dimanche 19 avril 2009

Un touriste autrichien : « Je n’ai jamais connu ce genre d’expérience, même pas dans des pays communistes ».

Drôle de mésaventure que celle qui est arrivée récemment à deux touristes autrichiens en visite à Londres. En effet, ce père et son fils, amateurs d'une vision des lieux visités plus proche de la vie des gens que celle qui intéresse d'habitude les touristes, ont eu la désagréable surprise de se voir contraints par deux policiers d'effacer les photos prises au cours de leur séjour.

Et ce, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Certes, il est probable que l'acte de ces policiers ne correspondait à aucune directive officielle donnée aux forces de l'ordre et qu'il s'agisse surtout d'un excès de zèle.

Oui, mais cette mésaventure nous rappelle que lorsqu'on donne des pouvoirs aux forces de l'ordre, elles tendent tout naturellement à s'en servir et parfois à en abuser pour des motifs que les policiers peuvent trouver cohérents avec la mission dont ils sont chargés.

L'article sur cet incident désagréable mais somme toute mineur fait d'ailleurs le lien avec la gestion policière des manifestations contre le G20, marquées par le décès de Ian Tomlinson et un certain nombre d'autres brutalités policières.

Le fait est qu'en Europe, on a l'habitude, à juste raison, de montrer du doigt les manques de libertés publiques et la répression policière tels qu'on les observe dans de nombreux endroits du monde.

C'est cependant oublier que les libertés publiques qui existent en Europe ne sont pas des dons du ciel mais le fruit de luttes séculaires et qu'elles sont réinventées chaque jour dans le cadre de rapports de forces politiques, économiques et sociaux.

Réinventées pour le meilleur ou... pour le pire. C'est-à-dire que si l'Europe, ici le cas du Royaume Uni, a connu une extension du champ des libertés publiques, ce dernier peut aussi connaître une régression qui pourrait aller à la mise en place par petites touches de quelque chose qui ressemblerait à un Etat policier. Et c'est un des principaux effets des lois et des plans supposés participer de la lutte contre le terrorisme.

Pour l'heure, la masse des citoyens peine à se rendre compte de ce qu'elles préfigurent dans la mesure où la plupart des personnes qui en subissent les conséquences les plus importantes appartiennent à des minorités ethno-religieuses. On notera qu'en France comme au Royaume Uni, les interpellations se succèdent parmi les membres de ces communautés ; régulièrement des « membres d'al Qaïda » sont interpellés puis mis au cachot avant d'être le plus souvent libérés sans inculpation ou après un non lieu.

Aujourd'hui les minorités dites visibles, demain...


Et quand notre touriste autrichien dit qu'il n'a jamais vécu cette expérience, même en pays communiste, je pense qu'il faut le prendre au sérieux.


Des policiers effacent les photos prises par des touristes à Londres pour 'prévenir le terrorisme'


Par Matthew Weaver et Vikram Dodd, The Guardian (UK) 16 avril 2009 traduit de l'anglais par Djazaïri


Un touriste autrichien qui avait photographié des autobus et des stations de métro déclare que ce 'pénible incident' l'a dissuadé de revenir à Londres

Comme la plupart des gens qui visitent Londres, Klaus Matzka et son fils Loris ont pris plusieurs photographies de quelques-uns des symboles de la ville, dont le fameux autobus rouge à étage. De manière peut-être plus inhabituelle, ils ont aussi pris des photos de la gare routière de Vauxhall que Matzka considère comme de "la sculpture moderne".

Mais les deux touristes affirment avoir dû rentrer chez eux à Vienne sans leurs photos de vacances après avoir été contraints par deux policiers à effacer les photos de leurs appareils au nom de la prévention du terrorisme.

Matzka, un cameraman télé à la retraite âgé de 69 ans et qui apprécie l'architecture moderne s'est entendu dire qu'il était « strictement interdit » de photographier quoi que ce soit en rapport avec les transports. Les policiers ont également relevé l'identité des deux touristes, dont les numéros de leurs passeports et l'adresse de leur hôtel.

Dans une lettre à notre journal, Matzka écrit : «Je comprends la nécessité d'être vigilant dans une époque de terrorisme, mais n'est-il pas naïf de penser que le terrorisme peut être prévenu en terrorisant les touristes ?»

La police métropolitaine a indiqué qu'elle enquêtait sur ces allégations.

Au cours d'un entretien téléphonique, Matzka nous a dit depuis Vienne : « Je n'ai jamais connu ce genre d'expérience où que ce soit dans le monde, même pas dans des pays communistes.»

Il a décrit son état de choc quant lui ainsi que son fils âgé de 15 ans ont été obligés d'effacer de leurs appareils toutes les photos concernant des moyens de transports, dont des images de la station de métro Vauxhall.

Il affirme qu'il ne reviendra plus à Londres après cet incident qui a eu lieu la semaine dernière au centre de Walthamstow, au nord-est de Londres.

«Notre habitude est de sillonner les villes d'un bout à l'autre des terminus ferroviaires, nous aimons aller dans des lieux où d'autres touristes ne vont pas. Vous apprenez à connaître une ville en allant dans des lieux de ce genre, pas dans les places de centre cille. Il faut aller aussi à Buckingham Palace, mais vous devez aller ailleurs pour parvenir à connaître la ville,» dit-il.

Il affirme que cet « incident pénible » a tué chez lui toute envie de nouveaux voyages dans cette ville.»

Jenny Jones, membre de la Metropolitan Police Authority et élue du parti des «Verts» au conseil municipal de Londres affirme qu'elle soulèvera cet incident auprès de Sir Paul Stephenson; chef de la police métropolitaine, dans le cadre de discussions sur la gestion policière des manifestations contre le G20.

«C'est un autre exemple de la police qui abuse de ses pouvoirs en matière anti terroriste, » dit-elle. « Ils les utilisent d'une manière totalement inappropriée.»

«Je soulèverai ce problème avec le responsable de la police. Je lui ai déjà écrit au sujet de policiers qui confisquent des appareils photos et empêchent des gens de prendre des photos et je n'ai pas manqué de signaler que si des gens n'avaient pas pris des photos, nous n'aurions rien su sur la mort de Ian Tomlinson ou sur la femme qui a été frappée par un agent de police.»

Une porte parole de la police métropolitaine a déclaré : « L'intention de la police n'est pas d'empêcher les touristes de prendre des photos et nous étudions les allégations qui ont été faites.» La police dit n'avoir connaissance d'aucune interdiction de photographier les moyens de transports publics de la capitale.


2 commentaires:

  1. salam j ai pas compris le lien sur le site du socialo sioniste yacine que tu nous a mis. c etait quoi le but cher djazairi?

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  2. Il me semble que le lien se comprend très bien dans son contexte. Ce qui m'importait était la citation suivante inaccessible maintenant avec le lien proposé:
    Quand ils sont venus chercher les communistes,
    Je n’ai rien dit,
    Je n’étais pas communiste.
    Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
    Je n’ai rien dit,
    Je n’étais pas syndicaliste.
    Quand ils sont venus chercher les juifs,
    Je n’ai pas protesté,
    Je n’étais pas juif.
    Quand ils sont venus chercher les catholiques,
    Je n’ai pas protesté,
    Je n’étais pas catholique.
    Puis ils sont venus me chercher
    Et il ne restait personne pour protester.

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