Les problèmes qui se posent aujourd'hui entre le nouveau régime ukrainien et les Etats Unis d'une part, et la Russie d'autre part avaient déjà été posés au début des années 1990 par l'écrivain Alexandre Soljenitsyne, c'est-à-dire avant qu'on entende parler de Vladimir Poutine et bien avant que ce dernier accède à un statut lui permettant de décider du destin de son pays. A toute fin utile, on rappellera que Soljenitsyne était un anticommuniste déterminé.
L'entretien initialement publié par le magazine Forbes a été reproduit dans l'édition du 14-16 mars 2014 de Counter Punch.
NB : j'ai été aiguillé sur cet article par un post d'Amazigh Maz, un facebookien souvent subtil.
La Nouvelle-Russie
Entretien avec Alexandre Soljenitsyne sur l'Ukraine
par Paul Klebnikov
Cet entretien a été publié dans l'édition du 9 mai 1994,du magazine Forbes
Avec une Russie en plein chaos, il peut sembler un peu tiré par les cheveux de la voir comme un agresseur.
La Russie d'aujourd'hui est terriblement malade. Son peuple est malades jusqu'à l'épuisement total. Mais même ainsi, il est conscient et ne demande pas que, juste pour plaire à l'Amérique - que la Russie abandonne les derniers vestiges de sa préoccupation relative à sa sécurité et à son effondrement sans précédent. Après tout, cette préoccupation ne menace en rien les États-Unis.
L'ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Zbigniew Brzezinski n'est pas d'accord. Il fait valoir que les États-Unis doivent défendre l'indépendance de l'Ukraine.
En 1919, quand il a imposé son régime à l'Ukraine, Lénine lui a donné ses plusieurs provinces russes pour apaiser ses sentiments. Ces provinces n'ont jamais historiquement appartenu à l'Ukraine. Je parle les territoires de l'Est et du sud de l'Ukraine d'aujourd'hui.
Puis, en 1954, Khrouchtchev, avec le caprice arbitraire d'un satrape, a fait «cadeau» de la Crimée à l'Ukraine. Mais lil n'a pas réussi à faire « cadeau » à l'Ukraine de Sébastopol, qui est restée une ville à part sous la juridiction du gouvernement central de l'URSS. Cela sera l'oeuvre du Département d'Etat américain, d'abord verbalement par l'Ambassadeur Popadiuk à Kiev et plus tard d'une manière plus officielle
Pourquoi le Département d'État décide-t-il qui doit posséder Sébastopol? Si l'on se rappelle la déclaration sans tact du président Bush en soutien à la souveraineté ukrainienne [sur Sébastopol], avant même le référendum sur cette question, on doit conclure que tout cela découle d'un objectif commun: utiliser tous les moyens possibles, quelles que soient les conséquences, pour affaiblir la Russie.
Pourquoi l'indépendance de l'Ukraine affaiblit-elle la Russie?
En raison de la fragmentation soudaine et brutale des peuples slaves entremêlée, les frontières ont déchiré des millions de liens de famille et d'amitié. Est-ce acceptable? Les récentes élections en Ukraine, par exemple, montrent clairement les sympathies[russes] des populations de Crimée et du Donetz. Et une démocratie doit respecter cela.
Je suis moi-même presque à moitié ukrainien. J'ai grandi avec avec la musique du parler ukrainien. J'aime sa culture et je souhaite sincèrement toutes sortes de succès à l'Ukraine, mais seulement dans ses véritables frontières ethniques, sans usurper des provinces russes.
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