On a pu voir dernièrement la photo d’un enfant soldat syrien posant cigarette au bec entre deux barbus en treillis engagés dans la lutte armée contre le régime en place et pour qui sa présence semble normale.
Ce gamin s’appelle Ahmed, il a huit ans et ses parents auraient été tués dans un bombardement de l’armée syrienne sur Alep. Son père était lui-même engagé dans la guérilla contre le gouvernement. Ahmed est bien sûr incapable de se servir réellement du fusil de guerre dont on l’a doté mais ce ne sont certainement pas les occasions de risquer sa vie que lui refuseront ses deux camarades de combat.
On trouve d’autres images d’enfants soldats enrôlés par les forces hostiles au gouvernement, en général un peu plus âgés.
Par exemple celle-ci
Ou celle-là
Et on apprend que, non contents de recruter des enfants soldats en Syrie, on en recrute maintenant à l’étranger, comme cet adolescent parti de Ceuta pour lutter sur le «sentier de Dieu» contre le régime syrien.
Comme si c’était le régime syrien qui avait incarcéré son père !
Un jeune de Ceuta part en Syrie pour «combattre pour Dieu»
Les parents de Nourdine ont déposé plainte ce dimanche
Lundi, ils ont reçu un appel de leur fils leur confirmant qu’il était en Turquie
Par Ignacio Cembrero & Rocio Abad Madrid / Ceuta, El Pais (Espagne) 3 avril 2013 traduit de l’espagnol par Djazaïri
Jusqu’à présent, seuls des adultes espagnols et musulmans s’étaient rendus en Syrie pour participer à la lutte armée contre le régime dictatorial de Bachar al-Assad, mais depuis la fin de la semaine dernière est venu s’ajouter un mineur, Nourdine âgé de 16 ans, selon des sources des services de sécurité espagnols.
Nourdine a franchi, sans doute dans la soirée de samedi, la frontière avec le Maroc et c’est le lendemain matin que ses parents, Ahmed et Toria, ont découvert qu’il n’avait pas dormi dans leur maison du quartier du prince Alonso. Dans la soirée de ce même dimanche, ils ont déposé plainte au commissariat de police.
Lundi dernier, les parents on reçu un appel de leur fils qui leur a expliqué les raisons de son départ. «Il nous a demandé pardon plusieurs fois, dit qu’il était en Turquie et qu’il allait en Syrie et qu’il n’allait pas rentrer,» a raconté le père au journal El Faro de Ceuta. Le jeune avait ajouté au téléphone qu’il «… allait combattre sur le sentier de Dieu.»
La surprise a été énorme parce que, selon ses parents, Nourdine était un adolescent tranquille qui n’avait jamais parlé du conflit syrien à la maison. Ahmed, son père, avait été lui-même arrêté et emprisonné en 2006 au cours de l’Opération Dune ordonnée par Baltasar Garzón qui était à l’époque juge de l’Audience nationale dans le cadre de la lutte antiterroriste. Nourdine était le plus petit des quatre enfants de la famille.
Le délégué du gouvernement à Ceuta, Francisco Antonio González, a reconnu aujourd’hui devant la presse que des réseaux salafistes sont présents dans la ville, mais que l’adolescent a été pris en charge à Castillejos, la localité marocaine frontalière. Il a affirmé ne pas savoir combien d’habitants de Ceuta ont demandé à aller en Syrie pour se sacrifier et il a attribué son ignorance aux négligences du passé de la part de l’administration de l’Etat dans la traque des réseaux de recrutement.
En juillet 2013, trois autres musulmans de Ceuta, dont Rachid Wahbi, 32 ans, père de famille et chauffeur de taxi, s’étaient eux aussi rendus en Syrie en passant par le Maroc où ils avaient été recrutés puis par la Turquie. Ils avaient fait le trajet en compagnie d’au moins une demi-douzaine de Marocains, selon des sources sécuritaires. Tous trois sont morts si on en croit des appels téléphoniques de condoléances en provenance de Syrie reçus par leurs proches à Ceuta. La police marocaine a démantelé plusieurs réseaux de recrutement de djihadistes, le plus récent l’ayant été le 19 janvier dernier selon un communiqué.
Coïncidant avec l’annonce du départ pour la Syrie d’un adolescent de Ceuta, le Centre International d’Etudes de la Radicalisation, qui dépend du King’s College à Londres a rendu public un rapport dans lequel il assure que depuis début 2011, entre 135 et 590 – la fourchette est très large – musulmans européens ont rejoint l’insurrection en Syrie. Ils représentent de 7 à 11 % du total des combattants étrangers parce que la majorité de ces derniers vient de pays musulmans.
La majorité d’entre de ceux [des combattants venus d’Europe] qui sont allés en Syrie sont partis du Royaume Uni, des Pays Bas, de France, de Belgique et d’Allemagne. L’Espagne figure en queue de peloton avec seulement six djihadistes, un chiffre qui a doublé depuis le départ des trois hommes partis de Ceuta pour la Syrie à l’été 2012.
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