mardi 31 août 2010

Si on oblige un étudiant à lire Elie Wiesel, doit-on exiger qu'il lise aussi Mein Kampf?

Aux Etats Unis comme en Grande Bretagne, les institutions d'enseignement  suscitent un fort sentiment d'appartenance chez ceux qui les ont fréquentées. Ce sentiment d'appartenance se traduit de bien des manières, entre autres par des dons ou des legs de la part d'anciens élèves ou étudiants. Une manière utile de marquer sa reconnaissance envers l'institution qui a contribué à vous former.
Une reconnaissance dont Bruce Kesler ne veut plus témoigner vis-à-vis du Brooklyn College où il fut étudiant dans les années 1960 puisqu'il vient de décider de retirer cet établissement d'enseignement supérieur de son testament. C'est que M. Kesler a effectivement de vifs reproches à adresser à son ancien établissement car ce dernier, eu la fâcheuse idée d'imposer à ses nouveaux étudiants la lecture d'un livre commis par un certain Moustafa Bayoumi.
Ce n'est pas exactement le fait qu'une lecture soit imposée qui gêne cependant M. Kesler. En effet, il s'agit là d'une pratique courante en vue de la constitution d'une expérience commune aux nouveaux étudiants afin de commencer à forger une sorte d'esprit de corps par l'échange sur un objet de connaissance commun.
Non, ce qui perturbe M. Kesler, c'est qu'on impose la lecture d'un livre écrit par un "pro palestinien extrémiste."
Mostafa Bayoumi, professeur précisément au Brooklyn College, est pourtant un universitaire réputé et son livre sur le vécu de jeunes d'origine arabe aux Etats Unis s'inscrit dans une veine littéraire qui remonte aux Etats Unis au moins à W.E.B. Du Bois que certains d'entre vous ont peut-être eu l'occasion d'aborder dans le cadre de l'enseignement de la langue anglaise. Il est vrai que Du Bois était, pour son époque, un véritable extrémiste, un communiste!
Bayoumi ne me semble pas communiste, mais il affirme quelque part selon Kesler, que la problématique au coeur du conflit du Proche Orient est le non exercice du droit à l'auto détermination du peuple palestinien. D'un point de vue sioniste, c'est effectivement inacceptable. Le livre incriminé a, signalons le, remporté l'American Book Award en 2009, ce qui doit à peu près équivaloir au prix Goncourt en France. Difficile de qualifier ce genre de livre d'extrémiste!
On aurait tort de penser que ce Kesler s'est saisi tout seul de cette affaire. Il a probablement été alerté par un de ces comités de vigilance sioniste qui sévissent dans nombre de campus aux Etats Unis;  à moins qu'il n'ait lui-même mis sur pied un tel comité.
La suggestion (le mot est faible) de Kesler et de ses amis de proposer un autre livre offrant un point de vue contradictoire fait l'objet d'un commentaire judicieux d'un lecteur:
"Nous avions dû lire "La Nuit" d'Elie Wiesel pour notre entrée à l'université. Kesler aurait-il voulu que nous lisions aussi "Mein Kampf?""


Un ancien diplômé du Brooklyn College "déshérite" l'établissement à cause d'une lecture imposée
The Gothamist (USA) 30 août 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri

Ancien diplômé de la faculté de Brooklyn, Bruce Kesler a retiré son ancien établissement de son testament en raison de ce qu'il qualifie d'une lecture imposée "inacceptable". Comme beaucoup d'établissements, le Brooklyn College demande à tous ses nouveaux étudiants de lire un livre avant la rentrée; cette "expérience comune" est supposée contribuer à tisser des liens entre étudiants. Cette année, l'école a choisi "How Does It Feel To Be A Problem?: Being Young and Arab in America" [Qu'est-ce que ça fait d'être un problème?: Etre jeune et arabe en Amérique] du professeur de la faculté de brooklyn Moustafa Bayoumi, que Kesler décrit comme un "pro palestinien extrémiste."
Kesler écrit sur son blog:
Quand je le fréquentais dans les années 1960, le Brooklyn College - qui figurait alors parmi les établissements les plus côtés du pays - était, comme la plupart des campus, assez à gauche [liberal]. Mais il n'existait pas de politique officielle d'inculcation d'une opinion politique aux étudiants. C'est aujourd'hui le cas. C'est inacceptable.
    ...
L'auteur [Bayoumi] affirme que "La question au coeur [de l'agitation au Moyen Orient] reste le droit du peuple palestinien à l'autodétermination," que l'histoire de toute la région après 1967 est essentiellement celle de "l'impérialisme de type américain," et que le gouvernement américain "restreint l'expression des Arabes Américains afin de maintenir inchangée la politique des Etats Unis sur le conflit israélo-palestinien." Absurde, une fois encore.

Kesler a aussi trouvé deux enseignants qui sont d'accord avec lui pour penser qye le nouvel étudiant a besoin d'autres points de vue sur la question d'être arabe en Amérique. L'un d'entre eux dit: "C'est complètement inapproprié. Ca relève de l'endoctrinement," tandis que l'autre, actuellement dans la faculté, affirme: "Si notre communauté éducative est engagée pour la liberté d'expression, cela implique-t-il que nous devions exposer les nouveaux étudiants aux prêches anti-américains et anti israéliens de ce professeur? Au minimum, nos étudiants ne méritent-ils pas une présentation équilibrée?"
Un troisième professeur a écrit à une doyenne de l'établissement qui lui a répondu que le livre avait été choisi "parce qu'il s'agit d'un recueil de récits bien écrits par et sur de jeunes Arabes de Brooklyn dont le vécu peut être familier à nos étudiants, leurs voisins, ou les condisciples avec lesquels ils vont étudier et travailler au Brooklyn College" Elle n'a jamais répondu aux courriels ultérieurs du professeur, demandant qu'elle désigne un livre avec un point de vue différent. Alors, Kesler a-t-il raison de penser que l'établissement devrait proposer un autre livre ou livre avec un point de vue contrasté? Et d'après vous, quelle serait la réaction si l'école imposait à la place un livre par un auteur pro israélien? Nous avons contacté le Brooklyn College et vous informerons s'il fait une déclaration.

dimanche 29 août 2010

Le Sarrazin et le "gène juif"

Un certain Thilo Sarrazin (sic), haut fonctionnaire de la Bundesbank, la banque centrale allemande, s'est fait remarquer depuis quelques années, non tant par ses compétences financières que par ses remarques, disons peu amènes, à l'égard des personnes d'origine turque ou arabe qui résident en Allemagne.
Jusque là, tout allait donc plutôt bien pour Thilo Sarrazin: s'en prendre aux Sarrasins, après tout...
Et puis, patatras, Thilo Sarrazin est allé trop loin puisque, nous apprend le journal sioniste Haaretz,
Pourtant le livre que vient de publier Thilo Sarrazin est une charge sévère contre les Turcs et les Arabes. Mais ce n'est en effet pas ça qui a vraiment fait réagir le gouvernement allemand:

Le ministre des affaires étrangères Guido Westerwelle et le ministre de la défense Karl-Theodor zu Guttenberg ont déclaré que Sarrazin avait passé les bornes [was out of line] pour ses propos sur les Juifs, propos qui ont aussi été critiqués par des dirigeants Juifs du pays responsable de l'holocauste.

Pour ceux qui douteraient que Sarrazin a passé les bornes en raison de ses propos sur la "génétique" juive :
"Il n'y a pas de place dans le débat politique pour des propos qui attisent le racisme ou l'antisémitisme," a déclaré Westerwelle.
"Il y a des limites à toute provocation et Sarrazin, membre de la direction de la Bundesbank, est clairement allé au delà des limites avec ses propos erronés et inappropriés," a ajoué Guttenberg.
C'est donc clair: pas de place dans le débat pour des propos racistes et antisémites, mais les bornes ne sont franchies qu'en cas de propos antisémites.

Un certain Stephan Kramer, présenté comme un dirigeant communautaire juif, caractérise l'aspect antisémite des propos de M. Sarrazin:
"Quelqu'un qui tente de définir les Juifs par une particularité génétique est consumé par une manie raciste," a déclaré Kramer.
Oui, car Sarrazin n'a apparemment évoqué aucune tare imputable à cette particularité génétique, la pingrerie par exemple, ni aucune qualité d'ailleurs (comme la propension à avoir du talent artistique). Il s'est borné à parler d'un gène qui serait commun à tous les Juifs (et aussi d'un gène commun aux Basques). 
Or cette affirmation dûment estampillée antisémite fait partie justement des obsessions de nombreuses personnes qui s'acharnent à rechercher ce ou ces fameux gène(s) juif(s). L'ultrasioniste JSS l'a trouvé lui, ce gène juif (je savais bien que JSS était aussi un fieffé antisémite).
Le site Lamed nous précise même que ce matériel génétique est "commun à tous les Juifs et pas seulement pour les Cohanim". (les Cohen sont supposés effectivement se marier entre eux).

jeudi 5 août 2010

Fermeture du blog Mounadil Djazaïri

Ce blog va rester fermé quelques temps, au minimum 15 jours. En attendant, je vous propose d'écouter un peu de musique avec moi.

Chris de Burgh & Elissa: Lebanese night

Sam Cooke: You send me

Farid el Atrache: Bissat errih

Mazouni: Allah Maak Ya Loubnan

Mazouni: Ecoute moi camarade

Vince Taylor: Jet black machine

Vince Taylor: Shakin'all over


Glen Glenn: One cup of coffee

The Kinks: You really got me (en public)

Big Country: Look away

mardi 3 août 2010

Le mariage de Chelsea Clinton cadre d'une drôle de supercherie

La presse « people », mais pas seulement a largement évoqué le mariage de Chelsea Clinton, la fille unique de Bill et Hillary Clinton, avec Marc Mezvinsky, fils d'un banquier et ancien élu démocrate, dont on sait qu'il a été accessoirement condamné et a purgé une peine de prison pour escroquerie.
Enfin, ça ce sont les turpitudes du père.

Un aspect souvent évoqué relativement à ce mariage est la confession des deux époux, Mlle Clinton, devenue Mme Mezvinsky est chrétienne méthodiste tandis que son mari est de confession juive.
C'est pourquoi, nous dit-on, le mariage a été célébré dans le respect des deux religions, le révérend William Shilady officiant pour le rite chrétien tandis que le rabbin James Ponet officiait dans le cadre de la religion juive.

L'œcuménisme dans toute sa splendeur. 

Tout comme la propagande qui est venue se nicher au cœur même de ce mariage. Il est en effet impossible qu'un rabbin célèbre un mariage même non œcuménique un jour de sabbat. Or le mariage a eu lieu un samedi, donc un jour de sabbat (deux heures avant la fin du sabbat semble-t-il). Le judaïsme, même dans sa version libérale prohibe formellement la célébration d'un mariage le samedi !

Ce qui amène un lecteur du National Post (Canada) non à s'interroger sur, mais à contester la qualité de rabbin de James Ponet :
Pour l'information de vos lecteurs, le rabbin (rabbin James Ponet) qui a célébré le mariage Clinton Mezvinsky n'était pas un authentique rabbin juif. La raison en est qu'un véritable rabbin le peut pas célébrer et ne célèbre pas des mariages quand un des mariés, ou les deux, ne sont pas juifs.
Les rabbins ne célèbrent pas non plus des mariages le jour du sabbat (samedi).
En l'absence de la qualification de rabbin, la kippa, le châle de prière et le dais ne sont que des accessoires sans aucune signification religieuse. Malheureusement, la contrefaçon est si banale de nos jours. J'espère que les Clinton n'ont pas payé plein tarif.
Chaim Leib Medjuck
 
James Ponet semble pourtant bien être un rabbin ; il dirige d'ailleurs le centre d'études juives de l'université de Yale. Pourquoi s'est-il prêté à ce qu'il faut bien appeler une supercherie ? Et pourquoi les familles Clinton et Mezvinsky ont-elles tenu à ce que cette supercherie ait lieu ?
Mystère et boule de gomme. Peut-être Aliza Lavi, qui avait déjà traité de ce mariage aura-t-elle une explication plausible à nous fournir.

Souhaitons tout de même un authentique bonheur aux jeunes mariés!