dimanche 14 juillet 2013

Propagande sur la Syrie: nouvelle variation sur les gentils et les méchants

On ne sait pas trop comment va évoluer le conflit en Syrie. Certes, les forces gouvernementales semblent avoir repris la main sur le terrain et infliger de sérieux revers aux forces d’opposition. 
Sur le plan politique intérieur, Bachar al-Assad vient de montrer qu’il avait les coudées franches puisqu’il a a été en capacité de faire d’importants changements de personnel dans le parti Baath, le parti auquel son pouvoir est adossé.

Enfin, certains de ses ennemis jurés sont en grande difficulté, comme le premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan voire même ont été éliminés de la scène politique comme l’émir du Qatar où le président Egyptien Mohamed Morsi.

syrie

Ceci dit, les Etats Unis et l’Arabie Saoudite n’ont pas renoncé à nuire à la Syrie et Barack Obama vient même d’annoncer que Washington respecterait son engagement de livrer des armes à l’opposition syrienne.

Pour surmonter les réticences exprimées par une partie de la classe politique aux Etats Unis, le discours public sur la Syrie été rectifié et les armes promises sont destinées aux rebelles modérés qu’on sait maintenant bien identifier puisqu’ils s’affrontent par les armes avec les « extrémistes ».
Comme le relève Moon of Alabama, ces affrontements relèvent plus de querelles locales que de divergences sur le fond.

Syrie: les insurgés "modérés”

Moon Of Alabama (USA) 13 juillet 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Il est bien connu que les insurgés syriens ont reçu, avec l'aide des Etats Unis, de nombreuses nouvelles armes provenant de divers pays arabes:
Salim Idriss, chef du commandement militaire de l’Armée Syrienne Libre (ASL) a déclaré que les nouvelles armes ont permis à l'armée rebelle de «détruire plus de 90 véhicules blindés du régime syrien."
Mais même ces nouvelles armes ne sont pas assez pour eux. Avec leurs soutiens arabes et «occidentaux», ils  continuent à faire pression pour plus d'armes. Obama semble être prêt à livrer plus d’armes :
Le président Barack Obama a dit vendredi au roi d'Arabie Saoudite  qu'il s'est engagé à apporter le soutien des Etats Unis aux rebelles syriens qui attendent les livraisons d'armes légères qui ont été bloquées à Washington.
Le Congrès a bloqué pour l’instant toute livraison officielle d’armes américaines. Pour amener certains leaders parlementaires à changer d’opinion, la guerre en Syrie doit maintenant être redéfinie. Sur la partie gauche de la scène, voici venir maintenant le «rebelle modéré.» Au lieu de demander des armes pour combattre le «dictateur sanguinaire », le «rebelle modéré» demandera désormais des armes pour combattre les «dangereux terroristes » qui ont été ses partenaires depuis le début.

Nous lisons en effet maintenant que les Talibans pakistanais montent une succursale en Syrie et on peut voir certains insurgés lever un gigantesque “drapeau Taliban” blanc à la frontière syro-turque. Soudain, nous avons de plus en plus d’informations sur les conflits entre les insurgés «modérés» et les «terroristes» :
Kamal Hamami, le commandant de l'Armée Syrienne Libre tués jeudi dans la province côtière de Lattaquié, sortait juste d’une réunion avec d’autres membres de l’organisation sur l’approvisionnement en armes.
...
La semaine dernière, des membres de l'Etat Islamique ont été accusés d'avoir décapité deux combattants de l'Armée Syrienne Libre et d’avoir laissé leurs têtes coupées à côté d'une poubelle dans un square de Dana, une ville tenue par les rebelles dans la province d'Idlib près de la frontière turque. Une attaque qui était intervenue après des affrontements qui avaient éclaté lors d'une manifestation contre l'Etat islamique, causant  la mort de 13 personnes.
Récemment, un combattant de la région, Abou al-Haytham,a affirmé que la dispute entre rebelles a commencé quant un combattant étranger membre de l’Etat Islamique a violé un garçon – « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase» dit-il – et les officiers de l’Armée Syrienne Libre s’étaient plaints.
Au moins quelques unes de ces histoires sont fausses. Mais elles vont servir pour une nouvelle poussée en vue d’armer les insurgés «modérés.»
Mais on a quelques raisons de douter que quelques affrontements localisés entre quelques factions motivées par le pillage témoignent d’une fracture importante entre les diverses organisations d’insurgés :
En dépit de frictions plus nombreuses, les factions modérées et les groupes djihadistes continuent à se coordonner sur le terrain, observe Charles Lister, analyste au IHS Jane’s Terrorism and Insurgency Center. Il  affirme que cela ne va sans doute pas changer même si l’ASL peut exploiter l’assassinat pour en tirer un bénéfice politique.
“Les forces modérées pourraient s’en servir de sorte à montrer à l’occident qu’elles sont disposées à rompre les relations avec les djihadistes afin d’obtenir plus d’aide occidentale,” dit-il.  «La réalité est très différente pour les officiers sur le terrain.»
Ces groupes travaillent ensemble depuis le début de l’insurrection.  Si les Syriens étaient en majorité plus modérés au début, il y avait quand même des extrémistes religieux qui baptisaient leurs bataillons du nom de guerriers sunnites historiques. Leurs différences avec les djihadistes étrangers qui combattent en Syrie sont moindres qu’avec la population syrienne en général. Le type tristement célèbre qui a été filmé en train de manger le poumon d’un soldat Syrien mort ? Un combattant local «modéré » de l’Armée Syrienne Libre. Est-il supposé recevoir plus d’armes parce qu’il affronte aussi d’autres djihadistes par rapport à sa part du butin ?

Laisser entendre qu’il y a les «bons» insurgés «modérés » est un procédé cousu de fil blanc. S’il existe  des différences idéologiques entre les diverses organisations, elles sont de l’ordre de la nuance. Par ailleurs, tout renforcement de l’armement de n’importe quel groupe d’insurgés donnera lieu à un renforcement de l’armement du régime et ne fera que coûter plus de vies et plus de sang. 

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