mardi 2 juillet 2013

L'islamophobie, bien commun de la "république" (sur la levée de l'immunité parlementaire de Marine Le Pen)

Dans une vie politique française qui est marquée par une relative indifférenciation des idées chez les partis "institutionnels" de droite comme de gauche, il semble impossible d'engager un véritable débat.
Là où on aurait pu imaginer qu'un débat devait avoir lieu comme dans le projet de loi sur le mariage des homosexuels, cela a été impossible puisque ceux qui étaient opposés à ce mariage ont été ravalés au rang d'obscurantistes.
Pour satisfaire aux aspirations d'une coterie ultra minoritaire mais présente aux bons niveaux dans la société et dans l'appareil d'Etat.
De fait, il n'y a pas grand chose à débattre en dehors de la meilleure manière de casser du sucre sur les musulmans.
Parce que ce qu'on appelle islamophobie fait maintenant partie du bien commun de la société française. Et si le Front national est très en verve en matière de discours islamophobe, l'UMP lui dispute quand même le maillot jaune sur ce point tandis que les socialistes font appel à leur vieux fonds anti-islam.
Plus modérés apparemment dans leur propos, ils n'ont cependant jamais renâclé quand il s'agissait de "casser du fell"en Algérie, de l'Egyptien comme en 1956 et ils se sont inscrits dans le droit fil des positions de l'UMP sur la Libye et la Syrie.
En matière de politique intérieure française, la une des journaux en ce moment porte sur la levée de l'immunité de Marine Le Pen par le parlement européen pour ses propos sur les prières de rue qu'elle avait comparées à une "occupation."
Cette levée a été votée à la demande du parquet de Lyon qui
"veut l'entendre dans le cadre d'une enquête pour incitation à la haine raciale".
La présidente du Front national, députée européenne, est visée par une plainte du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) relative à ses propos du 10 décembre 2010 établissant un parallèle entre les prières des musulmans dans la rue en France et l'Occupation.
Ce jour-là, Marine Le Pen avait évoqué en ces termes certaines prières musulmanes en public :
"Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'occupation, on pourrait en parler pour le coup. C'est une occupation de pans de territoire. Certes, il n'y a pas de blindés, il n'y a pas de soldats, mais elle pèse sur les habitants."
Mme Le Pen est donc visée par une plainte du Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP).
Mme Le Pen comprend cette procédure comme une tentative de l'abattre à tout prix.
Je ne suis pas loin de souscrire à ce point de vue pour la simple raison que ses prises de position n'ont en rien été en décalage de ce qu'on a pu observer au moment des faits et depuis lors dans le comportement d'éminents cadres politiques au pouvoir ou dans l'opposition.
On se rappellera par exemple que Hervé Hamon, à l'époque porte-parole du Parti Socialiste avait de son côté appelé à "libérer" l'espace public.
Hervé Hamon n'a fait l'objet d'aucune plainte, pas plus que M jean-François Copé avec sa scabreuse histoire de pains au chocolat confisqués aux petits Goyim par leurs camarades musulmans en période de jeûne de Ramadan.
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Et que dire de la LICRA qui dans sa déclaration de condamnation (!) des propos de Mme Le Pen constatait que
il est vrai que certains de nos concitoyens musulmans annexent la voie publique

Bien sûr il y a le contexte de ce segment de phrase, (comme dans les propos initiaux de Marine Le Pen) mais le verbe annexer est bel et bien employé.
Les musulmans annexent la voie publique comme l'entité sioniste annexe le plateau du Golan ou Jérusalem?
Quoi qu'il en soit, Mme Le Pen se voit donner une occasion en or de passer pour l'irréductible gauloise confrontée aux assauts d'une classe politique qui n'a rien d'autre à proposer qu'une adaptation du double carcan confectionné à Bruxelles et à Washington. 
Pour finir, on rappellera que l'église catholique organise de nombreuses processions sur la voie publique un peu partout à l'occasion de diverses fêtes religieuses.
Une des processions les plus imposantes est celle de la fête dite des Lumières le 8 décembre à Lyon qui mobilise des dizaines voire des centaines de milliers de marcheurs  [de toutes confessions même si les chrétiens sont bien entendu l'immense majorité] pour une montée aux flambeaux vers la basilique de Fourvière.
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Lyon, le 8 décembre 2011: une des cinq processions était celle des intégristes de la fraternité Saint Pie X
On m'objectera que cette fête n'a plus de caractère religieux.
Je répondrai: posez la question au Diocèse de Lyon et aux nombreux chrétiens pratiquants de la capitale des Gaules.
On m'objectera aussi que la France est un pays de tradition catholique.
Je répondrai: certes, mais la république est laïque et c'est paraît-il au nom de cette laïcité que Jean-François Copé défend les pains au chocolat contre l'islamisation rampante et que Marine Le Pen prétend libérer les rues de Paris.


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