vendredi 21 mai 2010

La "shiksa" crée la polémique au canada

Les associations juives de la mouvance sioniste ont beaucoup œuvré, et continuent à le faire, pour l’adoption de législations de répression de la haine raciale, ce qu’on appelle communément le racisme.
S’il est salutaire de légiférer afin de lutter contre la stigmatisation d’autrui, il faut admettre qu’on observe des dérives depuis quelques temps notamment dans les pays anglo-saxons, avec la notion de « hate crime » (littéralement délit de haine). Le hate crime ne se limite pas aux différences de couleur de peau ou de tradition religieuse mais tend à s’étendre quasiment à l’infini, englobant désormais le genre, l’orientation sexuelle etc., la classification dans cette catégorie de crimes dépendant de l’appréciation du judiciaire. Or, le judiciaire, en s’appuyant précisément sur la logique élastique de la notion de hate crime tend à ajouter chaque jour de nouveaux types de crimes ou délits de haine.
Dans un sens, cela n’est pas pour déplaire aux associations spécialisées dans la victimisation qui trouvent ainsi de nouveaux débouchés à leur discours, et éventuellement de nouvelles solidarités, dans des catégories de la population qui initialement leur étaient indifférentes et leur indifférait.
Le problème survient quand une expression péjorative courante chez les membres de ces organisations et/ou les personnes supposées être représentées par elles, vient à entrer dans la dite catégorie des hate crimes.
Ce qui vient justement de se produire au Canada où l’unité spécialisée de la police de Toronto a introduit l’expression « shiksa non juive » dans la liste des propos entrant dans la qualification d’un délit de haine.
Et là, le Congrès Juif Canadien n’hésite pas à faire part aux autorités de son mécontentement au motif que : que « shiksa est parfois utilisé de manière péjorative » et n’est donc « n’est pas propre à figurer dans une catégorie officielle de la police, mais parce que les peines prévues pour les crimes de haine ne visaient pas à refléter la simple appartenance à un groupe, mais un aspect immuable » ou « incontournable » de la victime.
Comme toujours, les argumentaires de ces organisations sont parfaitement alambiqués. Passons sur le fait (étonnant) que le mot « shiksa » soit utilisé parfois de manière péjorative, ce qui devrait l’exclure de la nomenclature policière.
Attardons nous un peu sur le fait que les hate crimes reflétaient non pas l’appartenance à un groupe, mais un aspect immuable ou incontournable de la victime. Personnellement, je ne comprends pas la première partie de l’argument. Par contre la deuxième partie est plus claire. Or, nous savons que « shiksa » désigne forcément une femme et plus précisément une femme non juive. Si le caractère non juif n’est pas immuable (pas plus que le caractère juif sauf si le judaïsme est une race), par contre la féminité est bien une caractéristique incontournable de la victime.

Au fait, ça veut dire quoi « shiksa » ?

L’article nous dit que c’est une chose détestée et que c’est « une insulte à l’encontre d’une femme non juive. » L’article tempère cependant en nous expliquant que c’est devenu une expression argotique courante, qu'on trouve dans la bouche de vedettes de cinéma et  pour désigner une héroïne du feuilleton « Sex and the City. » Chacun appréciera. De même que l’exemple des sites juif de rencontres qui parlent de « shiksas pour l’entraînement » (l’entraînement à quoi au juste ?).

Pour aller plus loin, inutile de chercher en français, pas même sur le blog d’Anne Sinclair où on se garde d’expliciter ce terme. L’Urban Dictionary offre une définition très complète en anglais:
1. shiksa
Une jeune fille ou une femme Gentille, spécialement une qui a séduit un homme Juif. Le mot dérive du mot hébreu "sheketz" qui signifie la chair d'un animal considéré tabou par la Torah. Comme le mariage d'un homme Juif avec une femme non juive est aussi un tabou, le mot s'applique à elle.
Traditionnellement, c'est un terme péjoratif même si, récemment, il a aussi été utilisé beaucoup moins méchamment. Par exemple, Seinfeld a une fois fait un épisode sur le "charme de shiksa" d'Elaine.
La shiksa idéale est une WASP blonde qui a une apparence opposée à celle de la juive du stéréotype, mais en réalité de nombreuses shiksas sont des brunettes qui pourraient elles-mêmes passer pour juives.
Dans Sex and the City, Charlotte s'est vraiment épanouie comme une shiksa!
par skyblack 22 mars 2005

2. shiksa   
Un terme insultant utilisé par des Juifs pour parler de toute femme non juive. Pratiquement toujours utilisé par des Juifs comme terme irrespectueux et offensant pour n'importe quelle femme ou fille non juive.
Cette sale shiksa.
Toutes les shiksas sont de la merde.
I fucked that shiksa and gave her the clap. (clap est apparemment une MST, la chaude pisse)

3.shiksa    
a non-Jewish broad [l'Urban dictionary précise que broad pour femme est moins respectable que le mot lady mais moins péjoratif que putain]
I banged a shiksa last night and got the clap. Oy!
4. shiksa        
Une fille pas propre ou une fille non juive.
Les shiksas sont pour l'entraînement

Bon, c’est clairement une expression pas aimable du tout. Le fait que cette expression apparaisse dans des feuilletons de bon goût (ce qu’on prétend être la culture populaire alors que c’est ce que les industriels vendent au peuple !) comme Sex and the City ne me semble pas de nature à atténuer son caractère injurieux à l’encontre d’une catégorie de la population.
Pas plus que le fait que certaines femmes comme, nous dit-on, Sharon Stone affectionnent de se présenter sous ce terme.


La loi sur la haine [hate law] atteint le ‘niveau le plus absurde’ : organisation juive
Par Joseph Brean,  National Post (Canada) 17 mai 2010   traduit de l'anglais par Djazaïri

Le Canadian Jewish Congress (CJC) affirme que la police de Toronto pousse la loi anti-haine «à son niveau le plus absurde » en incluant «shiksa non juive » dans sa catégorie des victimes de sa dernière étude sur les crimes de haine.
L’étude statistique révèle que la police a enquêté sur des crimes de haine commis à Toronto contre des victimes aussi inhabituelles que des enseignants, des féministes, des infidèles [sic], des nazis et des pédophiles.
Mais c’est la catégorie citée de façon redondante des “shiksa non juives” – une insulte à l’encontre d’une femme non juive, d’une racine hébraïque signifiant « une chose détestée » qui a particulièrement plongé dans la perplexité le CJC, un important promoteur du durcissement des lois sur le crime de haine.
“On ne peut quand même pas l’appliquer à littéralement n’importe quoi, » déclare son président, Bernie Farber.
Le rapport, non encore publié sur le site web de la police de Toronto, montre une augmentation des « occurrences des préjugés haineux » par rapport à l’an dernier, de 153 à 174, avec 23 inculpations.
Les Juifs, les noirs et les LGBT (hommes et femmes homosexuels, bisexuels, transsexuels sont les victimes les plus nombreuses, mais les Tamouls apparaissent aussi avec six occurrences. Le délit de loin le plus fréquent est la vexation, d’habitude par des graffiti, suivi par les agressions et les menaces.
L’incident shiksa de 2009, classé dans la rubrique “vexations,” s’est produit dans le secteur 53, une zone du centre ville désigné familièrement "Sleepy Hollow" en langage policier, parce qu’elle comprend les quartiers résidentiels de la ville les plus agréables, dont certains quartiers juifs autour de Bathurst et de Lawrence.
On ignore si une inculpation a été faite, ou si des poursuites ont abouti.
Une lettre de protestation adressée à Alok Mukherjee, président du Toronto Police Services Board, explique que le CJC est « sincèrement perplexe, » pas seulement parce que « shiksa est parfois utilisé de manière péjorative » et n’est donc « n’est pas propre à figurer dans une catégorie officielle de la police, mais parce que les peines prévues pour les crimes de haine ne visaient pas à refléter la simple appartenance à un groupe, mais un aspect immuable » ou « incontournable » de la victime.
La lettre objecte aussi à la catégorie “police” parce que la police jouit déjà d’une protection légale spéciale aux termes du code pénal, et à la catégorie ‘nazi’ parce que les convictions politiques ne sont pas des motifs de crimes de haine. La lettre ne mentionne pas les féministes, les enseignants, les infidèles ou les pédophiles.
 Le code pénal prévoit une aggravation des peines s’il existe des “preuves que le délit était motivé par le préjugé ou basé sur la haine raciale, nationale ou ethnique, la langue, la couleur, la religion, le sexe, l’âge, le handicap mental ou physique, l’orientation sexuelle ou tout autre facteur semblable. »
Ce sont ces derniers mots qui ont soulevé la controverse sur les catégories.
“S’il est admis que si l’identité de chaque individu a de multiples aspects, dont plus d’un pourrait faire de lui la cible d’un délinquant, la pratique de l’unité spécialisée de Toronto [Toronto Police Service Hate Crime] est de classer un événement de haine/ préjugé sur l’information existante la plus directement accessible dans la perception de sa victime par le délinquant, » lit-on dans le rapport.
Le terme shiksa a connu sa pleine expression littéraire en 1969 dans Portmoy’s Complaint, le roman de  Philip Roth sur la frustration sexuelle adolescente, dans lequel le protagoniste Juif se tourmente pour des bad girls [tentatrices, allumeuses?]comme Bubbles Girardi.
Il est depuis devenu une expression argotique commune et pratiquement exempte de controverse.  Charlotte, un des personnages de Sex and the City, est décrite par son petit ami Juif comme une « déesse shiksa. » Sharon Stone, après son rôle de prédatrice sexuelle dans Basic Instinct se présentait elle-même comme « la shiksa suprême ». Et les sites juifs de rencontre se promeuvent eux-mêmes avec le slogan provocateur « les shiksas sont pour l’entraînement. »

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