C'est ce qu'expliquait en 1989 une Simone Veil attristée par l'installation d'un couvent de sœurs carmélites dans un bâtiment annexe du camp qui avait servi naguère à stocker le Zyklon-B, le fameux gaz toxique.
Cette ancienne ministre, aujourd'hui académicienne, présentée souvent comme un modèle de probité et de sagesse s'était exprimée ainsi :
Auschwitz ne peut être qu'un lieu de recueillement. Il n'appartient à personne. L'idée que ce lieu soit récupéré par des carmélites, même pour la prière, est insupportable, d'autant que les Polonais, depuis longtemps déjà, ont, progressivement mais volontairement, occulté l'extermination des juifs pour faire du camp le symbole du seul martyre national, et que les juifs avaient été abandonnés à leur destin par le monde entier.
On passera sur l'expression d'une rancune tenace à l'égard de la Pologne mais on s'étonnera par contre du fait que Mme Veil ignore que le recueillement est justement une des occupations favorites des sœurs carmélites qui se vouent à la contemplation !
1989, c'est quatre années après la création du Carmel, ce qui prouve la ténacité des opposants à la présence de ce Carmel, pour l'essentiel des adeptes du culte de la shoah, des prosélytes de la religion de l'holocauste.
Ces gens qui ne connaissent ni le pardon, ni l'oubli et sont doués d'une mémoire d'une plasticité prodigieuse ne renoncèrent pas et finirent par obtenir du Pape Jean-Paul II qu'il ordonne le départ des Carmélites en 1993, soit huit ans après leur installation.
C'était donc il y aune vingtaine d'années.
Simone Veil sera sans doute d'accord avec moi pour dire qu'Auschwitz est plus que jamais un lieu de recueillement et je ne doute pas qu'elle donnera de la voix pour protester contre ce qui se prépare en ce moment dans ce haut lieu de la souffrance juive.
On apprend en effet qu'une organisation juive ultra-orthodoxe annonce l'ouverture en avril prochain d'un « kollel » et d'un « kirouv » à Aushcwitz.
Un kollel, nous explique le blogueur de Failed Messiah, est une école supérieure religieuse et le kirouv un centre missionnaire voué à la « re-judaïsation » des âmes égarées, c'est-à-dire de ceux qui entretiennent un lien ténu avec la religion de leurs parents ou grands parents.
Le site Failed Messiah laisse entendre que les kirouvs animés par ces ultra-orthodoxes sont souvent des tromperies [« deceptive »] et ont donc une visée financière. Failed Messiah écrit que
« les rabbins ultra-orthodoxes vont s'attaquer directement aux enfants des Juifs non pratiquants et non orthodoxes qui viennent à Auschwitz – un lieu sanctifié par le sang et les cendres des millions qui ont été assassinés là-bas »
L'organisation religieuse à l'initiative du projet a lancé une souscription dont un dés véhicules est le courrier électronique avec la diffusion du placard de promotion reproduit ci-dessous :
Comme on le voit dans la partie gauche du bandeau supérieur, l'institution s'appelle l'Auschwitz Jewish Memorial, exploitant donc directement l'impact du nom du lieu d'implantation.
On lit sur la partie droite du même bandeau :
Nous sommes fiers d'annoncer l'ouverture d'un kollel et d'un kirouv à AuschwitzL'idée est qu'Auschwitz est un mémorial juif, c'est ce que nous dit la légende de la photo avec une étoile jaune précédant le mot « stories » = des histoires juives.
Sous le bandeau en forme de pellicule photo, on lit :
Rappeler le passé pour protéger l'avenir. Perpétuer et faire revivre la mémoire des six millions de victimes de l'holocauste par la prière et l'étude.
On nous précise aussi qu'on peur soutenir le projet en donnant de l'argent.
On lit dans le carré jaune en bas à droite :
Nous sommes ici.Vivants, à Auschwitz.Pour raconter l'histoire [story = récit, histoire de vie].Six millions de vies.Six millions d'histoires.Sans oublier le copyright dans l'angle inférieur droit.
En cas d'absence de réaction de protestation de la part de Mme Veil, il faudra donc modifier légèrement sa phrase:
Auschwitz ne peut être un lieu de recueillement que pour les Juifs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires publiés après modération. Les propos injurieux, diffamatoires ou à caractère raciste ne seront pas publiés.