vendredi 31 mai 2013

Un début de réponse sur l'identité des assassins de trois soldats Libanais à Arsal

Le risque d’une contagion de la crise syrienne au Liban est une réalité palpable depuis le début et on en a parlé sur ce blog. Les signes inquiétants  tendent en effet  à se multiplier, en relation avec les difficultés que traverse en ce moment l’opposition au régime baathiste, désunie politiquement et mise à mal militairement.
Parmi les signaux préoccupants, il y a eu les agressions sectaires à Tripoli contre la minorité alaouite de cette ville.
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Patrouille de l'armée libanaise à Tripoli. Sous l'oeil bienveillant du monarque Saoudien, militant démocrate bien connu
Et bien sûr, la mort de trois soldats de l’armée libanaise tués mardi 28 mai
près d’Arsal, dans un secteur par lequel les rebelles syriens font entrer armes et combattants en provenance du Liban. «Les soldats du point de contrôle ont fait face aux assaillants et une fusillade, qui s’est soldée par la mort de trois militaires, s’est ensuivie», a affirmé l’armée libanaise, dans un communiqué. Les hommes armés pourraient être passés en Syrie, a dit le ministre de la Défense, Fayez Ghosn.

Pour les milices hostiles au gouvernement syrien, Arsal est une agglomération stratégique  par laquelle transitent argent, hommes et matériels acheminés vers le territoire syrien, notamment vers la ville proche d’al Qussayr qui est en ce moment l’enjeu de rudes combats.
L’assassinat des trois soldats a été unanimement condamné au Liban, que ce soit par l’ancien premier ministre Saad Hariri ou par le mouvement Amal et le Hezbollah.
Se pose donc la question de savoir qui étaient les tueurs des trois soldats dont la presse nous qu’ils se sont enfuis en direction de la Syrie après avoir commis leur acte.
Ça tombe bien, L’Orient le Jour nous apprend justement que
Deux personnes soupçonnées d’être impliquées dans le meurtre de trois soldats près de Ersal, dans l’est du Liban, ont été arrêtées, affirme la chaîne de télévision LBC, sans donner plus de précisions.

Et les précisions que ce journal libanais francophone n’a pu obtenir,  le Daily Star, son homologue anglophone les a obtenues et on peut lire ce qui suit :
Des agents du renseignement militaire ont arrêté Mamdouh al-Wazir, le frère du suspect Mashoud al-Wazir dans la vallée de la Bekaa dans le courant de la nuit.
On pense que Mashhoud est impliqué avec deux autres personnes dans l’attaque de mardi contre un point de contrôle de l’armée libanaise à Wadi Hmeid, dans la périphérie d’Arsal qui a causé la mort de trois soldats, selon notre source.
Lejournal libanais As-Safir indique dans un article détaillé ce vendredi que deux suspects pour l’attaque d’Arsal ont été arrêtés.
Il s’agit d’une infirmière libanaise dont les initiales sont A. Sh et d’un Libanais qui ont loué et livré un Hummer à un troisième suspect, M. W., un Syrien qui habite à Chtaura et dont on pense qu’il a réalisé l’attaque.
Selon As-Safir, M.W.est entré au Liban par la région frontalière nord de Wadi Khaled après avoir été blessé à Homs, dans le nord de la Syrie. Le journal indique que M. W. combattait avec le Bataillon Yarmouk qui fait partie du jabhat al-Nosra.
Selon le journal, M. W. avait été transféré dans un hôpital d’Etat à Tripoli où il a subi une intervention chirurgicale et où il est resté pour trois mois de rééducation pendant lesquels il a fait la connaissance de l’infirmière A. S.
A la mi-mai, M. W. a passé plusieurs jours dans la ville côtière du nord (Tripoli) et a consulté des financeurs Syriens avant de se rendre dans un lieu inconnu.
Il y a une semaine, selon As-Safir, M. W. a contacté A. S  et lui a demandé de louer un véhicule tout terrain, quel que soit le tarif de la location. A. S., indique le journal, avait demandé à un de ses voisins, A.M. de visiter un certain nombre de commerces d’automobiles où il a trouvé un Hummer à louer.
M. W. a viré à A. M. une somme de 600 dollars pour trois journées de location.
Le journal écrit que M. W. a ensuite gardé le silence pendant un certain temps et n’a plus répondu à aucun appel. C’est pendant cette période que l’attaque contre l’armée a eu lieu, dit le journal qui ajoute qu’on soupçonne qu’un Hummer a été utilisé par les agresseurs.
La mort des trois soldats Libanais est une fois de plus l'oeuvre de ceux qui s'opposent par les armes au régime syrien et qui sont prêts à noyer leur déroute dans le sang libanais puisque celui des Syriens leur sera peut-être bientôt interdit.





jeudi 30 mai 2013

Missiles S-300 en Syrie à la barbe du Mossad

L'entité sioniste avait affirmé que sa dernière action de bombardement de la région de Damas avait pour objectif de détruire des équipements militaires destinés au Hezbollah libanais et qui étaient susceptibles de représenter une menace pour l'entité sioniste.

Un argument qui en temps ordinaire est de nature à faire taire toute critique et exclut bien sûr toute condamnation de la part des régimes occidentaux, ceux-là même qui se prétendent "amis" de la Syrie.

Remarquez que ce sont les même qui étaient les "amis" du Liban en 2006...

Et les temps actuels sont tout sauf ordinaires puisque les dits "amis" de la Syrie considèrent qu'il est grand temps que ce pays ami change de président, même si pour cela il faut plonger le pays dans la guerre et contrevenir à la lettre et à l'esprit de la Charte des Nations Unies dont certains de ces "amis" de la Syrie sont supposés être les garants.

Et en ces temps peu ordinaires, l'entité sioniste ne s'est pas privée de signifier qu'elle était prête à frapper la Syrie à nouveau si elle estimait que sa sécurité l'exigeait .

Des menaces qui n'ont suscité qu'indifférence dans le monde des "amis" de la Syrie mais qui ont amené le gouvernement syrien à faire savoir qu'il riposterait en cas de nouvelle agression.
Des propos bien entendu jugés inadmissibles par l'entité sioniste qui est la seule à avoir le droit de se "défendre".

Comme si un agresseur avait un droit quelconque à se défendre.

Ces derniers jours, le gouvernement sioniste a encore monté d'un ton devant les informations selon lesquelles la Russie allait fournir des missiles sol-air évolués de type S-300.
 
Un des chefs du gang sioniste, Benjamin Netanyahou en l'espèce, a même fait le voyage à Moscou pour expliquer à Vladimir Poutine qu'il devait s'abstenir de livrer ces engins à l'armée syrienne.

Et les terroristes sionistes ont même menacé d'armer les ennemis de la Russie ou d'attaquer les bateaux russes qui seraient chargés d'acheminer ces missiles vers la Syrie.

Après tout, les terroristes sionistes ont assassiné  le Comte Folke Bernadotte (un de ses assassins ayant eu droit à un hommage de la part de François Hollande au moment de son trépas), bombardé l'USS Liberty, un navire de l'armée américaine, saboté dans le port de Fréjus un équipement nucléaire destiné à l'Irak (vous ne trouverez rien sur le net à ce sujet), assassiné des militants humanitaires dans un bateau battant pavillon turc etc.

Le tout dans l'impunité totale. Alors pourquoi en irait-il autrement avec les Russes?

De fait, les informations les plus contradictoires ont circulé sur la future livraison ou  non livraison de ces armes à la Syrie, certaines d'entre elles faisant état d'une gesticulation de Moscou pour se trouver en position de force dans les négociations qui semblent se profiler.

Les choses sont beaucoup plus claires aujourd'hui puisque le président Bachar al-Assad a annoncé en personne que son pays disposait désormais des fameux missiles.
Un camouflet pour les services secrets sionistes qui croyaient que ces systèmes d'armes imposants étaient encore stockés dans un hangar quelque part en Russie.

On verra si les gangsters sionistes mettent à exécution leur autre menace qui consiste à essayer de détruire ces équipements sur le sol syrien.

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Même si ces missiles sont vulnérables tant qu'ils n'ont pas été mis en ordre de bataille, il est à peu près certain que non seulement ils sont (ou seront) installés par des techniciens Russes mais aussi que, compte tenu de la sophistication de systèmes qui demandent sans doute des mois de formation pour être manipulés correctement, leurs servants seront au moins pendant un temps des membres de l'armée russe.


Autant d'éléments de nature à dissuader les sionistes de bombarder les sites qui accueillent ou accueilleront ces missiles.

Les S-300 ont vocation à sanctuariser le territoire syrien contre les attaques venues du ciel. Ces missiles sont même en mesure d'interdire à l'aviation sioniste une bonne partie de son "propre" (palestinien en réalité) espace aérien .

C'est dire que Vladimir Poutine entend fixer lui-même les limites de l'ingérence militaire étrangère en Syrie.

Les sionistes se consolent en se disant qu'ils ne sont "pas une cible pour Assad", ce qui est une manière d'essayer d'induire l'opinion en erreur car ces engins n'ont pas vocation à attaquer le territoire ennemi (ce ne sont pas des missiles sol-sol) mais à défendre le territoire syrien contre les attaques de l'aviation sioniste ou, pourquoi pas, française ou anglaise.

A ceux qui s'inquiètent de la présence des missiles par rapport aux discussions à venir sur une sortie pacifique de crise en Syrie, on rappellera aussi que ces engins sont inutiles face à une guérilla et ne peuvent gêner que ceux qui envisageraient des attaques aériennes contre la Syrie.
 
 

mercredi 29 mai 2013

Pourquoi le Hezbollah s'est-il engagé militairement en Syrie?

On a déjà évoqué ici la participation du Hezbollah aux combats en Syrie pour conclure que le rôle du Hezbollah était somme toute marginal, limité surtout à l’encadrement de communautés villageoises libanaises situées en territoire syrien et à la protection du mausolée de Sayyida Zeinab à Damas.
Il va bien sûr de soi que le Hezbollah ne reste pas les bras croisés devant les agissements des miliciens «rebelles» qui sévissent à l’intérieur du Liban, dans les secteurs limitrophes de la Syrie.
Les choses ont changé depuis, et le Hezbollah est directement engagé dans les combats aux côtés de l’armée syrienne.
Les raisons de ce changement sont explicitées dans l’article, signalé par Nidal, que je vous propose.
Et ces raisons n’ont rien à voir avec 1) une haine du Hezbollah pour les sentiments printaniers (et démocratiques) qui animeraient l’opposition armée en Syrie 2) une affinité de type sectaire qui n’existe que dans l’esprit de ceux qui ne connaissent pas ce que sont traditionnellement les rapports entre chiites et alaouites. Et qui ignorent au passage le fait que les relations entre le Hezbollah et le gouvernement syrien n’ont pas toujours été au beau fixe.
Non, le Hezbollah a une approche stratégique rationnelle et il a compris que la Résistance jouait sa survie en Syrie.
L’article ne le dit pas, mais l’affaiblissement, voire la disparition de l’axe de la résistance au régime sioniste qui résulterait d’une défaite du régime syrien est souhaitée par les monarchies arabes de l’Atlantique au Golfe persique car elles sont impatientes de normaliser complètement leurs relations avec Tel Aviv.
C’est aussi le sens de la dernière proposition de John Kerry consistant à acheter, avec l’argent des autres pour l’essentiel, le renoncement des palestiniens à leurs droits.

Les Limites du Hezbollah en Syrie

 Par Wafiq Qanso, Al-Akhbar (Liban) 29 mai 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Le rôle du Hezbollah en Syrie devenant de plus en plus prononcé, Al-Akhbar examine les limites de son intervention militaire, s’interrogeant sur jusqu’où il ira pour défendre la Résistance.
Il est par exemple peu probable que nous verrons des clips YouTube avec des combattants du Hezbollah dans des régions reculées et lointaines de Syrie comme Raqqa ou Hasakah. Le Hezbollah est conscient de ses limites dans un pays vaste comme la Syrie dont le contrôle requiert une armée nombreuse dont le parti ne dispose pas.
Les opérations de combat du Hezbollah en Syrie sont en conséquence proportionnelles à la menace immédiate. Selon des sources informées, sa stratégie globale consiste à «sauvegarder la Résistance et protéger ses voies d’approvisionnement.»
Le parti s’est donc jeté dans la bataille, de crainte que des groupes takfiristes soient sur le point de prendre le contrôle des provinces syriennes riveraines du Liban, coupent également l’autoroute vers l’aéroport de Damas, ce qui créerait une «zone tampon» autour de ses bastions de la vallée de la Bekaa et couperait ses lignes d’approvisionnement. Comme le couteau se rapprochant très près de la gorge de la résistance, le Hezbollah a considéré n’avoir d’autre choix que de s’impliquer directement dans le conflit.
L’imminence du danger à la frontière nord-est du Liban coïncidait avec ce qui apparaît comme une convergence d’intérêts entre les acteurs arabes, régionaux et internationaux, dont Israël, en vue de renverser le régime de Bachar al-Assad.
De fait, compte tenu du retrait actuel de l’Egypte des affaires de la région, l’Arabie Saoudite, et le Qatar dans une certaine mesure – aspirent à dominer la région du Levant.
Dans le même temps, il est hors de doute que les Etats Unis et l’Europe désirent renverser le régime syrien, en raison notamment de son soutien à la Résistance libanaise et de son alliance avec Téhéran.
Les sources d’Al-Akhbar soulignent que le Hezbollah ne combat pas pour le compte du régime, mais à ses côtés, et seulement tant que la bataille sert à la protection des intérêts stratégiques du parti. Selon nos sources, «Tout d’abord, le Hezbollah ne se serait pas impliqué, même à Qussayr, si le régime n’était pas fort et ne jouissait pas d’un large soutien populaire.»
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Al Qussayr occupe un emplacement stratégique aussi bien pour le Hezbollah que pour l'opposition armée au régime syrien qui reçoit argent et armes via la ville libanaise d'Arsal
C’est sans doute cette cohésion qui a empêché des défections d’ampleur dans l’armée qui aurait sinon adopté une posture de neutralité dans la lutte pour renverser le président Syrien.
Il importe d’observer ici que l’administration des Etats Uni est dans l’impasse sur cette question. D’un côté l’administration US préférerait que l’armée se détache d’Assad. Mais d’un autre côté, l’administration ne veut pas voir une réédition de l’Irak, avec le démantèlement catastrophique des forces armées.
.Il est certain qu’aucune des factions de l’opposition n’est en mesure d’imposer son contrôle sur le terrain, tandis que le poids du Front al-Nosra et d’autres organisations liées à al Qaïda devient alarmant. 
Compte tenu des fortes divisions au sein de l’opposition syrienne et de la mission presque impossible d’unifier ses factions dispersées, l’administration US est de plus en plus convaincue qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise. Ce qui ne veut cependant pas dire que la sortie de crise est en vue, où que la proposition de conférence Genève 2 réussira à faire cesser le conflit. 
D’une part, les acteurs régionaux misent toujours sur un changement de régime. Cependant, les progrès accomplis par l'armée syrienne sur le terrain - en particulier dans des secteurs  cruciaux comme Deraa et Qussayr, ainsi que les préparatifs en vue de déloger les rebelles d’Alep, pourraient s’avérer être un tournant dans le cours d’une guerre qui dure depuis deux ans. 
Une conséquence de cette évolution sera peut-être que les diverses parties reconsidéreront leurs calculs et attitudes d’une manière qui – ayant finalement désespéré de l’option militaire – favorisera en fin de compte une solution politique.

dimanche 26 mai 2013

Réunion des vrais amis de la Syrie le 29 mai à Téhéran

La France a été et reste très en pointe dans la démarche consistant à fédérer les énergies pour renverser le président Syrien Bachar al-Assad.

L'aspect le plus visible de cette démarche a été la mise en place du groupe des "amis de la Syrie" ou "du peuple syrien", soit une masse de pays supposés incarner une volonté internationale, en réalité un alibi pour couvrir les agissements d'une clique d'Etats voyous emmenée par le gouvernement français sous les couleurs de l'UMP avec Alain Juppé puis du PS avec Laurent Fabius qui a pris sa suite à la tête de la diplomatie française.

L'action française a fait long feu comme l'a montré la dernière réunion à Amman des "amis" de la Syrie, rassemblant péniblement onze Etats participants et une opposition syrienne à qui il a fallu tirer l'oreille pour qu'elle daigne être présente.

On rappellera qu'en juillet 2012, c'est une centaine de pays qui étaient présents à la réunion des "amis" de la Syrie qui se tenait à Paris.
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L'heure de gloire de Laurent Fabius en juillet 2012 à Paris
L'échec sur le plan diplomatique est patent pour Laurent Fabius qui n'en reste pas moins arrogant comme au premier jour.

Dans quelques jours, le 29 mai, une autre réunion des amis de la Syrie va se tenir mais à Téhéran et à l'invitation des autorités iraniennes.

Une quarantaine de pays devraient être représentés dont la Russie et la Chine. Le sultanat d'Oman a confirmé sa participation tandis que des invitations ont été adressées au Qatar, à la Turquie et à l'Arabie Saoudite.
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Téhéran août 2012: les représentants de 30 pays discutent de la situation en Syrie
On peut supposer que le royaume wahhabite sera présent parce que, et c'est quelque chose qui est négligé par vos journaux, l'Arabie Saoudite fait partie d'un groupe de contact sur la Syrie dans lequel elle est associée à l'Iran, à la Turquie et à l'Egypte. La création de ce groupe en mars 2012 s'était d'ailleurs faite à l'initiative de Mohamed Morsi, le président Egyptien.

Le gouvernement iranien est optimiste sur le succès de cette nouvelle réunion des vrais amis de la Syrie et sur les  progrès auxquels elle pourrait permettre d'aboutir.

Et n'oublions pas que dès le début, l'Iran a plaidé pour une résolution pacifique de la crise syrienne et, à cette fin, a pris langue et gardé contact avec toutes les parties.
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L'un est à gauche et l'autre à droite (du moins sur la photo)
A comparer avec le comportement barbare des deux énarques qui se sont succédé à la tête du Quai d'Orsay.

samedi 25 mai 2013

Lyon: Conférence de Lahouari Addi sur "Deux approches opposées de l’anthropologie de l'Islam"


A l'occasion de la publication du dernier ouvrage de Lahouari Addi "Deux anthropologues au Maghreb : Ernest Gellner & Clifford Geertz* ", le GREMMO a le plaisir de vous convier à sa prochaine conférence le jeudi 30 mai 2013
Deux approches opposées de l’anthropologie de l'Islam
Intervenants : Lahouari Addi - Professeur de sociologie à l'IEP de Lyon
Jeudi 30 mai 2013 de 18h à 20h
Grand Amphi de Sciences Po Lyon
Rue Appleton, 69007 Lyon
Lahouari Addi vient de publier un ouvrage consacré à Ernest Gellner et Clifford Geertz deux anthropologues de l'islam, célèbres pour leurs travaux sur le Maroc. Dans cette conférence, l'auteur présente les approches des deux chercheurs anglophones pour qui la Nahda, pour l'un a été une réforme modernisatrice des sociétés musulmanes, et pour l'autre, elle a été une tentative d'idéologisation du sacré dans des sociétés sous domination occidentale.
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* publié aux Editions des Archives Contemporaines
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Marie-Christine MICHEL
Gestionnaire Secrétaire
Groupe de Recherches et d'Etudes sur la 
Méditerranée et le Moyen-Orient 
Université Lumière Lyon 2 - CNRS
Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux
7, rue Raulin - F 69365 LYON Cedex 07
Téléphone : 33- (0)4 72 71 58 45
Télécopie : 33- (0)4 78 58 12 57
www.gremmo.mom.fr
www.mom.fr
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France - Syrie, le sens du mot amitié selon Laurent Fabius



Je vous reproduis un article de Reuters dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'a pas beaucoup de succès dans la presse française qui le reprend fort peu.
Et qui permet de constater que le gouvernement français, qui se prétend "ami" de la Syrie (sans doute au nom de son passé e force occupante dans ce pays, rechigne à accueillir le réfugiés Syriens.
La même France qui a pourtant tout fait pour aggraver et prolonger le conflit dans ce pays arabe, dépêchant sur place et dans les pays voisins des conseillers militaires pour encadrer l'opposition armée, plaidant aussi comme une forcenée pour un accroissement quantitatif et qualitatif des livraisons d'armes aux milices d'opposition, exigeant comme condition préalable à tout arrêt des hostilités le départ de Bachar al-Assad qui "ne mériterait pas de vivre", dixit Laurent Fabius qui lui, par contre , mériterait de vivre.
C'est aux autres d'assumer les conséquences choix de la France
C'est aux autres d'assumer les conséquences des choix politiques de la France
L'article expose dans toute sa nudité l"hypocrisie de l'amitié de la France pour la Syrie

La France rechigne à accueillir plus de réfugiés syriens

Capital.fr
Source : Reuters 24/05/2013 à 12:40 / Mis à jour le 24/05/2013 à 12:45
Plusieurs centaines de Syriens ont demandé l'asile en France depuis 2011 dans l'espoir d'échapper au conflit qui fait rage depuis plus de deux ans et qui a causé la mort de 80.000 personnes et la fuite de plus de 1,5 million de personnes. Des chiffres dérisoires au regard des demandes adressées à l'Allemagne et à la Suède, - avec respectivement, pour la seule année 2012, 6.200 et 7.800 demandes de réfugiés syriens -, mais qui selon certaines ONG pourrait être revu à la hausse si la France acceptait de revoir ses capacités d'accueil. 
Pour Marouane, tout à basculé à l'été 2012 lors de la bataille d'Alep opposant les rebelles aux forces du président Bachar al Assad. En l'espace de quelques semaines, les allusions jusque là discrètes à son engagement en faveur de la démocratie se sont transformées en menaces à peine voilées.
"J'ai reçu plusieurs coups de téléphone. Quand j'ai vu que les choses se dégradaient, j'ai décidé de partir pour mettre à l'abri ma femme et mes deux filles", explique ce médecin chrétien de 55 ans, qui a rejoint en novembre la France, où il a déposé une demande d'asile.
Comme lui, plusieurs centaines de Syriens ont demandé l'asile en France depuis 2011 dans l'espoir d'échapper au conflit qui fait rage depuis plus de deux ans et qui a causé la mort de 80.000 personnes et la fuite de plus de 1,5 million de personnes. Ils étaient 100 à faire cette demande en 2011, 450 en 2012 et 282 au cours de quatre premiers mois de 2013.
Des chiffres dérisoires au regard des demandes adressées à l'Allemagne et à la Suède, - avec respectivement, pour la seule année 2012, 6.200 et 7.800 demandes de réfugiés syriens -, mais qui selon certaines ONG pourrait être revu à la hausse si la France acceptait de revoir ses capacités d'accueil.
Un scénario qui permettrait de désengorger les camps de réfugiés en Turquie et en Jordanie mais qui est pour l'heure écarté par les autorités françaises qui évoquent un "système d'asile à bout de souffle" et appellent à s'attaquer aux racines du problème en trouvant en priorité une solution politique.
"L'Europe n'est pour l'instant pas affectée par l'exode des Syriens mais cela pourrait changer, notamment au vu du nombre important de Syriens dans les camps situés dans les pays limitrophes qui risquent d'être complètement submergés par l'afflux", souligne William Spindler, porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés à Paris.
Selon le HCR, le nombre de réfugiés syriens, actuellement d'un million et demi, risque en effet d'être multiplié par deux ou par trois d'ici à la fin de l'année.

"SATURES"

Face à la dégradation de la situation, l'Allemagne a annoncé en mars qu'elle accueillerait au moins 5.000 réfugiés syriens supplémentaires en 2013, une décision saluée par la Commission européenne qui a émis l'espoir que d'autres Etats membres de l'UE suivent cet exemple.
Un espoir partagé par le HCR qui estime qu'il est temps pour la France d'accueillir davantage de réfugiés face à la situation alarmante observée dans les camps turcs et jordaniens où les conditions sanitaires et sécuritaires se dégradent chaque jour.
Pour la présidente d'Amnesty International France, Geneviève Garrigos, "la dégradation de la situation et l'afflux constant de réfugiés peut avoir un impact sur la stabilité de toute la région et l'UE portera une grande part de responsabilité pour son inaction aujourd'hui."
Invoquant des centres d'hébergement des demandeurs d'asile (Cada) "saturés", Paris, pourtant en première ligne dans le dossier syrien, se dit dans l'incapacité d'accueillir en urgence des réfugiés comme ce fut le cas pour les chrétiens d'Irak en 2010 après l'attaque de leurs lieux de culte.
"La saturation du dispositif d'accueil, due à la hausse de la demande d'asile et à l'augmentation des délais de traitement, ne permet pas à la France, à ce jour, de s'engager auprès du HCR à examiner un plus grand nombre de demandes", indiquait le ministère de l'Intérieur en mars.
"Consciente de la situation alarmante en Syrie, la France agit afin d'apporter des réponses concrètes aux difficultés des réfugiés syriens, elle apporte un soutien financier à l'aide humanitaire d'urgence en Syrie ainsi qu'aux ONG oeuvrant dans les pays voisin", faisait-il alors valoir.
Au total, selon le quai d'Orsay, la France a versé une aide de 11,2 millions d'euros pour les réfugiés situés dans les pays limitrophes sur une aide totale de 40 millions d'euros dans le cadre de la crise syrienne.

SOLIDARITÉ

Pour le directeur général de France Terre d'asile, si cet argument est recevable, il ne doit toutefois pas empêcher la France de réfléchir à son devoir de solidarité.
"Quand on dit que le dispositif est en crise, c'est vrai mais cela doit être réforme et cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir à l'expression de notre solidarité avec notamment les réfugiés syriens et en liaison avec les organisations internationales", souligne Pierre Henry.
La création de 4.000 places d'hébergement, dont 2.000 ouvertes dès juillet et les autres avant le premier trimestre 2014 pourraient débloquer la situation, estime-t-il.
Dans le cadre du programme de réinstallation mené actuellement par la France, le HCR soumet 100 dossiers de candidature pour la réinstallation de réfugiés par an.
Un processus jugé marginal par Amnesty International qui appelle la France à mettre en place une procédure de réinstallation d'urgence.
"L'histoire se répète et on n'arrive pas à trouver de réponse", déplore Jean-François Dubost, responsable du programme personnes déracinées. "Au moment de la guerre en Libye, on a eu exactement le même phénomène. Il y avait des réfugiés libyens venus se réfugier en Tunisie et en Egypte et il y a eu des demandes de réinstallation par le HCR auprès des pays de l'UE dont la France. C'est la même chose pour la Syrie."

PRÉCARITÉ

La durée du conflit et l'absence de solution politique à court ou moyen terme joue en défaveur de la population syrienne au sein de l'opinion publique davantage préoccupée par la crise économique, estiment les ONG.
La décision en janvier de la France de réintroduire de façon temporaire le visa de transit aéroportuaire pour les ressortissants syriens serait passée inaperçue si plusieurs ONG n'avaient pas déposé deux recours, tous deux rejetés, devant le Conseil d'Etat en dénonçant une entrave au droit d'asile.
"L'introduction de ce visa n'était pas une manière de freiner les flux de réfugiés demandant éventuellement à se rendre en France", assure-t-on au Quai d'Orsay. "Tout au contraire, c'était un moyen d'éviter que les réfugiés ne se retrouvent dans des zones de transit des aéroports internationaux dans des situations de très grande précarité."
Pour le ministère des Affaires étrangères, la crise syrienne ne se réglera pas via la question des réfugiés.
"Il faut replacer les choses dans l'ordre, la manière de régler la question des réfugiés syriens c'est de leur permettre de rentrer chez eux, de rétablir des conditions qui permettent de le faire."

Avec John Irish, édité par Yves Clarisse

vendredi 24 mai 2013

80 % ou 90 %, Joe Biden cherche la réponse à la question juive

Joe Biden, le vice président des Etats Unis, s’est fendu d’un discours pour le moins élogieux à l’égard de la communauté juive de son pays.
Trop élogieux disent certains…
80 % ou 90 % Joe Biden cherche la réponse à la question juive

 Biden: les leaders Juifs ont été à la tête du changement en faveur du mariage homosexuel (gay)

par Josh Lederman Associated Press – ABC News (USA) traduit de l’anglais par Djazaïri
Washington 22 mai 2013 (AP)

Le vice président Joe Biden a félicité les leaders Juifs pour avoir contribute à changer les attitudes des Américains à l’égard du mariage homosexuel et d’autres questions de société.
Biden a souligné que l’art et la culture changent les attitudes des gens. Il a cité les médias sociaux et la vieux feuilleton de NBC TV, «Will and Grace » comme des exemples de ce qui a aidé à faire évoluer les attitudes à l’égard du mariage homosexuel.
Biden a dit,
«Pensez que, derrière tout ça, je vous parie que 85 % de ces changements, que ce soit dans les médias sociaux ou à Hollywood, sont une conséquence [de l’action] des leaders Juifs dans l’industrie [de la communication].» 
Biden a expliqué que cette influence est immense et que ces changements ont été dans le sens du bien.
Biden s’est exprimé ainsi mardi soir à la réception pour le Jewish American Heritage Month (mois du patrimoine judéo-américain) organisée par le Democratic National Committee. Il a affirmé que les valeurs juives sont une part essentielle de l’identité des Américains [essential part of who Americans are].

Ceci n’est qu’un résumé des propos dithyrambiques tenus par Joe Biden sur la place et le rôle des Juifs aux Etats Unis.
A tel point que Jonathan Chait du New York Mag estime qu’il est allé trop loin, donnant accidentellement du grain à moudre aux antisémites.
On l’aura compris en effet, le tour de force de Joe Biden  a consisté, par excès de philosémitisme à égrener les poncifs du suprématisme juif (le nombre de prix Nobel, les 11 % des élus au Congrès issus d’une communauté qui représente à peine 2 % de la population du pays) et les clichés antisémites, à savoir la volonté de détruire chez les Gentils l’attachement aux valeurs familiales ou l’énorme influence des Juifs dans le cinéma et les médias en général.
Jonathan Chait écrit :
Biden a en effet fait dans son propos un éloge vibrant et sincère avant de dériver dans un terrain très inconfortable et de prononcer un discours qui sera probablement cité par les antisémites pendant les années et les décennies à venir. (Il est déjà l’objet de discussions animées dans la communauté suprématiste blanche).

Contrairement à l’évidence, Chait considère que  le discours de Joe Biden n’était pas antisémite.
Or ce discours est antisémite malgré ce paradoxe qui tient à la nature élogieuse de propos tenus devant des Juifs influents dans le parti Démocrate et dans la société américaine en général.
Le paradoxe Biden peut s’expliquer rationnellement et j’y reviendrai sans doute à l’occasion d’un post ultérieur.
Pour l'instant, je me contenterai de la remarque finale de Jonathan Chait:
Et puis aussi, cette petite observation de rien du tout, quand on donne des chiffres complètement farfelus [out of your ass, littéralement ‘tirés de son cul’], on devrait probablement les arrondir à l’entier plutôt qu’au demi (les Juifs sont responsables à 85 % du changement des attitudes culturelles à l’égard des homosexuels ? 90 % aurait été trop haut et 80 % pas assez haut?).
Le principal problème ici, c’est que les droits des homosexuels, à la différence des droits civiques des noirs, sont politiquement controversés pour l’instant.  Bident peut trouver que c’est «une très bonne chose» que les Juifs aient utilisé leur influence sur la culture populaire pour faire changer les attitudes de la société à l’égard de l’homosexualité, mais beaucoup de gens ne trouvent pas ça bien du tout.

jeudi 23 mai 2013

Montauban, Toulouse, Boston, Reyhanli, Londres: terrorisme et affaires d'Etat


Je ne sais pas pourquoi, mais presque à chaque fois que des tueurs (ou présumés tels) commettent des crimes atroces, par exemple Mohamed Merah à Montauban et à Toulouse, les frères Tsarnaev à Boston, ou tout récemment Michael Adeboloja et un autre individu qui ont sauvagement assassiné (sans le décapiter cependant contrairement à ce qui avait été d’abord annoncé) un soldat à Londres, on constate qu’ils  avaient fait l’objet d’un suivi par les services de renseignements et la police.
Michael Adeboloja  et son complice étaient en effet connus du MI 5 (renseignements intérieurs britanniques) comme le signale la presse anglo-saxonne. Un des deux tueurs de Londres avait même appartenu à une organisation interdite, al-Muhajiroun.
Ce qui est curieux, c’est que pour l’instant, aucune campagne de presse n’a été lancée ni en France, ni aux Etats Unis, pays où dit-on la presse est libre, pour dénoncer ce qui s’apparente à des scandales d’Etat.
On verra si l’Angleterre fera exception. J’en doute.
En Turquie, on est un peu plus audacieux. En effet, quelques jours après le double attentat de Reyhanli, attribué par le gouvernement turc aux autorités syriennes , qui a tué plus de cinquante personnes, un groupe de hackers dans l’esprit de WikiLeaks a rendu publiques des communications internes de la gendarmerie qui tendent à plaider pour une responsabilité du Jabhat al-Nosra, une organisation qui est un des fers de lance de la lutte armée contre le régime de Damas…
Le journal tuc Hürriyet rapporte qu’un gendarme a été mis aux arrêts et accusé d’être à l’origine de la fuite qui ne serait pas due à un piratage informatique mais du fait d’un simple gendarme qui aurait photographié puis envoyé par mail certains documents à Redhack.
Ce que cette organisation réfute par un communiqué qui dit en substance :
“si ce gendarme est la personne qui nous a livré l’information, comment se fait-il que nous ayons su avant elles [les autorités] qu’une chasse aux sorcières avait été lancée dans l’armée et qu’on sacrifierait des fonctionnaires ‘innocents’ ? » a déclaré l’organisation via Twitter.
Redhack avait twitté plusieurs heures avant l’annonce [par le gouvernement] que les autorités allaient essayer de faire porter le chapeau à un «pauvre soldat. »

Redhack rend publics des câbles sur les explosions de Reyhanli

Redhack a rendu publics une série de communications internes aux services de sécurité qui révèlent les préparatifs du double attentat de Reyhanli  vus par des documents top secrets des services de renseignements de la gendarmerie.
İstanbul - BIA News (Turquie) 22 mai 2013 traduit de l'anglais par Djazaïri
 Redhack, un groupe de hackers Turcs, a publié une série de câbles qui révèlent ce qui était connu des préparatifs du double attentat de Reyhanlı d’après les fichiers top secrets des services de renseignements de la gendarmerie turque.
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Les fichiers top secrets rendus publics par le groupe sont dates du 20 mai – 9 jours après l’attentat meurtrier qui a tué 51 civils dans la ville méridionale de Reyhanli, province de Hatay.
Un câble donne des détails sur plusieurs véhicules charges de bombes et d’explosifs destines à être livrés à des organisations liées à al Qaïda en Syrie.
Les bombes et les explosifs doivent server à une attaque contre la Syrie, lit-on dans le câble.
Un autre câble rapportait que des militants du Jabhat al-Nosra avaient transféré les bombes et les explosifs dans trois autres véhicules devant être utilisés dans une attaque contre la Turquie – une information qui venait confirmer la première.
Un troisième câble affirmait que les responsables au quartier général de la police au Hatay avaient reçu un appel anonyme qui alertait sur l’attentat à venir et donnait des informations sur certaines des allégations parues dans les medias.
* Cliquez ici pour accéder aux câbles publiés par Redhack (en turc).

mardi 21 mai 2013

L'Armée Electronique Syrienne (Syrian Electronic Army) dévoile le cybermensonge du journal Libération


La guerre informatique ou cyberguerre est d’actualité en France en ce moment ainsi qu’on a pu le constater en écoutant le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian.
Le cyberespace est effectivement déjà un lieu où se jouent certains conflits comme par exemple celui qui oppose l’Iran à l’entité sioniste et aux Etats Unis, deux pays qui se sont apparemment associés pour lancer une attaque informatique particulièrement vicieuse contre la république islamique en infestant les systèmes informatiques du réacteur de Natan avec le virus Stuxnet.
Comme d’habitude, ces pionniers de la guerre informatique jouent aujourd’hui les pères « la vertu » maintenant qu’ils comprennent que ce qu’ils ont fait aux autres, les autres peuvent le leur faire.
D’autant que leur cyberattaque contre l’Iran a lamentablement échoué, les techniciens de ce pays ayant parfaitement su gérer la situation.
La guerre en Syrie se joue aussi en partie dans le cyberespace, quoique à une échelle plus modeste. Elle est le fait de l’Armée Electronique Syrienne, de jeunes hackers favorables au gouvernement en place qui piratent des sites ou des comptes Tweeter, d’organes de presse essentiellement.
L’article que je vous propose s’intéresse à cette « armée électronique » et cherche à savoir à quel point elle obéit aux ordres du gouvernement.
On retiendra que si les méthodes très simples employées par les hackers excluent l’action d’une officine gouvernementale spécialisée, leur action serait néanmoins impossible sans l’assentiment  et les encouragements des autorités.
On notera que cette affaire de l'Armée Electronique Syrienne (Syrian Electronic Army en anglais) a amené le journal Libération à se comporter une fois de plus comme le très banal outil de propagande qu'il est.
En effet, dans un article consacré à ces hackers Syriens, Libération se réfère à un article du magazine américain Vice qui a pu s'entretenir avec Th3Pr0, un des hackers cités dans l'article que j'ai traduit. Iris Deroeux du journal Libération nous donne l'extrait suivant:
En témoigne |de la collaboration avec la police et l'armée syriennes] l’interview d’un membre de la SEA - usant du pseudonyme Th3 Pr0 - par le magazine américain Vice, en avril. «Non, nous ne transmettons pas d’information sur des militants [anti-Al-Assad, ndlr]. Le régime n’a pas besoin de nos informations, il dispose de ses propres services de renseignement», s’y défend le hacker. Mais le journaliste insiste, et Th3 Pr0 lâche : «Si les militants de l’armée syrienne de libération planifient un attentat ou le kidnapping de quelqu’un, alors oui, nous le dirons au gouvernement. Nous ne nions pas le fait que de nombreux mails que nous avons obtenus ont été transmis au gouvernement.»

Si vous trouvez ce (long) passage dans les deux articles (1 2) sur le sujet publiés par le magazine Vice faites moi signe parce que pour l'instant je ne l'y ai pas trouvé! (si vous le trouvez, je ferai mon mea culpa avant de suppprimer ce post)

Elle a piraté l’Associated Press, le Financial Times et la BBC  - mais qui est l'Armée Electronique Syrienne?

La bataille pour la Syrie fait rage sur plusieurs fronts - notamment dans le cyberespace. Tim Walker et Richard Hall ont traqué un membre de l'équipe de pirates de l’ombre dans sa mission pour défendre Assad
Par Tim Walker, Richard Hall, The Independent (UK) 20 mai 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Début mai, plusieurs employés du site satirique d’informations The Onion ont reçu ce qui ressemblait à des courriels non sollicités inoffensifs, contenant des liens hypertexte apparemment anodins. Un de ces messages était censé provenir d'une adresse au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, il invitait le destinataire à cliquer sur un article apparemment du Washington Post. En fait, le lien redirigeait vers une page qui  demandait le mot de passe Gmail de l'utilisateur. L'email ne venait pas de l'ONU, mais du groupe hacktiviste connu sous le nom d’Armée Electronique Syrienne (AES).
Selon un article rendant compte de l'incident publié par la suite par The Onion, au moins un de ses employés a été piégé dans l'attaque par phishing menée par l’AES, le 3 mai. A partir du compte mail de cette personne, les pirates ont envoyé des mails à  plusieurs autres employés de The Onion, le 6 mai, les dirigeant vers un autre lien internet caché.
Deux ont cédé involontairement leurs authentifiants Google, l’un des deux ayant accès aux comptes du site sur les médias sociaux. Avant que the Onion ait pu colmater la brèche, l’AES avait commencé à poster à partir du compte du site du journal sur Twitter, suivi par près de cinq millions d’abonnés.
Les tweets avaient une tonalité familière aux adeptes de l’humour de The Onion, mais dans un esprit quelque peu différent. «L’ONU retire son rapport sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie : ‘Des tests en laboratoire confirment que c’est une odeur de corps de djihadiste [sic],’ » lit-on par exemple. Comme le monde avait été mis au courant du piratage, The Onion a régi comme il sait le faire, par des informations satiriques avec le titre : «L’Armée Electronique Syrienne a un peu de bon temps avant son inévitable mort des mais des rebelles» publié sur son site un peu plus tard le même jour.
Les médias sociaux ont joué un rôle significatif dans la guerre civile en Syrie. Malgré l’étendue de la censure d’internet et au moins deux longues coupures des communications, les militants pro-révolution se sont servis d’internet pour diffuser l’information, organiser la résistance et obtenir du soutien en Syrie et ailleurs. Ils ont cependant dû faire face cependant aux hacktivistes contre-révolutionnaires de l’AES, des partisans résolus du régime du président Bachar al-Assad selon qui les forces rebelles sont en réalité des terroristes islamistes soutenus par l’occident. Les hackers de l’AES se sont donnés pour mission d’humilier les médias qu’ils perçoivent comme hostiles à Damas.
Dans un discours de juin 2011, le président Assad a personnellement fait l’éloge de l’AES pour son action, décrivant l’organisation comme une armée virtuelle dans le cyberespace.» Les pirates de l’AES ont attaqué depuis les pages Facebook d’Oprah Winfrey et de Nicolas Sarkozy, les comptes Tweeter de Sepp Blatter, président de la FIFA, et le site web de l’université de Harvard dont la page d’accueil avait été transformée en page de propagande en faveur d’Assad. 
Mais leurs piratages de grande envergure ont été ceux des comptes Tweeter de grands organes de presse, dont le Financial Times, NPR, La BBC météo, The Guardian et E! News. Une tentative de pirater les comptes de journalistes de The Independent la semaine dernière s’est soldée par un échec. 
Malgré ses méthodes de phishing peu sophistiquées, l’AES a quand même été capable de faire plonger brièvement de 136 milliards de dollars l’index Dow Jones le 23 avril dernier après avoir réussi à pirater le flux de l’Associated press sur Tweeter en faisant passer une info selon laquelle le président Obama avait été blessé dans un attentat à la bombe contre la maison Blanche. 
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Certains observateurs supposent que l’AES est un groupe auto-organisé et sans chef, comme la célèbre organisation de piratage Anonymous. Mais l’AES a un site web officiel et un leader identifié, un jeune hacker de 24 ans connu sous le pseudonyme de L’Ombre. Dans une interview par email avec The Independent, Th3Pr0, le chef de la division des Opérations Spéciales de l’AES a expliqué que le groupe avait commencé par une communauté Facebook. «C’était en premier une page sur Facebook,» a-t-il dit. «En quelques jours, plus de 60 000 Syriens l’avaient rejointe. Facebook l’a fermée, c’est alors qu’in site web du groupe a été lancé en plus des comptes sur toutes sortes de médias sociaux. Beaucoup de gens nous ont rejoints, des centaines, des milliers.» 
Le groupe est issu, soutient-il, d’une masse organique [sic] de jeunes Syriens, qui soutiennent le gouvernement mais ne sont pas sous sa direction. Ils travaillaient ensemble en ligne à partir de chez eux et sur des ordinateurs portables en Syrie et hors de Syrie, en se servant de compétences élémentaires en hacking acquises sur internet. «Notre mission était de défendre notre pays contre la campagne médiatique, d’abord dans les médias arabes et plus tard dans les médias occidentaux,» a déclaré Th3Pr0. 
“Nous ne prenons pas d’argent pour notre travail, c’est notre devoir de défendre notre pays… Nous ne travaillons pas pour obtenir quelque chose. Nous voulons défendre notre pays dans le cyberespace, et c’est tout” 
James Lewis, expert en sécurité informatique au Centre for Strategic and International Studies de Washington DC, pense que les motivations de l’AES étaient plus émotionnelles que stratégiques. «Il faut voir ç comme un graffiti numérique, » dit-il. «Vous pouvez écrire des graffiti sur le siège de la Banque Mondiale pour dire ‘A bas le capitalisme,’ ou vous pouvez altérer son site web. Dans les deux cas, c’est une protestation qui vous fait vous sentir mieux mais qui n’a pas beaucoup d’effet. Assad ne peut pas faire un piquet de protestation devant le siège de la BBC, mais il peut encourager des gens à prendre le contrôle du fil de la BBC Météo sur Tweeter.» 
Le degré d’implication du président Assad dans les activités de l’AES est sujet à débat. Ses membres nient toute connexion directe avec le gouvernement syrien, mais plusieurs experts doutent de leurs affirmations d’indépendance. Peu de temps après que l’AES ait attiré l’attention de l’opinion publique il y a deux ans, Helmi Noman, un chercheur de l’université de Toronto observe que le groupe a des liens avec la Syrian Computer Society qui a autrefois été dirigée par  M. Assad lui-même.
Amjad Baiazy, un chercheur en informatique d’origine syrienne qui a passé plusieurs semaines comme prisonnier du régime en 2011, suppose que l’AES est financée par le gouvernement syrien et formée par des spécialistes Iraniens. 
 «Un débutant amateur serait capable de faire tout ce qu’a fait l’Armée Electronique Syrienne, » affirme Lewis. «Mais on ne peut pas croire qu’ils agissent de façon indépendante, sans aucune connexion avec le gouvernement. Demandez-vous si une seule organisation opposée à Assad en Syrie a pu mener à bien ce genre de chose ?»
 «Si la réponse est non, cela signifie que  le gouvernement consent ou dirige l’activité de l’AES. Une technique possible serait qu’un agent des services de renseignement intérieurs recrute une personne pour mettre en place des groupes informels sur internet. Le lien avec le gouvernement serait alors très ténu – mais présent quand même.» 
Un article du Guardian citait même des transfuges de l’AES qui prétendent que Rami Makhlouf, le riche cousin de M. Assad, a financé le déménagement du siège de l’AES à Dubaï. «Ce n’est pas vrai,» répond Th3Pr0. “Ils mentent encore” 
De quelque endroit que viennent les attaques, elles vont se poursuivre. «Tous les ennemis de la Syrie sont des cibles pour nous,» observe Th3Pr0. «Tous les médias qui continuent à publier de fausses informations et nouvelles sur la Syrie sont aussi une cible… Nous portons les attaques au niveau le plus élevé.»

Ils ont été piratés par l’Armée Electronique Syrienne
Associated Press 
Les hackers de l’Armée Electronique Syrienne ont revendiqué le piratage du compte tweeter de l’Associated Press le 23 avril et avoir tweeté que des explosions à la Maison Blanche avaient blessé le président Obama. L’information avait fait brièvement plonger le Dow Jones de plus de 150 points. 
Financial Times 
“Piraté par l’Armée Electronique Syrienne”, tel était le message de titre du blog du Financial Times sur la technologie la semaine dernière. Les comptes Tweeter du journal avait aussi été touché, les hacketrs se servant du compté du FT Markets pour tweeter «L’Armée Electronique Syrienne était ici.» à des centaines de milliers d’abonnés.
BBC Météo 
Des tweets avec de fausses informations météo dans les pays du Moyen Orient sont apparus sur le compte Tweeter de BBC Météo le 21 mars, dont celle-ci : «Station météo saoudienne en panne à cause d’une collision frontale avec un chameau. » L’AES en a ensuite revendiqué la responsabilité.