mardi 30 avril 2013

Jean Aziz et le face à face Iran - Arabie Saoudite au Liban et en Syrie


La thèse que je défends sur ce blog est que la crise syrienne a dès le départ donné lieu à une immixtion de forces étrangères à ce pays ; des forces qui ont engagé très tôt une action violente, parfois très professionnelle, contre l’appareil policier et militaire du régime.
Ces forces étrangères, non contentes d’armer militairement et d’outiller dans la guerre médiatique des citoyens syriens, qu’ils appartiennent à la mouvance des Frères Musulmans, du wahabbisme ou tout simplement à celle de ceux qui pensent que leur avenir personnel ou celui de leur clan pourrait être plus radieux sans Bachar al-Assad, ont fait venir des mercenaires de Turquie, de Jordanie, et même de Tunisie, de Tchétchénie et d’Europe (je ne parle pas là de Syriens résidant en Europe).
Il va sans dire que ceux qui espéraient une démocratisation de la vie politique en Syrie en sont pour leurs frais.
Jean Aziz, qu'on a déjà croisé sur ce blog, grossit peut-être un peu le trait, mais oui, nous assistons en Syrie à une guerre entre l’Iran et le Hezbollah d’une part, et l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie et les Etats Unis d’autre part.
Et c’est l’axe turco-arabo-occidental qui a pris l’initiative de cette guerre et a fait en sorte qu’elle perdure faute de possibilité de règlement politique qu’il s’est ingénié à empêcher, exactement comme en Libye.
Sauf que l’enjeu stratégique est nettement plus important en Syrie qu’en Libye et que si les Américains jouent là avec la sécurité de leur entité sioniste adorée, les monarques jouent peut-être leurs têtes !
Pourtant, dans un monde rationnel, cette crise aurait été réglée depuis longtemps ou n’aurait jamais eu lieu.
Mais un monde rationnel serait un monde où les Etats Unis au lieu de chercher la confrontation avec l’Iran, le Hezbollah et la Syrie, chercheraient à avoir des relations normales avec ces pays avec lesquels ils ne devraient avoir à priori pas de conflit aigu.
Oui, j’écris ces pays car je ne compte pas le Hezbollah qui n’existerait pas si les Etats Unis ne s’entêtaient pas à soutenir inconditionnellement une entité sioniste qui ne pourra jamais avoir un statut normal dans la région.
Même si, pour les pétromonarchies d’Arabie et du Qatar, tout l’enjeu d’une défaite de l’axe Syrie – Hezbollah – Iran est la possibilité de pouvoir enfin normaliser leurs relations avec l’entité sioniste et donc d’enterrer définitivement les droits du peuple palestinien.
L’objectif est illusoire certes et les monarques comme le Grand Turc devraient méditer ce propos de Kant :
Est illusion le leurre qui subsiste même quand on sait que l’objet supposé n’existe pas. 

L’Iran contre la diplomatie saoudienne au Liban

par Jean Aziz,  Al-Monitor Lebanon Pulse, 29 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Trois semaines de développements de la situation au Liban ont suffi pour effacer le sentiment qu’une percée dans les relations entre l’Arabie Saoudite et l’Iran était proche, du moins au Liban. Ce sentiment avait pris corps le 6 avril quand le parlement libanais a désigné, dans un consensus presque total, le député de Beyrouth Tammam Salam pour former le nouveau cabinet.
Au début, il y avait certains signes qu’une percée dans la relation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran était en vue. L’ambassadeur Saoudien à Beyrouth, Ali Awad Asiri, avait clairement fait une ouverture en direction du Hezbollah. A un point tel que certains avaient dit que l’Arabie Saoudite avait entamé des contacts directs avec la plus puissante organisation chiite du Liban par l’intermédiaire d’un officiel des services de sécurité libanais qui jouit de la confiance du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah en personne. On a même dit que l’adjoint de Nasrallah, le Cheikh Naim Qassem devait se rendre en Arabie Saoudite à la tête d’une mission du Hezbollah avec la mission de discuter des relations entre la banlieue sud de Beyrouth et Riyad. La délégation devait aussi aborder le problème de la formation d’un nouveau gouvernement [au Liban] et l’acceptation d’une nouvelle loi pour les élections législatives pour faire en sorte que les élections interviennent avant la fin du mandat de l’assemblée actuelle le 20 juin et éviter ainsi au Liban d’aller vers l’inconnu.
Cette impression optimiste a vite disparu et il est devenu évident que la stratégie de la tension entre les axes saoudien et iranien reste d’actualité  jusqu’à nouvel ordre.
Il semble que les deux parties pratiquent un jeu de dupe pour améliorer leurs positions et leurs capacités en préparation d’une attaque surprise contre l’autre camp.
Sous couvert d’ouverture en direction du Hezbollah à Beyrouth, l’axe saoudien a l’œil rivé sur une bataille régionale pour renforcer le siège du régime syrien et renverser le président Bachar al-Assad. Au moment où les Saoudiens se préparaient à attaquer la capitale syrienne, ils avaient jugé prudent de ne pas ouvrir plus d’un front à la fois. Ils ont donc fait une trêve avec le Hezbollah et montré de la bonne volonté à l’égard de ce dernier, tandis que le nœud coulant arabo-turco-occidental se resserrait autour du cou d’Assad.
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Jean Aziz prend la pose entre Michel Aoun (à droite sur la photo) et Hassan Nasrallah
De leur côté, l’Iran et le Hezbollah ne se sont pas laissés berner par la manoeuvre saoudienne. Quelques jours après avoir commencé à tester les réactions de l’autre camp, l’Arabie Saoudite a commencé son attaque : les alliés libanais de Riyad ont durci leurs positions en formant un nouveau gouvernement et en définissant une loi électorale, ce qui a fait prendre conscience à l’axe du Hezbollah [le Hezbollah et ses alliés au Liban] de la manœuvre, ce qui a amené cet axe à changer de tactique. Le Hezbollah a alors contre attaqué sur presque tous les fronts. 
Il semble que l’Arabie Saoudite avait misé sur une évolution favorable de la situation militaire en Syrie quand  cette évolution a en fait été favorable au camp iranien. Un facteur sur le terrain a inversé la donne : en deux semaines, les forces pro-régime ont avancé dans toutes les régions autour de Damas et de Homs. Ce développement a placé les 370 kilomètres de frontière syro-libanaise sous le contrôle du régime syrien et de ses alliés au Liban. Ce qui a piégé et isolé une partie significative des Sunnites – qui sont traditionnellement soutenus par l’Arabie Saoudite et sont près d’un demi-million à Akkar et à Tripoli – par l’interposition de l’armée syrienne et de ses alliés libanais.
Mais la riposte contre l’Arabie Saoudite au Liban a d’autres manifestations: la visite du Hezbollah à Riyad dont on parlait n’a jamais eu lieu et on a appris que Nasrallah est allé à Téhéran dernièrement. Malgré de nombreuses conjectures sur les objectifs de cette visite et son timing, le Hezbollah a ostensiblement gardé le silence sur ce sujet. Le parti ne l’a ni confirmée, ni infirmée. Cependant, des photos de Nasrallah rencontrant le Guide Suprême Iranien Ali Khamenei ont été publiées sur les réseaux sociaux. Des cercles proches du Hezbollah affirment que la photo était tirée d’archives, mais la photo n’a pourtant pas l’air bien ancienne.
Une autre manifestation de la contre attaque a été l’annonce par Israël de la destruction au dessus de la mer au large d’Haïfa d’un drone venu du Liban. Mais à la différence d’incidents similaires, comme quand Israël avait détruit le drone Ayyoub le 9 octobre 2012, le Hezbollah a promptement démenti avoir un rapport quelconque avec cette affaire. Certains ont interprété ce démenti comme étant causé par l’échec du drone «Ayyoub 2» à pénétrer en profodeur en territoire israélien. Mais le drone avait peut-être simplement comme objectif de survoler les champs gaziers israéliens en Méditerranée. Dans ce cas, le drone a réussi à envoyer le message à Israël, ce qui explique aussi le démenti du Hezbollah.
Ces deux derniers jours, ce cercles proches du parti ont traité cette affaire d’une manière évasive en demandant: Et si toute cette affaire se résumait à un gamin du sud Liban qui jouait avec un avion télécommandé amenant les Israéliens à suspecter le Hezbollah de leur faire la guerre ?
Certains à Beyrouth pensent que la contre attaque iranienne contre les avancées de l’Arabie saoudite, qui se sont traduites par la démission de l’ancien premier ministre Libanais Najib Mikati se déploie bien au-delà de la scène libanaise pour toucher le Bahreïn et même l’Irak. On a parlé de découvertes de caches d’armes pour l’opposition bahreïnie à Manama ; et les troupes du premier ministre Irakien Nouri al-Maliki sont entrée à Hawija et menacent de faire la même chose à Anbar.
Toutes choses qui confirment une fois encore que tout accord entre les Libanais doit se faire sous des auspices internationaux, c’est-à-dire au minimum une entente entre Washington et Téhéran. Mais une telle entente ne pourra sans doute pas intervenir tant que ne se seront pas produits certains événements, que ce soient les élections présidentielles en Iran en juin prochain ou les résultats des discussions d’Almaty sur le nucléaire (si elles reprennent).
Entre temps, la situation libanaise va déboucher soit sur la prolongation de la crise par la prolongation du mandate du parlement et le report de la formation d’un nouveau gouvernement, soit sur l’explosion de la situation!
La plupart des organisations libanaises et des parties étrangères préfèrent la première option.
Jean Aziz est un collaborateur d’ Al-Monitor’s Lebanon Pulse. Il est éditorialiste au journal libanais Al-Akhbar et anime une émission de débat politique sur OTV, une chaîne de télévision libanaise.
Ajoutons que ce chrétien a d'abord appartenu aux Forces Libanaises, un mouvement d'extrême droite avant de rejoindre le général Michel Aoun sur une position nationaliste, modérément antisyrienne (ou modérement prosyrienne), favorable à l'entente interconfessionnelle et hostile à l'entité sioniste. C'est pourquoi on dit qu'il est proche du Hezbollah. Il l'est à peu près à la façon de Michel Aoun.

dimanche 28 avril 2013

Palestine: la vérité continue à sortir de sa boîte


Les terroristes sionistes, qu’ils soient armés d’un fusil, d’un stylo ou même simplement de leurs langues de vipères, ont un discours bien huilé sur les étapes de leur projet colonial ainsi que sur la phase décisive qui a amené à la proclamation d’un Etat juif sur le sol palestinien.

Le problème est que ce discours est un tissu de mensonges et que la vérité comme mue par une volonté autonome n’a de cesse de se manifester pour de faire connaître.
On sait le travail accompli en ce sens par les historiens Palestiniens ou autres ainsi que par les militants de la cause de la Palestine.

Beaucoup reste à faire cependant, notamment pour propulser les résultats de ce travail dans le discours ordinaire des médias et pour en faire l’arrière-fond obligé de toute réflexion publique sur la question palestinienne.

L’ouverture de certaines archives et l’information sur leur contenu par la presse y contribue utilement, comme cet article du Guardian sur les rapports des services de renseignements britanniques concernant la situation en Palestine et, par voie de conséquence dans le reste de cette région arabe, à la veille de la première guerre arabo-sioniste.

Ces archives confirment ce qu’on savait déjà, c’est-à-dire la confiance peut-être naïve des Arabes dans un règlement pacifique de la question de l’indépendance palestinienne, l’activisme terroriste des sionistes aussi bien contre les forces britanniques que contre les Palestiniens, et la préparation des mêmes terroristes sionistes à l’accaparement par la force du maximum de territoire possible. 

Les autorités britanniques avaient prévu la guerre – et la défaite arabe – en Palestine en 1948

Des rapports britanniques déclassifiés documentent l’intensification du conflit, l’approbation par l’opinion publique juive de la position pro-terroriste de ses dirigeants et observent que les armées des pays arabes étaient le «seul espoir» des Palestiniens.
Par Richard Norton-Taylor, The Guardian (UK) 26 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri 

Le gouvernement britannique savait dès le moment où il avait envisagé le retrait de ses forces de Palestine il y a plus de 60 ans que la partition du territoire et le fondation de l’Etat d’Israël aboutiraient à la guerre et à la défaite des Arabes, ainsi que le montrent clairement des documents secrets rendus publics. 
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Mai 1948: barbelés séparant secteurs juif et arabe de Jérusalem
Ces documents, qui ont une remarquable résonance contemporaine, révèlent comment les autorités britanniques se contentaient de regarder les colons juifs prendre le contrôle de toujours plus de terres arabes. 

Pendant les semaines qui ont précédé la partition de la Palestine en 1948, quand la Grande Bretagne avait renoncé à son mandat onusien, les organisations terroristes juives avaient accru le nombre de leurs attaques contre les forces britanniques et les combattants arabes, montrent les documents du Colonial Office.

Et ils révèlent comment les hauts fonctionnaires britanniques étaient occupés à décider la meilleure manière de se répartir entre eux deux Rolls-Royces et une Daimler.

Les documents, disponibles aux national Archives, montrent comment, dans des remontées routinières d’informations à Londres, les fonctionnaires britanniques à Jérusalem décrivaient une montée régulière de la tension au moment où la Grande Bretagne, les Etats Unis, l’ONU et les sionistes s’orientaient vers la partition de la Palestine.

Dès octobre 1946, deux ans avant la partition, les officiels britanniques avaient averti Londres que l’opinion publique juive s’opposerait à la partition «sauf si la part [de territoire] juive était agrandie au point de rendre  la proposition complètement inacceptable pour les Arabes.»

Les fonctionnaires britanniques avaient prévenu le Secrétaire aux colonies George Hall: «L’opinion publique juive… a approuvé l’attitude de ses dirigeants pour lesquels le terrorisme est la conséquence naturelle de la politique générale du gouvernement de Sa Majesté,» comme le déroutement des bateaux qui transportent des immigrants Juifs «illégaux »

Les dirigeants Juifs [sionistes] modérés qui avaient peur d’être qualifiés de quislings, avaient signalé à Londres ces fonctionnaires Britanniques, en référence à ceux qui avaient collaboré avec l’Allemagne nazie dans les pays occupés [l’officier Norvégien Vidkun Quisling était en effet un genre de Philippe Pétain nordique, NdT]. Le rapport suivant des services de renseignements parlait des «pressions efficaces que les sionistes en Amérique sont en position d’exercer sur le gouvernement des Etats Unis.»

Après la multiplication des attaques violentes perpétrées par les militants sionistes du groupe Stern et de l’Irgoun, les officiels britanniques rapportaient en 1946 : «Les dirigeants Arabes semblent encore disposés à différer une opposition active [armée, NdT] tant qu’existe une chance de décision politique acceptable pour les intérêts arabes.» Mais ils prévenaient : «Il existe un vrai danger et une vraie crainte qu’une quelconque nouvelle provocation juive puisse entraîner des actes de rétorsion isolés qui déboucheront inévitablement sur une extension des affrontements entre Juifs et Arabes.»

Un rapport daté d’octobre 1947 parle de Menahem Begin, le chef de l’Irgoun, affirmant dans un entretien avec la presse que «la lutte contre l’envahisseur britannique se poursuivra jusqu’à ce que le dernier [britannique] quitte la Palestine.»

Begin sera plus tard élu premier ministre d’Israël et signera un traité de paix avec le président Egyptien Anouar Sadate en 1979, ce qui vaudra aux deux dirigeants d’être récompensés par le prix Nobel de la paix.

Début 1948, les officiels Britanniques signalaient que “les Arabes ont subi une série de défaites écrasantes.” Ils ajoutaient : «Les victoires juives… ont réduit le moral des Arabes à zéro et, à l’exemple de leurs ineptes et couards dirigeants, ils fuient par milliers les zones de peuplement mixte. Il est maintenant évident que leur seul espoir de récupérer leur position repose sur les armées régulières des Etats arabes.» 

Londres était avertie: “La violence arabo-juive a maintenant diffusé dans pratiquement toute la Palestine.” Quelques jours plus tard, les officiels Britanniques parlaient de «conflits mutuellement destructeurs» et d’un «afflux régulier de volontaires Arabes» venant des pays voisins. 

Les documents montrent que deux ans auparavant, les agents de renseignements britanniques avaient signalé «des indices inquiétants de renouveau de l’intérêt et de l’activité politiques chez les  Palestiniens Arabes ordinaires… La décision d’accepter l’entrée des expulsés de Chypre [des Juifs expulsés dans des camps sur cette île] malgré les quotas d’immigration,  l’impression que le gouvernement de Sa majesté avait fait des concessions en cédant devant les pressions et le terrorisme juifs… ont  contribué à éveiller les sentiments de l’opinion publique arabe.»

Comme maintenant, mais pour des raisons très différentes, la Syrie était au centre des préoccupations des puissances occidentales. «Le nationalisme arabe va vers une nouvelle crise. C’est particulièrement notable en Syrie,» observait un rapport rédigé pendant la seconde guerre mondiale pour les officiers du renseignement britannique et les responsables de la propagande. 

L’opinion répandue alors était que le Liban et la Syrie pourraient être rendus à la France une fois la guerre terminée. «Le Syrie pourrait être le théâtre du prochain acte de la Révolution Arabe,» ajoutait le rapport en référence à l’humiliation ressentie dans le monde arabe.

Ce rapport de temps de guerre établi pour les chefs du renseignement britannique affirmait que le nationalisme arabe avait une «nature double… un mouvement rationnel et constructif ouvert à l’influence et à l’aide occidentales [et] un mouvement émotionnel de révolte contre l’Occident.»

Il concluait: «Le conflit entre ces deux tendances sera tranché pendant la génération actuelle. Le premier objectif de la politique des puissances occidentales doit être d’empêcher le triomphe de la deuxième tendance. 

Parmi les documents classifiés rendus publics aujourd’hui, on trouve un rapport sur la manière de répartir des voitures entre les diplomates et les agents du renseignement britanniques qui devront rester à Jérusalem après la partition. Une Rolls-Royce  sept places était décrite comme une «grosse voiture rapide.» Le problème, notait le rapport, était que le Haut Commissaire britannique en Palestine, le général Sir Alan Gordon «a l’intention de la ramener au pays pour s’en servir dans le protem [sic] au Royaume Uni » [son poste provisoire ?].

Winston
Daimler de Churchill. Daimler est une marque anglaise. Comme Jaguar qui l'a absorbée, elle est aujourd'hui la propriété de l'industriel  Tata (Inde)
Une autre Rolls-Royce était présentée comme “une excellente voiture sauf pour les longs déplacements dans le pays parce qu’elle n’a pas assez de puissance dans les collines.» Une automobile Daimler blindée était décrite comme «la voiture anti-raid aérien du Roi » quand elle était en Grande Bretagne était signalée comme «lente à cause de son poids.»

L’Etat d’Israël a été proclamé le 14 mai 1948. Le lendemain, les derniers soldats Britanniques se retiraient et la première guerre israélo-arabe commençait.

samedi 27 avril 2013

Robert Fisk et l'armée syrienne


J’ignore si Robert Fisk est le seul journaliste occidental à avoir été autorisé à être au contact des troupes syriennes, mais ses articles nous donnent une bonne indication sur le moral de l’armée gouvernementale syrienne.

Et le moral de l’armée syrienne est bon selon ce que rapporte un Robert Fisk qui n’en est pas pour autant tombé en amour avec le régime syrien.

L’article est très parlant, alors je ne vais pas le commenter, sauf pour dire qu’il est aussi supposé illustrer le thèse selon laquelle la crise syrienne sonnerait le glas de l’omnipotence des services secrets au profit d’une armée en quelque sorte citoyenne, soucieuse d’assurer une transition ordonnée vers un système de gouvernement plus ouvert sous l’égide au moins provisoire de l’actuel chef de l’Etat.

Ceci bien sûr dans l’hypothèse où le président Bachar al-Assad l’emporterait définitivement sur l’opposition armée. 

Il se pourrait qu’ils se battent pour la Syrie, pas pour Assad. Ils pourraient aussi être en train de gagner.

Reportage de Robert Fisk en Syrie
La mort guette le régime syrien tout autant que les rebelles. Mais sur la ligne de front de cette guerre, l’armée du régime n’est pas d’humeur à se rendre – et elle affirme qu’elle n’a pas besoin d’armes chimiques.
Par Robert Fisk, The Independent (UK) 26 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les nuages bas surplombent de manière oppressante la ligne de front de l’armée syrienne dans les collines de l’extrême nord de la Syrie.

La pluie a simplement remplacé la neige, transforment cette forteresse puissamment protégée en marécage de boue et de flaques d’eau stagnante où les soldats se tiennent à leurs postes de guet avec le visage en plein vent, leurs antiques chars T-55 – le fer de lance  du Pacte de Varsovie dans les années 1950 – ruisselants de pluie, leurs chenilles enfoncées dans la boue, servent uniquement de pièces d’artillerie. Ce sont des «tanks épaves» - debeba khurda – dis-je au colonel Mohamed qui commande l’unité des forces spéciales de l’armée syrienne dans ce paysage morne. «Nous les utilisons pour la défense statique,» dit-il franchement en souriant. «Ils ne bougent pas.»
Char T 55
Char T 55
Avant la guerre – ou “la crise” ainsi que les soldats du président Bachae al-Assad sont obligés de l’appeler – Djebel al-Kawaniah était un relais de télévision. Mais quand les rebelles antigouvernementaux s’en sont emparés, ils ont fait sauter les tours [de télédiffusion] abattu la forêt de sapins autour de la station pour crée une zone de tir dégagée et ils ont construit des remparts en remblai pour se protéger des tirs de l’armée gouvernementale. L’armée a repris les collines en octobre dernier en passant par le village de Qastaf Maaf qui est maintenant dévasté et aplati le long de la vieille route vers Kassab à la frontière avec la Turquie – pour prendre d’assaut le plateau qui est maintenant leur ligne de front.

Sur les cartes, l’armée syrienne a donné un nom de code à la  “montagne de Kawaniyeh”. Elle est devenue le «Point 45» - le Point 40 se trouve à l’est, dans l’ombre de la montagne – et les soldats sont répartis dans des tentes sous les arbres de deux collines avoisinantes. Je grimpe sur un des T-55 et je peux les voir à travers l’averse. Il y a des explosions sourdes dans la vallée et le bruit occasionnel de tirs d’armes légères et, chose assez déconcertante, le colonel Mohamed me signale la forêt la plus proche, à environ 800 mètres de là, qui est restée entre les mains de ses ennemis. Le soldat assis sur la tourelle du tank ne quitte pas les arbres des yeux.

C’est toujours une expérience étrange de se retrouver parmi les soldats de Bachar al-Assad. Ce sont les «sales types» du régime selon le reste du monde – quoique, en réalité, c’est la police secrète du régime qui mérite ce titre – et j’ai bien conscience qu’on a dit à ces hommes qu’un journaliste occidental allait venir dans leurs casemates et leurs tranchées. Ils m’ont demandé de ne citer que leurs prénoms par crainte pour la sécurité de leurs familles ; ils me permettent de prendre toutes les photographie que je veux, mais jamais leurs visages – une règle que les rebelles demandent aussi parfois aux journalistes de respecter pour la même raison – mais chaque soldat ou officier avec qui j’ai parlé, dont un général de brigade, m’ a donné son nom complet et présenté son identifiant..

Un tel accès à l’armée syrienne était pratiquement inconcevable il y a seulement quelques mois et il y a de bonnes raisons à cela.
L’armée considère qu’elle est enfin en train de reprendre du terrain sur l’Armée Syrienne Libre (ASL), les combattants islamistes du Jabhat al-Nosra et les divers satellites d’al Qaïda qui contrôlent pour le moment une bonne partie de la campagne syrienne. A partir du Point 45, l’armée est à peine deux kilomètres de la frontière turque et a l’intention de récupérer cet espace.

Aux abords de Damas, les soldats ont livré un combat sanglant dans deux localités de banlieue tenues par les rebelles.

Au moment où je me déplaçais dans les positions sur les collines, les rebelles étaient en passé de perdre le contrôle de la ville de Qusayr, près d’Homs avec des accusations par l’opposition de tueries perpétrées contre les civils.

La route principale entre Damas et Lattaquié sur la côte méditerranéenne a été rouverte par l’armée. Et les soldats que j’ai rencontrés au Point 45 sont un autre type d’hommes que ces soldats corrompus par 29 ans de semi-occupation du Liban, qui étaient rentrés en Syrie ne 2005, sans avoir eu à faire la guerre, la discipline des soldats étant plus un motif de plaisanterie à Damas qu’une menace pour quiconque.           
Les forces spéciales de Bachar apparaissent aujourd’hui confiantes, inflexibles, motivées politiquement, dangereuses pour leurs ennemis, avec leurs beaux uniformes et leurs armes bien nettoyées. 
Les syriens sont habitués depuis longtemps aux affirmations israéliennes  - reprises machinalement en écho par Washington -selon lesquelles les forces gouvernementales ont utilisé des armes chimique : «Pourquoi utiliserions-nous des armes chimiques alors que nos avions Mig et leurs bombes sont infiniment plus destructeurs ?» Les soldats affectés au Point 45 reconnaissent qu’il y a eu des défections vers l’ASL, de nombreux tués parmi leurs collègues – qualifiés invariablement de «martyrs» - et ne font pas mystère du nombre de morts parmi eux dans les batailles gagnées et perdues.

Leur dernier “martyr” à Point 45 a été abattu par un tireur embusqué rebelle il y a deux semaines, il s’agit de Kamal Aboud, 22 ans, un soldat des forces spéciales originaire de Homs. Il est au moins mort en soldat. Le colonel Mohamed parle avec tristesse des soldats en permission pour rejoindre leurs familles qui, dit-il, ont été exécutés à l’arme blanche lorsqu’ils sont entrés en territoire ennemi. Je me remets en mémoire que l’ONU porte des accusations de crimes de guerre contre cette armée et je rappelle au colonel Mohamed – qui a quatre marques de blessures par balles au bras qui prouvent qu’il dirige ses soldats sur le champ de bataille et pas à l’abri d’un bunker – que ses soldats étaient certainement préparés pour libérer le plateau du Golan de l’occupation israélienne. Israël est au sud, lui dis-je, et ici, il combat au nord près de la Turquie. Pourquoi ?

«Je sais, mais nous combattons Israël. Je suis entré dans l’armée pour combattre Israël. Et en ce moment, je combats les instruments d’Israël. Et les instruments du Qatar et de l’Arabie Saoudite, et donc en ce sens, nous combattons pour le Golan. C’est une conspiration et l’Occident aide les terroristes étrangers qui sont venus en Syrie, les mêmes terroristes que vous essayez d’éliminer au Mali.» J’ai déjà entendu ce discours auparavant, bien sûr. Il est question de conspiration dans toutes mes interviews en Syrie. Mais le colonel reconnaît que les deux T-55 syriens qui tirent des obus sur le Point 45 chaque matin – les mêmes engins de guerre désuets que ses propres chars – ont une même origine parce que l’ennemi a récupéré de l’artillerie de l’armée gouvernementale et que les opposants comprennent des hommes qui étaient initialement dans l’armée de Bachar al-Assad.

En route pour  Qastel Maaf, un général me dit que sur l’autoroute qui mène à la frontière turque, l’armée vient de tuer 10 Saoudiens, deux Egyptiens et un Tunisien – on ne me montre aucun document susceptible de le prouver – mais les soldats du Point 45 me montrent trois radions qu’ils ont prises à leurs ennemis. L’une est marquée «HXT Commercial Terminal,» les deux autres sont fabriquées par Hongda avec des instructions en turc. Je leur demande s’ils captent les communications des rebelles. «Oui, mais nous ne les comprenons pas,» explique un major. «Ils parlent en turc et nous ne comprenons pas le turc.» Il y a donc des Turcs et des Turkmènes Syriens des villages de l’est ? Les soldats haussent les épaules. Ils disent avoir aussi entendu des voix parler en arabe avec des accents libyen et yéménite. Et vu que le gratin de l’OTAN est en ce moment obsédé par les «djihadistes étrangers» en Syrie, il se pourrait bien que ces soldats Syriens disent la vérité.

Les sentiers de cette magnifique champagne du nord syrien cachent la brutalité des combats. Des buissons de roses rouges et blanches recouvrent les murs des maisons abandonnées. Quelques hommes s’occupent  de la masse d’orangers qui luisent autour de nous, une femme peigne ses longs cheveux sur un toit. Le lac de Balloran scintille sous le soleil printanier entre des montagnes encore coiffées d’une couche de neige.Ce paysage me rappelle tristement la Bosnie. Les villages sur ces quelques kilomètres restent encore habités, un hameau chrétien grec orthodoxe peuplé de 10 familles avec une église dédiée à l’apparition de la Vierge à une femme nommée Salma ; un village musulman alaouite, puis un village musulman sunnite proches de la ligne de front mais qui continuent à coexister ; un fantôme de l’ancienne Syrie sécularisée, non sectaire dont les deux camps promettent – de manière de moins en moins crédible – le retour une fois la guerre terminée.
Lac de Balloran
Lac de Balloran
Me voici maintenant dans un village détruit appelé Beit Fares où on peut voir des centaines de soldats Syriens patrouiller les forêts environnantes, et un autre général sort de sa poche un téléphone mobile et me montre une vidéo de combattants morts. «Ce sont tous des étrangers,» dit-il. Je m’approche pour regarder : la caméra s’attarde sur des visages barbus, certains déformés par la peur, d’autres dans le sommeil sans rêve de la mort. Ils ont été entassés les uns contre les autres. Le plus sinistre de tout est de voir une botte militaire qui se pose par deux fois sur les têtes de hommes morts. Sur la paroi de la fosse, quelqu’un a écrit : «Nous sommes les soldats d’Assad – allez au diable chiens des bandes armées de Jabel al-Aswad et de Beit Shrouk.»

Ce sont les noms d’une série de petits villages encore entre les mains des rebelles – on peut voir les toits de leurs maisons depuis le Point 45 – et le colonel Mohamed, 45 ans, qui a combattu eu Liban entre 1993 et 1995, énumère les autres : Jebel Saouda, Zahiyeh, al-Kabir, Rabia… Leur destin les attend. Quand je demande aux soldats combien ils ont fait de prisonniers suite à leurs batailles, ils répondent en s’exclamant  «aucun ». Quand je leur demande si c’est aussi le cas quand ils affirment avoir tué 700 «terroristes» en un seul engagement ? «Aucune», répondent-ils à nouveau.  

A l’opposé d’une école criblée d’impacts de balles, se trouve une maison pulvérisée. «Un chef terroriste local est mort ici avec ses hommes,» déclare le colonel. «Ils ne se sont pas rendus.»

Je doute qu’on leur ait laissé le choix. Mais à Beit Fares, quelques rebelles se sont enfuis au début de cette année – selon le général Wasif de Lattaquié – avec leur chef local, un entrepreneur Syrien. Nous nous rassemblons dans la villa en ruinbes de cet homme sur la colline de ce village turkmène abandonné – les habitants sont maintenant dans des camps de réfugiés en Turquie, me dit le général – et il semble que l’entrepreneur était aisé. La villa est entourée de vergers irrigués avec des citronniers, des figuiers et des pistachiers. Il y a un terrain de basketball et une piscine vide, des balançoires pour les enfants, une fontaine de marbre brisée – sur laquelle on voit encore des boîtes de feuilles de vigne farcies avec des inscriptions en turc – et une salles de séjour et une cuisine avec des murs en marbre et une plaque délicate au-dessus de la porte d’entrée avec l’inscription en arabe : «Dieu bénisse cette maison» Ce n’a pas été le cas, semble-t-il. 

Je cueille quelques figues dans le verger de l’homme d’affaires. Les soldats en font de même. Mais leur goût est trop acide et les soldats les recrachent, leur préférant les oranges qui pendent au bord de la route. Le général Fawaz parle avec un de ses collègues et il soulève une fusée non explosée pour inspection. Elle est de fabrication locale, la soudure n’est pas professionnelle – mais semblable aux fusées Qassam que le mouvement palestinien Hamas tire sur Israël depuis la bande de Gaza. «Quelqu’un parmi les Palestiniens a expliqué aux terroristes comment les fabriquer,» déclare le général Fawaz. Le colonel Mohamed observe en passant que quand ils ont investi le village, ils ont trouvé des camions et des voitures avec des plaques militaires turques – mais pas de soldats Turcs. 

Il y a une relation étrange ici avec la Turquie. Recep Tayyip Erdogan condamne peut-être Assad, mais le plus proche poste frontalier turc à deux kilomètres d’ici reste ouvert, seul poste frontière qui relie encore la Turquie au territoire syrien contrôlé par le gouvernement. Un des officiers  raconte une vieille histoire sur le calife Moawiya qui disait garder une fine mèche de ses cheveux pour «avoir un lien avec mes ennemis.» «Les Turcs ont laissé ce poste frontalier ouvert avec nous,» explique l’officier, «pour ne pas couper la mèche de cheveux de Moawiya.» Il ne rit pas et je comprends ce qu’il veut dire. Les Turcs veulent garder un contact matériel avec le régime Assad. Erdogan n’a pas de certitude que Bachar al-Assad perdra cette guerre. 

Beaucoup de soldats montrent leurs blessures dont je soupçonne qu’ils sont bien plus fiers que de leurs médailles ou de leurs grades. De leur côté, les officiers sur les lignes de front ont déjà retiré leurs insignes dorés – à la différence de l’amiral Nelson, ils n’ont pas envie d’être fauchés au petit matin par les tireurs d’élite rebelles. L’aube semble être le bon moment pour tuer. Sur la route, un sous-lieutenant me montre ses propres blessures. Il a la marque d’une  balle entrée sous son oreille gauche. Sur le côté gauche de sa tête, une vilaine cicatrice violacée s’étire vers le haut jusqu’à son oreille droite. Une balle a traversé son cou de part en part et il a survécu. Il a eu de la chance. 

Tout comme les soldats des forces spéciales dont le chemin de patrouille allait vers une mine dissimulée, un IED dans le vocabulaire occidental. A Qastal Maaf, un jeune artificier de l’armée syrienne me montre les deux coques de métal qui étaient enterrées sous la route. L’une des deux est presque trop lourde pour que je puisse la soulever. Le détonateur porte une inscription en turc. Une antenne reliée aux explosifs pendait du haut d’un poteau électrique pour qu’un rebelle puisse actionner la bombe à distance en mode visuel. Un système de détection de mines – «tout notre matériel est russe,» se vantent les soldats – a prévenu la patrouille de la présence d’explosifs avant que les soldats marchent dessus.

Mais la mort plane sur l’armée syrienne, tout comme elle hante ses ennemis. L’aéroport de Lattaquié est désormais un lieu permanent de lamentations. A peine suis-je arrivé que je trouve des familles déchirées et en larmes devant le terminal, en attente des corps de leurs soldats de maris, frères et fils, des Chrétiens pour la plupart, mais aussi des Musulmans parce que la côte méditerranéenne est le fief des Alaouites et des Chrétiens ainsi que d’une minorité de Musulmans sunnites. Une femme Chrétienne est retenue par un home âgé alors qu’elle va s’affaler sur la route, le visage ruisselant de larmes. Un camion sur la voie des départs est orné de guirlandes.

Un général en charge des familles endeuillées me dit que l’aéroport est trop petit pour ces deuils de masse. «Des hélicoptères ramènent ici nos morts de toute la Syrie du nord,» dit-il. «Nous devons nous occuper de toutes ces familles et leur trouver un hébergement, mais parfois je vais à domicile pour leur annoncer la mort d’un fils et je découvre que deux ou trois de leurs enfants sont déjà tombés en martyrs. C’est trop». Oubliez le soldat Ryan. Je vois à côté de la tour de contrôle un soldat blessé qui clopine sur un pied, un bandage recouvre en partie son visage, le bras passé autour d’un camarade alors qu’il boîte en direction du terminal. 

Les statistiques de l’armée qu’on m’a montrées suggèrent que 1 900 soldats de Lattaquié ont été tués dans cette guerre terrible, et 1 500 autres de Tartous. Mais il faut mettre en regard ces chiffres avec ceux de la population des villages à peuplement mixte chrétien et alaouite dans les monts qui surplombent Lattaquié pour comprendre le coût pour chacun. A Hayalin, par exemple, ce village de 2 000 âmes a perdu 22 soldats tandis que 16 autres sont portés disparus. Ce qui fait 38 morts en réalité. Beaucoup ont été tués à Jisr al-Shughur en juin 2011 quand l’armée syrienne avait perdu 80 hommes dans une embuscade rebelle. Un villageois nomme Fouad explique qu’il y avait eu un seul survivant originaire d’un village voisin. «Je lui ai téléphoné pour demander ce qui était arrivé aux autres hommes, » dit-il. «Il m’a répondu : ‘Je ne sais pas parce qu’ils m’ont arraché les yeux.’ Il a dit que quelqu’un l’avait emmené et qu’il avait pensé qu’on allait l’exécuter mais il s’est retrouvé dans une ambulance et avait été conduit à l’hôpital de Lattaquié.» Le corps d’un des tués de Jisr al-Shugur a été ramené à Hayalin, mais ses proches avaient découvert que le cercueil ne contenait que ses jambes. «Le dernier martyr de Hayalin a été tué il y a seulement deux jours,» me dit Fouad. «C’était un soldat nommé Ali Hassan. Il venait de se marier. Ils n’ont même pas pu rendre son corps.»

Les 24 hélicoptères de combat syriens qui tournent sur le tarmac après le terminal sont une manifestation de la puissance matérielle du gouvernement.  Mais les soldats ont leurs propres histoires de peur et d’intimidation. Le fait que les forces rebelles menacent les familles des soldats gouvernementaux est un fait établi depuis longtemps. Mais un simple soldat  m’a raconté avec tristesse comment son propre frère aîné avait reçu l’ordre de le persuader de déserter l’armée. «Quand j’ai refusé, ils ont cassé la jambe de mon frère,» dit-il. Quand j’ai demandé si d’autres avaient eu la même expérience, on m’a présenté un jeune soldat de 18 ans. Les officiers ont proposé de quitter la pièce au moment où je parlais avec lui.

C’était un jeune homme intelligent, mais il a raconté son histoire simplement et sans fioritures. Son discours ne relevait pas de la propagande. «Je viens de la province d’Idlib et ils sont venus voir mon père et lui ont dit qu’ils avaient besoin que je sois là,» dit-il. «Mais mon père a refusé et a dit, ‘Si vous voulez mon fils, allez et amenz-le ici – et si vous le faites, vous ne me trouverez pas ici pour le saler.’ Puis mon père a envoyé la plus grande partie de sa famille au Liban.  Ma mère et mon père sont encore là-bas et ils sont encore sous la menace.»

J’ai signifié par la suite aux officiers que je ne croyais pas que tous les Syriens passés à la rébellion l’ont fait parce que leurs familles étaient menacées, que certains soldats devaient avoir des divergences profondes avec le régime. Ils en conviennent mais soulignent le fait que l’armée reste forte.

Le colonel Mohamed, qui mélange stratégie militaire et politique, explique considérer le «complot» étranger contre la Syrie comme une nouvelle version des accords Sykes-Picot de la première guerre mondiale, quand la Grande Bretagne et la France avaient secrètement décidé de se partager le Moyen Orient, Syrie incluse. «Ils veulent faire la même chose aujourd’hui,» dit-il. «La France et la Grande Bretagne donnent des armes aux terroristes pour nous diviser, mais nous voulons une Syrie unie où tout notre peuple pourra vivre ensemble, démocratiquement, sans se soucier de la religion de son prochain mais vivant pacifiquement…» Et puis est arrivée la crise. «…sous la direction de notre champion, le Dr Bachar al-Assad.»

Mais ce n’est pas si simple. Le mot «démocratie» et le nom Assad ne s’accordent pas vraiment dans une bonne partie de la Syrie. Et je pense plutôt que les soldats de ce qui s’appelle officiellement l’Armée Arabe Syrienne combattent plus pour la Syrie que pour Assad. Mais en tout cas, ils combattent et sont peut-être en train de gagner, pour l’instant, une guerre ingagnable. A Beit Fares, je me penche une fois de plus sur le parapet, la brume se lève sur les montagnes. Ce pourrait être la Bosnie. Le paysage est à couper le souffle, des collines gris-vert qui se lovent dans des montagnes d’un bleu de velours. Un petit paradis. Mais les fruits qui poussent le long de cette ligne de front sont amers en réalité.

lundi 22 avril 2013

Terrorista #1 prêt pour la course à Boston


Ça ressemble à une grosse farce, du genre que même le comédien sioniste Sacha Baron Cohen n’aurait pas osé placer dans Borat.

Mais en Amérique on ose tout ! 

Les propriétaires de la BMW Terrorista #1 placés A NOUVEAU en détention par rapport à l’attentat de Boston :

La police fédérale arrête deux hommes qui étaient amis avec le suspect pour infraction à la règlementation de l’immigration
Par Daniel Bates, Daily Mail (UK) 20 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Les deux hommes qui possèdent une BMW immatriculée ‘Terrorista #1’ et dont on dit qu’ils seraient des amis du plus jeune des deux suspects pour l’attentat de Boston ont été placés à nouveau en détention samedi.

BMW terrorista

Cette fois, les deux ressortissants étrangers ont été arrêtés pour des infractions présumées à la réglementation sur le séjour des étrangers dans la ville de New Bedford, Massachusetts, une ville où le suspect encore vivant Dzhokar Tsarnaev aurait résidé à une époque..

Les étudiants, que les voisins désignent par leurs prénoms Azmat et Diaz conduisent une BMW 3330XI noire avec une plaque d’immatriculation personnalisée et un autocollant à l’arrière où on peut lire ‘F*** you, you f****** f****’. 

On pense qu’ils sont du Kazakhstan et on ne les avait pas vus depuis les attentats jusqu’au vendredi soir quand leur appartement au rez-de-chaussée a été investi par une dizaine d’agents armés du FBI.

Une de leurs petites amies avait aussi été arrêtée vendredi. Tous les trois sont âgés d’une vingtaine d’années
Ennemi combattant capturé vivant(e)
Affirmatif: ennemi(e) combattant(e) capturé (e) vivant(e)

Ils avaient ensuite été relâchés dans la nuit de vendredi avant que les deux homes soient arrêtés à nouveau samedi..

Leur appartement avait été investi parce que selon la police, le plus jeune des suspects pour l’attentat contre le Marathon, Dzhokhar Tsarnaev, 19 ans, a peut-être vécu à cette même adresse.

Le MailOnline a aussi découvert un autre lien – Dzhokar avait tweeté des photos de la voiture sur son compte Twitter J_tsar.

Sur une photo, la BMW est à côté d’une autre voiture de sport noire avec la légende ‘Faites vos paris’ comme si une course allait commencer.
Sur une autre photo, un groupe de garçons se tient près des deux véhicules et on peut voir un jeune qui fait un geste comme s’il pointait une arme en direction de l'appareil photo.

Les arrestations ont eu lieu à Hidden Brook, un ensemble d’habitation de New Bedford. Une voisine affirme que les deux jeunes avaient dit que la BMW était volée ou qu’ils avaient prétendu l’avoir louée mais qu’ils ne payaient pas les frais de location. 
Dans la voiture, on a trouvé un reçu d’un magasin Ralph Lauren, une paire de lunettes de soleil Ray Ban, un reçu d’une compagnie de transport maritime, une ordonnance médicale, de nombreuses bouteilles d’eau écrasées et plusieurs tickets de stationnement.
La voisine a déclaré au MailOnline qu’Azmat et Diaz étaient des ‘garçons sympathiques’ qui avaient le teint clair été étaient minces et de petite taille.

Elle a dit qu’ils étaient étudiants à l’université du Massachusetts et habitaient l’appartement depuis environ un an.

Elle a déclaré: ‘Ils faisaient la fête jusqu’à trois ou quatre heures du matin. Ils buvaient et dansaient et puis la police arrivait. Ca ne me gênait pas amis ils veillaient très tard de temps à autre.’

La voisine dit que quand la police a investi l’appartement, il y avait des agents armés sur le court de tennis derrière la maison, ils étaient allongés et ils pointaient leurs armes en direction de l’appartement.

Le FBI a ensuite fait venir un camion de déménagement à l’arrière de l’appartement mais n’a rien emporté.

Selon la voisine, quand les garçons ont été emmenés, elle a entendu un bruit de ‘bousculade’ et vu qu’ils étaient menottés avec des liens en velcro.
Le suspect avait une tenue suspecte par ce temps pourri
Le suspect avait une tenue suspecte par ce temps pourri
La voisine précise: ‘Je n’ai pas parlé avec eux depuis l’attentat. Ils ont un fort accent alors j’ai un peu de mal à les comprendre de toute façon. 

 ‘Ils sont partis pendant une quinzaine de jours il y a deux mois mais ils n’avaient pas dit pour où. Je ne sais pas s’ils étaient rentrés au Kazakhstan. 

Ils sont alors entrés dans l’appartement par une porte non fermée à clef donnant sur le patio. Quand on leur a demandé ce qu’ils faisaient, ils ont dit : ‘Nous sommes des amis à eux. Ils sont en train de parler ; ils parlent’ et ils ont fermé la porte.

Quand notre journal a contacté par téléphone le bureau du Boston Globe en ville, un homme a répondu: ‘On a beaucoup de boulot en ce moment. Considérez que nous sommes informés.’’

dimanche 21 avril 2013

A moi l'argent de la shoah! (suite)


On le sait, l’Allemagne n’en finit pas de payer pour indemniser les victimes et les familles de victimes [juives] des agissements du régime nazi.
Ce qui n’empêche pas de nombreuses personnes considérées comme des rescapées de l’holocauste de vivre dans le dénuement le plus total, notamment dans l’entité sioniste.
On pourrait supposer que c’est parce que le gouvernement allemand ne donne pas assez d’argent mais ce n’est en fait pas le cas.
Ce qui se passe, c’est que cet argent est en grande partie détourné soit pour des causes qui n’ont rien à voir avec l’histoire des victimes du nazisme, soit par des individus pour lesquels il n’y a pas de petits profits.
C’est ce qui s’est passé avec la Claims Conference, un organisme chargé d’instruire les demandes d’indemnisation et de pensions des bénéficiaires nécessairement juifs] potentiels de fonds versés par le trésor public allemand  et de payer justement indemnités et pensions.
On en avait déjà parlé sur ce blog, la Claims Conference a été le lieu d’une importante fraude qui a permis à des centaines de personnes d’encaisser une somme avoisinant peut-être les 7 millions de dollars.
J’écrivais dans mon post de 2010 sur cette Claims Conference
A mon avis, l'enquête débouchera sur quelques surprises compte tenu de la moralité douteuse de bon nombre de ceux qui encadrent la dite Claims Conference.

Je ne me trompais apparemment pas  puisque le procès actuellement en cours pour cette escroquerie chiffre le montant de l’argent détourné à 57 millions de dollars !
Une somme qui pourrait se révéler plus importante encore.
Le scandale est bien sûr énorme car c’est en quelque sorte un argent «sacré» que cet argent destiné aux victimes [juives] du nazisme .
Pourtant, dans un procès en cours pour cette affaire, le ministère public cherche à empêcher les jurés d’entendre  des témoignages démontrant l’existence d’autres fraudes que l’accusation cherche à tenir à l’écart du procès.
Les avocats des escrocs comme certains rescapés des persécutions nazies qui étaient depuis longtemps critiques à l’égard de la Claims Conference  aimeraient pourtant bien entendre ces témoignages:
«Il est vraiment malheureux de voir le procureur des Etats Unis essayer d’empêcher la mise au jour de preuves de malversations à l’intérieur de la Claims Conference,» a déclaré Leo Rechter, président de la National Association of Jewish  Holocaust Survivors.  Les leaders authentiques des organisations de survivants ont cherché pendant des années à amener les autorités judicaires et les élus à enquêter sur le manque de transparence et  l’absence d’obligation de rendre compte dans la Claims Conference.
La fraude présumée que doit juger le tribunal a choqué les survivants de l’holocauste, particulièrement ceux de la communauté juive russophone quand elle a été révélée la première fois en 2010. On pense que l’escroquerie a impliqué des milliers de réclamations frauduleuses déposées pendant 16 ans auprès de la Claims Conference. 
Depuis la découverte de la fraude, la Claims Conference et les enquêteurs du FBI ont identifié environ 5 000 demandes frauduleuses qui ont touché des fonds de la Claims Conference. Ils pensent que 12 millions de dollars ont été indûment soutirés au Hardship Fund qui fait un versement unique de 3 500 dollars aux personnes [juives] qui avaient été forcées à évacuer pendant la seconde guerre mondiale. Les procureurs pensent que 45 millions de dollars supplémentaires ont été soutirés frauduleusement  au Fond Article 2 qui verse une pension mensuelle de 4 00 dollars aux survivants dans le besoin qui ont vécu en se cachant ou sous une fausse identité pendant au moins 18 mois pendant la guerre.
31 personnes ont été officiellement impliquées dans cette escroquerie au long cours. 28 d’entre elles ont plaidé coupable et certaines ont déjà été condamnées.
Le procès en cours concerne trois accusés, dont l’un d’entre eux, Semen Domnitser, ancien directeur du Fond Article 2, serait la tête du réseau d’escrocs.
Plusieurs des accusés ont entre 70 et 83 ans… 

Xymphora et le Marathon de Boston


Avec Angry Arab, le canadien Xymphora est sans doute le blogueur pour lequel j’éprouve le plus de respect. Si l’animateur du blog Angry Arab est parfaitement connu, puisque c’est l’intellectuel américano-libanais As’ad Abu Khalil, Xymphora est lui anonyme même si on sait qu’il s’agit d’une seule personne et non d’un groupe de blogueurs.

Leur manière de travailler leurs blogs est sensiblement différente. Alors qu’Angry Arab s’appuie aussi sur un réseau de sources qui sont parfois au cœur des évènements dont il parle, Xymphora pratique seulement la veille informationnelle.

Mais avec quel brio !

On peut s’en apercevoir par exemple sur ce post où il s’intéresse à l’attentat perpétré pendant le marathon de Boston.

La lecture est assez édifiante pour amener tout un chacun à se poser au minimum quelques questions, un peu comme pour Mohamed Merah, auteur présumé des assassinats de Toulouse et Montauban (je dis présumé parce que Merah n’a jamais été jugé et ne le sera jamais vu qu’il est mort).

Il suffit de lire la presse ou de regarder les informations à la télévision pour constater que la construction rétrospective de l’image du tueur fanatisé bat son plein, se nourrissant de faits ou de pratiques banales à supposer qu’elles soient même avérées (comme par exemple le fait d’avoir mis un «like» à une vidéo visionnée sur YouTube.
On me dira que je verse dans la théorie du complot.

La belle affaire, comme si les complots n’existaient pas ! N’a-t-on pas vu Bernard-Botul-Henri Lévy et Alain Juppé comploter ouvertement contre Mouammar Kadhafi ? N’a-t-on pas vu Tony Blair et George W. Bush comploter contre Saddam Hussein ? L’Ivoirien Laurent Gbagbo n’a-t-il pas été victime d’un complot ourdi par Alasasne Ouattara et Nicolas Sarkozy ?

J’en passe et des meilleurs… 

Qu’est-ce qui tient debout dans tout ça?

Xymphora  (Canada) 20 avril 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri 
On lit dans USA Today
"Les actes des deux frères continuent à embrouiller l'esprit des autorités, de leur famille et de leurs amis. Les étudiants de l'Université de Dartmouth Massachusetts, où Dzhokar était étudiant, disent l’avoir  vu sur le campus après les attentats de lundi. Au cours de la traque des deux frères pendant la nuit et la matinée, un agent fédéral au courant de cette affaire a indiqué que les autorités avaient récupéré quelques engins explosifs artisanaux (IED), dont un en la possession de Tamerlan Tsarnaev. Tous les engins explosifs semblaient être de nature artisanale bombes artisanales, y compris des bombes tuyaux. La police en a fait exploser plusieurs vendredi après-midi. "
et:
«Les frères ont  carjacké un SUV Mercedes entre 12h15 et 12h30 en tenant le conducteur en respect avec une arme à feu pendant une demi-heure avant de le pousser hors du véhicule sain et sauf. Un agent fédéral, qui n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement, a déclaré que les deux hommes auraient dit au conducteur qu’ils étaient les auteurs de l’attentat contre le Marathon.
L’agent a déclaré que les suspects auraient reconnu leur rôle dans l’attentat contre le Marathon à la fois pour intimider le chauffeur et pour se vanter des explosions.»
Donc vous vous promenez sur la future scène de crime sans même essayer de vous déguiser (avec un des deux frères qui apparaît en public après l’attentat). Vous avez constitué un arsenal de bombes artisanales pour vous défendre contre la police par la suite. Mais vous ne vous occupez même pas  de tenir une voiture prête pour vous enfuir – ce qui fait que vous devez voler une voiture après l’attentat avec cette façon bizarre de se vanter – et vous ne prenez même pas la précaution  d’avoir de l’argent à disposition pour être en mesure de fuir, ce qui fait que vous devez prendre le gros risque de braquer une supérette 7-11 [en effet, il est très risqué et surtout peu rentable de braquer ce genre de commerce aux USA]. Est-ce que tout ça tient vraiment debout ?

«Il y a deux ans, le FBI avait interrogé Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, un des suspects pour l’attentat du marathon de Boston pour d’éventuels liens avec la mouvance extrémiste, mais n’avait pas trouvé d’éléments à charge.» «Donc, le FBI avait enquêté sur «l’auteur de l’attentat contre le Marathon»… » «Obama remercie Poutine pour son aide à Boston» C’est donc l’époque où le FBI a recruté le plus âgé des eux frères comme possible contact, et Barry [Obama] a dû remercier Poutine de ne pas vendre la mèche avant que le FBI ait eu la possibilité de peaufiner sa version des évènements [de fait, l’incrimination de deux tchétchènes sert aussi les intérêts russes, NdT].

Et peut-être même avait-il été recruté plus tôt : «Certains des associés des suspects vont être examinés à la loupe. D’autres non. Tenez à l’œil ces derniers.»

«Ce n’est pas du tout quelque chose à quoi on aurait pu s’attendre,’ disent des amis des suspects.» Malgré toute la manipulation, il n’y a pas la moindre preuve d’une ‘radicalisation’ de l’un ou de l’autre des deux frères.

«"Des contractants” [salariés de sociétés de sécurité] pour le Marathon de Boston se tenaient près de la bombe.” Par chance ils se sont éloignés des lieux et se sont trouvés hors de portée de la déflagration avant le déclenchement de la bombe !»

L’histoire ne tient pas encore vraiment debout, mais les autorités américaines ont de la chance que les Américains  soient si stupides et si aveuglés par l’islamophobie.