samedi 19 octobre 2013

Le Juif antijuif qui représente les Musulmans aux Etats Unis

Le Council on American Islamic Relations (CAIR) est une des plus importantes organisations de défense des droits des Musulmans aux Etats Unis.

Selon son site web,

La vision de CAIR est la défense ardente de la justice et de la compréhension mutuelle.

La mission de CAIR est d'améliorer la compréhension de l'Islam, d'encourager le dialogue, de protéger les libertés publiques et de promouvoir la justice et la compréhension mutuelle.

On reconnaîtra là les principes habituels qui guident l'action des associations qui entendent représenter les droits des minorités aux Etats Unis. L'action de CAIR s'exerce de manière tout à fait classique par la pratique du lobbying dans la capitale fédérale et dans les différents Etats qui composent les Etats Unis.
CAIR cherche aussi à encourager la participation des Musulmans à la vie publique et intervient dans la lutte contre les discriminations en offrant médiation et prestations juridiques.
Rien que de très banal, surtout pour un pays comme les Etats Unis.
Sauf que CAIR représente la communauté musulmane qui fait l'objet de la culture du soupçon aux Etats unis, au moins depuis les attentats du 11 septembre 2001, et d'une campagne islamophobe menée de manière méthodique,
Cette campagne islamophobe, si elle prend prétexte des attentats de 2001  trouve en réalité son fondement, comme on l'a déjà vu sur ce blog à propos notamment des lois anti-charia, dans la démarche d'activistes sionistes radicaux qui s'appuient sur un appareil financier et une organisation bien rodés.
Et CAIR, en tant qu'organisation représentant des Musulmans et plaidant pour la justice a ce défaut insigne de plaider pour une solution juste au conflit du proche Orient quoique ce conflit ne soit pas au coeur de ses préoccupations.

C'est cependant encore trop pour les ultrasionistes qui n'ont de cesse de dénoncer les liens de cette organisation avec ce qu'ils appellent des organisations terroristes. 

Daniel Pipes
 
Les (prétendus) arguments contre CAIR sont bien synthétisés par le néoconservateur  Daniel Pipes (Pipes est un nom qui fleure bon l’Angleterre mais la famille de Daniel Pipes est juive polonaise et a émigré aux USA dans les années 1940), et c’est en gros la même que celle présentée par les organisations qui constituent le lobby sioniste comme l’Anti Defamation league (ADL, équivalent de la LICRA aux Etats Unis).
Il va de soi que pour ces tenants du sionisme radical, CAIR flirte forcément avec l’antisémitisme compte tenu de ses prises de position sur la Palestine.

Un argument qui vient de prendre un petit coup dans l’aile avec la nomination d’un Juif au poste de directeur de la section de CAIR à Philadelphie (chaque section régionale est autonome).

Bon, ce n’est pas n’importe quel Juif puisqu’il s’agit de Jacob Bender, un documentariste connu pour ses positions de gauche, y compris sur la question palestinienne.

Jacob Bender
Un Juif antijuif présume déjà Abraham Foxman, le premier responsable de l’ADL.

Jacob Bender est le premier Juif à diriger une section de CAIR, l'organisation de défense des droits des Musulmans

L'activiste de Philadelphie fait face à l'hostilité dans l'establishment juif

par Nathan Guttman, The Jewish Forward (USA) 17 octobre 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri

Jacob Bender va devenir le porte-voix des Musulmans de la région de Philadelphie dans la lutte contre la discrimination qu'ils subissent sur les lieux de travail et dans la sphère publique, et dans le combat contre les expressions de haine.
Bender est convaincu que son appartenance à la confession juive ne peut que l'aider à faire ce travail avec efficacité.

«La communauté musulmane est attaquée par des forces islamophobes, et il est de l'obligation et de le responsabilité de toutes les personnes de bonne volonté de se lever et de dire que cette agression est une manifestation d'intolérance,» affirme Bender. «C'est [cette mission] absolument cohérent avec les objectifs que je me suis fixés dans la vie.»

La section de Philadelphie du Council on American Islamic Relations a annoncé la nomination de Bender à son poste de directeur exécutif le 15 octobre. Bender est le premier Juif, et le premier non musulman, à exercer comme directeur d'une branche de CAIR.

«Les besoins de la communauté musulmane sont exactement les mêmes que ceux de toute communauté minoritaire aux Etats-Unis", déclare Iftekhar Hussein, président du conseil d'administration de CAIR-Philadelphie. «Jacob, en tant que juif, le comprend du fait des ses propres origines."

Militant des questions liées au dialogue interreligieux entre Juifs et Musulmans qui a été impliqué par le passé dans la défense d'une vision progressiste de la paix au Moyen Orient, la nouvelle position de Bender va le placer devant deux types d'attentes de natures très différentes.

Il va rencontrer une communauté locale musulmane qui attend qu'un non musulman représente ses besoins aussi bien que l'aurait fait un coreligionnaire.

Il va aussi être confronté à un leadership juif national qui a décidé que CAIR n'était  absolument pas un partenaire avec qui on peut dialoguer.

Dans un long document publié en 2006, l'Anti-Defamation League (ADL) accusait CAIR d'avoir des positions extrémistes sur Israël et d'avoir des liens avec des individus et des organisations qui ont exprimé leur soutien à des organisations terroristes.

Les organisations juives avaient aussi souligné par le passé le fait que CAIR avait été initialement citée dans le dossier judiciaire de la Holy Land Foundation, une organisation caritative basée aux Etats Unis qui avait été accusée de rassembler des fonds pour le Hamas. Mais un tribunal avait ordonné en 2012 que la référence à CAIR soit retirée du dossier.

«CAIR ne fait pas partie des partenaires potentiels de la communauté juive,» déclare Ethan Felson, vice-président du Jewish Council for Public Affairs. «La communauté juive a examiné son dossier et a conclu que «Nous ne pouvons pas travailler avec cette organisation.»

Même si aucune position officielle n'a été adoptée, la communauté juive a exclu CAIR de toute action interreligieuse commune avec la communauté musulmane et s'est concentrée sur les relations avec l'Islamic Society oh North America et avec des mosquées et des imams locaux.

CAIR et Bender rejettent les assertions des organisations juives selon lesquelles l'organisation serait de quelque manière extrémiste. «Il y aura toujours ceux qui essaieront de diaboliser les autres organisations,» déclare Bender. «En tant que personne qui soutient depuis longtemps les droits des palestiniens et qui critique la politique d'occupation, je ne vois pas de contradiction entre mes opinions affirmées de longue date sur le Moyen orient et celles de CAIR.»

Israël n'est pas une question prioritaire pour CAIR, en particulier pour ses sections locales, qui tendent à s'intéresser plus à la lutte contre les discriminations contre les Musulmans dans la communauté locale [où ils vivent]. Pourtant, pour beaucoup dans la communauté juive, le problème arabo-israélien est perçu comme l'obstacle essentiel qui éloigne CAIR de l'establishment juif américain.

Le fait d'avoir un Juif à un poste de dirigeant pourrait-il contribuer à réduire la coupure entre les deux parties? La réponse consiste généralement en un mélange d'espoir et de scepticisme.

«Il y a toujours un potentiel de changement,» déclare Hussain, tout en observant que jeter un pont en direction des organisations juives n'était pas la motivation derrière le recrutement de Bender pour le poste. «Ceux qui n'ont pas de contact avec CAIR devraient s'asseoir autour d'une table et comprendre que nous sommes une organisation des droits civiques.»

Abraham Foxman, le responsable national de l'ADL, explique dans une déclaration à Forward que «on verra avec le temps.» L'appartenance de Bender à la confession juive, dit-il, n'a pas nécessairement une importance. «Malheureusement, il y a des Juifs qui sont antijuifs et anti-Israël,» ajoute Foxman, «mais nous allons attendre et on verra bien.»

L'intérêt de Bender pour la communauté musulmane a commencé après les attaques terroristes du 11 septembre. Producteur de documents vidé et télévisuels, il a commencé à organiser des rencontres inter-religieuses et à donner de la voix contre contre les expressions islamophobes devenues plus fréquentes après les attentats.

En 2009, son documentaire “Out of Cordoba: Averroes and Maimonides in Their Time and Ours a été présenté au public/ Le film traite «de Juifs, de Musulmans et de Chrétiens qui luttent contre le détournement de leurs religions par des extrémmistes,» écrivait Bender dans une brève description qui accompagnait le film.

Le film s'intéresse à deux contemporains historiques de l'Espagne médiévale: le philosophe Juif Maïmonide et le penseur Musulman Averroes. A travers ces deux personnages, Bender cherchait à remettre en cause «la thèse selon laquelle il y a un inévitable 'choc des civilisations' entre l'Occident et le monde musulman.»


Au cours de ces deux edernières années, Bender s'est déplacé dans tout le pays pour présenter son film aux communautés juives et musulmanes, pour parler du besoin d'une plus grande compréhension entre religions. Dans les années 1980, Bender activait dans plusieurs organisations juives progressistes qui plaidaient pour une solution à deux Etats [au Moyen Orient]. Il a ensuite été directeur exécutif d' American Friends of Meretz [les amis américains de Meretz]; le parti politique israélien de gauche.

Sa mission à CAIR Philadelphie, une des 20 branches indépendantes à travers le pays, consistera principalement à lutter conte la discrimination anti-musulmane. Ces dernières années, la section de CAIR à Philadelphie a été parmi les organisations les plus en pointe dans le combat contre les lois anti-charia proposées en Pennsylvanie. Elle s'est publiquement exprimée contre les stéréotypes anti-musulmans après l'attenta qui a visé le marathon de Boston.

Le profil de Bender, en tant que réalisateur et orateur, observent les renponsables laïcs de l'organisation, le rend apte au rôle de porte-parole pour l'organisation et les droits civiques des Musulmans.
«Je n'ai jamais eu de doute ou de sentiment négatif à propos de CAIR depuis que je suis en contact avec cette organisation,» déclare Bender. «Je n'ai jamais rencontré de sentiment antijuif ou antisémite. Bien au contraire.»

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