jeudi 26 avril 2012

L'Arménie et l'Iran


A l’occasion de la commémoration par l’Arménie du ‘génocide’ que ce pays accuse la Turquie d’avoir commis, le journal espagnol ABC a eu la bonne idée d’interviewer l’ambassadeur d’Arménie en Espagne, Khorén Terterián.
Ce qui nous permet d’avoir un rare aperçu des prises de position de l’Arménie sur la crise qui oppose l’Iran au bloc occidental, entité sioniste incluse.
En fait, on découvre tout simplement que prise entre le marteau turc et l’enclume azerie, la république d’Arménie a tout à perdre d’une agression militaire contre l’Iran. En effet, si l’Arménie n’a que 35 kilomètres de frontières communes avec la république islamique, ce sont 35 kilomètres d’une importance vitale. Et l’Iran est par ailleurs un soutien de poids dans un environnement que le gouvernement arménien définit comme hostile.

A méditer.
  

Les Arméniens commémorent leur «génocide» face à une Turquie influente et s’accrochent à leur volonté de se rapprocher plus de l’Union Européenne sans renoncer à leur amitié avec l’Iran.
Par Luis de Vega, à Madrid, ABC (Espagne) 24 avril 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri

 «Nous avons payé le prix pour garder notre langue, notre culture et nitre foi chrétienne,» affirme Khorén Terterián, chargé d’affaires de l’ambassade d’Arménie à Madrid, un pays qui commémore ce 24 avril le début du «génocide» par les Turcs entre 1915 et 1923. Les autorités d’Erevan, capitale de l’Arménie, estiment qu’environ 1,5 millions de ses nationaux furent massacrés. Ce chiffre et le fait que ce fut une extermination planifiée n’ont jamais été reconnus par Ankara qui parle de 300 000 morts.

Le poids de plus important de la Turquie dans les relations internationales représente un frein important pour les aspirations arméniennes à la reconnaissance de ces faits. La volonté de ces deux pays d’être admis dans l’Union Européenne (UE) ne semble pas être un argument suffisant pour que leurs positions de rapprochent même à minima.

A cheval entre l’orient et l’occident et sans façade maritime, cette ancienne république soviétique marquée aujourd’hui par les conflits avec ses voisins, la Turquie et l’Azerbaïdjan avec lesquels les frontières sont fermées. Avec le premier pays, le conflit porte sur la négation du génocide et avec le deuxième, sur l’enclave du Nagorno Karabakh, peuplée majoritairement d’Arméniens mais que l’ONU reconnaît comme azerie en dépit d’une indépendance autoproclamée il y a une dizaine d’années pendant la guerre de 1991 à 1994.




Ce qui oblige l’Arménie à dépendre de la Géorgie au nord, pour avoir accès à la mer Noire et, surtout, de l’Iran au sud qui est devenu, nonobstant les différences religieuses – les uns sont Chrétiens et les autres Musulmans – le principal soutien des Arméniens à l’international, comme le reconnaît Terterián. «En dépit des sanctions, nous n’avons pas d’autre solution que d’avoir de bonnes relations avec Téhéran,» explique le chargé d’affaires pendant un entretien accordé à ABC dans lequel il  observe clairement que la fermeture  des frontières avec ses voisins met son pays à très rude épreuve.

 «Les Etats Unis le comprennent, » répond le diplomate à la question sur les relatiosn de son pays avec les ennemis du régime des ayatollahs. Terterián reste très prudent quand il évoque le climat qui assombrit la région à cause des pressions dur le programme nucléaire iranien qu’il considère comme ayant des fins « pacifiques,» alors que Washington est également un soutien importants pour son pays.

 «Nous ne voulons pas de problèmes dans la région, et encore moins en Iran, » dit-il, sans cacher une certaine préoccupation. «Nous attendons la conclusion d’un accord avec les responsables du programme nucléaire sans un recours à la force qui serait désastreux pour nous,» ajoute-t-il. Vous imaginez qu’on ferme notre frontière avec l’Iran ? » questionne-t-il en parlant de ces 35 kilomètres essentiels pour son pays.

Le jeu compliqué des alliances internationales dont dépend l’Arménie amène également le diplomate à ,e pas se mouiller par rapport au conflit en Syrie. «Question difficile,» admet-il. Moscou, dont la position est qualifiée de «positive» est un autre des piliers dont dépend ce petit Etat de 30 000km2 et de trois milliosn d’habitants, mais qui compte avec une importante diaspora. Mais sa défense de la Russie, fervent allié de Damas, ne l’empêche pas de se positionner sur plusieurs tableaux : « Nous saluons la position de l’Union Européenne et le plan Annan avec ses observateurs pour arrêter les combats. »

L’Arménie a gagné une petite bataille avec la reconnaissance en 2001 du génocide par la France où vivent plusieurs centaines de milliers de personnes d’origine arménienne. Nicolas Sarkozy a impulsé tout récemment un projet de loi pour faire de la négation du génocide un délit, au risque de nuire à ses relations avec la Turquie. Le chargé d’affaires Arménien à Madrid n’exclut pas l’idée que ce pouvait être un moyen pour le président de s’attirer des votes en vue de sa réélection ou encore d’un message pour Ankara : «Si vous voulez faire partie de l’UE, comportez vous comme des Européens.»

 «Personne ne doute de l’holocauste [des Juifs, NdT] et l’Allemagne est vue comme un pays civilisé qui, en outre, entretient de bonnes relations avec Israël, » conclut-il.

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