samedi 9 juin 2007

Guerre des six jours : Johnny Hallyday chante pour soutenir l'entité sioniste

En lisant un article de Robert Fisk, je découvre un aspect de l'histoire du show-biz français que j'ignorais complètement.
Je m'explique, on sait généralement que certains artistes du showbiz français apportent un soutien actif à l'entité sioniste : c'est de notoriété absolument publique pour des gens comme Enrico Macias ou Patrick Bruel; c'est quelque chose qui a été rappelé après sa mort au sujet de Serge Gainsbourg qui avait enregistré une chanson à la gloire de l'entité.
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On sait aussi généralement que la guerre dite des six jours en juin 1967 avait été présentée par les media français comme une guerre de défense de l'entité attaquée sur tous les fronts par les armées des pays arabes qui l'entourent. On sait aussi l'admiration que la victoire sioniste a suscitée en France, pays laïque mais friand de récits bibliques tel celui de David contre Goliath.
Ce que je ne savais pas, c'est que l'élan de solidarité qui avait associé la France à ce David [l'entité sioniste] avait donné lieu à un méga concert gratuit de soutien à l'entité avec Johnny Hallyday en vedette.
Sans parler du Comité Français de Solidarité avec l'entité qui publiait dans la presse des appels au soutien à Dayan & Co avec les signatures de Serge Gainsbourg, Juliette Gréco, Yves Montand, Simone Signoret ainsi que celles de politiciens comme Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand.
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Comme quoi, l'ouverture à la Sarkozy n'est pas un fait nouveau. Ce genre d'ouverture se fait sur le dos des Arabo-musulmans en 1967 comme de nos jours comme on l'a vu avec l'union sacrée qui s'est faite autour de la prétendue loi sur la laïcité.
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Aux liens vers les ressources anglophones que je vous propose, ajoutons ce texte que j'ai tiré du blog d'Arabdiou, un journaliste Algérien qui reproduit un extrait passionnant d'un ouvrage de Pierre Déméron.
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Extrait du livre de Pierre Déméron ‘Contre Israël’ que j’avais présenté aux lecteur d’El Moudjahed en 1967.. M.A

« .. La victoire d’Israël en juin dernier, c’est entendu, est un chef-d’œuvre de préparation et d’exécution diplomatique et militaire.

Le dernier en date de ses « Blitzkrieg » a donné à l’Etat hébreu l’occasion d’occuper de nouveaux territoires arabes, qu’ils se promet d’annexer en totalité ou en partie, comme déjà Jérusalem proclamée capitale de l’Etat juif, dans le plus parfait mépris des résolutions de l’ONU .Il s’est ouvert de nouveaux ,et comme en 1956 à coups de canon, le Golf d’Akaba. Ses soldats campent au bord du canal de Suez .Il exploite aujourd’hui le pétrole du Sinaï… »Bravo petit » comme dit Jean Cau. (dans « Candide » du 31.7.67 ).

Pour un pays qu’on nous annonçait menacé d’extermination, voilà un retournement de situation qui tient du prodige…

Mais il y a des victoires qui coûtent cher. La victoire – éclair des panzers de Dayan à rendu toute solution du conflit israélo _arabe inimaginable, impossible tout dialogue autre ,qu’à coup de canon. Elle a fait perdre à Israël, devenant un occupant comme les autres, une bonne part du capital de sympathie que lui valait le martyre des juifs sous le nazisme .Elle l’a privé surtout de son arme la plus redoutable .Non pas de ces »Mirages » sur lesquels le général de Gaulle a fait mettre l’embargo, mais de l’arme psychologique irremplaçable qui transformait les adversaires de sa politique en statues de sel :l’infamante accusation d’antisémitisme, systématiquement portée contre ceux qui, se refusant à tout confondre- question juive et problème israélien- n’acceptaient pas d’approuver, en mémoire des innocentes victimes du nazisme, la politique d’Israël depuis son imposition en Palestine.

Trop utilisé depuis vingt ans,elle commençait de faire long feu. Elle est désormais inutilisable.

Elle l’est devenue depuis que, sur les grands boulevards, à Saint-germain des Prés, avenue de Wagram ,devant l’ambassade d’Israël, ou au Cirque d’hiver, dans les nombreuses manifestations de soutien à Israël, on a pu voir les antisémites de jadis et de toujours, fraternellement mêlés aux demi soldes de l’OAS,aux chômeurs du colonialisme, aux égorgeurs de Fatmas, aux défenseurs par le feu, par le sang et par l’eau des baignoires ,des valeurs chrétiennes, bras dessus, bras dessous avec des juifs « de France » qui brandissaient le drapeau israélien, chantaient en hébreu ‘l’Hatikva » et criaient « les Français avec nous « comme s’ils se considéraient comme étrangers.

Tous ceux qui avaient tout perdu, fors leurs préjugés ,et leur haine des ratons ,prenaient en ces jours de gloire –et sans danger- leur revanche par soldats et par courages interposés .La victoire de Dayan ,c’était leur victoire. Sur les klaxons « Israël vaincra » sonnait _ le hasard fait bien les choses_ Tititi -tata » comme naguère « Algérie Française « …

Tout Paris manifestait en faveur de cette « courageuse république »,comme l’appela Guy Mollet, menacée de génocide par « Nasser -Hitler » et ses hordes d’Arabes fanatiques au cimeterre toujours entre les dents :Edmond de Rothschild,Sammy Davis,P.Schmittlein à qui M. Bourgès _Maunoury ,l’homme de Suez, confiait « Ah ! si les Américains nous avaient laissés continuer en 1956 ! »Luis Mariano,qui regrettait sans doute de ne pas savoir l’hébreu pour chanter « l’Atikva « comme tout le monde, le publicitaire M .Bleustein -Blanchet,Mme Soustelle dont le mari aurait tant voulu appliquer une solution à »l’israélienne » à l’Algérie, le grand rabbin Kaplan, Richard Anthony, le général Koenig, héros de Bir Hakim, allié d’affaire de Marcel Dassault et président de l’alliance France – Israël, Sacha Distel ,A.Sanguinetti ,l’ex-chef des barbouzes, le colonel Tomazo, dont le nez de cuir palissait ce jour-là devant le bandeau noir de Dayan, Arthur Rubinstein, Michel Simon, le vieil homme poussé par l’enfant, qui avait si bien su dissimuler pendant l’occupation sa sympathie pour les juifs ,Régine, qui devait rêver d’ouvrir un bastringue au pied du mur des lamentations puisque la victoire éclair des panzers de Dayan l’empêchait de partir comme cantinière sur le front du Sinaï. Sans oublier naturellement ,Me Tixier - Vignancour.

On vécut des heures bouleversantes .La gravité de l’heure invitait à l’oubli des querelles. On vit Enrico Macias se réconcilier avec Johnny Hallyday, sous l’œil paternel de l’Ambassadeur israélien Walter Eytan.

Toutes les familles spirituelles de la France en somme étaient là, enfin réconciliées. Une véritable union sacrée comme en 1914.Plus pure, plus généreuse, plus désintéressées celles là, puisque cette fois, ce n’était pas la France qu’il s’agissait de défendre mais un pays étranger . La France entière avait les yeux fixés sur la ligne bleu de la.. Mer Morte. Seul le gouvernement faisait exception, lui qui ne voyait pas plus loin que son hexagone et, égoïstement, ne songeait qu’aux seuls intérêts français.

Quelle divine surprise pour les antisémites. Ceux qui avaient pourvu les camps de concentration nazis, aussi bien ceux –l’immense majorité des français -qui avaient vu, sans broncher, disparaître autour d’eux, les juifs un à un,au cour de la grande rafle de quatre ans, faisaient enfin amende honorable.

Ces juifs qu’ils avaient pris si longtemps pour les petits juifs des caricatures, des usuriers au nez crochu, des sous hommes incapables de faire des soldats et des laboureurs, voilà qu’ils maniaient le napalm mieux que nous en Algérie et plus efficacement que les Américains au VietNam !Leurs soldats ressemblaient comme des frères aux paras des couvertures de « Match » des beaux jours de la pacification .Ils combattaient le même ennemi. Les anciens d’Algérie et de Suez étaient d’ailleurs à leurs cotés avec les autres anciens combattants, ceux qui à pied, à cheval ou en petite voiture ne manquent jamais l’occasion de se prouver qu’ils sont toujours vivants.

L’union nationale des parachutistes français, dans un communiqué, saluait « en Israël une fière et courageuse citadelle de la civilisation occidentale et adressait « le témoignage de sa fraternelle amitié à ses camarades engagés en Israël et au Vietnam dans le même combat pour la dignité et la liberté de l’homme . »

Les Israéliens remettaient enfin les ratons à raison, comme des grands et tout seuls cette fois ,sans l’aide de la France et de l’Angleterre, comme en 1956.

Ils arrachaient des terres aux arabes pour en faire des terres arables, le fusil dans une main, un fraisier dans l’autre, « ense et arato » comme au bon vieux temps .Les images d’Epina qui hantent les rêves des nostalgiques du colonialisme devenaient de nouveau réalité De vrais soldats de Bugeaud, ces « soldats laboureurs « de Dayan !

Le bandeau noir du général israélien devenait aussi populaire que la casquette du maréchal. Dayan ,c’était en somme Bugeaud plus Bigeard :on n’arrête pas le progrès. Certains déjà se prenaient à rêver .L’an prochain à Jérusalem ?On y était. L’an prochain, et pourquoi pas tout de suite, au Caire, à Damas, à Amman, puis à Tunis, à Alger et à Rabat ?

« France-Presse Action »,le bulletin de l’OAS,ne mâchait pas ses mots :

»..Pour nous, les Israéliens ont autant que les Français d’Algérie le droit de rester dans un pays qu’ils ont conquis par leur travail, qu’ils ont fait de toute pièce et qui est leur, ni moins ni plus. Devant les faits, il n’est plus possible de se nourrir d’illusion .Il n’est qu’une seule alternative (sic) ou une reconquête globale de l’Afrique, ou admettre à terme la disparition de l’Etat d’Israël.. Cela dit, nous ,combattants de l’OAS,saluons fraternellement les soldats d’Israël ,les seuls avec nous à défendre depuis de longues années une civilisation qui nous est commune. »

Dans l’enivrante fraternité des manifestations, nos anti sémites découvraient que les juifs valaient décidément mieux que ce qu’on en avait dit et qu’on en avait fait ,des siècles durant .Des frères en somme. Evidemment , on s’en apercevait un peu tard, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire .La preuve :les Allemands venaient, »pour des raisons humanitaires » d’envoyer 20.000 masques à gaz aux Israéliens !Ces masques qui eussent été si utiles à Dachau, Auschwitz et Treblinka !

C’était le temps ou Xavier Vallat, ancien commissaire aux affaires juives de Vichy, exprimait la considération pour Israël ,ou on pouvait admirer dans « Aspect de la France » le portrait du président du conseil Israélien Lévi Eshkol. Maurice Bardèche, qui ne s’est jamais remis du procès des criminels de guerre de Nuremberg, citait opportunément Drieu la Rochelle dans le numéro de mai de « Défense de l’Occident » : »Les nationalistes de tous les pays doivent aider les juifs sionistes dans leurs efforts. Nul plus bel hommage n’est offert à la philosophie nationaliste que celui du juif sioniste . »

Pour une fois ,Drieu la Rochelle avait vu clair et était suivi…Fidèle à lui même l’admirateur du national socialisme ,d’outre tombe ,volait lui aussi au secours des sionistes.

Un ancien milicien parti en reportage pour Israël en revenait plein d’admiration pour l’efficacité de la machine de guerre et d’espionnage du « petit peuple menacé ».Dans un éditorial de « Rivarol » on apprenait que » ceux la même qui trouvent les juifs envahissants dans leur propre pays, témoignent de la considération à l’égard d’hommes de courage et de foi, qui sont retournés en terre Promise mettre en valeur des ressources jusque la inexploitées «

Quoi de plus logique de la part de ceux qui trouvent les juifs envahissants chez eux, de les voir avec plaisir envahir autrui ?

Dans un article intitulé « Les canonnières ont encore du bon »- en fait de canonnières, il s’agissait de la 6ème flotte- Lucien Rebatet, ancien collaborateur du « collaborateur » « Je suis partout » passait aux aveux : « Les Arabes au fond devraient avoir ma sympathie .Ils ne m’ont jamais rien fait, je ne leur ai jamais rien fait, tandis qu’il existe entre les juifs et ma modeste personne ,le contentieux que vous savez. Mais je ne saurais dire à quel point ce colonel (Nasser) me lève la peau. »

C’était sûrement la première fois que Lucien Rebatet tombait d’accord avec Claude Lanzmann, intellectuel rigoureux qui collabore aux « Temps modernes » et à « France Dimanche ».

Durant des mois, Claude Lanzmann s ‘était donné beaucoup de mal pour constituer un énorme dossier sur « le conflit israélo-arabe » (« Les Temps modernes n° 253 bis ), ..pour »servir la paix »,qui parut quand éclata le conflit. Il s’était voulu « pur réceptacle » et il s’apercevait tout d’un coup, qu’il était juif et partie et oubliait, en un instant ,l’enseignement qu’il aurait du tirer du dossier qu’ il avait lui même établi ! « Va t on un jour m’obliger à crier « Vive Johnson »,si les Etats Unis sont les seuls à s’opposer à l’extermination d’ Israël ? Si Israël était détruit, ce serait plus grave que l’holocauste nazi. Car Israël, c’est ma liberté. Certes, je suis assimilé, mais je n’ai pas confiance. Sans Israël, je me sens nu et vulnérable. »

Peu s’en fallait que les anciens collaborateurs ne ressentissent autant de honte à être Français que certains Israélites comme Daniel Meyer que scandalisait la politique étrangère de la France .Mais pour l’ancien ministre français ,s’agissait il encore de politique étrangère ?Que le général de Gaulle ait rappelé que la France n’était engagée avec aucun des Etats en cause, qu’elle considérait que chacun avait le droit de vivre ,estimait que le pire serait l’ouverture des hostilités et que l’Etat qui le premier emploierait les armes n’aurait ni son approbation ni son appui, révoltait le président de « la ligue des Droits de L’Homme » !

Heureusement,les israéliens menacés d’extermination prouvèrent en quelques heures au monde, miraculeusement –on parle volontiers de miracle à propos d’Israël- l’inanité de ses craintes et réduisirent « l’agresseur » à néant. C’est à des miracles de ce genre que l’on reconnaît sans doute qu’un peuple est »le Peuple Elu »

5 commentaires:

  1. C'est consternant ,affligeant et les qualificatifs me manquent ,de découvrir les noms de ces personalités de tous bords qui arrivaient à afficher une telle stupidité ,un tel manque de lucidité . Passe encore pour les gens du show -bizz ,mais les autres....Je me demande si CIORAN n'est pas réellement le seul à avoir tout compris . Cimourdain .

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  2. Eh oui, j'ai moi-même été fort surpris. Comme quoi on apprend chaque jour.

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  3. "sur le dos des arabes"... pffff déjà seuls les palestiniens sont concernés... si vous voulez en faire une guerre de religion faudra pas s'étonner que tous les non-antisémites s'opposent à vous

    Israël est un pays depuis 60 ans au même titre que la Syrie (61 ans) la Jordanie le Liban l'Egypte et j'en passe... Si vous voulez démanteler Israël alors démantelons tout l'Orient

    Feriez mieux de lutter pour une Palestine unie et étatique que contre l'Etat d'Israël

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  4. La cause palestinienne ne concerne pas que les Arabes mais tous ceux qui préfèrent la justice à l'injustice. Les Arabes sont cependant concernés au premier chef ne serait-ce que parce que ce sont des Etats arabes qui accueillent le gros des réfugiés Palestniens.
    Entre parenthèses, il ne s'agit pas de guerre de religion puisque dire Arabe ne veut pas dire musulman. Les Arabes sont par ailleurs certainement plus sémites que les Juifs Polonais ou Russes.
    Le démantèlement du Proche_Orient est précisément la tâche à laquelle s'attellent les puissances occidentales et le principal agent du démntèlement sur place est l'entité sioniste.

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  5. israel n est pas un pays depuis 60ans iloccupe un vrai pays depuis 60 ans nuance dit la palestine occupeeil n a aucune legitimine

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