L’armée syrienne a dû évacuer le Liban il y a quelques années, cédant à la pression des mêmes que ceux qui se présentent aujourd’hui comme des «amis» de la Syrie.
J’ignore si cette pression était résistible, mais elle n’a finalement été qu’une étape dans la tentative de réduire à merci ce pays.
Il reste que les destins du Liban et de la Syrie sont inextricablement liés d’autant que ces deux nations n’en forment en réalité qu’une.
Je vous avais proposé il y a quelques jours un article sur la montée des tensions au Liban avec la volonté des partisans de l’ex premier ministre Saad Hariri de tenter l’épreuve de force avec le Hezbollah. Ces gens là pensent en effet que la situation qui prévaut en Syrie a modifié de telle sorte le rapport des forces en présence que l’heur de la revanche pourrait bien être sur le point de sonner.
D’autant que la crise en Syrie a ramené au Liban des forces syriennes armées. Sauf que cette fois-ci, ce n’est pas l’armée régulière syrienne mais la fameuse Armée Syrienne Libre qui tend à se renforcer dans certaines portions du territoire libanais au point de commencer à constituer un Etat dans l’Etat qui ne va peut-être pas tarder à se lancer dans une action militaire d’ampleur au Liban en collusion avec le clan Hariri.
Il faut bien garder en mémoire que ces miliciens, s’ils sont pour l’instant quelques centaines présents sur le sol libanais pourraient rapidement voir leurs effectifs gonfler en puisant dans la population réfugiée et profiter des armes fournies par les pétromonarchies sans parler de celles que le molletiste Laurent Fabius s’impatiente de livrer aux prétendus révolutionnaires syriens.
Il est vrai que Shimon Peres vient d'en donner l'ordre en plaidant devant le parlement européen pour une intervention arabe en Syrie. Il va sans dire que son propos s'adressait en réalité à ses auditeurs immédiats, les pays représentés dans cette assemblée.
On constatera que Laurent Fabius en bon roquet qu'il est (dixit Jacques Chirac) s'est empressé de lever la patte et de faire le beau.
Dessiner une nouvelle carte du Nord Liban, combattants Syriens inclus
par Radwan Mortada, Al-Akhbar (Liban) 13 mars 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
Des réseaux de combattants Syriens au Nord Liban redessinent la physionomie du territoire. Depuis les cellules logistiques syriennes aux routes clandestines pour les armes, de nouvelles réalités politiques changent la manière dont les Libanais circulent dans leur pays.
Au Liban, dire que vous êtes stoppé par un Palestinien armé signifierait que vous êtes entré dans un camp de réfugiés contrôlé par une faction palestinienne. Mais dire que vous avez été stoppé par un combattant Syrien armé – ce mois-ci à Tripoli, plusieurs années après le retrait de l’armée syrienne – est tout à fait autre chose.
C’est même encore plus problématique quand ce combattant armé vous demande de changer votre destination, qui se trouve en plein Liban, après avoir remarqué votre appareil photo.
Ces nouveaux arrangements suggèrent que la région se dirige vers une nouvelle phase que les officiels des services de sécurité tendent à comparer avec l’époque où les opérations de la résistance palestinienne au Liban avaient valu au pays le sobriquet de Fatah Land.
Un haut responsable des services de sécurité base son évaluation sur le simple fait que le Nord Liban accueille environ 100 000 réfugiés Syriens dont il affirme qu’un tiers est prêt à prendre les armes. Il n’y a pas que ça, le même responsable indique que les informations recueillies par les forces de sécurité confirment la présence de centaines de combattants Syriens qui se déplacent librement à l’intérieur du territoire libanais.
En parallèle, ces informations indiquent que le frère d’un député influent du district d’Akkar (près de la frontière avec la Syrie) continue à organiser des cellules syriennes. Elles sont réparties selon un plan conçu par des officiers de l’armée à la retraite qui soutiennent l’opposition syrienne.
Les informations des services de sécurité révèlent que l’officier Syrien dissident Annad A. est arrivé à Halba (chef lieu du district d’Akkar) en compagnie d’un militant d’Akkar après avoir fui la Syrie pour une zone du Liban favorable au député Walid Joumblatt où il a reçu protection.
Ces informations dissent aussi qu’il a tenu une réunion au domicile de Mahmoud Z. Ils ont discuté de la livraison d’armes et de fournitures à distribuer sur la place [publique] d’Halba.
Il y a aussi des rumeurs sur un genre de conseil militaire syrien dans le Nord, avec différentes activités conduits par les militants, dont la collecte de fonds, la coordination et l’approvisionnement en armes. Ils constituent ce qui s’apparente à un gouvernement militaire fantôme. Il existe aussi des indications crédibles sur leur relation avec des personnalités libanaises des milieux politiques et sécuritaires
En plus de financements étrangers, le ressortissant Syrien Anwar S. B., alias Abu-Hassan al-Souri, s’occupe des fournitures et de l’armement en coordination avec des militaires en retraite et un parlementaire du Mouvement du Futur [le parti de Hariri] originaire du Nord Liban. Il convient d’observer que Souri avait été blessé dans l’explosion du dépôt d’armes d’Abi Samra à Tripoli.
En outre, le nom de Mohamed A., alias Abou Afif est cité. Sa mission est de fournir les salaires mensuels qui doivent être transportés à al Qusayr via Arsal (où deux soldats Libanais avaient été tués dans des affrontements avec le Jabhat al-Nosra). L’argent vient de donations effectuées en Europe et dans les pays arabes du Golfe et est déposé au domicile du député susmentionné.
En matière d’achat d’armement, le rôle le plus important revient à Ismail R. C’est un homme riche présenté par les membres de l’opposition syrienne comme étant en charge de la fourniture d’armes achetées à des officiers pro régime de l’armée syrienne. Il est aussi chargé de recevoir les soldats blessés de l’Armée Syrienne Libre et de les répartir dans les hôpitaux libanais.
Tous coordonnent leur action avec le siège local de l’opposition syrienne établi dans la rue de l’Ordre des médecins à Tripoli, devant le réservoir central, derrière la maison du général Ashraf Rifi, directeur des Forces de Sécurité Intérieure du Liban.
Les informations indiquent que des réunions nocturnes se tiennent régulièrement entre des officiers Syriens dissidents, des personnalités religieuses et d ‘autres personnes. Récemment, la zone résidentielle d’Abrar a été le lieu d’une fusillade en raison des désaccords entre un des blessés et ses médecins.
Des réfugiés se font passer pour des civils en journée, puis font leur devoir “djihadiste” à la faveur de la nuit. A Akkar, il y a certains endroits de la frontière qu’il est impossible d’approcher ou de franchir sans être stoppé par des hommes armés, dont des Syriens, qui vous demandent ce que vous faites, d’où vous venez et ce que vous voulez.
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