vendredi 10 avril 2009

La lucidité visionnaire de Léonard Cohen

On ne prétendra pas ici que Léonard Cohen est hostile au sionisme. Je n'en suis pas certain du tout et les informations à ce sujet, même si elles sont rares, laissent à penser qu'il est favorable au sionisme.

Mais Léonard Cohen est avant tout un poète dont la sensibilité absorbe et renvoie ce qu'il y a de beau et de laid dans notre existence, et sa sensibilité poétique a évidemment capté ce que le sionisme avait de laid, même aux yeux du Juif qu'il dit être.

Ce qui donne ce poème daté des années 1970 et qui dénote une lucidité dont peu de politiciens sont capables de faire preuve. Ainsi, Léonard Cohen parle du peuple juif embarqué dans la construction d'un nouveau Dachau, à l'image du camp de concentration du même nom.

Cohen faisait donc déjà à l'époque un rapprochement entre le sort fait aux Palestiniens et les camps nazis, une image pourtant réfutée avec horreur et indignation par la majorité des politiciens Occidentaux, sans parler des sionistes bien entendu.

On ne pourra donc que souscrire aux paroles de cet autre grand artiste qu'est Jean Ferrat :



QUESTIONS AU SHOMRIM:

par Leonard Cohen (tentative de traduction par Djazaïri)

Et mon peuple bâtira-t-il un nouveau Dachau
Pour l'appeler amour,

Sécurité
Culture juive
Pour les enfants aux yeux sombres
Brûlant dans les étoiles

Tous nos chants hurleront-ils
Comme les aigles enragés de la nuit

Dès lors que Yiddish, Arabe, Hébreu et Vietnamien
Sont un mince filet de sang qui marque le côté

De chambres métalliques innommables
Je te connais Chaverim
La jeunesse perdue des nuits d'été de notre enfance
Que nous passions aux coins des rues à découvrir la vie

Dans nos maigres connaissances de Marx et Borochov
Tu m'avais appris la symphonie italienne
Et le Nouveau Monde.

Et fait un sketch sur les enfants Arabes qu'on explose
Tu m'avais appris beaucoup de chansons
Mais aucune aussi triste
Que le napalm tombant lentement dans l'obscurité
Vous étiez nos héros chantants en 48
Oserez-vous vous demander qui vous êtes maintenant

Nous, toi et moi, étions amants autrefois

Car seules les nuits sauvages de lutte dans la neige d'or
Peuvent faire un amour
Nous marchions au clair de lune
Et tu me demandais de mener l'Internationale

Et maintenant mon fils doit mourir
Parce qu'il est Arabe
Et ma mère aussi, parce qu'elle est Juive
Et toi et moi
Pouvons seulement pleurer
Le peuple Juif doit-il
Construire aussi nos Dachaus ?



Leonard Cohen, poème des années1970's

Lien vers le texte original


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