dimanche 13 juillet 2014

Gaza aux infos de France Culture: La dérive de Tara Schlegel et Ludovic Piedtenu

J'avais exprimé mon étonnement sur Facebook devant le fait qu'aucune mention n'avait été faite des événements en cours à Gaza dans les titres du journal de 13h sur Radio France jeudi 11 juillet.
A défaut de minimiser le nombre de morts, les journalistes et les directeurs de rédaction qui soutiennent le projet sioniste cherchent à en minimiser l'écho médiatique. Ils oublient seulement que la censure d'internet et des réseaux sociaux n'en est qu'à ses balbutiements et que nous savons depuis un certain temps ce qu'est leur  étrange conception de l'éthique professionnelle.
Mais il y a mieux que France Inter, il y a France Culture qui fait aussi partie du groupe Radio France et qui, comme sa consoeur, dépend en bonne partie de la redevance audiovisuelle, cet impôt qui est supposé nous garantir un service public de qualité!
Le 11 juillet, je me mets à l'écoute du journal de 18h sur France Culture. Le journal est présenté par Tara Schlegel qui annonce l'intervention depuis Gaza  de Ludovic Piedtenu, le correspondant de France Culture .
Eh bien, il fallait non pas le voir pour le croire mais l'entendre!
Tara Schlegel & Ludovic Piedtenu
Tara Schlegel & Ludovic Piedtenu
Je vous mets le lien vers le podcast de l'émission ainsi  qu'une version enregistrée par mes soins sur YouTube (plus durable que le podcast) ainsi qu'une retranscription mot pour mot de l'échange entre Tara Schlegel et Ludovic Piedtenu (la séquence commence à 7'30).
Journal de 18h 11 juillet 2014






La transcription:
On dépasse maintenant les 100 morts dans la bande de Gaza ou près de 700 blessés ont aussi été recensés et soignés,En Israël, des roquettes sont tombées sur la ville d'Ashdod, elles ont touché une station service, il y aurait 8 blessés dont l'un d'entre eux qui serait dans un état très grave. C'est donc l'escalade de la violence qui ne se dément pas.
- Bonsoir Ludovic Piedtenu.
- Bonsoir Tara.
- Vous êtes à Gaza où l'on vit aussi dans l'attente d'une offensive terrestre menée par Israël, elle est annoncée comme imminente sans que l'on sache évidememnt quand ou même si elle aura vraiment lieu.
- Oui, à la fin du 4ème jour de l'opération Bordure Protectrice, les Gazaouis comme les Israéliens vivent dans la rumeur d'une éventuelle invasion dans l'enclave palestinienne. Un élément de contexte, Tara, le repos de shabbat a commencé ce soir, Israël s'arrête pour 24 heures, mais pas l'armée israélienne évidememnt qui continuera de veiller et de répliquer. Difficile néanmoins, dit la rumeur, d'imaginer une opération de cette envergure pour la soirée ou la journée de demain. Un des protes parole de l'armée,le commandant Arié Shalikar que j'ai joint au téléphone il y a quelques instants me disait « nous travaillons 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, nous sommes préparés au pire des scénarios, Hamas continue de tirer, 70 tirs de roquettes très précisément aujourd'hui, 19 tirs interceptés par le système Dôme de fer, à savoir les tirs les plus dangereux visant les agglomérations, Tel Aviv, Ashdod, vous l'avez citée et Beer Sheva, notre objectif est de mettre fin aux infrastructures et d'éliminer les cadres du Hamas et du Djihad Islamique d'ici quelques jours assurait le porte parole militaire. En tout cas, nous sommes dans cette dynamique, concluait-il.
La dynamique se poursuit donc et dimanche, le conseil des ministres israélien se réunit, dimanche matin ; c'est bien là que se prendra la décision ou non d'une intervention terrestre. Le premier ministre Benyamine Netanyahou assure ce soir qu'aucune pression internationale ne l'empêchera de frapper le Hamas. Voilà qui donne le ton . D'ici à dimanche, d'ici là, Gaza vivra une nouvelle journée et deux nouvelles nuits de bombardements.
- Ludovic Piedtenu, merci en direct de Gaza avec l'aide technique de Gilles Gallinaro.
On voit que les choses commencent bien puisque, dans cette approche constante de "l'équilibre" auquel prétendent s'astreindre les journalistes dès qu'ils abordent le conflit palestino-sioniste, Tara Schlegel introduit le sujet en mettant en balance les 100 morts et 700 blessés palestiniens avec les 8 blessés dans une station service d'Ashdod. Tara Schlegel nous précise même qu'un des blessés d'Ashdod est dans un état très grave. J'imagine qu'elle doit le connaître personnellement parce qu'elle ne nous dit rien de la gravité de l'état des 7 00 Palestiniens blessés. Quoi qu'il en soit, elle nous  a fait son tour de passe passe de l'équilibre des deux côtés.
Mais bon leur état ne doit pas être trop sérieux puisque, nous dit-elle, ces blessés sont "soignés".
Mais ça, c'est juste l'entame parce que le morceau de bravoure revient à Ludovic Piedtenu qui se trouve, je le rappelle dans la bande de Gaza.
Questionné par Tara Schlegel sur l'éventualité d'une attaque terrestre par les forces sionistes, Ludovic Piedtenu parle à ce propos d'une rumeur qui court aussi bien chez les Palestiniens que chez les sionistes.
Et c'est bien la dernière fois qu'on entendra parler d'un point de vue, ou plutôt d'un ressenti, palestinien puisque Ludovic Piedtenu se lance ensuite dans des considérations sur l'impact de shabbat sur le déclenchement d'une attaque terrestre avant de conclure sur ce point et de citer Arié Shalikar, un officier de l'armée sioniste qu'il 'a joint au téléphone  et dont il reprend le propos sur les motivations et les objectifs des militaires sionistes.
Et c'est tout. Tara Schlegel peut remercier Ludovic Piedtenu en direct de Gaza.
Non, vous ne rêvez pas: ce Piedtenu n'a interrogé aucun dirigeant politique palestinien, aucun responsable d'administration civile ou de santé, pas même un enseignant ou un de ses confrères palestiniens. Il ne dit rien non plus sur la manière dont sont soignés les blessés palestiniens..
Rien de tout ça. Ce type qui se trouve dans la bande de Gaza sous les bombes sionistes ne trouve rien de mieux à faire que de téléphoner à un porte parole de l'armée sioniste qui lui donne l'intégralité de la matière qu'il propose aux auditeurs/contribuables.
Etait-il vraiment nécessaire de se trouver à Gaza pour nous servir cette merde journalistique?
En plus des bombardements qui déchiquettent les corps et détruisent maisons et infrastructures, les habitants de Gaza doivent subir ce bombardement symbolique assuré par des forces supplétives armées du crayon et du micro.
Des armes moins dangereuses dans l'immédiat mais qui facilitent l'emploi  de celles faites de fer et de plomb.



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