mardi 25 septembre 2012

Les bienfaiteurs Turcs et le démon de Damas


Il était une fois un premier ministre et un ministre des affaires étrangères Turcs qui s’étaient épris du peuple syrien dont ils se firent les bienfaiteurs bénévoles..

Ce peuple arabe, abondamment massacré par un dictateur sanguinaire répondant au nom de Bachar al-Assad, n’avait pu trouver de salut qu’en franchissant la frontière pour se réfugier dans les bras de la nation turque accueillante.

Les hautes autorités de l’Etat turc s’étaient mises en quatre pour veiller aux besoins de cette masse de réfugiés venue demander asile.

Cet amour des gouvernants Turcs pour le peuple syrien était si fort que, ne pouvant se résoudre à se passer du moindre de leurs hôtes, ils faisaient tout leur possible pour les retenir dans leur giron bienveillant, les dissuadant par toutes sortes de moyens fraternels de retourner se jeter sous les griffes du démon de Damas.

Bon, ça c’est la légende (sauf pour la rétention plus ou moins amicale).

Parce qu’en réalité, le gouvernement turc qui pensait rapidement être débarrassé d’un voisin devenu brusquement infréquentable se retrouve maintenant face à un flot de réfugiés qu’il estime presque insupportable tandis que l'ophtalmologue diabolique refuse obstinément de céder à ceux qui lui enjoignent de partir (ou de mourir comme le lui suggère Laurent Fabius, travailleur humanitaire bien connu).

Le plus beau étant que, par son attitude, le gouvernement turc a contribué grandement à faire grossir le flux de réfugiés.

Les autorités d’Ankara souhaitent donc partager ce fardeau avec la «communauté internationale,» bien souvent la même qui l’a encouragé à mettre de l’huile sur le feu dans le pays voisin.

Et surprise, la dite «communauté internationale» ne répond que mollement à ces appels à l’aide d’Ahmet Davutoğlu, le chef de la diplomatie turque.

Cette réticence a plusieurs raisons.

La première est que le gouvernement turc réclame avant tout de l’argent, ce qui n’est pas tout à fait dans les normes de l’assistance internationale qui passe par le truchement d’ONG reconnues et d’institutions de l’ONU.
Ensuite, donner de l’argent au gouvernement turc, revient d’une manière ou d’une autre à abonder son budget, ce qui n’est certes pas la mission de l’aide internationale.
Enfin, le gouvernement turc refuse de confier la gestion des camps de réfugiés présents sur son sol aux institutions de l’ONU pour des raisons de souveraineté nationale. Pour les mêmes raisons, la Turquie s’oppose à la simple présence des ONG et de l’ONU.

Il est cependant assez clair que, comme le soutient l’opposition turque, ces camps de réfugiés sont confiés à l’opposition syrienne, du moins celle qui est en cheville avec l’Etat turc, qui encadre politiquement les réfugiés et se livre à des entraînements militaires.

C’est une raison de plus d’ailleurs des réticences des donateurs qui ne veulent pas que leur argent aille à des milices à la botte de la Turquie alors qu’eux-mêmes ont parfois leurs propres opposants Syriens à promouvoir.


Par Barçın Yinanç- Hürriyet (Turquie) 25 septembre 2012 traduit de l’anglais par Djazaïri

Malgré une charge croissante sur ses épaules à cause de l’afflux de réfugiés Syriens, le gouvernement a du mal à convaincre les puissances mondiales de donner de l’aide. Ankara a sollicité une aide financière, mais l’Occident semble réticent.
Ayant refusé l’assistance internationale quand les Syriens en fuite ont commencé à arriver en Turquie il y a un an et demi, le gouvernement turc a maintenant du mal à convaincre les membres de la communauté internationale d’aider avec ce problème toujours plus important, au moment où l’afflux de réfugiés est sur le point de dépasser la capacité d’accueil des réfugiés par la Turquie.

La demande de la Turquie pour une assistance financière et son degré de coopération avec le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR de l’ONU), que les tierces parties jugent insuffisant, sont perçus comme étant les principales raisons de la réticence de la communauté internationale à apporter son aide, selon des sources diplomatiques occidentales.
«On nous demande de faire un chèque pur le gouvernement turc. Mais les choses ne se passent pas comme ça. Nous préférons élargir l’aide par l’intermédiaire d’institutions de l’ONU,  a déclaré un officiel de l’Union Européenne à Hürriyet Daily News.
 «Nous coopérons avec le HCR, mais nous ne permettrons certainement pas que les camps passent sous le contrôle du HCR. Nous n’abandonnerons pas nos droits souverains. Et à notre connaissance, le HCR est complètement satisfait de notre coopération,» a affirmé un officiel Turc proche de ce dossier, ajoutant que ces tierces parties qui rechignent à mettre la main à la poche se cachent derrière des arguments «sans fondements.»  

Le même officiel a relevé que l’appel du HCR à une aide pour les réfugiés Syriens a eu un écho limité. Le HCR a conçu deux programmes pour faire face au problème, l’un prévu pour être appliqué à l’intérieur de la Syrie et l’autre pour aider les pays voisins, et il a exhorté les pays membres à financer ces programmes. Seulement 104 millions de dollars sur les 193 millions demandés pour le programme régional, et 94 millions sur les 180 millions attendus pour le programme destiné aux populations à l’intérieur de la Syrie, ont pu être collectés. La Turquie à elle seule a dépensé presque le double de cette somme apportée par la communauté internationale pour les deux programmes combinés, le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu ayant évoqué récemment un chiffre de plus de 300 millions de dollars dépensés à ce jour.

Il semble que la Turquie pâtisse de son choix initial de ne pas faire appel à la solidarité internationale et de ne pas partager le fardeau de l’aide dès le début quand les premiers Syriens commencèrent à arriver en avril 2010 quand la vague du printemps arabe a atteint la Syrie.

La déception du ministre des affaires étrangères

A l’époque, les autorités turques avaient indiqué être capables de faire face à l’afflux et n’avoir pas besoin pour le moment d’un soutien international. Cependant, la déception de Davutoğlu devant la faiblesse de la réaction de la communauté internationale une fois que la Turquie a demandé l’assistance internationale est apparue clairement dans le discours qu’il a prononcé lors de la réunion de l’ONU sur la Syrie en août dernier. « On a de plus en plus le sentiment en Turquie qu’en faisant de tels sacrifices et en prenant en charge un problème énorme par nous-mêmes, nous incitaons la communauté internationale à la complaisance et à l’inaction,» avait-il dit.

En avril dernier, la Turquie a fait savoir au HCR qu’elle accepterait des propositions de la communauté internationale pour partager le fardeau. C’est d’abord et avant tout une aide financière qui est demandée, a déclaré un officiel Turc au HCR. Pour l’aide en nature, la Turquie a transmis une liste de produites qu’elle accepterait et a créé des centres de réception de l’aide internationale à l’aéroport d’Adana et au port de Mersin.

Coopération avec les ONG

Récemment, la Turquie a commencé à s’intéresser à des actions qu’il fallait entreprendre à l’intérieur du territoire syrien. Ce mois ci, la Turquie a commencé à fournir de l’aide humanitaire au kilomètre zéro de la frontière et a créé des centres de réception de l’aide humanitaire à Kilis, Gaziantep et Hatay à cette fin.

Dans le même temps, des sources occidentales affirment qu’une coopération accrue avec le HCR ainsi qu’avec des Organisations Non Gouvernementales (ONG) internationales contribuera à la recherche par la Turquie d’une aide internationale plus importante car elle donnera de la légitimité aux camps qui ont été une source de controverse entre le gouvernement et les partis d’opposition qui ont affirmé qu’ils servaient pour l’entraînement militaire des opposants Syriens. La Turquie a refusé d’accepter l’assistance d’une dizaine d’ONG, soutenant que cela provoquerait des problèmes de sécurité et de maintien de l’ordre. «Nous n’accepterons de faire exception pour aucune ONG parce que si nous ouvrons les portes à l’une, nous finirons par avoir plus de 100 ONG qui demanderont à venir,» a déclaré à Hürriyet un officiel Turc.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires publiés après modération. Les propos injurieux, diffamatoires ou à caractère raciste ne seront pas publiés.