mercredi 28 mars 2012

Iran: tout le monde doit-il payer pour complaire à Tel Aviv?


Les Etats Unis jouent gros dans leur bras de fer avec l’Iran. 

Pour complaire au gang de Tel Aviv, eux et leurs alliés habituels (Canada, France, Grande Bretagne…), ont décidé d’infliger à l’Iran des sanctions économiques unilatérales, c’est-à-dire non prévues par des résolutions de l’ONU.

Le but est d’asphyxier l’économie iranienne pour provoquer par exemple des émeutes qui précipiteraient un changement de régime à Téhéran, ou encore affaiblir suffisamment ce pays pour qu’une intervention militaire s’effectue de manière plus aisée.
Cette stratégie a réussi au moins deux fois par le passé: contre l'Irak du président Saddam Hussein et contre le Chili de M. Salvador Allende  qui lui aussi avait subi un embargo commercial et financier de la part des mêmes qui menacent aujourd'hui l'Iran.

Les Etats Unis et les complices déjà cités ont notamment décidé d’interdire aux pays tiers l’achat de pétrole iranien sous peine de sanctions.
En dépit de jérémiades de certains pays comme la Grèce et l’Espagne, l’Occident a décidé de marcher au pas de l’oie et de ne plus importer de pétrole iranien d’ici quelques mois. Certains pays ont obtenu des dérogations sous réserve de diminuer sensiblement leurs importations en provenance  du pays mis sous embargo..

Mais tout le monde n’est pas prêt à obtempérer..

Si la Grèce et l’Italie ne peuvent pas refuser grand-chose à l’Oncle Sam, il en va différemment de pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde.
Ces deux pays viennent, avec les autres membres du BRICS, de faire savoir qu’ils n’étaient pas obligés d’appliquer les sanctions unilatérales décidées par les USA et l’UE.

C’est ce que j’appelle un camouflet pour la diplomatie des Etats Unis.

Cette prise de position ne signifie cependant pas que ces pays importeront toujours autant voire plus de pétrole iranien pour la simple raison qu’une partie de leur commerce se fait par le biais d’entreprises privées qui, elles, peuvent craindre le risque d’être sanctionnées par les Etats Unis.

D’autre part, si les pays du BRICS se disent imperméables aux menaces de sanctions, ils ne seraient sans doute pas complètement fermés à des contreparties politiques et commerciales que pourraient leur offrir les Etats Unis en échange de leur complaisance.
Dans un cas comme dans l’autre, le prix politique à payer par les Etats Unis sera élevé sans que le pour autant entraîner une baisse du prix de l’essence à la pompe à Chicago ou à San Francisco.

Pour conclure, je ne résiste pas à l’envie de parler d’une des conséquences cocasses des sanctions de l’UE et des USA. En effet, l’interdiction de traiter avec le système bancaire iranien et l’expulsion de l’Iran de systèmes d’échanges interbancaires fait que des compagnies européennes qui doivent de l’argent à l’Iran ne savent plus comment payer ce qu’elles doivent dans les délais contractuels (ce qui concerne aussi les contrats en cours de résiliation).
Le pétrolier anglo-néerlandais Shell se trouve précisément dans cette situation en ce moment…
Or, en cas de non paiement, la partie contractante iranienne pourra bien sûr exiger des pénalités, en passant éventuellement par les juridictions internationales compétentes.
Ces dernières ne pourront que donner raison à la partie iranienne puisque les sanctions décidées par l’UE et les USA ne correspondent à aucune résolution de l’ONU et sont postérieures à la signature des contrats…


PTI, The Hindu (Inde) 28 mars 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’Inde, la Chine et les autres pays du BRICS ont déclaré aujourd’hui qu’ils ne rompraient pas leurs relations commerciales avec le pays riche en pétrole qu’est l’Iran qui fait face à des sanctions des Etats Unis contre son programme nucléaire.
Cette question a été soumise à discussion lors d’une rencontre des ministres du commerce du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique su Sud (BRICS), à la veille d’un sommet du BRICS à New Delhi.

“Oui, la question a été discutée. Tous les membres du BRICS sont membres du Conseil de Sécurité de l’ONU. Nous respectons les résolutions de l’ONU… en même temps, les résolutions de l’ONU n’interdisent à aucun pays de se livrer à du commerce portant sur des produits essentiels et sur ce qui est nécessaire pour le bien des hommes, » a déclaré le ministre du commerce et de l’industrie Anand Sharma qui s’exprimait au cours d’une conférence de presse tenue en commun avec les autres ministres du commerce du BRICS.
Le ministre Chinois du commerce, Chen Deming, a déclaré que son pays n’est “pas obligé de respecter les lois et règlements internes de n’importe quel pays.»
M. Shama a expliqué que l’Iran est une source d’énergie importante, ajoutant que la montée en flèche des prix du pétrole a pesé sur les finances indiennes. « Nous regardons donc les choses de manière très pragmatique et nous restons dans le champ d’application de la résolution de l’ONU.»

L’Inde importe 12 % de son pétrole d’Iran tandis que la Chine dépend du brut iranien à hauteur de 20 % de ses besoins.

M. Deming a dit que la hausse des prix du pétrole “affecterait négativement” le BRICS ainsi que l’économie mondiale.

Les Etats Unis et les principaux pays européens ont imposé des sanctions à l’économie iranienne en raison du programme nucléaire de Téhéran.

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