samedi 18 août 2012

L'accord de la municipalité - Etat de Hambourg avec la communauté musulmane


Curieusement, ce fait qui a été signalé par plusieurs médias, comme La Croix dont je reproduis ci-dessous l’article, ou Le Monde et 20 Minutes, n’a guère été commenté. C’est pourtant un évènement important.
D’autant que l’accord dont il est question ne se limite pas aux jours fériés comme le laissent entendre certains titres puisqu’il inclut par exemple l’enseignement religieux dans les écoles publiques. Les dispositions pour les jours fériés ressemblent d'ailleurs à celles qui existent en France.

En soi, cet accord marque une étape importante pour la reconnaissance de la religion musulmane en Allemagne à l’instar d’autres religions comme le catholicisme, le protestantisme et le judaïsme.

Il a aussi l’intérêt de nous rappeler que la laïcité à la française est plus l’exception que la règle en Europe et que 1) l’absence de laïcité n’est pas incompatible avec la construction d’un Etat moderne où les libertés publiques sont respectées, 2) la laïcité n’est pas la seule voie permettant de garantir la liberté de conscience et 3) le vivre ensemble est possible sans laïcité.

Surtout la laïcité telle qu’elle est conçue depuis quelques années !

Mais attention, ma petite voix ne plaide pas pour un abandon de la laïcité en France. Je souhaite simplement rappeler que la laïcité dans l'Hexagone est intimement liée à l’histoire particulière de la nation française et au foyer de contestation des institutions républicaines qu’a longtemps représentée l’église catholique.


La Croix, 16 août 2012

Trois associations musulmanes, ainsi que la communauté alévie, ont signé avec le maire de Hambourg un accord portant sur les fêtes religieuses, les cours de religion dans les écoles, les lieux de culte et les rituels funéraires.

L’accord doit encore être ratifié par le Parlement de Hambourg, ville-Etat du Nord de l’Allemagne, mais il est déjà présenté par la presse allemande comme un «signal positif» dans la reconnaissance concrète de l’islam dans le pays.

À l’issue de cinq ans de négociations, mardi 14 août 2012, le maire de Hambourg, Olaf Scholz, a signé avec les représentants de la communauté musulmane et la communauté alévi deux accords  concernant les fêtes religieuses, l’éducation religieuse, la construction de lieux de culte et de sépulture. La question du statut juridique des associations signataires a également été abordée, mais les associations musulmanes ne pourront se voir accorder le statut de « corporations de droit public » accordé de longue date aux Églises catholique et protestante et leur permettant de percevoir l’impôt ecclésiastique.

Trois associations musulmanes ont signé – le DITIB (regroupant la communauté turque), la Choura (Association des communautés musulmanes de Hambourg) et l’Association des centres culturels islamiques (VIKZ), ainsi que la communauté alévi, religion issue de l’islam et très présente en Turquie. «La Ville avait déjà signé des contrats avec les communautés protestantes et l’Église catholique (2005) et la communauté juive (2007)» , rappelle-t-elle dans son communiqué.

LES FÊTES MUSULMANES ET ALÉVIS RECONNUES
«Alors que les dispositions de l’accord confirment largement les droits et obligations des parties découlant de la constitution et de la loi, il entraîne tout de même un changement juridique : les fêtes musulmanes et alévies les plus importantes acquièrent le même statut que les fêtes religieuses chrétiennes» , précise le texte. Ce jour-là, les salariés souhaitant ne pas travailler pourront poser un jour de vacances ou récupérer plus tard.

Cité par le Spiegel  , Aydan Özoguz, responsable du centre gauche Parti social-démocrate et député fédéral de Hambourg, a reconnu qu’«il y a une grande différence pour un travailleur musulman entre dire à son patron ‘‘je prends des vacances” , et pouvoir être plus direct et dire “ceci est mon jour de fête religieuse, et je tiens à le célébrer, donc je vais prendre un congé et faire le travail plus tard”» .

Le changement concerne surtout l’enseignement. L’instruction religieuse à l’école a une position particulière en Allemagne : elle est placée sous le contrôle de l’État, mais son contenu relève de la responsabilité des Églises. Alors que jusqu’à présent, l’Église protestante de Hambourg était responsable de l’enseignement religieux dans les écoles publiques, le dispositif prévoit, pendant cinq ans, «un développement de l’enseignement islamique et alévi avec l’objectif d’une participation égale» . Ce qui suppose «l’utilisation de professeurs de religion musulmane et alévi» .

UN « PROGRÈS EN MATIÈRE D’INTÉGRATION »
Le maire de Hambourg a salué le succès des négociations qualifiant ces accords de «progrès politique en matière d’intégration» et de «signal d’une volonté de coopération» . «Nous reconnaissons la présence de l’islam et de l’alévisme comme faisant partie de la société» , écrit-il. «Bien que de nombreuses dispositions ne fassent que répéter la loi applicable, nous voulons confirmer à ces deux communautés leurs droits et obligations dans notre société. Car c’est un signal clair, qui marque le début d’une collaboration, pas sa fin. Ces accords devront faire leurs preuves, nous y travaillerons ensemble» .

Le Parlement de la ville doit encore se prononcer sur les textes, précise le communiqué. «S’ils sont validés, ils entreront en vigueur à l’automne» .

ANNE-BENEDICTE HOFFNER

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