faire descendre Alep et Damas dans les rues pour faire tomber le régime. S’ils peuvent faire  suffisamment pour paralyser l’économie syrienne – comme c’est le cas actuellement – le gouvernement tombera de lui-même. Si les entreprises s’arrêtent, si le tourisme s’effondre et si l’investissement étranger s’interrompt, les entreprises privées et les petits commerces feront faillite et les sources de revenus du gouvernement se tariront. A la fin, le régime ne pourra plus payer les salaires des fonctionnaires, et les services publics cesseront de fonctionner. A ce moment là, les classes moyennes abandonneront le régime. Ce sera une lente spirale descendante.

Journaliste: Compte tenu de la relative désorganisation de l’opposition  - et l’éventualité qu’elle prenne les armes – une vacance du pouvoir en cas de départ d’Assad ne risque-t-elle pas d’être très meurtrière ?
Landis : Oui

Le "djihadiste" Algérien au service de sa Majesté la Reine d'Angleterre

Adil Hadi al Jazairi Bin Hamlili est un ressortissant algérien comme son nom semble l'indiquer. C'est aussi un agent d'al Qaïda arrêté en 2003 au Pakistan avant d'être expédié, comme il se doit, à Guantanamo.
Amis occidentaux, n'ayez pas peur de moi, je bosse pour vous!

Cet homme est soupçonné d'avoir commis plusieurs attentats au Pakistan dont un contre un hôtel cinq étoiles et deux contre des lieux de culte.
Le site belge d'informations qui est le seul à la répercuter en français à ma connaissance ne nous dit cependant pas que ces lieux de culte étaient des églises.
Un hôtel, deux églises. C'est vraiment ce qu'on peut appeler des cibles stratégiques pour ces tocards du prétendu "djihad mondial."
Surtout quand il semble s'avérer que le djihadiste en question bossait pour les services secrets britanniques, le MI6 et les services de renseignements canadiens, le CSIS.
Parce qu'il ne faut pas aller plus loin pour savoir à qui on a affaire quand on se trouve devant ces pseudo djihadistes qui ne font en réalité qu'exécuter les basses oeuvres  des officines anglo-saxonnes.

"Où enterrer son enfant mort-né" ou "Plus jamais ça! qu'y disaient"


Pagina 12 est un quotidien argentin réputé de gauche. Compte tenu de la composition de sa rédaction, sans être un organe communautariste tant s’en faut, il s’intéresse beaucoup à la vie de la communauté juive en Argentine, que ce soit dans des aspects qui intéressent à priori l’ensemble des Argentins (par exemple les incidents antisémites) ou dans des aspects plus internes à la dite communauté.

C’est le cas avec cet article qui porte sur le refus par la principale association israélite de Buenos Aires (l’AMIA) d’autoriser l’inhumation d’un enfant mort-né dans un cimetière juif parce que la grand-mère maternelle de cet enfant n’était pas juive de naissance mais par conversion.
Peu importe si la mère et le père de cet enfant mort-né sont eux des juifs pratiquants et même impliqués dans la vie communautaire et religieuse juive en Argentine.

Des faits qui entrent en résonance  non seulement avec d’autres faits similaires ou d’une nature voisine constatés sous d’autres cieux, mais aussi avec des temps et une idéologie qu’on croyait révolus au nom du « plus jamais ça ! ».
Or, les idées de sang impur et d’utérus ou de ventre non juif (en fait d’ovule) qui apparaissent dans cet article nous informent tout simplement que le « plus jamais ça ! » est vide de sens, sauf à préciser que le « ça » ne concerne qu’une forme de racisme et pas les autres.
Ce qui est parfaitement étonnant, faut-il dire, c'est que ces thèses puissent s'étaler ouvertement sans qu'elles soient largement dénoncées et leurs tenants stigmatisés..

Je me suis personnellement amusé de la naïveté de l’auteur de l’article qui semble penser que l’évocation de l’incident du bébé va avoir une influence quelconque sur la façon dont va être dirigée l’AMIA et en particulier sur l’éventualité que les juifs orthodoxes  soient évincés de la direction. Il en est même réduit à fonder quelque espoir sur le rabbin Bergman !
L’ambassade sioniste et les organisations sionistes en Argentine ne permettront pas, c’est évident, une prise de contrôle de l’AMIA par des éléments qui pourraient à terme s’avérer être des sionistes trop tièdes. Le judaïsme orthodoxe avec sa doctrine de l’élection et ce qui en découle ainsi qu’on peut le lire dans cet article, est en effet le terreau idéologique le plus favorable au sionisme.

En pleines négociations pour définir qui dirigera l’AMIA (association mutuelle israélite argentine), ses responsables actuels ont empêché l’enterrement d’un bébé dans les cimetières de la communauté parce que sa grand-mère maternelle n’est pas juive de naissance
par Raúl Kollmann, Pagina 12 (Argentine) 26 avril 2011 traduit de l’espagnol par Djazaïri

Les responsables de l’AMIA, qui sont alignées sur la ligne orthodoxe de la communauté juive, n’ont pas permis l’enterrement  dans un cimetière juif qu’un bébé décédé avant la naissance, au huitième mois de gestation, fils de la chanteuse liturgique de la synagogue de Lamroth Hakol et de son mari. La raison invoquée est que la grand-mère maternelle était une convertie au judaïsme, ou qu’il n’était pas issu d’un utérus juif. 

Cette affaire a suscité l’indignation des parents de l’enfant, Yanina et Pablo, qui ont dû se rabattre sur un enterrement dans un cimetière privé. Une forte controverse agite depuis la communauté juive parce qu’on en revient à discriminer entre ce qu’un jour l’actuel président de l’AMIA, Guillermo Borger, avait appelé les « vrais juifs et les autres. » En outre, ce débat intervient dans les semaines qui précèdent l’élection du nouveau chef de l’AMIA, par des commissions dans lesquelles le Bloc Uni Religieux (BUR) forme la minorité la plus importante, mais ou deux listes dont la vision est plus ouverte pourraient, en cas d’alliance dans l’assemblée des représentants, imposer une ligne de conduite différente de la ligne orthodoxe actuelle.

L'actuel dirigeant de l'AMIA avait déjà fait la distinction entre les "vrais juifs" et les autres

Le drame du bébé qui n’a pu être enterré dans un cimetière juif s’est produit il y a deux semaines. Pagina 12 a vérifié cette histoire auprès de personnes proches du couple qui nous ont relaté des détails ahurissants. Yanina travaille depuis huit ans à Lamroth, elle enseigne la Torah et chante pendant les cérémonies religieuses. Elle a été dans une école maternelle juive dès l’âge de deux ans, elle a suivi l’enseignement primaire à l’école Ramat Shalom et l’enseignement secondaire à Amos, où on travaille en hébreu. A l’adolescence, elle a consacré sa vie sociale au Maccabi et elle s’est mariée avec Pablo au temple de Lamroth Hakol. Son mari travaille depuis 20 ans dans des institutions juives.

Quand le couple est passé par cette épreuve douloureuse qu’est la perte d’un bébé sur le point de naître, il a décidé de l’enterrer dans un cimetière de la communauté. Mais les autorités de l’AMIA les en ont empêché parce que la mère de Yanina n’était pas née juive, mais avait été convertie au judaïsme par le séminaire rabbinique latino-américain, qui avait été fondé par Mar-shall Meyer. La ligne orthodoxe n’accepte pas les conversions réalisées par cette institution et, à la vérité, n’accepte aucune conversion effectuée en Argentine. C’est-à-dire que la raison pour laquelle on n’a pas autorisé l’enterrement du bébé est qu’on a découvert ce qu’ils [les orthodoxes] considèrent comme un « sang impur » chez la grand-mère maternelle de l’enfant. Dans un courriel poignant, le couple affirme qu’ils ont été traités comme des « juifs de deuxième catégorie. »

Les autorités de l’AMIA n’autorisent pas l’enterrement de personnes converties dans les cimetières qu’ils administrent. De plus, comme notre journal l’avait signalé à l’époque, elles avaient décidé de la construction d’une zone séparée à La Tablada [cimetière israélite à Buenos Aires], ce que n’avaient pas accepté des tendances plus progressistes qui considéraient qu’il s’agissait d’une discrimination, parce que les familles ont le droit d’être enterrées dans le même cimetière. Ce qui est ahurissant, c’est que cette situation n’existe qu’à Buenos Aires. A Santa Fe, par exemple, il n’existe aucun obstacle à l’enterrement d’une personne convertie au judaïsme dans le cimetière de la communauté. On observe la même chose dans les autres régions de l’intérieur du pays.

Le courant orthodoxe n’accepte pas non plus que des femmes exercent des fonctions sacerdotales ; ce qui a conduit à des moments de forte tension  lors de la célébration du nouvel an juif à laquelle ils étaient invités par la présidente [Mme Kirschner]. Comme dans la délégation de trouvait aussi la femme rabbin de la communauté Bet El, les dirigeants de l’AMIA avaient levé les bras au ciel et s’étaient décommandés. Dans la même veine, le rabbin orthodoxe Samuel Levin avait soutenu que le rabbin progressiste Daniel Goldman devait être condamné à une peine de prison pour avoir appuyé la loi pour l’égalité dans le mariage.

Dans ce contexte tendu et avec l’affaire du bébé de Yanina et Pablo en arrière-plan, c’est à partir de demain que commencent les négociations en vue de l’assemblée de l’AMIA qui se tiendra le 12 mai. Il y aura 90 représentants, il faudra au moins 46 voix pour élire le président. Le Bloc Uni Religieux a obtenu 37 représentants, Accion Plural (l’aile la plus progressiste et libérale en matière religieuse), 32, Frente Comunitario, 18 et la liste Iajas, 3. Les deux dernières organisations sont supposées ne pas adhérer non plus à l’orthodoxie, ce qui pourrait théoriquement permettre d’imposer un président non orthodoxe.  Toutefois, l’AMIA Pour Tous, qui intègre le Frente Comunitario, sous la houlette du rabbin Bergman, a voté avec les orthodoxes ces trois dernières années. Cela a été considéré comme une sorte de trahison et on estime que Bergman – un proche de PRO [j'ai cherché, mais pas trouvé la signification de ce PRO, NdT] – possède la clef pour au moins cinq votes décisifs.